Interview de Mme Michèle Alliot-Marie, ministre de la défense, à France 2 le 14 février 2006, sur le désamiantage de l'ancien porte-avions Clémenceau en Inde et l'avis de la Cour suprême indienne.

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Média : France 2

Texte intégral


ELISE LUCET
Et puis nous retrouvons la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie en duplex de Sestrières en Italie, où elle est allée saluer les champions qui sont aussi des militaires. Bonjour et merci d'être avec nous, on va bien sûr parler du Clemenceau, une première réaction d'abord à ce qu'on vient d'entendre. Vous l'avez entendu, plusieurs responsables politiques français demandent le retour du Clemenceau en France, est-ce que c'est envisageable ?
Michèle Alliot-Marie
Comme vient de le dire le Premier ministre, il y a des décisions de justice qui sont en cours et nous les suivrons, comme nous avons suivi les précédentes. Je voudrais rappeler que le ministère de la Défense a totalement joué la transparence et la clarté dans ce dossier. Chaque fois que j'ai été interrogée, à l'Assemblée nationale, en séance plénière ou dans les commissions, j'ai répondu aux questions. Lorsque nous n'avions pas les éléments nécessaires, c'est parce que ce n'est pas le ministère de la Défense qui assure lui-même ces opérations, c'est une société qui s'appelle SDI. Et c'est SDI qui fait elle-même travailler d'autres sociétés. Je voudrais également rappeler qu'il y a eu des décisions de justice, décisions qui ont débouté les associations écologistes qui avaient voulu que le Clemenceau ne quitte pas [le pays] avant certaines vérifications. Ces décisions de justice rendues, l'ex-Clemenceau est effectivement parti mais pas avant. Lorsque le porte-avions est parti, ces décisions de justice ont été contestées. Nous jouons donc totalement et nous allons continuer de jouer la transparence, et bien entendu, nous respecterons, comme nous l'avons toujours fait, les décisions de justice.
Mais Michèle Alliot-Marie, vous respectez les décisions de justice. Imaginons que la Cour suprême indienne refuse définitivement l'accostage du Clemenceau en Inde, est-ce que l'on peut envisager un retour du Clemenceau en France ?
A ce moment-là bien sûr, il faudrait prendre une décision. Et nous n'irons pas contre une décision de la Cour suprême indienne, je l'ai toujours dit. De la même façon qu'il ne serait pas question d'aller contre une décision du Conseil d'Etat. Nous prenons acte des faits au fur et à mesure ; pour l'instant, il y a eu des faits : c'est une décision de désamiantage du Clemenceau avant son démantèlement. Et je tiens à souligner que c'est la première fois qu'un armateur, qu'il soit militaire ou civil, fait un tel effort dans le sens de la protection de l'environnement.
Franchement le président de la République va en Inde dimanche prochain. Si la Cour suprême continue de refuser le désamiantage du Clemenceau en Inde, est-ce que cela ne serait pas tout simplement un camouflet pour la France ?
Permettez-moi de dire que pour l'instant, la Cour suprême a demandé des éléments supplémentaires. Nous lui avons fourni l'ensemble de ces documents ; nous en avons récupéré certains, d'ailleurs parfois non sans mal, et nous allons, bien entendu, attendre de voir ce que dira la Cour suprême après l'expertise. Car la Cour suprême a demandé à un comité d'experts de se prononcer pour vérifier ce qui figurait dans les documents que nous avions fournis par rapport à ses propres estimations. Elle a également souhaité qu'au sein de ce comité d'experts, il puisse y avoir un militaire, car un navire militaire, ce n'est pas exactement comme un navire civil, cela se présente différemment. La Cour suprême aura donc à se prononcer. Il y a deux problèmes très différents ; s'agissant de la présence de l'ex-Clemenceau sur un chantier indien, c'est une décision de la société SDI, à laquelle nous avons confié ce contrat. Tout a été vérifié, notamment par la Direction des Domaines, car c'est SDI qui s'est adressée à ce chantier indien et nous, nous avons veillé à ce que la protection des salariés soit complètement respectée. C'est pour cela que je peux répondre à certaines des déclarations que j'ai entendues ; d'abord, je voudrais dire une chose, et comme j'ai entendu ce matin Madame Voynet par exemple parler de ? milliers d'ouvriers ?, on voit bien là qu'elle ne connaît pas le dossier ! En réalité, 60 ouvriers indiens au maximum seront pris sur ce chantier, dont 30 en moyenne. De plus, ces ouvriers vont avoir reçu une formation, puisque nous avons fait venir des cadres indiens en France pour les former. Et c'est la même société que celle qui a suivi le désamiantage - l'expertise du désamiantage fait en France - qui sera auprès d'eux. Et il y aura ce qui n'existe nulle part ailleurs, un suivi médical des ouvriers indiens avant, pendant et après le chantier. Toutes les préventions ont donc été prises et encore une fois, la Défense a joué la totale transparence, parce que je ne vois pas pourquoi nous ferions autrement !
Michèle Alliot-Marie on vous a entendue, merci d'avoir été l'invitée du 13 heures. Source http://www.defense.gouv.fr, le 16 février 2006