Entretien de Mme Brigitte Girardin, ministre déléguée à la coopération, au développement et à la francophonie, dans "Le Figaro" du 15 février 2006, sur le rôle et les priorités de la Francophonie.

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Q - Comment se porte la Francophonie dans le contexte d'une mondialisation à l'anglo-saxonne ?
R - La Francophonie a le vent en poupe. Elle a su réformer ses structures et, aujourd'hui, sous l'autorité d'Abdou Diouf, un secrétaire général très respecté, l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF) s'est donné des objectifs politiques : prévention des crises, enracinement de la démocratie, respect des Droits de l'Homme. L'OIF a resserré son activité pour gagner en efficacité dans ses missions traditionnelles, notamment l'éducation. C'est une force attractive, comme le montre la candidature du Ghana qui souhaite nous rejoindre.
Q - Quelle est la place de la France dans cette communauté ?
R - Notre pays est connu pour son attachement aux idées humanistes et sa défense inlassable du multilatéralisme. Le renouveau de la Francophonie est une chance en termes d'influence. Nous ne sommes pas un pays replié sur lui-même, ni recentré sur son identité, mais un pays qui porte des valeurs de solidarité universelle.
Q - Quelles sont aujourd'hui les priorités de la Francophonie ?
R - La Francophonie, ce n'est pas seulement la promotion de la langue française, c'est aussi une volonté commune de peser sur les grands débats internationaux. L'adoption à l'Unesco de la Convention sur la diversité culturelle a été une belle victoire de la Francophonie. Aujourd'hui, nous nous mobilisons pour que le plus grand nombre d'Etats francophones figurent parmi les premiers à ratifier la convention.
Q - Comment promouvoir le français face à l'anglais qui tend à devenir la langue universelle ?
R - Contrairement à un certain discours ambiant pessimiste, il y a actuellement dans le monde une dynamique favorable au français, et l'attente à l'égard de notre pays est forte. Partout, on nous demande davantage d'écoles françaises, des centres culturels. Certains pays qui, comme la Mauritanie, avaient abandonné le bilinguisme, veulent aujourd'hui redonner toute sa place au français.
Q - Dans quelles régions le français peut-il progresser ?
R - Principalement en Afrique et en Europe. En Afrique, nous devons mener une action très volontariste pour faire du français la langue du développement et de la solidarité. Il faut également renforcer notre présence audiovisuelle en Afrique francophone, par exemple en élargissant la couverture hertzienne de TV5.
En Europe, nous soutenons l'ambitieux programme de l'OIF qui offre des cours intensifs de français dans leur capitale à plus de 6.000 fonctionnaires européens des nouveaux Etats membres.
Q - Que vous a inspiré la crise des caricatures ?
R - Tout est une question d'équilibre. Il faut que la liberté d'expression soit défendue, et en même temps ne pas faire de la provocation. La francophonie est une belle réponse au choc des civilisations. On y trouve toutes les religions, toutes les civilisations. Elle est l'expression même de la diversité culturelle.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 février 2006