Déclaration de M. Léon Bertrand, ministre délégué au tourisme, surl'essor du tourisme industriel et de découverte économique, Angers le 7 mars 2006.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Colloque européen de tourisme de découverte économique à Angers, le 7 mars 2006

Texte intégral

Monsieur le Maire,
Monsieur le Président de la Chambre de Commerce et d'Industrie,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux de vous retrouver aujourd'hui pour inaugurer ce premier Colloque Européen de la visite d'entreprise qui se tiendra jusqu'au 9 mars 2006, à l'initiative d'Angers Tourisme, de la CCI d'Angers et de l'ESTHUA, avec le soutien de l'ACFCI et, bien sûr, du ministère délégué au Tourisme.
Il s'agit d'une initiative innovante et ambitieuse, pour rapprocher les mondes du tourisme et de l'entreprise, et pour favoriser les échanges et les expériences au sein de l'espace européen.
Compte tenu de son expérience avec « Made in Angers » qui réunit depuis 5 ans plus d'une centaine d'entreprises et 15 000 visiteurs, la ville d'Angers était sans aucun doute le lieu idéal pour une telle rencontre.
Capitale du développement durable, Angers est également un carrefour touristique de première importance : l'agglomération accueille près de 400 000 visiteurs par an et le tourisme constitue ici la 3ème industrie locale derrière l'informatique/électronique et l'automobile.
Ce dynamisme ne se dément d'ailleurs pas avec le temps puisque l'Anjou présentera, le mois prochain, pas moins de 4 dossiers de candidature dans le cadre de la procédure de sélection des pôles d'excellence rurale où le tourisme tient une large place.
Mais venons-en maintenant au coeur de notre sujet.
Le tourisme de découverte économique est une filière touristique relativement récente mais qui continue à se développer régulièrement. On estime aujourd'hui que près de 8 millions de personnes, dont 85 % de Français, visitent chaque année les 5 000 entreprises qui ouvrent désormais leurs portes et acceptent de faire découvrir leur savoir-faire.
A la notion de tourisme industriel qui s'identifiait à l'industrie du passé s'est substituée ces dernières années celle de tourisme de découverte économique. Ce champ d'activités est plus large et plus composite : il rassemble en particulier les activités agroalimentaires et industrielles, l'artisanat, les services, les laboratoires de recherche.
L'essor du tourisme de découverte économique, au cours des deux dernières décennies, a généré des effets très positifs, à la fois pour les entreprises et pour les régions d'accueil.
Nous avons tous en tête le phénoménal succès du Viaduc de Millau, la nouvelle « Tour Eiffel » du Sud de la France ou celui du site d'Airbus à Toulouse qui a drainé plus de 60 000 visiteurs pour le seul mois de juillet 2005.
Sans oublier le projet du spatial en Guyane, en cours d'élaboration.
Ces réussites viennent conforter les tendances que nous observons depuis plusieurs années : les vacanciers recherchent aujourd'hui des vacances « intelligentes » et ne se contentent plus de bronzer idiot.
Pour le sociologue Jean-Didier URBAIN, le tourisme prend même une tournure anthropologique : comme les ethnologues, les voyageurs sont passés d'une vision distanciée à une observation plus intime.
Au travers de ces visites d'entreprises, c'est un peu de nous-même et de notre mode de vie qu'il nous est donné de découvrir.
Cette tendance dessine également une nouvelle carte des aménités où le patrimoine naturel n'est plus l'ingrédient indispensable de l'attractivité touristique.
Des régions comme le Nord-Pas-de-Calais ont fort bien compris l'avantage qui pouvait être tiré d'un riche passé industriel.
Cet essor du tourisme de découverte économique est aussi directement bénéfique aux entreprises elles-mêmes. Elles valorisent leur activité et créent un attachement à leur marque. Plus prosaïquement, on constate que plus de 50 % des visites se terminent par un achat.
Le ministère délégué au Tourisme suit avec attention depuis près de 20 ans l'évolution de cette nouvelle branche du tourisme culturel, après avoir constaté le succès retentissant d'une opération menée en 1985 intitulée « une France à découvrir » qui incitait les Français à venir dans les entreprises.
La direction du Tourisme et l'Assemblée des Chambres Françaises de Commerce et de l'Industrie ont noué en 2001 un partenariat afin de réaliser chaque année une enquête quantitative d'envergure nationale auprès de plus de 4000 entreprises ouvertes au public.
L'analyse de ces données permet de définir une stratégie de développement coordonnée avec les acteurs et de donner une plus grande visibilité à la filière, qui s'est dotée dernièrement d'un label de qualité « destination entreprise ».
Beaucoup reste à faire néanmoins pour la notoriété de cette filière, et c'est le rôle de Maison de la France, en étroite liaison avec les acteurs du tourisme des régions, des départements et des villes de la valoriser auprès de clientèles des pays européens, nord-américains ou asiatiques vivement intéressées par le savoir-faire et les productions de nos entreprises.
Comme ce colloque le montrera certainement, le tourisme de découverte économique est déjà une tradition bien ancrée dans de nombreux pays européens, l'Allemagne et la Grande-Bretagne notamment.
L'Espagne et l'Italie sont en train de développer leur offre et l'on assiste déjà à l'émergence d'alliances interrégionales, avec le Pays Basque et la Catalogne, par exemple.
Le tourisme de découverte économique est aussi l'occasion de création de partenariat et de mise en réseau entre les entreprises et les organismes territoriaux et consulaires.
C'est ainsi que 74 % des entreprises travaillent en partenariat.
Les Offices de Tourisme/Syndicats d'initiative assurent essentiellement la promotion tandis que les Chambres de Commerce et d'Industrie, les Chambres des Métiers et les Chambres d'Agriculture accompagnent davantage les entreprises dans leur démarche d'ouverture au public.
Mesdames et Messieurs, Chers Amis, il me reste à vous souhaiter un plein succès pour cette belle initiative qui nous permettra de recenser les bonnes pratiques de nos voisins européens pour enrichir encore une offre déjà conséquente.
Je ne doute pas que vous saurez donner tort au cours de ces 3 journées à cette maxime de Pascal pour qui « Tout le malheur de l'homme vient d'une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans sa chambre ».
Je vous remercie.


source http://www.tourisme.gouv.fr, le 20 mars 2006