Texte intégral
Monsieur le Premier ministre,
Messieurs les Ministres,
Monsieur le Secrétaire général,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je suis heureuse d'être parmi vous aujourd'hui, à l'occasion de l'ouverture de ces Etats généraux de la Francophonie, pour partager ces instants de débats et de réflexions.
2006 est, en Roumanie, l'année de la francophonie. Votre pays accueillera en effet, en septembre prochain, à Bucarest, le sommet des 63 chefs d'Etats et de gouvernements qui composent l'Organisation internationale de la Francophonie.
L'événement revêt une dimension particulière pour la Roumanie, premier pays d'Europe, à l'exception de la France, à accueillir un tel sommet. C'est une première, et le couronnement de l'engagement francophone de la Roumanie. Je voudrais rappeler qu'à ce jour, un peu plus de la moitié des Etats membres de l'Union européenne appartiennent également à l'Organisation internationale de la Francophonie. L'adhésion prochaine de la Roumanie et de la Bulgarie à l'Union européenne devrait donc encore renforcer le poids du groupe francophone.
Avec 20 % de sa population qui y partage le français, la Roumanie est un pays de tradition francophone déjà très ancienne, notamment de par sa langue qui, comme le français, plonge ses racines dans le latin. Ce faisant, la Roumanie est un pays phare de la Francophonie dans cette Europe centrale, orientale et balkanique, qui compte à ce jour trois Etats membres de l'OIF (Bulgarie, Roumanie et Moldavie), trois Etats associés (Albanie, Macédoine et Grèce), et dix pays observateurs (Arménie, Autriche, Croatie, Lituanie, Géorgie, Hongrie, Pologne, Slovaquie, Slovénie, République tchèque).
Ce onzième sommet sera celui de l'achèvement de la transformation de l'Organisation internationale de la Francophonie, celui de sa maturité et du renforcement de son poids politique dans les affaires du monde. Nous entrevoyons déjà son succès. Vous le savez, la Francophonie est aujourd'hui une organisation internationale rénovée et modernisée : la conférence ministérielle de novembre dernier, à Madagascar, a marqué une étape importante dans son histoire, en consacrant la réforme de ses institutions. Désormais, ses activités politiques et ses programmes de coopération sont rassemblés dans une seule structure, l'Organisation internationale de la Francophonie, sous l'autorité directe de son secrétaire général, le président Abdou Diouf. Qu'il me soit permis de lui rendre ici au nom de la France un hommage tout particulier, ainsi qu'à l'oeuvre accomplie à la tête de l'OIF.
La réforme était la condition nécessaire à une action politique francophone plus affirmée sur la scène internationale. Elle permettra au groupe francophone de peser davantage dans les débats internationaux.
J'observe d'ailleurs que lorsque la communauté francophone se mobilise, elle parvient à influencer les grands débats mondiaux. Ce fut le cas pour la convention sur la diversité culturelle, récemment adoptée à l'UNESCO : c'est avant tout l'engagement des pays francophones qui a été à l'origine de son adoption.
Aujourd'hui, la France souhaite que la Francophonie se mobilise autour de trois grandes priorités :
- d'abord, la ratification effective de cette convention sur la diversité culturelle (il faut en effet la ratification de 30 Etats pour son entrée en vigueur, or la Francophonie en compte 60 à elle seule) ;
- deuxième priorité à nos yeux : améliorer notre action commune et notre vigilance dans le domaine des Droits de l'Homme ;
- enfin, troisième priorité, la prévention et la gestion des crises qui affectent l'espace francophone.
Bien sûr, ce renouveau institutionnel doit aussi nous offrir l'occasion de débattre et de réfléchir avec tous ceux qui ont le français en partage, sur l'avenir de la francophonie. C'est précisément dans cet esprit qu'ont été conçus ces "Etats généraux" qui nous réunissent aujourd'hui.
Pourquoi de tels Etats généraux, ici, en Roumanie ?
Pour répondre ensemble à des questions simples et essentielles : que signifie par exemple la francophonie pour un jeune Roumain ? Pourquoi et comment utiliser la francophonie ? Comment mieux communiquer avec les 180 millions de francophones et les 82 millions d'apprenants de français ? Comment envisager notre destin européen, uniforme et monolingue, ou bien plurilingue et pluriculturel ?
Tout le sens de cet événement, c'est de pouvoir nous rassembler pour dresser le bilan de l'action de la francophonie mais surtout débattre de propositions nouvelles.
Je voudrais remercier tous les acteurs de la francophonie qui ont beaucoup travaillé pour organiser cette rencontre, tout particulièrement Monsieur Abdou Diouf, secrétaire général de la Francophonie et Monsieur Mihai Razvan Ungureanu, ministre des Affaires étrangères, d'avoir bien voulu accorder leur patronage à ces Etats généraux. Le commissariat général pour la Francophonie et le secrétaire d'Etat à la Francophonie, dont je salue ici la qualité et l'intensité de la coopération, se sont associés pleinement à l'opération. Puis les principaux organes de la francophonie (l'OIF, l'Agence universitaire de la Francophonie, TV5 bien sûr), les associations francophones (l'Union de la presse francophone, le réseau des villes francophones?) et certains des Etats ou gouvernements membres (la Suisse, le Canada, la Belgique, la communauté française de Belgique, le Québec?), se sont réunis pour lancer cet événement à l'échelle de tout un pays, afin d'y dynamiser et moderniser l'image de la francophonie. La société civile et les entreprises, notamment françaises, y apportent leur aide ; qu'elles en soient chaleureusement remerciées.
Monsieur le Premier ministre, votre présence parmi nous aujourd'hui confère également à cette ouverture une dimension particulière. Elle témoigne à mon sens de l'importance qu'attachent les plus hautes autorités roumaines à conforter cet ancrage francophone qui est le vôtre. Sensible à votre présence, je souhaite vous en remercier très sincèrement.
Oui, ces états généraux se veulent ambitieux. Aussi proposent-ils dans quatre des plus grandes villes de Roumanie, six forums développant vingt quatre thèmes de débats, qui s'adresseront directement à la société roumaine, et à sa jeunesse en particulier. Je voudrais simplement souligner quelques idées maîtresses qui ont présidé à leur conception :
- la promotion de la diversité culturelle ;
- les obligations de la liberté d'expression ;
- l'accès à la modernité ;
- les impératifs de la solidarité ;
- le partage des innovations et des savoirs ;
- la valorisation de la mobilité et des échanges.
Autant de valeurs que la francophonie s'est engagée à promouvoir : l'aspiration à la diversité culturelle, aux libertés individuelles, à la modernité, à la nécessaire solidarité entre les Etats, au partage des richesses et des savoirs, à la mobilité des hommes, tout cela est porté par notre communauté francophone.
Les forums produiront leurs réflexions et leurs conclusions. Un recueil des idées émises et des propositions formulées sera ensuite édité. Nous devrons enfin les examiner, et y réfléchir pour en faire ensemble des sujets d'action et de coopération.
Pour conclure, j'adresse donc tous mes encouragements à vous tous ici présents, et à tous ceux qui vont se rassembler dans les jours qui viennent à Timisoara, à Cluj, à Iassi. Que vos travaux vous apportent de fructueux débats, qu'ils vous permettent de belles rencontres et découvertes.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 23 mars 2006