Texte intégral
Q- Vous êtes dans quelle disposition d'esprit, vous, ce matin ?
R- Naturellement, nous sommes attentifs, et je pense que cette journée sera sans doute le point d'orgue. Et comme ministre délégué auprès de N. Sarkozy, nous sommes naturellement préoccupés par deux facteurs : premièrement, c'est que les manifestants puissent s'exprimer librement, qu'ils puissent manifester librement, sereinement, car dans une démocratie, cela est sain et logique ; et, simultanément, nous sommes aussi préoccupés par l'évolution du nombre des casseurs, on a eu un certain nombre d'exemples au cours des journées écoulées. Et donc les consignes de N. Sarkozy sur ce point sont très claires : respecter les manifestants, et arrêter les casseurs, c'est-à-dire, en clair, les voyous qui sont là pour piller et pour détruire !
Q- Visiblement, il a dit samedi : "quand il y a des casseurs, quand on voit les casseurs, il faut aller les chercher". Plus question de les laisser faire.
R- Ce ne sont pas d'ailleurs des mots, ce sont bien des réalités, puisque je vous précise qu'il y a eu 1.400 interpellations effectuées à ce jour.
Q- Alors, quand vous dites "point d'orgue", cela veut dire que vous attendez une décrue du mouvement derrière ? Cela veut dire en creux, que vous jouez un petit peu le pourrissement ?
R- Non, pas du tout. Ce que nous nous pensons et ce que nous estimons juste, c'est que nous ne pouvons sortir des crises, quelles qu'elles soient, que par la négociation et par la discussion. Et j'observe que c'est ce que propose le Premier ministre, D. de Villepin, et cela s'inscrit d'ailleurs totalement dans ce à quoi aspire N. Sarkozy, qui a fait de toute son action et de tout son engagement, au travers de la négociation, l'essentiel de ses convictions. Donc, nous espérons qu'aujourd'hui, au delà de cette journée, la discussion reprenne, et qu'elle puisse aboutir à une sortie de crise.
Q- Vous savez déjà que FO et la CFDT ont dit que "non", ils ne viendront pas voir le Premier ministre demain. On peut penser que la CGT suivra le mouvement car les syndicats sont vraiment très unis. On se demande vraiment comment on va sortir de cette crise qui, comme l'a dit N. Sarkozy, hier soir, n'apporte rien de bon à la France ? La discussion visiblement elle ne marche pas, hein !
R- Dans une négociation, il faut veiller à ce que chacun ne perde pas la face, c'est ça la règle de base d'une discussion. Et j'observe simplement que le CPE n'est pas juridiquement en vigueur aujourd'hui, puisqu'il est soumis à l'examen du Conseil constitutionnel, et qu'à ce stade il n'est donc pas applicable. Comme les syndicats mettent comme préalable à la discussion le retrait du CPE, comme le CPE ne peut pas être retiré, puisqu'il n'est pas juridiquement rentré en vigueur, j'observe donc simplement que les syndicats ne se renieraient pas en profitant de cette plage de dialogue qui serait offerte. Je pense que, honnêtement, avec ce système, il n'y aurait ni reniement des syndicats, ni renoncement du Premier ministre. C'est donc une bonne méthode.
Q- Donc, votre idée, c'est une forme de suspension de la loi, on ne la promulgue pas ?
R- Je n'emploie pas les mots comme ça. J'observe simplement qu'à ce stade, à l'heure à laquelle nous parlons, il n'y a pas juridiquement d'existence du CPE, puisqu'il est toujours à l'examen du Conseil constitutionnel, et vous avez raison de souligner que, tant qu'il n'est pas promulgué, il n'est pas applicable. Donc, il ne peut pas être retiré. Profitons de cette plage de discussion.
Q- Vous vous rendez compte, forcément, du décalage entre ces arguties juridiques - parce que je ne peux pas employer d'autres termes ? et puis ce qu'il va se passer aujourd'hui dans la rue, ce qui se passe dans le pays depuis deux mois !
R- Mais bien évidemment. C'est précisément parce que, vous comme moi, et au-delà de nous deux, beaucoup se rendent bien compte, c'est qu'il faut offrir des possibilités pour que personne ne perde la face. Dans une discussion, c'est ça le principe : il faut éviter d'humilier l'un ou l'autre. Eh bien là, c'est un argument juridique qui permet précisément d'éviter l'humiliation, mais il y a des tas d'autres pistes. Le Premier ministre a proposé une ouverture, il a fait des gestes forts, il a proposé une réflexion sur les modalités de la rupture du contrat, il a proposé une réflexion aussi sur la durée de la période d'essai, ce sont des signaux forts qui sont adressés. Je crois que, encore une fois, nous ne sortirons de cette situation que par la discussion et l'ouverture, et c'est donc cela qu'il faut avoir comme règle et comme pilier.
Q- Alors, N. Sarkozy était à Douai hier - c'est plus, là, au secrétaire général délégué de l'UMP que je vais parler - il n'a pratiquement pas évoqué le CPE. C'était volontaire ?
R- Il l'a évoqué naturellement, mais il l'avait surtout souligné lors de deux journées précédentes, le samedi matin. Donc, il avait dit ce qu'il pensait sur ce sujet, vous savez il n'y a pas de variante. N. Sarkozy a le même discours, qu'il soit en public, qu'il soit en privé, il y a une cohérence d'ensemble. Il ne fait pas partie de ces hommes politiques qui tiennent des discours différents selon ses interlocuteurs. Il s'en est expliqué avec le Premier ministre à titre personnel, il l'a redit publiquement. Ce qu'il dit aujourd'hui, c'est qu'on ne peut pas sortir de cette situation sans la discussion et sans l'ouverture. Comme c'est précisément ce que dit D. de Villepin, cela témoigne donc de la cohérence du Gouvernement.
Q- Sinon, c'est une forme de programme présidentiel. On a bien cru comprendre... Enfin, il y a toute une série de pistes sur, notamment, "la formation professionnelle permanente", "la refondation des indemnités chômage", l'idée d'aller vers "un contrat unique". Ce sont vraiment les premières pistes d'un programme présidentiel qu'il a détaillé hier ?
R- Ce n'est pas une question de programme présidentiel, à chaque jour suffit sa peine. Et tout ceci viendra en son temps. Simplement, hier, c'était l'expression d'un homme libre, qui, fort de l'expression de sa loyauté, de la solidarité à l'égard du Gouvernement et du Premier ministre, souhaitait faire partager sa vision de la société au-delà de la seule actualité. C'est vrai, qu'il a dressé un très grand nombre de pistes, vous en avez citées quelques-uns, il a parlé aussi de l'immigration, il a parlé aussi de la réforme de l'ordonnance de 1945, il a parlé de ce qu'il appelle la sécurité sociale professionnelle, effectivement du compte épargne formation. Bref, il a dressé un certain nombre de pistes, il a creusé un certain nombre de sillons. Finalement, tout ceci démontre quoi ? C'est qu'il est à la fois créatif, imaginatif, et constructif. Et, honnêtement, dans notre vie politique, nous en avons vraiment bien besoin.Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 30 mars 2006
R- Naturellement, nous sommes attentifs, et je pense que cette journée sera sans doute le point d'orgue. Et comme ministre délégué auprès de N. Sarkozy, nous sommes naturellement préoccupés par deux facteurs : premièrement, c'est que les manifestants puissent s'exprimer librement, qu'ils puissent manifester librement, sereinement, car dans une démocratie, cela est sain et logique ; et, simultanément, nous sommes aussi préoccupés par l'évolution du nombre des casseurs, on a eu un certain nombre d'exemples au cours des journées écoulées. Et donc les consignes de N. Sarkozy sur ce point sont très claires : respecter les manifestants, et arrêter les casseurs, c'est-à-dire, en clair, les voyous qui sont là pour piller et pour détruire !
Q- Visiblement, il a dit samedi : "quand il y a des casseurs, quand on voit les casseurs, il faut aller les chercher". Plus question de les laisser faire.
R- Ce ne sont pas d'ailleurs des mots, ce sont bien des réalités, puisque je vous précise qu'il y a eu 1.400 interpellations effectuées à ce jour.
Q- Alors, quand vous dites "point d'orgue", cela veut dire que vous attendez une décrue du mouvement derrière ? Cela veut dire en creux, que vous jouez un petit peu le pourrissement ?
R- Non, pas du tout. Ce que nous nous pensons et ce que nous estimons juste, c'est que nous ne pouvons sortir des crises, quelles qu'elles soient, que par la négociation et par la discussion. Et j'observe que c'est ce que propose le Premier ministre, D. de Villepin, et cela s'inscrit d'ailleurs totalement dans ce à quoi aspire N. Sarkozy, qui a fait de toute son action et de tout son engagement, au travers de la négociation, l'essentiel de ses convictions. Donc, nous espérons qu'aujourd'hui, au delà de cette journée, la discussion reprenne, et qu'elle puisse aboutir à une sortie de crise.
Q- Vous savez déjà que FO et la CFDT ont dit que "non", ils ne viendront pas voir le Premier ministre demain. On peut penser que la CGT suivra le mouvement car les syndicats sont vraiment très unis. On se demande vraiment comment on va sortir de cette crise qui, comme l'a dit N. Sarkozy, hier soir, n'apporte rien de bon à la France ? La discussion visiblement elle ne marche pas, hein !
R- Dans une négociation, il faut veiller à ce que chacun ne perde pas la face, c'est ça la règle de base d'une discussion. Et j'observe simplement que le CPE n'est pas juridiquement en vigueur aujourd'hui, puisqu'il est soumis à l'examen du Conseil constitutionnel, et qu'à ce stade il n'est donc pas applicable. Comme les syndicats mettent comme préalable à la discussion le retrait du CPE, comme le CPE ne peut pas être retiré, puisqu'il n'est pas juridiquement rentré en vigueur, j'observe donc simplement que les syndicats ne se renieraient pas en profitant de cette plage de dialogue qui serait offerte. Je pense que, honnêtement, avec ce système, il n'y aurait ni reniement des syndicats, ni renoncement du Premier ministre. C'est donc une bonne méthode.
Q- Donc, votre idée, c'est une forme de suspension de la loi, on ne la promulgue pas ?
R- Je n'emploie pas les mots comme ça. J'observe simplement qu'à ce stade, à l'heure à laquelle nous parlons, il n'y a pas juridiquement d'existence du CPE, puisqu'il est toujours à l'examen du Conseil constitutionnel, et vous avez raison de souligner que, tant qu'il n'est pas promulgué, il n'est pas applicable. Donc, il ne peut pas être retiré. Profitons de cette plage de discussion.
Q- Vous vous rendez compte, forcément, du décalage entre ces arguties juridiques - parce que je ne peux pas employer d'autres termes ? et puis ce qu'il va se passer aujourd'hui dans la rue, ce qui se passe dans le pays depuis deux mois !
R- Mais bien évidemment. C'est précisément parce que, vous comme moi, et au-delà de nous deux, beaucoup se rendent bien compte, c'est qu'il faut offrir des possibilités pour que personne ne perde la face. Dans une discussion, c'est ça le principe : il faut éviter d'humilier l'un ou l'autre. Eh bien là, c'est un argument juridique qui permet précisément d'éviter l'humiliation, mais il y a des tas d'autres pistes. Le Premier ministre a proposé une ouverture, il a fait des gestes forts, il a proposé une réflexion sur les modalités de la rupture du contrat, il a proposé une réflexion aussi sur la durée de la période d'essai, ce sont des signaux forts qui sont adressés. Je crois que, encore une fois, nous ne sortirons de cette situation que par la discussion et l'ouverture, et c'est donc cela qu'il faut avoir comme règle et comme pilier.
Q- Alors, N. Sarkozy était à Douai hier - c'est plus, là, au secrétaire général délégué de l'UMP que je vais parler - il n'a pratiquement pas évoqué le CPE. C'était volontaire ?
R- Il l'a évoqué naturellement, mais il l'avait surtout souligné lors de deux journées précédentes, le samedi matin. Donc, il avait dit ce qu'il pensait sur ce sujet, vous savez il n'y a pas de variante. N. Sarkozy a le même discours, qu'il soit en public, qu'il soit en privé, il y a une cohérence d'ensemble. Il ne fait pas partie de ces hommes politiques qui tiennent des discours différents selon ses interlocuteurs. Il s'en est expliqué avec le Premier ministre à titre personnel, il l'a redit publiquement. Ce qu'il dit aujourd'hui, c'est qu'on ne peut pas sortir de cette situation sans la discussion et sans l'ouverture. Comme c'est précisément ce que dit D. de Villepin, cela témoigne donc de la cohérence du Gouvernement.
Q- Sinon, c'est une forme de programme présidentiel. On a bien cru comprendre... Enfin, il y a toute une série de pistes sur, notamment, "la formation professionnelle permanente", "la refondation des indemnités chômage", l'idée d'aller vers "un contrat unique". Ce sont vraiment les premières pistes d'un programme présidentiel qu'il a détaillé hier ?
R- Ce n'est pas une question de programme présidentiel, à chaque jour suffit sa peine. Et tout ceci viendra en son temps. Simplement, hier, c'était l'expression d'un homme libre, qui, fort de l'expression de sa loyauté, de la solidarité à l'égard du Gouvernement et du Premier ministre, souhaitait faire partager sa vision de la société au-delà de la seule actualité. C'est vrai, qu'il a dressé un très grand nombre de pistes, vous en avez citées quelques-uns, il a parlé aussi de l'immigration, il a parlé aussi de la réforme de l'ordonnance de 1945, il a parlé de ce qu'il appelle la sécurité sociale professionnelle, effectivement du compte épargne formation. Bref, il a dressé un certain nombre de pistes, il a creusé un certain nombre de sillons. Finalement, tout ceci démontre quoi ? C'est qu'il est à la fois créatif, imaginatif, et constructif. Et, honnêtement, dans notre vie politique, nous en avons vraiment bien besoin.Source: premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 30 mars 2006