Texte intégral
S'exprimant le 25 mars 2006 devant l'assemblée des présidents départementaux et régionaux de la P.E.E.P. (Parents d'élèves de l'enseignement public), Gilles de Robien a souligné que « tout doit être fait pour favoriser une bonne intelligence entre les parents et l'école ». Le ministre de l'éducation nationale a indiqué aux parents d'élèves les grands axes de sa politique éducative visant à assurer une meilleure insertion professionnelle des jeunes. Il a insisté en particulier sur la préparation d'un schéma national d'orientation pour tous les lycéens et les étudiants, la découverte professionnelle en classe de 3e, la diversification des voies de formation par l'apprentissage et l'alternance, ainsi que sur la refonte de l'éducation prioritaire. Gilles de Robien a conclu son intervention en rappelant « la condition fondamentale de tout enseignement : la sécurité ».
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux de prendre aujourd'hui la parole devant vous. D'abord parce que le contact et le dialogue avec les représentants des parents d'élèves me paraissent tout à fait essentiels ! Aussi, lorsque votre Présidente, Mme Danielle, m'a proposé hier d'intervenir ce matin, j'ai accepté avec joie !
À mes yeux l'école et les familles « font équipe » !
La base même de l'éducation, ce sont en effet les parents qui la donnent ; sans elle, l'école ne peut pas fonctionner correctement.
Mais au-delà de l'éducation, les parents doivent aussi « épauler » la mission d'instruction de l'école. Ils doivent le faire, quand ils le peuvent, en assurant un véritable suivi des devoirs et des résultats, et en s'impliquant dans la scolarité de leurs enfants.
Tout doit donc être fait pour favoriser cette « bonne intelligence » entre les parents et l'école ; personne bien sûr ne doit sortir de son rôle, mais il faut que les parents et les professeurs agissent dans le même sens, et que l'autorité des uns soit confortée par celle des autres ! Avec vous, je souhaite travailler dans ce sens.
Je voudrais ce matin, dans les heures un peu troublées que nous vivons, vous faire part de l'action déterminée que je mène depuis maintenant 10 mois pour améliorer l'efficacité de notre système éducatif !
D'une certaine manière, je crois que ce qui se joue en ce moment dans notre pays, c'est une prise de conscience nationale, avec les soubresauts, et parfois les violences inacceptables, dont la France est coutumière.
Cette prise de conscience est simple : la situation de l'emploi des jeunes est insupportable ; elle ne peut plus durer, il faut AGIR !
Ces difficultés, les jeunes en témoignent depuis longtemps ; et le gouvernement n'a pas attendu les mouvements actuels -ni même les événements de novembre dernier- pour les écouter !
Le constat est en effet alarmant :
? Chaque année, 150 000 jeunes sortent sans diplôme ou qualification du système éducatif.
? À l'université, près de la moitié des étudiants qui entrent en première année abandonnent avant d'entrer en licence.
? Le chômage des moins de 25 ans, diplômés et non-diplômés, atteint le taux record de 23 %.
Face à une telle situation, il faudrait avoir un coeur de pierre pour ne pas comprendre l'angoisse de la jeunesse.
Mais il faut aussi garder la tête froide, et faire preuve d'esprit de responsabilité.
Face à un problème, la responsabilité du gouvernement, c'est d'inventer des solutions innovantes, des solutions réalistes.
Le pire serait de « surfer » sur cette angoisse pour ressortir les vieilles recettes qui ont échoué depuis vingt ans ou pour prôner le statu quo !
C'est précisément pour progresser et permettre aux jeunes de sortir de la précarité que le gouvernement a inventé le contrat première embauche.
Et puisque des questions se posent, le gouvernement est ouvert au dialogue pour lever les doutes et les appréhensions. Je rencontrerai d'ailleurs tout à l'heure, avec le Premier ministre, les organisations de lycéens et d'étudiants. Nous discuterons des modalités d'application de la loi qui -je le rappelle- a été votée par le Parlement.
Mais la question de l'insertion professionnelle dépasse très largement, cela va de soi, celle du CPE. Cette question doit être prise EN AMONT.
Et cela, c'est le rôle du système éducatif.
L'insertion professionnelle, cela passe par :
? Une bonne orientation, et une professionnalisation des formations supérieures,
? Une diversification des voies pour les jeunes.
Le schéma national d'orientation et la découverte professionnelle
Pour cela, nous préparons un « schéma national d'orientation » : il s'agit d'un ensemble de dispositifs qui permettra aux lycéens et étudiants d'être mieux informés sur les débouchés professionnels des différentes filières.
Ils pourront ainsi s'engager en connaissance de cause, ce qui devrait réduire les taux d'échec et les « fausses routes ».
Parmi les idées retenues, figure en bonne place la mise en ligne, par les universités, de leurs résultats aux différents examens et aux concours, ainsi que des débouchés de leurs différentes filières.
Par ailleurs, et dans le même esprit, nous généralisons à la prochaine rentrée, en classe de troisième, l'option de « découverte professionnelle ». Pendant trois heures chaque semaine, les élèves peuvent prendre un premier contact avec les réalités de l'entreprise : visites, récits d'expériences, travaux dirigés permettent de démystifier le monde « économique » !
Il faudrait évoquer aussi l'opération « objectif stages » : elle cible les élèves de troisième et de lycées professionnels qui ont du mal à trouver un stage (stage de découverte de l'entreprise en troisième, ou stage validant leur diplôme en lycée professionnel). Soit parce que leur entourage manque de « réseau », soit pour des raisons de discrimination.
Nous les aidons dans leur démarche.
Enfin, toujours pour mieux préparer l'insertion professionnelle des jeunes, nous intensifions la pratique orale des langues : nous généralisons l'enseignement en petits groupes, qui est beaucoup plus efficace puisqu'il permet une pratique beaucoup plus intense. À partir de la prochaine rentrée, toutes les terminales bénéficieront de ce type d'enseignement, y compris les terminales technologiques et professionnelles.
L'apprentissage en alternance
Mais -je le disais- nous devons aussi apprendre à diversifier les voies de formation. Nous devons en particulier favoriser la formation en alternance, dans le cadre de l'apprentissage.
Cette voie différente a fait ses preuves ; ses mérites sont reconnus ; c'est la meilleure voie vers un emploi durable - d'ailleurs 86 % des jeunes interrogés le savent ! Ils sont donc demandeurs !
C'est pourquoi je fais tout pour que l'apprentissage revienne en force, et ce à tous les niveaux d'études, et dans tous les domaines.
Là aussi, le gouvernement est mobilisé.
Je prends un exemple : l'apprentissage à 14 ans.
J'ai regardé la réalité : tous les ans, 15 000 jeunes quittent le système scolaire avant 16 ans ; ils décrochent et se marginalisent.
Face à une telle situation, deux attitudes possibles :
Ne rien faire, et, finalement, préférer repeindre une belle façade plutôt que d'envisager le moindre changement à l'intérieur.
Imaginer de nouvelles solutions avec un seul objectif : la réussite des élèves.
Nous avons choisi la deuxième voie.
Nous mettons donc en place, à la prochaine rentrée, une nouvelle formule d' « apprenti-junior » ; elle préservera un lien avec le collège, parce que le choix d'un jeune de 14 ou 15 ans n'est pas irréversible. Elle garantira, évidemment, l'acquisition du socle commun de connaissances.
Il s'agit d'ouvrir un chemin différent pour certains élèves ; cette voie ne sera d'ailleurs pas forcément définitive ! L'apprentissage peut être l'occasion pour un jeune de reprendre confiance en soi, de reprendre goût au travail, à l'effort, et éventuellement, de poursuivre vers un bac pro, voire une filière générale. Avant 18 ans, tout est toujours possible. Je préfère un adolescent qui s'instruit, se forme et s'épanouit en apprentissage, à un jeune déscolarisé, sans avenir, abandonné en marge de la société. Dire cela, c'est tout simplement faire preuve de bon sens et de réalisme !
Outre ces actions générales, qui toucheront l'ensemble du système éducatif, j'ai voulu procéder à une relance de l'éducation prioritaire. C'est une condition essentielle pour éviter l'échec scolaire de jeunes qui, ensuite, risqueraient de ne pas trouver leur place dans la société ? c'est-à-dire, dans le monde du travail.
La refonte de l'éducation prioritaire
Le principe directeur de cette refonte est très simple : il faut donner vraiment plus à ceux qui en ont vraiment besoin. Car depuis des années, nous avons donné trop peu à trop de monde.
Le but, c'est aider concrètement les élèves en difficultés, et non de délimiter de vastes zones sur simples critères sociaux.
Sans entrer dans les détails, voici la logique d'ensemble :
Nous allons donner, dès la rentrée prochaine, des moyens supplémentaires conséquents à 249 collèges et réseaux d'écoles, que j'ai nommés « collèges ambition réussite ». Je l'ai fait sur des critères nationaux, fondés sur le nombre d'élèves en très grande difficulté sociale et scolaire.
Ces moyens, ce sont 4 professeurs expérimentés supplémentaires par collège, 12 assistants pédagogiques par réseau, une infirmière par collège. Ce sont donc des moyens significatifs, qui feront la différence ; cela changera du saupoudrage précédent. Cette aide sera concrète, mesurable : cours en petits groupes, soutien scolaire, études obligatoires après la classe, quatre soirs par semaine, conseils aux enseignants?
Et les élèves de ces collèges qui obtiendront une mention « très bien » au brevet pourront poursuivre leurs études dans le lycée de leur choix au sein de leur académie, - par exemple dans un lycée qui comprend des classes préparatoires.
J'ajoute que les collèges « ambition réussite » seront particulièrement encouragés à utiliser le droit à l'expérimentation qui a été reconnu par la loi d'orientation pour tous les établissements.
Parallèlement, des établissements, qui de l'aveu général, n'ont plus les caractéristiques de l'éducation prioritaire pourront sortir du système sur trois ans, - car, en 20 ans, la sociologie de certaines villes, de certains quartiers a profondément changé. Il faut en tenir compte.
Au-delà des collèges, des actions ciblées vers l'éducation prioritaire contribueront à l'égalité des chances et à la relance de l'ascenseur social :
? Le nombre de bourses (dont le montant annuel est de 800 euros) passera de 28 000 à 100 000 en 2006, pour permettre aux élèves de continuer leurs études.
? Je cite également le partenariat avec l'enseignement supérieur : 100 000 étudiants de grandes écoles et des universités « accompagneront » le parcours de 100 000 élèves, collégiens et lycéens de l'éducation prioritaire, pour leur faire découvrir les filières d'excellence et favoriser leur réussite dans l'enseignement supérieur.
Je voudrais enfin terminer par la condition fondamentale de tout enseignement : la sécurité.
La sécurité dans les établissements
Il faut en effet garantir dans les établissements les conditions d'un enseignement serein.
La prévention commence dès l'école élémentaire et passe par l'autorité du maître. C'est pourquoi, je souhaite que la formation des maîtres à l'IUFM permette aux enseignants de s'y préparer.
Par ailleurs, l'éducation morale et civique est primordiale, c'est pourquoi j'ai décidé qu'une note de vie scolaire valoriserait le comportement et l'engagement des collégiens, dès la prochaine rentrée. Elle prendra en compte le respect du règlement intérieur. Plus largement, il faut rendre aux professeurs les moyens d'exercer leur autorité légitime : pour cela, je suis en train de revoir, avec mes collègues de l'intérieur et de la justice, la circulaire de 1998 sur la prévention des violences à l'école. Elle devra rendre aux enseignants les moyens d'établir le climat de paix et de tranquillité nécessaires aux études.
Par ailleurs, je souhaite revenir sur les relations Education/Police : je ne crois pas que les professeurs doivent jouer le rôle de policier. Si l'intervention de la force publique est nécessaire, c'est à la police d'intervenir. Chacun son travail. Aussi, j'ai proposé que la police puisse éventuellement tenir une permanence dans certains établissements où la sécurité des professeurs et des élèves est en jeu.
S'agissant de la situation de blocage que connaissent un certain nombre de lycées en ce moment ; les recteurs sont en lien avec les préfets pour que les lycéens puissent se rendre en cours normalement. C'est le souhait de l'immense majorité des parents d'élèves, des professeurs et des élèves eux-mêmes !
Enfin, s'agissant des conséquences des perturbations sur les examens universitaires, voici ma position : selon les situations, les universités devront rattraper les cours au troisième trimestre, sinon elles se trouveront contraintes de décaler les examens. Je sais pour en avoir discuté avec certains présidents d'université que des réflexions sont en cours pour déterminer au cas par cas la meilleure solution (je rappelle que le calendrier des examens est arrêté par chaque université dans le cadre de son autonomie).
En tout état de cause, je me refuse à envisager que l'année universitaire puisse être une année blanche !
Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que je souhaitais vous dire ce matin, avant de avant de répondre à vos questions.
Je vous remercie.
Source http://www.education.gouv.fr, le 30 mars 2006
Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les Présidents,
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux de prendre aujourd'hui la parole devant vous. D'abord parce que le contact et le dialogue avec les représentants des parents d'élèves me paraissent tout à fait essentiels ! Aussi, lorsque votre Présidente, Mme Danielle, m'a proposé hier d'intervenir ce matin, j'ai accepté avec joie !
À mes yeux l'école et les familles « font équipe » !
La base même de l'éducation, ce sont en effet les parents qui la donnent ; sans elle, l'école ne peut pas fonctionner correctement.
Mais au-delà de l'éducation, les parents doivent aussi « épauler » la mission d'instruction de l'école. Ils doivent le faire, quand ils le peuvent, en assurant un véritable suivi des devoirs et des résultats, et en s'impliquant dans la scolarité de leurs enfants.
Tout doit donc être fait pour favoriser cette « bonne intelligence » entre les parents et l'école ; personne bien sûr ne doit sortir de son rôle, mais il faut que les parents et les professeurs agissent dans le même sens, et que l'autorité des uns soit confortée par celle des autres ! Avec vous, je souhaite travailler dans ce sens.
Je voudrais ce matin, dans les heures un peu troublées que nous vivons, vous faire part de l'action déterminée que je mène depuis maintenant 10 mois pour améliorer l'efficacité de notre système éducatif !
D'une certaine manière, je crois que ce qui se joue en ce moment dans notre pays, c'est une prise de conscience nationale, avec les soubresauts, et parfois les violences inacceptables, dont la France est coutumière.
Cette prise de conscience est simple : la situation de l'emploi des jeunes est insupportable ; elle ne peut plus durer, il faut AGIR !
Ces difficultés, les jeunes en témoignent depuis longtemps ; et le gouvernement n'a pas attendu les mouvements actuels -ni même les événements de novembre dernier- pour les écouter !
Le constat est en effet alarmant :
? Chaque année, 150 000 jeunes sortent sans diplôme ou qualification du système éducatif.
? À l'université, près de la moitié des étudiants qui entrent en première année abandonnent avant d'entrer en licence.
? Le chômage des moins de 25 ans, diplômés et non-diplômés, atteint le taux record de 23 %.
Face à une telle situation, il faudrait avoir un coeur de pierre pour ne pas comprendre l'angoisse de la jeunesse.
Mais il faut aussi garder la tête froide, et faire preuve d'esprit de responsabilité.
Face à un problème, la responsabilité du gouvernement, c'est d'inventer des solutions innovantes, des solutions réalistes.
Le pire serait de « surfer » sur cette angoisse pour ressortir les vieilles recettes qui ont échoué depuis vingt ans ou pour prôner le statu quo !
C'est précisément pour progresser et permettre aux jeunes de sortir de la précarité que le gouvernement a inventé le contrat première embauche.
Et puisque des questions se posent, le gouvernement est ouvert au dialogue pour lever les doutes et les appréhensions. Je rencontrerai d'ailleurs tout à l'heure, avec le Premier ministre, les organisations de lycéens et d'étudiants. Nous discuterons des modalités d'application de la loi qui -je le rappelle- a été votée par le Parlement.
Mais la question de l'insertion professionnelle dépasse très largement, cela va de soi, celle du CPE. Cette question doit être prise EN AMONT.
Et cela, c'est le rôle du système éducatif.
L'insertion professionnelle, cela passe par :
? Une bonne orientation, et une professionnalisation des formations supérieures,
? Une diversification des voies pour les jeunes.
Le schéma national d'orientation et la découverte professionnelle
Pour cela, nous préparons un « schéma national d'orientation » : il s'agit d'un ensemble de dispositifs qui permettra aux lycéens et étudiants d'être mieux informés sur les débouchés professionnels des différentes filières.
Ils pourront ainsi s'engager en connaissance de cause, ce qui devrait réduire les taux d'échec et les « fausses routes ».
Parmi les idées retenues, figure en bonne place la mise en ligne, par les universités, de leurs résultats aux différents examens et aux concours, ainsi que des débouchés de leurs différentes filières.
Par ailleurs, et dans le même esprit, nous généralisons à la prochaine rentrée, en classe de troisième, l'option de « découverte professionnelle ». Pendant trois heures chaque semaine, les élèves peuvent prendre un premier contact avec les réalités de l'entreprise : visites, récits d'expériences, travaux dirigés permettent de démystifier le monde « économique » !
Il faudrait évoquer aussi l'opération « objectif stages » : elle cible les élèves de troisième et de lycées professionnels qui ont du mal à trouver un stage (stage de découverte de l'entreprise en troisième, ou stage validant leur diplôme en lycée professionnel). Soit parce que leur entourage manque de « réseau », soit pour des raisons de discrimination.
Nous les aidons dans leur démarche.
Enfin, toujours pour mieux préparer l'insertion professionnelle des jeunes, nous intensifions la pratique orale des langues : nous généralisons l'enseignement en petits groupes, qui est beaucoup plus efficace puisqu'il permet une pratique beaucoup plus intense. À partir de la prochaine rentrée, toutes les terminales bénéficieront de ce type d'enseignement, y compris les terminales technologiques et professionnelles.
L'apprentissage en alternance
Mais -je le disais- nous devons aussi apprendre à diversifier les voies de formation. Nous devons en particulier favoriser la formation en alternance, dans le cadre de l'apprentissage.
Cette voie différente a fait ses preuves ; ses mérites sont reconnus ; c'est la meilleure voie vers un emploi durable - d'ailleurs 86 % des jeunes interrogés le savent ! Ils sont donc demandeurs !
C'est pourquoi je fais tout pour que l'apprentissage revienne en force, et ce à tous les niveaux d'études, et dans tous les domaines.
Là aussi, le gouvernement est mobilisé.
Je prends un exemple : l'apprentissage à 14 ans.
J'ai regardé la réalité : tous les ans, 15 000 jeunes quittent le système scolaire avant 16 ans ; ils décrochent et se marginalisent.
Face à une telle situation, deux attitudes possibles :
Ne rien faire, et, finalement, préférer repeindre une belle façade plutôt que d'envisager le moindre changement à l'intérieur.
Imaginer de nouvelles solutions avec un seul objectif : la réussite des élèves.
Nous avons choisi la deuxième voie.
Nous mettons donc en place, à la prochaine rentrée, une nouvelle formule d' « apprenti-junior » ; elle préservera un lien avec le collège, parce que le choix d'un jeune de 14 ou 15 ans n'est pas irréversible. Elle garantira, évidemment, l'acquisition du socle commun de connaissances.
Il s'agit d'ouvrir un chemin différent pour certains élèves ; cette voie ne sera d'ailleurs pas forcément définitive ! L'apprentissage peut être l'occasion pour un jeune de reprendre confiance en soi, de reprendre goût au travail, à l'effort, et éventuellement, de poursuivre vers un bac pro, voire une filière générale. Avant 18 ans, tout est toujours possible. Je préfère un adolescent qui s'instruit, se forme et s'épanouit en apprentissage, à un jeune déscolarisé, sans avenir, abandonné en marge de la société. Dire cela, c'est tout simplement faire preuve de bon sens et de réalisme !
Outre ces actions générales, qui toucheront l'ensemble du système éducatif, j'ai voulu procéder à une relance de l'éducation prioritaire. C'est une condition essentielle pour éviter l'échec scolaire de jeunes qui, ensuite, risqueraient de ne pas trouver leur place dans la société ? c'est-à-dire, dans le monde du travail.
La refonte de l'éducation prioritaire
Le principe directeur de cette refonte est très simple : il faut donner vraiment plus à ceux qui en ont vraiment besoin. Car depuis des années, nous avons donné trop peu à trop de monde.
Le but, c'est aider concrètement les élèves en difficultés, et non de délimiter de vastes zones sur simples critères sociaux.
Sans entrer dans les détails, voici la logique d'ensemble :
Nous allons donner, dès la rentrée prochaine, des moyens supplémentaires conséquents à 249 collèges et réseaux d'écoles, que j'ai nommés « collèges ambition réussite ». Je l'ai fait sur des critères nationaux, fondés sur le nombre d'élèves en très grande difficulté sociale et scolaire.
Ces moyens, ce sont 4 professeurs expérimentés supplémentaires par collège, 12 assistants pédagogiques par réseau, une infirmière par collège. Ce sont donc des moyens significatifs, qui feront la différence ; cela changera du saupoudrage précédent. Cette aide sera concrète, mesurable : cours en petits groupes, soutien scolaire, études obligatoires après la classe, quatre soirs par semaine, conseils aux enseignants?
Et les élèves de ces collèges qui obtiendront une mention « très bien » au brevet pourront poursuivre leurs études dans le lycée de leur choix au sein de leur académie, - par exemple dans un lycée qui comprend des classes préparatoires.
J'ajoute que les collèges « ambition réussite » seront particulièrement encouragés à utiliser le droit à l'expérimentation qui a été reconnu par la loi d'orientation pour tous les établissements.
Parallèlement, des établissements, qui de l'aveu général, n'ont plus les caractéristiques de l'éducation prioritaire pourront sortir du système sur trois ans, - car, en 20 ans, la sociologie de certaines villes, de certains quartiers a profondément changé. Il faut en tenir compte.
Au-delà des collèges, des actions ciblées vers l'éducation prioritaire contribueront à l'égalité des chances et à la relance de l'ascenseur social :
? Le nombre de bourses (dont le montant annuel est de 800 euros) passera de 28 000 à 100 000 en 2006, pour permettre aux élèves de continuer leurs études.
? Je cite également le partenariat avec l'enseignement supérieur : 100 000 étudiants de grandes écoles et des universités « accompagneront » le parcours de 100 000 élèves, collégiens et lycéens de l'éducation prioritaire, pour leur faire découvrir les filières d'excellence et favoriser leur réussite dans l'enseignement supérieur.
Je voudrais enfin terminer par la condition fondamentale de tout enseignement : la sécurité.
La sécurité dans les établissements
Il faut en effet garantir dans les établissements les conditions d'un enseignement serein.
La prévention commence dès l'école élémentaire et passe par l'autorité du maître. C'est pourquoi, je souhaite que la formation des maîtres à l'IUFM permette aux enseignants de s'y préparer.
Par ailleurs, l'éducation morale et civique est primordiale, c'est pourquoi j'ai décidé qu'une note de vie scolaire valoriserait le comportement et l'engagement des collégiens, dès la prochaine rentrée. Elle prendra en compte le respect du règlement intérieur. Plus largement, il faut rendre aux professeurs les moyens d'exercer leur autorité légitime : pour cela, je suis en train de revoir, avec mes collègues de l'intérieur et de la justice, la circulaire de 1998 sur la prévention des violences à l'école. Elle devra rendre aux enseignants les moyens d'établir le climat de paix et de tranquillité nécessaires aux études.
Par ailleurs, je souhaite revenir sur les relations Education/Police : je ne crois pas que les professeurs doivent jouer le rôle de policier. Si l'intervention de la force publique est nécessaire, c'est à la police d'intervenir. Chacun son travail. Aussi, j'ai proposé que la police puisse éventuellement tenir une permanence dans certains établissements où la sécurité des professeurs et des élèves est en jeu.
S'agissant de la situation de blocage que connaissent un certain nombre de lycées en ce moment ; les recteurs sont en lien avec les préfets pour que les lycéens puissent se rendre en cours normalement. C'est le souhait de l'immense majorité des parents d'élèves, des professeurs et des élèves eux-mêmes !
Enfin, s'agissant des conséquences des perturbations sur les examens universitaires, voici ma position : selon les situations, les universités devront rattraper les cours au troisième trimestre, sinon elles se trouveront contraintes de décaler les examens. Je sais pour en avoir discuté avec certains présidents d'université que des réflexions sont en cours pour déterminer au cas par cas la meilleure solution (je rappelle que le calendrier des examens est arrêté par chaque université dans le cadre de son autonomie).
En tout état de cause, je me refuse à envisager que l'année universitaire puisse être une année blanche !
Voilà, Mesdames et Messieurs, ce que je souhaitais vous dire ce matin, avant de avant de répondre à vos questions.
Je vous remercie.
Source http://www.education.gouv.fr, le 30 mars 2006