Entretien de Mme Catherine Colonna, ministre déléguée aux affaires européennes, avec la presse sur les étudiants relevant du programme d'enseignement européen Erasmus et Leonardo et sur le contrat première embauche, à Bordeaux le 7 avril 2006.

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Circonstance : Rencontre avec des étudiants européens dans les locaux de l'Agence Leonardo Erasmus, à Bordeaux (Gironde) le 7 avril 2006

Texte intégral

Q - Vous avez dit qu'il y a avait 30.000 bénéficiaires du programme Erasmus et Leonardo en France. 30.000 étudiants français qui séjournent à l'étranger, c'est ça ?
R - C'est bien cela, pour Erasmus, il y en a 21.600 et pour Leonardo, il y en a 7.000 avec les différents niveaux Leonardo. Donc cela fait environ 30.000 jeunes Français par an.
Q - Et c'est un nombre qui progresse ?
R - Oui, au fil des années, puisque globalement les budgets ont progressé, ce qui est important. Je le répète, nous sommes particulièrement heureux de pouvoir donner un coup de projecteur sur ces programmes la semaine même où nous avons obtenu un accord sur le budget, qui est un très bon accord.
Mais, quand bien même cela ne progresserait pas, vous voyez déjà que Ce sont 30.000 jeunes Français par an qui peuvent aller dans les pays européens chaque année.
Q - Si on compare d'autres pays de l'Union européenne, l'appétit des étudiants français pour aller à l'étranger est similaire à celui des étudiants allemands. Pourtant on dit souvent que les étudiants français partent moins à l'étranger ?
R - Nous sommes parmi les premiers pays bénéficiaires avec l'Allemagne, et même selon les années, le premier pays en Europe. Et nous attirons, cela va sans dire, beaucoup de monde dans notre pays.
Q - Combien d'étudiants étrangers séjournent en France ?
R - Au titre de ces programmes, environ 30.000, chiffre équivalent à celui des jeunes Français qui partent.
Q - Une dernière question à propos des étudiants Erasmus qui sont à la fac cette année. Par rapport à la situation de blocage des établissements comment cela va se passer pour la validation de leurs diplômes ? On parlait tout à l'heure d'un prolongement de leur séjour...
R - Pour les étudiants français qui préparent leurs dossiers et qui se destinent à aller à l'étranger, il n'y a pas de retard qui ait été pris. Les choses sont faites en temps et en heure.
La question qui se pose - dans le sens inverse - est celle des étudiants étrangers bénéficiant de ces programmes communautaires qui sont en France et qui se demandent si cela va être validé ou non. La bonne nouvelle que nous avons eue hier soir - nous sommes là dans l'actualité - c'est que la Commission, qui gère ces contrats, a accepté s'il était nécessaire de les prolonger, de façon à ce que la validation puisse être faite. Cela veut dire concrètement que le programme sera validé - c'est une première bonne nouvelle - mais que certains qui s'attendaient à passer trois mois en France en passeront peut être quatre ou cinq. Ce qui n'est pas forcément une mauvaise nouvelle pour eux même si cela n'était pas initialement prévu !
Q - La commission qui s'occupe de ces programmes ?
R - C'est la Commission européenne.
Q - Ma question va un peu déborder le strict cadre de cette journée.
Elle va porter sur le CPE. Quelle image, puisque vous êtes ministre des Affaires européennes, le mouvement anti CPE peut donner à l'étranger chez les jeunes ou les investisseurs ? Est-ce qu'en tant que ministre déléguée aux Affaires européennes vous en avez déjà eu un retour ? La couverture médiatique CNN ou Fox News est quand même forte... Après la crise des banlieues, le CPE : quel impact peut avoir ce mouvement sur la France ?
Ma deuxième question, certains médias, certains analystes ont décrit la jeunesse française comme une jeunesse frileuse qui a peur de cette précarité, que les Anglais, que les Américains acceptent, a peur de l'avenir car elle s'expatrie moins par exemple que les Scandinaves. Quel est votre sentiment là-dessus ?
R - Sur le premier point, je dirais que cela est un problème national, et je dirais même un défi, pour notre société que d'arriver à concilier la formation et l'emploi. Nous sommes à la recherche des moyens les plus utiles pour aider les jeunes a s'insérer dans le monde du travail et la société, les deux étant souvent liés. Ce que je vois c'est que nos partenaires nous regardent, nous observent avec, parfois, un peu d'incompréhension. Ils connaissent le caractère national français et il y a aussi des remarques souriantes de tout le monde.
Ce que nous voyons aussi, c'est que partout en Europe où le chômage a baissé, ces pays ont su développer ce rapprochement entre la formation et l'emploi, et ont pratiqué plus que nous de la souplesse dans leur marché du travail - pour ne pas dire de la flexibilité - qui permet de créer des emplois.
Cela marche, les chiffres sont là et montrent que le chômage a baissé. Ce qui montre aussi qu'il ne faut pas oublier cet exemple européen qui peut nous être utile.
Q - Et l'image de la France a-t-elle été altérée justement par cette crise en Europe ?
R - Je ne le crois pas. Je dis qu'il y a des réflexions, des inquiétudes, parfois des sourires, beaucoup de gentillesse également.
Q - Et ma question sur la jeunesse ?
R - Oui, vous voyez ici, dans notre rencontre, que la jeunesse est souriante et qu'elle croit en l'avenir. A nous de lui donner les moyens de regarder cet avenir positivement. C'est la responsabilité du gouvernement français et de chaque gouvernement. Nous avons vu en regardant les chiffres tout à l'heure que la jeunesse française est désireuse, si on lui en donne la possibilité, d'avoir des expériences à l'étranger. Ces programmes ne règlent pas tout mais nous voyons par leur succès qu'il y a des signaux d'ouverture et de mobilité. Nous devons les encourager.
Leurs sourires répondent mieux que moi ! Je le redis, Erasmus est l'un des programmes les plus formidables que l'Europe ait mis sur pied. Il coûte un peu au budget européen mais pas de façon déraisonnable. C'est une chance supplémentaire, une étape, et j'en suis une grande militante.
Pour conclure, je dirai qu'il y a eu "l'auberge espagnole" mais que l'auberge espagnole a une suite qui s'appelle "les poupées russes" et il y aura d'autres suites : car cela marche Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 avril 2006