Déclaration de M. Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l'Assemblée nationale, sur l'obligation pour le gouvernement de retirer le contrat première embauche (CPE) et de trouver un compromis social, Assemblée nationale le 28 mars 2006.

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Circonstance : Débat sur le CPE à l'Assemblée nationale le 28 mars 2006

Texte intégral

Monsieur le Premier ministre,
Voilà plus de deux mois que le CPE bloque notre pays. Voilà plus de deux mois qu'il dresse les Français contre votre gouvernement. Tout a été dit sur les raisons de leur refus. Vous seul ne les entendez pas.
Vous seul ignorez l'esprit de responsabilité des organisations syndicales et étudiantes. Toutes récusent la précarité du CPE. Mais toutes sont également conscientes de la nécessité de bouger, de rénover le parcours professionnel des jeunes. Toutes sont prêtes à négocier dès lors que vous faites le geste de retirer le CPE. Mais ce geste ne vient pas.
Où allez vous ? Que voulez vous ? Le CPE semble être devenu pour vous une affaire personnelle, la preuve que vous êtes capable de faire ployer l'échine à tout un peuple. Eh bien je vous le dis avec gravité, Monsieur le Premier ministre : votre obstination est lourde de périls. Vous jetez la jeunesse dans la rue. Vous l'exposez à la violence des casseurs et à la riposte des forces de l'ordre. Vous provoquez une grève nationale en plein marasme économique. Vous réveillez les feux mal éteints des banlieues.
Non, Monsieur le Premier ministre, on ne construit pas un destin personnel contre son propre peuple. Comme nous, vous aimez la France. Comme nous, vous croyez qu'elle est capable des plus beaux sursauts quand elle est unie. Alors ne pensez plus qu'à elle, à son image, à son intérêt, à son unité. Oubliez votre orgueil. Retirez le CPE. Faites la paix avec les Français.
Une telle décision ne serait pas une défaite. Ce serait donner sa chance à la négociation. Ce serait ouvrir la voie d'un compromis social. Ce serait rassembler autour d'un projet partagé. On se grandit plus sûrement à convaincre plutôt qu'à vaincre. A entraîner plutôt qu'à contraindre. Monsieur le Premier ministre, la réponse est entre vos mains !
source http://www.parti-socialiste.fr, le 29 mars 2006