Déclaration de M. Alain Richard, ministre de la défense, sur l'importance de l'image pour la communication entre l'armée et les citoyens, Paris le 20 janvier 1999.

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Circonstance : Remise du prix Marc Flament au Musée de l'Armée le 20 janvier 1999

Texte intégral

Messieurs les officiers généraux,
Mesdames, Messieurs,
Consacrer un prix à la photographie dans le monde de la Défense, et distinguer parmi de nombreux professionnels et étudiants ceux qui sont les meilleurs est une démarche logique de notre travail qui sert vraiment la relation entre notre Défense et l'ensemble de nos concitoyens. Chaque jour, en effet, grossit le flot des images d'actualité, et les technologies de l'information permettent à ce flux continu de se diffuser plus facilement encore. Il y a là un risque de banalisation de l'image, de perte de sens. Et ce que vous avez pu faire, en cherchant à vous distinguer et à expliquer vos photos, consiste aussi à retrouver un réflexe de lucidité, de rationalité, pour se demander ce que signifient ces images, celles qui ont été choisies portant évidemment plus de contenu. Le thème que vous avez choisi d'ailleurs, celui du regard, est déjà une opinion, une prise de position, un éclairage particulier sur les grands débats démocratiques. Il n'est pas simplement un moyen de surprendre ou d'intéresser, mais aussi de faire réfléchir.
La valeur et la vérité des témoignages commencent par la qualité du regard, et la réflexion commence par l'image, par l'impression qu'elle laisse dans l'esprit, par le message dont elle est porteuse. D'où l'impératif de déontologie, de rigueur et de professionnalisme qui est le vôtre.
Informer nos concitoyens sur le monde de la Défense est une priorité que nous nous assignons aujourd'hui, parce qu'il est essentiel pour notre démocratie que les Français se retrouvent dans les nouveaux rapports entre les armées et le pays qui résultent de la réforme importante de notre système de défense actuellement entreprise.
Il y a un an, j'avais indiqué mon intention de moderniser l'organisation de la communication de la Défense afin de mieux l'adapter aux exigences que les réformes en cours font surgir en matière d'information. Depuis lors, comme vous le savez, notre réforme est intervenue à l'été dernier, sous l'impulsion de Jean-François Bureau. La création de la DICOD est l'instrument de cette orientation nouvelle. J'avais aussi salué la naissance du serveur Internet de ce ministère, qui est aujourd'hui une réussite, où l'ECPA a toute sa part, une des vertus nouvelles du réseau Internet étant de faire passer des messages également par l'image.
A cet égard, une tendance me paraît actuellement plus importante que d'autres. Les membres du jury ont émis le veu d'internationaliser non plus seulement le choix des candidats, mais aussi les sujets possibles du prix Marc Flament : c'est une initiative que je salue et que j'encourage. Mais je vous engage surtout à l'européaniser.
Je crois que ces rencontres, ces confrontations d'idées, qu'organisent notre prix, contribuent à nouer des relations plus mûres avec nos partenaires de l'Union Européenne : pourquoi ne pas commencer par des reportages sur les armées de nos voisins ou des initiatives de
coopération ? La démarche européenne en matière de défense est quelque chose dont nous connaissons tous les difficultés, les échecs passés. Les circonstances aujourd'hui restent difficiles et exigeantes. Je crois que nos concitoyens perçoivent mieux sa nécessité aujourd'hui et qu'en tout cas, notre responsabilité de préparation de l'avenir nous impose de passer par cet objectif central. Je voulais d'ailleurs vous dire que, comme professionnels de la photo, vous êtes témoins de ce changement qui résulte déjà de la volonté politique de tous ceux qui ont accompagnés le mouvement européen : nos concitoyens, dans beaucoup d'aspects de leur existence quotidienne, vivent une relation avec nos voisins et partenaires européens qui n'est plus celle qu'ils avaient il y a 10 - 20 ans. Et ils savent que nous avons plus de liens plus de solidarité, plus d'enjeux et de destins communs, avec nos partenaires européens qu'avec tout autre pays.
Outre cette importance pour l'information et le débat démocratique, il y a aussi, dans le prix Marc Flament, un aspect de préservation et de continuation d'un patrimoine historique, celui de l'ECPA, qui possède des millions d'images dont certaines sont de la valeur de celles qui sont récompensées aujourd'hui.
Poursuivre ce travail d'enquête, de regard, et le mettre à l'honneur, c'est valoriser la mémoire des armées, et poursuivre cet immense reportage de plus d'un siècle, sur tous les aspects de l'action de la communauté militaire et son dévouement à la Nation. Les photographies récompensées ce soir disent aussi bien que celles des temps passés la gravité des missions, le service rendu, l'émotion, le repos, la souffrance, la veille et la mémoire. C'est ce qui m'a donc donné envie, en plus du devoir de fonction qui est le mien, d'être avec vous pour la remise de ce prix, et me fait ressentir une grande satisfaction au moment de remettre à tous les lauréats les récompenses qui ont été décernées par le jury. Merci.
(Source http://www.defense.gouv.fr)