Texte intégral
Q - Au vu des derniers rebondissements dans l'affaire Clearstream, considérez-vous que le Premier ministre doit démissionner ?
R - "La situation de Dominique de Villepin est tous les jours de plus en plus intenable. Même s'il est vrai que les choses se dégradent depuis plusieurs mois, maintenant on atteint des sommets. Je mesure les dégâts causés par toute cette affaire. L'opinion publique est infiniment troublée par le sentiment d'un pouvoir divisé, plongé dans un affrontement haineux entre le numéro un et le numéro deux du gouvernement. Chacun des deux se présentant comme une victime et se servant de cette affaire pour déstabiliser l'autre. Un scandale, dont l'opinion ne comprend pas tout, mais dont elle voit bien qu'il est engagé pour une démolition réciproque. L'image de la République en souffre beaucoup. Cette affaire d'Etat est une implosion du gouvernement, du parti majoritaire et touche profondément les institutions."
Q - A un an, jour pour jour, de la fin du mandat présidentiel de Jacques Chirac, quel bilan tirez-vous de cette fin de règne ?
R - "On ne voit pas bien comment on va pouvoir durer un an. Comme tous les Français, je me pose une multitude d'interrogations. Ce n'est pas seulement une fin de règne mais une crise de régime. Nous avons, sous les yeux, en grandeur réelle, le mal de notre République où ceux qui gouvernent, les uns après les autres, se croient propriétaires de l'Etat. Il y a une conclusion à tirer d'urgence : il faut changer les institutions."
Q - Etes-vous favorable à des élections anticipées ?
R - "Dans une démocratie normale, il y aurait de nouvelles élections... mais je sais bien que la France n'est pas une démocratie normale ! Le plus important est de comprendre que c'est notre conception du pouvoir qui est en cause: Mitterrand, déjà, se servait des services secrets ou des polices parallèles pour faire écouter des centaines de personnes ! Tant qu'on ne prendra pas la décision de revenir à des institutions saines, on s'exposera à des problèmes de ce genre. Il y a un virus dans le logiciel. Il faut réparer la République."
Q - Dans ce contexte, l'UDF ne tire-t-elle pas les marrons du feu ?
R - "Dans les mois qui viennent, les Français vont se forger la volonté de tourner la page sur toutes ces dérives. L'UDF sera créditée de ce qu'elle les a analysées et prévues depuis des années. C'est la raison pour laquelle je n'ai pas voulu entrer au gouvernement, ni voter la confiance à ce gouvernement. Il était évident pour moi que les mêmes causes allaient produire les mêmes effets. Ce qui se passe, à l'heure actuelle, donne à l'UDF une grande force de conviction car son diagnostic était exact. Certains électeurs de droite m'ont reproché d'avoir eu des mots durs envers l'exécutif. On voit, désormais, à quel point ces mots étaient justifiés. Plus forte est donc, aujourd'hui, notre volonté de changement."
Q - Plus virulentes seront aussi vos critiques ?
R - "L'époque n'est plus à la critique : hélas, les décombres sont sous nos yeux ! L'époque, pour l'UDF, est à la vision. Nous devons engager une démarche de rassemblement. Je ne crois pas que la France puisse sortir d'une situation aussi délabrée par un affrontement droite-gauche. Il faudra associer autour des principes républicains des forces politiques venant de bords différents."
Q - Espérez-vous être, en 2007, le candidat centriste qui rassemblera à gauche et à droite ?
R - "Je suis celui qui veut que l'on relève la France sans se préoccuper perpétuellement de la guerre des camps. Il existe des gens, à droite comme à gauche, que j'estime et que je respecte, qui sont d'accord sur bon nombre de points."
Q - Nicolas Sarkozy vient de présenter son projet de loi sur l'immigration. Certains estiment qu'il chasse sur les terres du FN. Est-ce votre avis ?
R - "Je sais que chaque fois que l'on reprend les mots de ses adversaires, on les sert... Je ne crois pas à l'immigration choisie. Celle-ci va s'ajouter à l'immigration subie. Je ne comprends pas pourquoi dans un pays de cinq millions de chômeurs on a besoin d'aller chercher à l'extérieur des capacités de travail que l'on possède en interne. Je suis sceptique sur ce projet. Ce texte a essentiellement des visées publicitaires."
Propos recueillis par Marjory Chouraqui source http://www.udf.org, le 1 juin 2006
R - "La situation de Dominique de Villepin est tous les jours de plus en plus intenable. Même s'il est vrai que les choses se dégradent depuis plusieurs mois, maintenant on atteint des sommets. Je mesure les dégâts causés par toute cette affaire. L'opinion publique est infiniment troublée par le sentiment d'un pouvoir divisé, plongé dans un affrontement haineux entre le numéro un et le numéro deux du gouvernement. Chacun des deux se présentant comme une victime et se servant de cette affaire pour déstabiliser l'autre. Un scandale, dont l'opinion ne comprend pas tout, mais dont elle voit bien qu'il est engagé pour une démolition réciproque. L'image de la République en souffre beaucoup. Cette affaire d'Etat est une implosion du gouvernement, du parti majoritaire et touche profondément les institutions."
Q - A un an, jour pour jour, de la fin du mandat présidentiel de Jacques Chirac, quel bilan tirez-vous de cette fin de règne ?
R - "On ne voit pas bien comment on va pouvoir durer un an. Comme tous les Français, je me pose une multitude d'interrogations. Ce n'est pas seulement une fin de règne mais une crise de régime. Nous avons, sous les yeux, en grandeur réelle, le mal de notre République où ceux qui gouvernent, les uns après les autres, se croient propriétaires de l'Etat. Il y a une conclusion à tirer d'urgence : il faut changer les institutions."
Q - Etes-vous favorable à des élections anticipées ?
R - "Dans une démocratie normale, il y aurait de nouvelles élections... mais je sais bien que la France n'est pas une démocratie normale ! Le plus important est de comprendre que c'est notre conception du pouvoir qui est en cause: Mitterrand, déjà, se servait des services secrets ou des polices parallèles pour faire écouter des centaines de personnes ! Tant qu'on ne prendra pas la décision de revenir à des institutions saines, on s'exposera à des problèmes de ce genre. Il y a un virus dans le logiciel. Il faut réparer la République."
Q - Dans ce contexte, l'UDF ne tire-t-elle pas les marrons du feu ?
R - "Dans les mois qui viennent, les Français vont se forger la volonté de tourner la page sur toutes ces dérives. L'UDF sera créditée de ce qu'elle les a analysées et prévues depuis des années. C'est la raison pour laquelle je n'ai pas voulu entrer au gouvernement, ni voter la confiance à ce gouvernement. Il était évident pour moi que les mêmes causes allaient produire les mêmes effets. Ce qui se passe, à l'heure actuelle, donne à l'UDF une grande force de conviction car son diagnostic était exact. Certains électeurs de droite m'ont reproché d'avoir eu des mots durs envers l'exécutif. On voit, désormais, à quel point ces mots étaient justifiés. Plus forte est donc, aujourd'hui, notre volonté de changement."
Q - Plus virulentes seront aussi vos critiques ?
R - "L'époque n'est plus à la critique : hélas, les décombres sont sous nos yeux ! L'époque, pour l'UDF, est à la vision. Nous devons engager une démarche de rassemblement. Je ne crois pas que la France puisse sortir d'une situation aussi délabrée par un affrontement droite-gauche. Il faudra associer autour des principes républicains des forces politiques venant de bords différents."
Q - Espérez-vous être, en 2007, le candidat centriste qui rassemblera à gauche et à droite ?
R - "Je suis celui qui veut que l'on relève la France sans se préoccuper perpétuellement de la guerre des camps. Il existe des gens, à droite comme à gauche, que j'estime et que je respecte, qui sont d'accord sur bon nombre de points."
Q - Nicolas Sarkozy vient de présenter son projet de loi sur l'immigration. Certains estiment qu'il chasse sur les terres du FN. Est-ce votre avis ?
R - "Je sais que chaque fois que l'on reprend les mots de ses adversaires, on les sert... Je ne crois pas à l'immigration choisie. Celle-ci va s'ajouter à l'immigration subie. Je ne comprends pas pourquoi dans un pays de cinq millions de chômeurs on a besoin d'aller chercher à l'extérieur des capacités de travail que l'on possède en interne. Je suis sceptique sur ce projet. Ce texte a essentiellement des visées publicitaires."
Propos recueillis par Marjory Chouraqui source http://www.udf.org, le 1 juin 2006