Interview de M. Hervé Morin, président du groupe parlementaire UDF à l'Assemblée nationale, dans "La Dépêche du Midi" du 11 mai 2006, sur l'affaire Clearstream, la situation politique et sur la motion de censure déposée par le groupe socialiste.

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Média : La Dépêche du Midi

Texte intégral

Q - L'affaire Clearstream doit-elle provoquer des élections anticipées ou un changement de gouvernement ?
R - Cette affaire symbolise la fin d'un système à bout de souffle lié à des institutions qui ne sont pas équilibrées par des contre-pouvoirs. Aujourd'hui, le président de la République est une espèce de monarque qui n'est contrôlé par personne et qui n'est pas responsable devant le peuple commele voulait de Gaulle ; ce système conduit à toutes les dérives. Il faut donc un parlement qui représente tous les Français de l'extrême gauche à l'extrême droite et qui contrôle le gouvernement et les dépenses publiques.
Q - Ce régime peut-il encore tenir un an ?
R - Si Jacques Chirac avait une lecture gaullienne de la Vème République, il aurait démissionné au lendemain du référendum sur la Constitution européenne. Quel que soit le Premier ministre en place, ça ne changera rien car la légitimité du pouvoir est trop affaiblie.
Q - Mais alors pourquoi ne demandez-vous pas clairement des élections anticipées ?
R - On sait que cela ne se fera pas. On voit la différence entre l'Allemagne où lorsque Schröder perd une élection régionale il organise des élections législatives anticipées pour reconstruire une majorité, et la France où quelle que soit la volonté du peuple, le système ne bouge pas. Si Jacques Chirac voulait rendre service au pays, il démissionnerait.
Q - Signerez-vous la motion de censure des socialistes ?
R - Non. Les socialistes se drapent aujourd'hui dans la vertu et la morale, mais je ne les ai pas beaucoup entendus lors de l'affaire des écoutes de l'Elysée si ce n'est pour demander que la justice aille jusqu'au bout de l'instruction. On ne peut pas avoir deux discours à des moments différents.
Laissons à la justice le soin de nous dire si Dominique de Villepin nous a dit la vérité avant d'en tirer les conséquences politiques.
Propos recueillis par Jean-Pierre Bédéï source http://www.udf.org, le 1 juin 2006