Texte intégral
I. Le programme de réussite éducative apporte une méthode et des moyens véritablement nouveaux pour aider les enfants et les adolescents en difficulté.
- Ce programme part du constat que, dans les quartiers défavorisés, les difficultés scolaires que rencontrent beaucoup d'enfants et d'adolescents résultent de facteurs liés à l'environnement social, culturel et familial ou encore à des difficultés de santé.
Le chômage des parents, les problèmes d'intégration, des conditions de logement difficiles se traduisent, chez certains jeunes, par le décrochage et l'absentéisme scolaires, le repli sur soi et par des attitudes agressives.
Pour offrir toutes ses chances à l'enfant, l'école joue certes un rôle prépondérant mais, face à de telles difficultés, le système scolaire ne peut pas tout résoudre.
Le programme de réussite éducative a pour ambition de traiter l'ensemble de ces difficultés rencontrées par l'enfant.
- L'objectif sur cinq ans est d'accompagner, de l'école maternelle jusqu'au terme de la scolarité obligatoire, 200 000 enfants et adolescents vivant sur les territoires en ZUS ou scolarisés en ZEP.
Pour réussir, nous nous sommes donné les moyens et une méthode.
Les moyens, ce sont près d'un milliard 500 millions d'euros sur 5 ans, inscrit dans la loi de programmation pour la cohésion sociale du 18 janvier 2005.
La méthode innove sur trois points :
- 1) L'action est centrée sur les enfants et adolescents en fragilité ; chacun est suivi individuellement, en lien avec sa famille.
- 2) Les problèmes de l'enfant sont envisagés dans leur globalité : environnement familial difficile, problèmes de santé, troubles du langage, etc.
- 3) Enfin, nous faisons travailler de façon conjointe et coordonnée l'ensemble des professionnels des champs éducatifs, sociaux, sanitaires, culturels et sportifs.
Il s'agit de traiter non seulement les cas les plus difficiles mais aussi de mettre en oeuvre une prévention précoce dès le plus jeune âge.
Le programme de réussite éducative est décliné selon deux modalités distinctes : les équipes de réussite éducative et les internats de réussite éducative.
1. La méthode retenue pour les équipes de réussite éducative innove en prévoyant une structure juridique spécifique pour leur mise en oeuvre. Ce peut être une caisse des écoles, un groupement d'intérêt public, un établissement public local d'enseignement ou un centre communal d'action sociale.
La structure retenue rassemble l'ensemble des partenaires institutionnels et associatifs concernés. Elle permet de bien formaliser le partenariat entre les différents acteurs de la chaîne éducative. Les synergies et les complémentarités entre les différentes interventions et la collégialité entre les partenaires sont ainsi renforcées.
Cette structure juridique intègre les fonctions supports classiques d'administration, de gestion et de coordination des actions et des intervenants.
Le collectif constitué en son sein dispose ainsi des outils juridiques et comptables adaptés à une gestion souple et réactive ainsi que des marges de manoeuvre indispensables pour mettre en oeuvre et mener à bien le projet commun.
Les actions mises en oeuvre se déroulent essentiellement hors temps scolaire et n'ont vocation à se substituer ni à l'action de l'Ecole, ni aux dispositifs existants dont elles sont complémentaires.
La programmation peut intégrer certaines actions existantes à condition qu'elles concourent aux objectifs du programme. Mais elle doit encore proposer de nouvelles interventions qui permettent d'apporter une aide personnalisée aux enfants ou adolescents.
2. Le programme de réussite éducative permet aussi de soutenir des projets d'internat de réussite éducative émanant d'établissements d'enseignement publics ou privés ou d'autres structures juridiques telles qu'un groupement d'intérêt public ou une caisse des écoles.
Pour être éligibles, les projets doivent proposer un cadre de vie et de travail stable à des enfants et adolescents qui connaissent des difficultés familiales ou environnementales compromettant leurs chances de réussite. Les conditions d'encadrement et de soutien éducatif, psychologique et culturel doivent y être optimales.
- Premiers éléments de bilan
- En 2005, 226 projets de réussite éducative et dix projets liés à un internat de réussite éducative ont été labellisés.
En 2006, outre la reconduction des projets retenus en 2005, 40 nouveaux projets ont été labellisés et 66 sont en cours d'instruction.
- Un audit effectué sur un tiers des démarches lancées en 2005 permet déjà de tirer quelques enseignements.
Dans la grande majorité des sites, la structure retenue a été celle de la caisse des écoles parce qu'elle est un cadre de travail traditionnel entre la commune et l'Education nationale.
Dans l'ensemble, nous nous félicitons de la bonne implication de l'Education nationale, en particulier pour le repérage des publics.
Ce sont plutôt les élèves du primaire qui sont ciblés aujourd'hui par le dispositif, en mettant l'accent sur les apprentissages fondamentaux et la prévention précoce.
L'association des parents demeure problématique et la coordination avec d'autres dispositifs (contrat éducatif local, projet éducatif local...) doit encore être améliorée.
II. La réussite du programme de réussite éducative repose sur la participation active de l'Education nationale tant au niveau de son pilotage qu'à l'occasion de sa mise en oeuvre.
- Le concours des responsables académiques de l'éducation prioritaire, des principaux de collèges, des inspecteurs de l'éducation nationale et des directeurs d'école est essentiel sur au moins trois points :
- 1) Le premier, c'est d'identifier les jeunes qui rencontrent les plus lourdes difficultés.
Les écoles et les collèges sont de très bons observatoires des problèmes des jeunes, les difficultés scolaires étant souvent un révélateur d'autres difficultés.
Ils sont aussi bien placés pour suivre les évolutions consécutives aux diverses formes d'aide et de soutien qui peuvent être engagées.
- 2) Le second, c'est de compléter les diverses formes d'aide et de soutien déjà organisées afin de prévenir les dérives et les complications qui peuvent surgir chez des jeunes qui rencontrent un peu moins de difficultés mais qui n'en sont pas moins en situation de fragilité et dont la situation peut se dégrader rapidement.
- 3) Enfin, le troisième, c'est d'utiliser le dispositif de réussite éducative pour améliorer la coordination et la cohérence des multiples initiatives prises autour de l'Ecole.
Les équipes de réussite éducative doivent notamment permettre aux collèges labellisés « Ambition réussite » de développer un partenariat plus resserré avec l'ensemble des acteurs du parcours éducatif.
Cela suppose, de la part des services de l'Education nationale comme des préfets, une animation territoriale forte pour susciter de telles démarches dans les communes concernées.
source http://www.education.gouv.fr, le 1 juin 2006