Entretien de M. Hamlaoui Mekachera, ministre délégué aux anciens combattants, dans "Le Parisien" du 24 juin 2006, sur le rôle des soldats musulmans de l'armée française pendant la Première Guerre mondiale.

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Circonstance : Inauguration d'un mémorial musulman par M. Jacques Chirac, Président de la République, à Verdun (Meuse) le 24 juin 2006

Média : Le Parisien

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Hamlaoui Mekachera : Il y avait, jusqu'à présent à Douaumont, un mémorial chrétien et un autre israélite, mais rien en revanche à la mémoire des musulmans, si ce n'est une petite stèle au bord de la route. Nous réparons donc une injustice. C'est Jean-Pierre Raffarin, alors Premier ministre, qui avait jugé normal que les trois religions du Livre puissent avoir chacune leur propre mémorial.
Ce geste n'arrive-t-il pas bien tard, quatre-vingt-dix ans après la bataille ?
Lors de la Première Guerre mondiale, de nombreux musulmans sont morts pour la France, mais leur sacrifice n'était pas resté sans reconnaissance. Dès 1922, la Mosquée de Paris a été construite en hommage aux 100 000 combattants musulmans. Edifiée sous le parrainage du président Doumergue et du maréchal Lyautey, elle fut financée par l'Etat, qui donna 500 000 francs or de l'époque.
Combien de soldats "indigènes" furent engagés à Verdun ?
Presque toutes les unités de l'armée française furent engagées dans la bataille de Verdun et, parmi elles, des tirailleurs algériens, goumiers marocains, soldats venant de l'Afrique subsaharienne comme le Sénégal ou le Tchad, pour beaucoup musulmans. On dénombre 38 000 Maghrébins (dont 23 000 Algériens) morts ou disparus.
Quelle image les nouvelles générations doivent-elles garder de Verdun ?
La bataille de Verdun reste un symbole : celui du sacrifice suprême, consenti par les générations passées, pour que nous méritions de vivre aujourd'hui en liberté et en démocratie.Source http://www.defense.gouv.fr, le 29 juin 2006