Texte intégral
Monsieur le Ministre,
Mesdames et Messieurs les Recteurs d'Académie,
Mesdames et Messieurs les Inspecteurs d'Académie,
C'est à la fois un grand plaisir, et aussi un privilège pour moi, que de pouvoir m'adresser directement à vous. Je tiens à remercier mon collègue et ami Gilles de Robien pour l'occasion qui m'est offerte aujourd'hui, et pour son soutien actif depuis mon entrée au gouvernement.
Ma présence ce soir devant vous a un sens fort ! L'Education Nationale est un acteur essentiel de toute politique de promotion de l'égalité des chances, cette politique qui reconnaît à chacun le droit de s'accomplir et de s'épanouir, selon ses besoins, ses aspirations, son travail et ses projets. C'est donc au coeur de cette Education Nationale que les inégalités peuvent être combattues, voire vaincues, en premier lieu.
Voilà pourquoi j'ai besoin de vous pour relever ce formidable défi que le Président de la République et le Premier Ministre m'ont confié.
En effet, La politique de promotion de l'égalité des chances a besoin de l'Education Nationale. Avec l'accès à l'emploi, elle est un axe majeur de mon action. Il nous faut travailler ensemble, pour corriger les inégalités qui fissurent le corps social, et pour que la jeunesse de ce pays, dans sa diversité, bénéficie de toutes les chances auxquelles elle a droit.
Vous savez sans doute d'où je viens. C'est l'école de la République qui a donné non pas sa chance, mais ses chances, au gamin issu de l'immigration que j'étais, dans ce bidonville où je suis né. C'est l'Education Nationale, ses instituteurs et ses professeurs, qui m'ont permis d'accéder à l'écrit, et à ce "tapis volant" qu'est le livre. C'est encore grâce à l'Education Nationale que j'ai pu apprendre un métier, l'électro-technique, puis faire le choix des études longues, et devenir chercheur au CNRS, sociologue et écrivain.
Tout au long d'une vie, on n'oublie jamais le nom de sa première maîtresse d'école maternelle, ou de CE1/CE2. La mienne s'appelait Georgette. Elle a 70 ans, je la vois toujours. Je suis sa fierté, elle est la mienne, et celle de mes parents analphabètes.
C'est parce que je connais bien l'importance de l'Ecole de la République pour promouvoir les chances des plus défavorisés, de ceux qui en ont la plus grande nécessité, que je vais solliciter votre concours actif et celui du corps enseignant.
Les chantiers sont nombreux et immenses. Il n'est pas dans mes intentions de les prendre tous indistinctement à bras le corps : Ma démarche est avant tout pragmatique. Je tiens à privilégier l'efficacité et l'exemplarité, en menant avec vous un nombre limité d'expérimentations significatives, qui auront vocation à être reproduites à l'échelle nationale.
J'ai souhaité plus particulièrement faire porter nos efforts sur 3 thèmes :
- Les stages en entreprises (1)
- Les expérimentations en faveur de collèges "ciblés" (2)
- L'accès à l'enseignement supérieur (3)
1) l'opération "Un stage pour tous" :
Aujourd'hui, l'accès à l'emploi est une nécessité stratégique nationale. Les liens de l'école avec l'entreprise ne cessent de se resserrer et s'amplifier, et il est vital, dans le parcours d'un élève, que son premier contact avec l'entreprise soit une réussite, surtout pas un échec.
Pour ce faire, je vais lancer avec Gilles de Robien l'opération "Un stage pour tous".
Celle-ci se fonde sur le constat des discriminations dans l'accès aux stages, dont sont victimes nombre de jeunes de troisième et des filières professionnelles en raison de leur origine - ou de leur adresse dans un quartier sensible -, ou encore de leur absence de réseau relationnel, de leur éloignement du monde du travail... Quelles qu'en soient les causes, cette inégalité des chances, dès le premier contact avec le monde de l'entreprise, est inadmissible. Le recours à marche forcée pour remédier à ces injustices aux stages dans les collectivité locales ou les administrations, sans en dénier l'intérêt, ne peut valablement remplacer l'indispensable premier contact avec le monde de l'entreprise, et la confiance en soi qu'il suscite chez le jeune.
Quand cette expérience positive est remplacée par celle de la discrimination, les dégâts sur le jeune sont lourds, car dès lors, et d'autant plus s'il est issu de milieux fragilisés, il assimile l'expérience professionnelle à celle de l'humiliation, de la relégation sociale, facilitant le repli sur soi, le désespoir, et parfois des comportements violents. Aussi, la finalité de l'opération "Un stage pour tous" est-elle de permettre à tout élève de troisième, de BEP, de Bac Pro, de BTS et d'IUT (c'est-à-dire l'ensemble des stages obligatoires,) d'accéder sans discrimination aux stages dont il a besoin. L'association "Entreprises et Quartiers", fondée par Monsieur Claude Bébéar (qui est à l'origine de l'idée de "Confiance stage"), travaillera à nos côtés. Elle est en cours de déploiement sur 28 sites ; elle aura pour mission de mobiliser, localement, les entreprises en faveur du dispositif "Un stage pour tous" ; puis elle va naturellement servir de médiateur entre les entreprises et les établissements scolaires. Votre rôle sera essentiel pour en assurer le succès, et conditionnera l'entrée des élèves dans des parcours de réussite professionnelle.
Le principe de l'opération est de faire en sorte que l'entreprise joue le jeu de la confiance avec les établissements, et s'engage à ne pas sélectionner le jeune. En retour, les établissements scolaires, chargés de "placer" les jeunes qui n'auront pas trouvé de stage, s'engagent à une vigilance accrue dans la préparation et le suivi du stage. Un site internet est en cours d'élaboration, et sera opérationnel rapidement : les cellules "Entreprises et Quartier" s'assureront du dépôt des offres de stages sur le site. Les établissements scolaires feront en sorte que les élèves sans stages se portent volontaires pour les offres de stages de façon à déjouer le risque de discrimination. L'opération sera lancée depuis Mantes-la-Jolie. Pour le bon fonctionnement de l'opération, il reviendra aux recteurs d'initier un comité de pilotage avec des chefs d'établissements et des référents de l'association "Entreprises & Quartiers".
Cette action n'a pas pour vocation de se substituer à la démarche des élèves qui doivent trouver leur stage, et dont l'initiative personnelle fait partie de la formation, mais de prévenir tout risque pour l'élève de se retrouver exclu de ce premier accès au monde professionnel, pour des motifs indignes de notre république.
Quid de l'opération "collège ciblé" ?
2) Opération "collège ciblé"
Le collège est une de mes grandes préoccupations. Les dispositifs de ZEP, ou de REP, ont prouvé leur nécessité, mais la situation reste souvent difficile, sinon dramatique, pour bien des élèves des quartiers en difficulté.
Je propose de privilégier une démarche qui soit de réhabilitation et d'expérimentation, en choisissant un certain nombre de collèges particulièrement difficiles, avec des équipes pédagogiques très motivées, qui seront encouragées, pour leur permettre de lancer des procédures directement adaptées aux besoins locaux. Ces procédures devront répondre à un cahier des charges précis, de manière à encadrer ces expériences, afin de stimuler la réussite dans ces établissements. Nous savons que certaines ZEP sont aussi des Zones d'Excellence Pédagogique. Nous voulons profiter de ce "bouillonnement" pédagogique, pour que les établissements les plus déterminés aient une chance de ne plus être des repoussoirs et devenir, pourquoi pas, des lieux attractifs au sein des quartiers. Cela peut changer la donne dans des territoires entiers. Il n'y a qu'à voir, au niveau du lycée, l'émulation qu'a suscitée chez les enseignants et les élèves, le conventionnement de leur établissement avec Sciences-Po. De telles initiatives transforment les systèmes de représentations mentales et géographiques.
L'opération "Collège ciblé" s'adressera à un établissement qui bénéficiera d'un accompagnement particulier pour la mise en oeuvre d'une expérience originale, menée de manière autonome par l'équipe pédagogique, à partir d'un cahier des charges précis. Dès septembre, 20 collèges dans 20 académies vous seront proposés pour initier cette expérimentation. Les critères de choix sont la capacité d'innovation de ces établissements, le nombre de boursiers, et les résultats aux tests d'évaluation en sixième. Vous pouvez d'ailleurs faire vos propres propositions !
Un comité de pilotage, associant le ministère de l'Education nationale et le ministère de la Promotion de l'Egalité des chances sera installé à la Direction de l'Enseignement Scolaire. Sa mission sera de mettre au point rapidement un cahier des charges.
Vous recevrez ces propositions dans peu de temps, et je vous remercie d'y répondre aussi vite que possible : le temps presse, les attentes sociales sont très fortes. Mais l'égalité des chances dans l'Education ne s'arrête pas là. Pour joindre tous les maillons de la chaîne, elle se prolonge après le bac. Elle est plus nécessaire que jamais au niveau de l'entrée à l'université.
3) L'accès à l'enseignement supérieur
Chaque année, 800 000 élèves passent le bac, 400 000 entrent dans l'enseignement supérieur, dont 200 000 d'entre eux arrivent à l'université, et 100 000 en BTS/IUT, au sein des universités. Pour ces étudiants qui sortent du lycée, tout se joue durant les quatre premiers mois, en particulier pour les plus fragiles, les enfants de classes défavorisées, de chômeurs, issus des quartiers difficiles.
Pour aider ces jeunes à faire du parcours universitaire un vrai parcours de réussite, il est nécessaire de mettre au point des systèmes de tutorat, qui encadrent ces dizaines de milliers d'étudiants, qui ont droit à une VRAIE chance. La conférence des présidents d'université travaille avec nous pour ces solutions.
De plus, les universités doivent aller vers les lycées pour dynamiser et approfondir les systèmes d'orientation, de manière à aider les lycéens à avoir une idée aussi claire que possible de leurs possibilités après le bac.
Enfin, les grandes écoles, elles aussi, s'ouvrent à la diversité, qui commence à être reconnue comme un facteur d'excellence, de rayonnement et de puissance. Elles multiplient les expériences, comme Sc-Po et l'ESSEC, en allant vers les lycées, et vers les lycéens, développent les accompagnements, en explorant de nouvelles pistes, afin d'ouvrir le système de formation des élites, qui se renouvelle en vase relativement clos depuis vingt ans.
Ainsi, l'IEP Paris est-il déjà conventionné avec plus de 23 lycées, et a recruté plus de 132 étudiants, dont 45 en 2004, étudiants qui, tous, ont des parcours d'excellence. Et, depuis la signature par les Grandes Ecoles de la Charte pour l'égalité des chances en 2005, les initiatives se multiplient, comme c'est le cas pour l'INSA de Lyon, pour l'Institut National des Télécommunications, ou encore le programme "Passeport Ingénieurs Télécoms" que SFR met en oeuvre avec le ministère de l'Education nationale, qui ouvre les filières d'excellence aux jeunes des quartiers sensibles,lesquelles concernent aujourd'hui 11 écoles d'ingénieurs télécoms et 25 lycées sensibles. Je souhaite que ces initiatives se multiplient. Je compte travailler de près non seulement avec la conférence des grandes écoles, mais aussi avec quelques grandes écoles en particulier, dont j'inviterai dans les semaines prochaines les nombreux directeurs pour amplifier cette action positive.
Ces programmes relèvent d'une urgence républicaine. La promotion de l'égalité des chances, au coeur de l'action du gouvernement, nous permet d'adresser un message d'espoir, de courage, de réussite, à nos concitoyens les moins favorisés, quelques soient les lieux de résidence ou leurs origines, en renouvelant les dispositifs d'éducation et de formation qui tissent le lien national et républicain. C'est pourquoi je suis fier de pouvoir vous présenter, aux côtés de Gilles de Robien, ces actions qui s'inscrivent dans une logique de moyens, de résultats. Merci pour votre implication personnelle. Nous allons gagner parce que la promotion de l'égalité des chances fait partie de ces défis qu'une société démocratique ne peut pas, ne doit pas perdre !
Je vous remercie.
Source http://www.egalitedeschances.gouv.fr, le 4 juillet 2006
Mesdames et Messieurs les Recteurs d'Académie,
Mesdames et Messieurs les Inspecteurs d'Académie,
C'est à la fois un grand plaisir, et aussi un privilège pour moi, que de pouvoir m'adresser directement à vous. Je tiens à remercier mon collègue et ami Gilles de Robien pour l'occasion qui m'est offerte aujourd'hui, et pour son soutien actif depuis mon entrée au gouvernement.
Ma présence ce soir devant vous a un sens fort ! L'Education Nationale est un acteur essentiel de toute politique de promotion de l'égalité des chances, cette politique qui reconnaît à chacun le droit de s'accomplir et de s'épanouir, selon ses besoins, ses aspirations, son travail et ses projets. C'est donc au coeur de cette Education Nationale que les inégalités peuvent être combattues, voire vaincues, en premier lieu.
Voilà pourquoi j'ai besoin de vous pour relever ce formidable défi que le Président de la République et le Premier Ministre m'ont confié.
En effet, La politique de promotion de l'égalité des chances a besoin de l'Education Nationale. Avec l'accès à l'emploi, elle est un axe majeur de mon action. Il nous faut travailler ensemble, pour corriger les inégalités qui fissurent le corps social, et pour que la jeunesse de ce pays, dans sa diversité, bénéficie de toutes les chances auxquelles elle a droit.
Vous savez sans doute d'où je viens. C'est l'école de la République qui a donné non pas sa chance, mais ses chances, au gamin issu de l'immigration que j'étais, dans ce bidonville où je suis né. C'est l'Education Nationale, ses instituteurs et ses professeurs, qui m'ont permis d'accéder à l'écrit, et à ce "tapis volant" qu'est le livre. C'est encore grâce à l'Education Nationale que j'ai pu apprendre un métier, l'électro-technique, puis faire le choix des études longues, et devenir chercheur au CNRS, sociologue et écrivain.
Tout au long d'une vie, on n'oublie jamais le nom de sa première maîtresse d'école maternelle, ou de CE1/CE2. La mienne s'appelait Georgette. Elle a 70 ans, je la vois toujours. Je suis sa fierté, elle est la mienne, et celle de mes parents analphabètes.
C'est parce que je connais bien l'importance de l'Ecole de la République pour promouvoir les chances des plus défavorisés, de ceux qui en ont la plus grande nécessité, que je vais solliciter votre concours actif et celui du corps enseignant.
Les chantiers sont nombreux et immenses. Il n'est pas dans mes intentions de les prendre tous indistinctement à bras le corps : Ma démarche est avant tout pragmatique. Je tiens à privilégier l'efficacité et l'exemplarité, en menant avec vous un nombre limité d'expérimentations significatives, qui auront vocation à être reproduites à l'échelle nationale.
J'ai souhaité plus particulièrement faire porter nos efforts sur 3 thèmes :
- Les stages en entreprises (1)
- Les expérimentations en faveur de collèges "ciblés" (2)
- L'accès à l'enseignement supérieur (3)
1) l'opération "Un stage pour tous" :
Aujourd'hui, l'accès à l'emploi est une nécessité stratégique nationale. Les liens de l'école avec l'entreprise ne cessent de se resserrer et s'amplifier, et il est vital, dans le parcours d'un élève, que son premier contact avec l'entreprise soit une réussite, surtout pas un échec.
Pour ce faire, je vais lancer avec Gilles de Robien l'opération "Un stage pour tous".
Celle-ci se fonde sur le constat des discriminations dans l'accès aux stages, dont sont victimes nombre de jeunes de troisième et des filières professionnelles en raison de leur origine - ou de leur adresse dans un quartier sensible -, ou encore de leur absence de réseau relationnel, de leur éloignement du monde du travail... Quelles qu'en soient les causes, cette inégalité des chances, dès le premier contact avec le monde de l'entreprise, est inadmissible. Le recours à marche forcée pour remédier à ces injustices aux stages dans les collectivité locales ou les administrations, sans en dénier l'intérêt, ne peut valablement remplacer l'indispensable premier contact avec le monde de l'entreprise, et la confiance en soi qu'il suscite chez le jeune.
Quand cette expérience positive est remplacée par celle de la discrimination, les dégâts sur le jeune sont lourds, car dès lors, et d'autant plus s'il est issu de milieux fragilisés, il assimile l'expérience professionnelle à celle de l'humiliation, de la relégation sociale, facilitant le repli sur soi, le désespoir, et parfois des comportements violents. Aussi, la finalité de l'opération "Un stage pour tous" est-elle de permettre à tout élève de troisième, de BEP, de Bac Pro, de BTS et d'IUT (c'est-à-dire l'ensemble des stages obligatoires,) d'accéder sans discrimination aux stages dont il a besoin. L'association "Entreprises et Quartiers", fondée par Monsieur Claude Bébéar (qui est à l'origine de l'idée de "Confiance stage"), travaillera à nos côtés. Elle est en cours de déploiement sur 28 sites ; elle aura pour mission de mobiliser, localement, les entreprises en faveur du dispositif "Un stage pour tous" ; puis elle va naturellement servir de médiateur entre les entreprises et les établissements scolaires. Votre rôle sera essentiel pour en assurer le succès, et conditionnera l'entrée des élèves dans des parcours de réussite professionnelle.
Le principe de l'opération est de faire en sorte que l'entreprise joue le jeu de la confiance avec les établissements, et s'engage à ne pas sélectionner le jeune. En retour, les établissements scolaires, chargés de "placer" les jeunes qui n'auront pas trouvé de stage, s'engagent à une vigilance accrue dans la préparation et le suivi du stage. Un site internet est en cours d'élaboration, et sera opérationnel rapidement : les cellules "Entreprises et Quartier" s'assureront du dépôt des offres de stages sur le site. Les établissements scolaires feront en sorte que les élèves sans stages se portent volontaires pour les offres de stages de façon à déjouer le risque de discrimination. L'opération sera lancée depuis Mantes-la-Jolie. Pour le bon fonctionnement de l'opération, il reviendra aux recteurs d'initier un comité de pilotage avec des chefs d'établissements et des référents de l'association "Entreprises & Quartiers".
Cette action n'a pas pour vocation de se substituer à la démarche des élèves qui doivent trouver leur stage, et dont l'initiative personnelle fait partie de la formation, mais de prévenir tout risque pour l'élève de se retrouver exclu de ce premier accès au monde professionnel, pour des motifs indignes de notre république.
Quid de l'opération "collège ciblé" ?
2) Opération "collège ciblé"
Le collège est une de mes grandes préoccupations. Les dispositifs de ZEP, ou de REP, ont prouvé leur nécessité, mais la situation reste souvent difficile, sinon dramatique, pour bien des élèves des quartiers en difficulté.
Je propose de privilégier une démarche qui soit de réhabilitation et d'expérimentation, en choisissant un certain nombre de collèges particulièrement difficiles, avec des équipes pédagogiques très motivées, qui seront encouragées, pour leur permettre de lancer des procédures directement adaptées aux besoins locaux. Ces procédures devront répondre à un cahier des charges précis, de manière à encadrer ces expériences, afin de stimuler la réussite dans ces établissements. Nous savons que certaines ZEP sont aussi des Zones d'Excellence Pédagogique. Nous voulons profiter de ce "bouillonnement" pédagogique, pour que les établissements les plus déterminés aient une chance de ne plus être des repoussoirs et devenir, pourquoi pas, des lieux attractifs au sein des quartiers. Cela peut changer la donne dans des territoires entiers. Il n'y a qu'à voir, au niveau du lycée, l'émulation qu'a suscitée chez les enseignants et les élèves, le conventionnement de leur établissement avec Sciences-Po. De telles initiatives transforment les systèmes de représentations mentales et géographiques.
L'opération "Collège ciblé" s'adressera à un établissement qui bénéficiera d'un accompagnement particulier pour la mise en oeuvre d'une expérience originale, menée de manière autonome par l'équipe pédagogique, à partir d'un cahier des charges précis. Dès septembre, 20 collèges dans 20 académies vous seront proposés pour initier cette expérimentation. Les critères de choix sont la capacité d'innovation de ces établissements, le nombre de boursiers, et les résultats aux tests d'évaluation en sixième. Vous pouvez d'ailleurs faire vos propres propositions !
Un comité de pilotage, associant le ministère de l'Education nationale et le ministère de la Promotion de l'Egalité des chances sera installé à la Direction de l'Enseignement Scolaire. Sa mission sera de mettre au point rapidement un cahier des charges.
Vous recevrez ces propositions dans peu de temps, et je vous remercie d'y répondre aussi vite que possible : le temps presse, les attentes sociales sont très fortes. Mais l'égalité des chances dans l'Education ne s'arrête pas là. Pour joindre tous les maillons de la chaîne, elle se prolonge après le bac. Elle est plus nécessaire que jamais au niveau de l'entrée à l'université.
3) L'accès à l'enseignement supérieur
Chaque année, 800 000 élèves passent le bac, 400 000 entrent dans l'enseignement supérieur, dont 200 000 d'entre eux arrivent à l'université, et 100 000 en BTS/IUT, au sein des universités. Pour ces étudiants qui sortent du lycée, tout se joue durant les quatre premiers mois, en particulier pour les plus fragiles, les enfants de classes défavorisées, de chômeurs, issus des quartiers difficiles.
Pour aider ces jeunes à faire du parcours universitaire un vrai parcours de réussite, il est nécessaire de mettre au point des systèmes de tutorat, qui encadrent ces dizaines de milliers d'étudiants, qui ont droit à une VRAIE chance. La conférence des présidents d'université travaille avec nous pour ces solutions.
De plus, les universités doivent aller vers les lycées pour dynamiser et approfondir les systèmes d'orientation, de manière à aider les lycéens à avoir une idée aussi claire que possible de leurs possibilités après le bac.
Enfin, les grandes écoles, elles aussi, s'ouvrent à la diversité, qui commence à être reconnue comme un facteur d'excellence, de rayonnement et de puissance. Elles multiplient les expériences, comme Sc-Po et l'ESSEC, en allant vers les lycées, et vers les lycéens, développent les accompagnements, en explorant de nouvelles pistes, afin d'ouvrir le système de formation des élites, qui se renouvelle en vase relativement clos depuis vingt ans.
Ainsi, l'IEP Paris est-il déjà conventionné avec plus de 23 lycées, et a recruté plus de 132 étudiants, dont 45 en 2004, étudiants qui, tous, ont des parcours d'excellence. Et, depuis la signature par les Grandes Ecoles de la Charte pour l'égalité des chances en 2005, les initiatives se multiplient, comme c'est le cas pour l'INSA de Lyon, pour l'Institut National des Télécommunications, ou encore le programme "Passeport Ingénieurs Télécoms" que SFR met en oeuvre avec le ministère de l'Education nationale, qui ouvre les filières d'excellence aux jeunes des quartiers sensibles,lesquelles concernent aujourd'hui 11 écoles d'ingénieurs télécoms et 25 lycées sensibles. Je souhaite que ces initiatives se multiplient. Je compte travailler de près non seulement avec la conférence des grandes écoles, mais aussi avec quelques grandes écoles en particulier, dont j'inviterai dans les semaines prochaines les nombreux directeurs pour amplifier cette action positive.
Ces programmes relèvent d'une urgence républicaine. La promotion de l'égalité des chances, au coeur de l'action du gouvernement, nous permet d'adresser un message d'espoir, de courage, de réussite, à nos concitoyens les moins favorisés, quelques soient les lieux de résidence ou leurs origines, en renouvelant les dispositifs d'éducation et de formation qui tissent le lien national et républicain. C'est pourquoi je suis fier de pouvoir vous présenter, aux côtés de Gilles de Robien, ces actions qui s'inscrivent dans une logique de moyens, de résultats. Merci pour votre implication personnelle. Nous allons gagner parce que la promotion de l'égalité des chances fait partie de ces défis qu'une société démocratique ne peut pas, ne doit pas perdre !
Je vous remercie.
Source http://www.egalitedeschances.gouv.fr, le 4 juillet 2006