Déclaration de M. Gilles de Robien, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, sur les dix ans du programme CEDRE (Coopération pour l'évaluation et le développement de la Recherche), Beyrouth le 31 mai 2006.

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Intervenant(s) : 
  • Gilles de Robien - Ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche

Texte intégral

Monsieur le Président du Conseil des ministres,
Messieurs les Ministres,
Monsieur le Sénateur, Président du Comité CEDRE,
Messieurs les Parlementaires,
Monsieur l'Ambassadeur,
Monsieur le Directeur général adjoint,
Mesdames et Messieurs,

C'est pour moi un très grand plaisir et un honneur de venir en visite officielle à BEYROUTH pour représenter le Gouvernement français à l'occasion de ce 10ème anniversaire du programme CEDRE. Je suis fier d'être le premier ministre du Gouvernement français à me rendre au LIBAN depuis près de trois ans, mais surtout depuis le printemps de BEYROUTH et la mise en place au LIBAN d'un gouvernement pleinement représentatif, démocratiquement constitué et issu des élections législatives les plus libres de l'histoire contemporaine de votre pays.
Pour marquer solennellement ce 10ème anniversaire d'un programme exceptionnel qui a été voulu en son temps par le Président de la République française, M. Jacques CHIRAC, et l'ancien Président du Conseil des ministres, M. Rafic HARIRI, le chef de l'Etat m'a demandé non seulement d'être présent parmi vous mais de vous lire le message suivant de sa part :
« Je suis très heureux que M. Gilles de ROBIEN, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, puisse ouvrir aux côtés de M. Khaled KABBANI, son homologue libanais, et de M. Fouad SINIORA, Président du Conseil des ministres du LIBAN, les cérémonies marquant le 10 ème anniversaire du programme scientifique CEDRE. Cet exceptionnel programme de coopération scientifique a été voulu par l'ancien Président du Conseil des ministres Rafic HARIRI et moi-même et nous l'avons lancé à l'occasion de ma première visite officielle comme Président de la République au LIBAN au mois d'avril 1996. J'ai encore à l'esprit la cérémonie de signature, à KORAYTEM, par nos ministres d'alors.
Au terme de ces dix années, quel chemin parcouru ! Quel succès remarquable ! Quel exemple pour notre coopération bilatérale. Aujourd'hui, alors que la France s'engage plus que jamais aux côtés du LIBAN pour renforcer son indépendance, sa souveraineté et sa liberté pleinement recouvrées, je veux adresser un message de confiance, d'amitié et de solidarité au peuple du LIBAN et à son gouvernement pour poursuivre une coopération d'exception dans tous les domaines. Je rends hommage à tous ceux qui ont fait réussir ce programme et naturellement au Président du Comité, le Sénateur Jacques VALADE, ancien ministre.
Ce programme CEDRE est à mes yeux en tous points exemplaire.
Exemplaire d'abord parce qu'il traduit le caractère exceptionnel de notre relation bilatérale, politique, économique et culturelle.
Exemplaire par notre volonté de continuer à partager votre destin dans lequel nous avons confiance.
Exemplaire, ensuite, par la qualité scientifique de ce programme sans commune mesure au Proche-Orient. Certes, les chiffres parlent d'eux-mêmes, avec plus de 125 projets réalisés ou en cours de réalisation et déjà 4 millions d'euros mobilisés à cette réussite. Je veux saluer ici la qualité des équipes de recherche, françaises et libanaises, leur remarquable mobilisation intellectuelle et professionnelle, leur goût du risque sur des projets d'avenir qui embrassent autant les sciences de la vie, que les technologies ou les sciences de la société. Ces projets sont d'autant plus remarquables que nombre d'entre eux sont dévolus à une application scientifique pour faciliter la vie, soulager les souffrances, améliorer l'environnement de chacun, bref, être pleinement utiles pour nos sociétés. La science favorisant le progrès répond alors aux aspirations de nos compatriotes.
Exemplaire, enfin, car il bâtit un pilier scientifique des deux côtés de la Méditerranée. Ce partenariat entre la France et le LIBAN est une illustration et un modèle de ce que l'on peut espérer de la relation entre l'Europe et la Méditerranée, faite d'échanges constants et nourrie d'un dialogue. Notre ambition commune doit être de bâtir une espace méditerranéen de paix, de stabilité, de prospérité partagée et de justice dans la seule perspective d'édifier des Etats stables et pacifiques, soucieux de l'avenir de leurs peuples.
Voilà mon ambition, voilà celle de la France. Je sais que le LIBAN la partage et c'est ensemble que, par l'exemplarité de notre partenariat, le dialogue euro-méditerranéen s'enrichira de nos réussites communes.
Longue vie au programme CEDRE et beaucoup de succès pour les années à venir.
Vive le LIBAN !
Vive l'amitié et la coopération exemplaires entre la France et le LIBAN ! »

Mesdames et messieurs, le Président CHIRAC, dans ce message, marque sa confiance dans le LIBAN, sa confiance dans l'avenir démocratique de votre pays, sa confiance dans sa capacité à prendre pleinement en mains son destin avec l'aide de la Communauté internationale, et d'abord de ses plus proches amis, dont la France.
Aujourd'hui, alors que votre pays traverse une période majeure de son histoire après des moments graves, douloureux, la France plus que jamais est à vos côtés, fidèle à son engagement pour le LIBAN, fidèle pour l'aider à se redresser, à réussir, à affirmer sa pleine indépendance et sa pleine souveraineté.
Cet engagement dans la durée, aux côtés du peuple du Cèdre, s'explique par le caractère fraternel, passionnel mais aussi stratégique et prioritaire de notre coopération avec le LIBAN, ce pays qui reste à nos yeux la porte d'entrée naturelle de la France au Proche et au Moyen-Orient.
C'est pourquoi, par ma visite, les plus hautes autorités de l'Etat ont souhaité donner une portée politique forte à cet événement majeur de notre relation bilatérale.
Aussi, je suis particulièrement heureux, Monsieur le Premier ministre, d'être réuni avec vous, dans ce lieu prestigieux qu'est le Grand Sérail et je vous remercie de l'avoir mis à disposition pour les travaux du Comité CEDRE où je suis venu célébrer l'extraordinaire développement de notre coopération scientifique et technique.
En effet, il n'est pas de relation politique forte, durable, aussi séculaire et historique soit-elle, sans des liens particuliers de coopération culturelle, scientifique, technique, mais bien sûr aussi économique. Plus que jamais aujourd'hui, la France avec l'Union européenne souhaite être au premier rang des partenaires du LIBAN et rester, dans la mesure du possible, ce partenaire de référence, sinon de préférence, qu'elle a toujours été.
En créant ce programme CEDRE, les autorités françaises et libanaises avaient inscrit le développement de la coopération scientifique au premier rang de leurs priorités de coopération bilatérale.
Aujourd'hui, dix ans plus tard, je constate que ce programme CEDRE a parfaitement rempli les objectifs qui lui avaient été assignés de restauration, par la coopération avec la France, d'une communauté scientifique et d'un appareil de recherche libanais éprouvés au sortir des longues années de conflit.
Le programme a favorisé le renouvellement des élites scientifiques et l'émergence de jeunes équipes de recherche, disséminées dans les différentes universités du LIBAN, articulées avec leurs homologues françaises, partageant collectivement une même exigence, celle de l'excellence scientifique. La France est ainsi devenue depuis quelques années le premier partenaire scientifique du LIBAN.
Le programme CEDRE a contribué à consolider le remarquable niveau du système d'enseignement supérieur libanais, notamment en facilitant la création d'écoles doctorales, pierres angulaires de la coopération scientifique et universitaire.
Ce sont là autant de liens durables entre nos deux communautés du savoir, ferments du renouvellement et de la vitalité future de notre coopération.
Félicitons-nous ensemble de la manière dont le programme CEDRE a évolué ! Conclu avec un objectif de solidarité pour relancer la recherche libanaise au sortir de la guerre, afin de régénérer par des transferts de technologie accélérés un système de recherche pour partie dévasté, il est aujourd'hui, dix ans plus tard, un véritable partenariat fondé sur la production commune de savoir par des équipes de recherche de niveau sensiblement équivalent. Bien sûr, la solidarité et l'apport de nos connaissances sont toujours, en filigrane, une composante majeure du programme, mais cette évolution est fondamentale.
Laissez-moi redire tout notre attachement au programme CEDRE, désormais véritable socle de nos échanges scientifiques bilatéraux, devenu aussi un label de qualité pour la recherche. C'est pourquoi je souhaite que ce programme soit prolongé, amplifié, qu'il s'inscrive dans la durée. Et pour marquer cet engagement commun, il nous semble que le principe de financement à parité est le meilleur gage de réussite. Il est d'autant plus justifié désormais, que le programme a su trouver un équilibre dans son principe et qu'il est pour l'essentiel devenu un instrument de soutien à des projets de recherche scientifique de très haut niveau menés dans un partenariat mutuellement profitable.
Pour autant, le programme CEDRE est sans doute devenu victime de son succès. Aux appels d'offres annuels ont répondu un nombre sans cesse croissant de projets, avoisinant une soixantaine en 2004 comme en 2005. Le Comité mixte franco-libanais, investi d'un véritable devoir d'imagination, a proposé des réaménagements visant à restaurer un niveau de sélectivité convenable. Cela conduira, une fois fêtées ces noces d'étain de notre coopération scientifique, à la mise en place d'un programme CEDRE 2.
Nous croyons au LIBAN et à sa spécificité, qui passe par son niveau d'éducation remarquablement élevé. Nous avons confiance dans l'avenir de ce pays et dans sa capacité à engendrer de nouveaux talents et à produire les meilleurs résultats.
L'une des richesses, l'un des talents les plus éclatants du LIBAN, réside dans la qualité éminente de son système universitaire. En majorité francophone, son niveau soutenu a de tout temps forcé l'estime et la considération.
Cette richesse doit être préservée, pour la jeunesse, pour l'intérêt général, pour le rayonnement du pays, pour sa force et son exemplarité dans cette région du monde. C'est aussi une exigence pour que le LIBAN reprenne la place qui lui revient au sein de cet espace euro-méditerranéen de la connaissance qui est en cours de structuration.
Le système universitaire est aussi porteur des espoirs et des talents de la jeunesse. Il est, aux yeux du monde, la manifestation du génie de votre pays.
Il faut encourager l'investissement dans la recherche, qui seul peut permettre la préservation de cet extraordinaire potentiel intellectuel. Ainsi, la France, qui vient d'adopter un « Pacte pour la Recherche », réalise pour sa recherche un effort financier sans précédent depuis au moins 50 ans, avec une augmentation des moyens de plus de 27% sur la période 2005-2010, soit 20 milliards d'euros supplémentaires.
Le système universitaire est le creuset des futures élites, et il est aussi porteur du développement économique. C'est pourquoi aussi la France favorise un rapprochement des universités et laboratoires avec le monde de l'entreprise, notamment à travers de Pôles de compétitivité, qui seront de véritables « moteurs d'innovation ».
Il convient sans doute aussi, après le succès de CEDRE, qui a constitué et fait émerger une véritable communauté scientifique, de fédérer dans la durée cette communauté autour de valeurs qu'elle partage.
Pour aller plus loin, et pour conserver les acquis de 10 ans de coopération, certains s'interrogent aujourd'hui sur l'idée de créer, avec notre coopération, une académie des sciences au LIBAN. Sachez que si votre réflexion progresse dans ce sens, nous serions disposés, le moment venu, à vous apporter tout notre concours.
Monsieur le Président du Conseil des ministres,
Je souhaite que les travaux de ces prochains jours nous permettent non seulement de tracer le bilan exhaustif du chemin parcouru en commun, des avancées réalisées, mais de réfléchir aussi aux nouvelles pistes de travail, aux nouvelles pistes d'action, aux possibilités de prolonger cet effort pour les années à venir. Le Comité CEDRE est un des joyaux de notre coopération bilatérale dans le domaine scientifique et technique. Il est porteur de notre engagement, de nos ambitions partagées, de notre passion pour la construction, ensemble, de l'avenir.
En vous remerciant de nouveau pour votre accueil dans le splendide et prestigieux Grand Sérail, magnifiquement restauré par la volonté de l'ancien Président du Conseil des ministres, Rafic HARIRI, je conclurai en adressant mes remerciements très chaleureux à tous ceux qui ont travaillé pour le succès des journées à venir. Merci pour le dévouement des membres du Comité CEDRE à la cause de notre coopération. Ce dévouement est depuis le début des travaux resté marqué par cet esprit de partenariat et d'amitié qui fonde cette relation d'exception entre le LIBAN et la France.
Je souhaite longue vie au programme CEDRE !
Vive la coopération entre la France et le LIBAN !
Vive le LIBAN, vive la FRANCE.

Source http://www.education.gouv.fr, le 2 juin 2006