Allocution de M. Charles Josselin, ministre délégué à la coopération et à la francophonie, sur la Fédération internationale des professeurs de français" (FIPF), la revue "Le Français dans le Monde et la francophonie, Paris, le 22 janvier 2001.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Circonstance : Première réunion du Conseil d'orientation de la revue "Le français dans le Monde", à Paris, le 22 janvier 2001

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Membres du Conseil d'orientation du "Français dans le Monde",
Monsieur le Président, Mesdames et Messieurs les Membres du Bureau exécutif de la Fédération internationale des professeurs de français,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Nous voici réunis de nouveau à Paris, un peu plus de six mois après le formidable événement qu'a représenté le Xème Congrès de la FIPF et les quelque 3 500 professeurs de français assemblés en cette occasion. Vous êtes cette fois-ci moins nombreux, mais pour un exercice différent.
Je sais qu'un certain nombre d'entre vous sont venus de loin pour prendre part à cette journée très studieuse, consacrée pour une part aux activités de la Fédération internationale des professeurs de français, qui réunissait son Bureau exécutif, et pour une autre part, à la mise en place du premier Conseil d'orientation de la version rénovée de la revue "Le Français dans le Monde". Aussi bien me garderai-je de vous tenir un long discours, afin de ne pas porter ombrage à un moment qui se veut d'abord celui de l'amitié et de la satisfaction du travail partagé.
Oserai-je dire, pour commencer, le plaisir que j'ai à vous recevoir en ces lieux ? Certes, ils n'ont pas les dorures du "Salon du Roi" qui accueillait votre Conseil il y a quelques instants... Mais, après tout, vous êtes rue Monsieur et le Frère du Roi a toujours été moins bien servi que le Roi. Ces locaux ont pourtant une histoire : ils étaient il y a encore deux ans dédiés à l'Afrique francophone, et abritent aujourd'hui le cabinet d'un ministre délégué à la Coopération internationale et à la Francophonie, à compétence universelle. Parmi ces compétences, celle de la Francophonie n'est pas la plus facile, mais elle me tient beaucoup à cur.
Le travail partagé que j'évoquais tient tout d'abord au respect de la parole donnée par le gouvernement français en juillet dernier, à commencer par son chef, Lionel Jospin. Au-delà de la reconnaissance due par la France, comme tout autre pays francophone, à ceux sans lesquels la langue française n'existerait pas, au-delà du soutien réaffirmé à votre association et au réseau mondial qu'elle fédère, bonne note avait été prise de l'attachement manifesté par les congressistes envers une revue fondée en 1961, "Le Français dans le Monde". Conçu par une équipe de rédaction dirigée par Jacques Pécheur et imprimé par le groupe Hachette, ce support pédagogique était en effet apprécié par de nombreux enseignants de par le monde.
Apprécié, mais peut-être pas assez diffusé... Ayant la charge de la Francophonie au sein du gouvernement français, je suis donc particulièrement heureux que le congrès de cet été ait été l'occasion d'un "rebondissement" : pas au sens théâtral, car, contrairement à ce qu'une rumeur infondée a pu laisser accroire, il n'a jamais été question de mettre un terme à la revue ; mais au sens d'un nouvel élan, celui qu'autorise des moyens non seulement confirmés, mais je le dis bien haut, des moyens accrus pour ce qui concerne l'apport des autorités françaises.
Vous le savez, les deux ministères concernés, celui de l'Education nationale et celui des Affaires étrangères, ont travaillé de conserve avec la FIPF, conformément aux engagements pris par Jack Lang et moi-même. Et ce processus, en quelques mois, a abouti à une convention d'objectifs signée cette semaine par Thierry Simon, directeur aux Relations internationales et de Coopération, Bruno Delaye, directeur général de la Coopération internationale et du développement, pour le gouvernement français, et par le président Dario Pagel, pour la FIPF. Saluons cette procédure rapide et exemplaire.
Oui : exemplaire, car cette démarche entraîne un mode de gestion des plus novateurs. Non pas parce que la revue sera désormais imprimée par le groupe Clé international : il s'agit d'un choix effectué par la FIPF au terme d'un appel d'offres qui n'appelle pas de commentaire de la part des bailleurs de fonds. Pas non plus du fait d'un bouleversement éditorial : Françoise Ploquin, qui prend la tête du comité de rédaction, assure une forme de continuité. Non, la nouveauté est ailleurs : elle réside dans le fait que "Le Français dans le Monde" devient désormais la revue de la FIPF, c'est-à-dire que ses lecteurs, ses utilisateurs, sont invités à s'approprier ce bel instrument.
J'y vois une traduction supplémentaire, et concrète, de cette nouvelle démarche de la coopération française qui consiste à "faire faire", plutôt que faire, du moins dans tous les domaines où l'implication de la "société civile" le permet. Certes, je ne pousserai pas trop loin le commentaire, car je n'ignore pas que la FIPF ne devient pas pour autant un "opérateur" de la coopération française : ce serait faire injure à la langue française qui est un trésor commun ; et ce serait plus encore s'interdire de solliciter d'autres bailleurs de fonds, alors même que la France est rien moins que jalouse dans le soutien qu'elle vous prodigue sans réserve.
Boutros Boutros-Ghali, ici représenté par Hervé Cassan, m'a d'ailleurs dit toute l'importance que la Francophonie multilatérale attachait à votre action.
Mais sans doute sommes-nous encore bien au-delà des quelque 55 Etats ou gouvernements qui composent l'Organisation internationale de la Francophonie : car votre réseau est quasiment universel, et il ne m'est pas indifférent que votre président soit brésilien ou que les Etats-Unis, qui accueilleront le prochain congrès de la FIPF, soient représentés par Jean-Pierre Piriou. Nous touchons là à un autre élément fondamental dans la rénovation de la revue : son appropriation par les enseignants du monde entier signifie moins de "parisianisme" - et vous comprendrez que je sois personnellement sensible à une telle évolution - et une ouverture à l'international dont témoigne la composition de votre Conseil d'orientation.
Lourde tâche en vérité, car les objectifs sont des plus ambitieux : donner à la langue française une expression moderne et vivante ; assurer la coexistence entre une version papier et une version électronique dont le caractère gratuit a fait l'objet d'un engagement ; accroître la diffusion au sein d'un public potentiel de 900 000 professeurs de français dans le monde ; et, au sein de ce public, instaurer des mécanismes de solidarité permettant un accès égal à la revue quel que soit le degré de solvabilité du pays considéré.
Les spécialistes les plus renommés ont accepté de partager avec vous cette ambition, mais je me garderai d'énumérer toutes les fées qui se sont penchées sur votre berceau tant elles sont nombreuses. Remercions néanmoins Bernard Pivot de son appui et de sa participation : elle est le gage d'une vulgarisation de votre entreprise, je veux dire par là d'une Francophonie vivante et populaire.
Vous n'en êtes qu'au début d'une aventure qui mobilisera, j'en suis sûr, tous les amoureux de la langue française, pas seulement ceux qui l'étudient ou l'enseignent, mais aussi ceux qui l'utilisent ou qui la créent. Ce mois de janvier, le premier du XXIème siècle, est particulièrement propice aux vux que je vous adresse ainsi qu'à vos proches, que j'adresse aussi, et que le gouvernement français adresse, au succès de votre entreprise.

(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 janvier 2001)