Déclaration de M. Azouz Begag, ministre délégué à la promotion de l'égalité des chances, sur les principaux axes de l'action de l'Etat en faveur de la promotion de l'égalité des chances, Bordeaux le 28 avril 2006.

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Circonstance : Rencontre nationale de l'égalité des chances sur le thème "Vie associative et citoyenneté", à Bordeaux le 28 avril 2006

Texte intégral

Madame l'adjointe au maire,
Monsieur le secrétaire général,
Mesdames et Messieurs les élus,
Chers amis,
Je veux tout d'abord vous dire à quel point je suis heureux d'être ici, parmi vous, à Bordeaux.
Depuis plusieurs mois, j'accomplis un véritable "Tour de France" de l'égalité des chances, pour mettre au centre du débat politique l'égalité des chances, sous toutes ses formes, pour semer, partout, le goût et le réflexe de la diversité.
Je suis venu à Bordeaux en septembre dernier et je sais que votre ville est très avancée dans la voie de la promotion de l'égalité des chances.
Madame la Maire adjoint, je tiens à saluer le travail d'initiation à la vie citoyenne que vous menez auprès des jeunes, et tout particulièrement avec l'association nationale des conseils municipaux des jeunes.
Je sais aussi que vous avez lancé un programme de travail de sensibilisation et de lutte contre les discriminations, en particulier dans la fonction publique territoriale.
Je sais par ailleurs, Monsieur le secrétaire général, qu'en Gironde les services de l'Etat sont particulièrement engagés dans ce domaine, avec notamment une commission départementale pour l'égalité et la citoyenneté active.
Notre rencontre d'aujourd'hui est la quatrième d'un cycle de six rencontres que le Premier ministre m'a demandé d'animer, avec l'appui du FASILD. Chaque rencontre porte sur un des aspects de l'égalité des chances, et une rencontre finale à Paris permettra de faire la synthèse.
Après le rôle des femmes dans la vie économique à Marseille, après l'éducation à Lyon, après la diversité dans l'emploi à Strasbourg, et avant la culture et les medias à Lille, le thème qui nous réunit aujourd'hui présente à mes yeux un intérêt tout particulier.
Nous sommes ici en effet pour traiter de l'engagement collectif et citoyen. En d'autres termes, de la manière dont nous faisons vivre, tous ensemble, notre société républicaine dont on ne cesse de dénoncer les inquiétudes et les dérives individualistes, corporatistes, voire communautaristes.
La République, c'est la "chose publique", c'est "l'affaire de tous", car c'est la vie de la cité. Chacun doit se l'approprier, la faire vivre à sa façon.
C'est pour cela que l'engagement citoyen est un chantier essentiel de l'égalité des chances.
Une des voies de l'engagement citoyen est l'engagement associatif, qui concerne nombre de nos concitoyens, et, j'y insiste, de nos concitoyennes.
Vous le savez, la promotion de l'égalité des chances est une priorité de l'action du gouvernement, et le Premier ministre a d'ailleurs voulu qu'elle soit grande cause nationale en 2006.
Elle est la tâche difficile, mais ô combien gratifiante, que m'ont confiée le Président de la République et Dominique de VILLEPIN.
L'égalité des chances, ça n'est pas l'intégration des nouveaux arrivants, c'est assumer pleinement les valeurs de la République, en passant d'une égalité de principe à une égalité des chances réelle pour des Français discriminés, relégués, qu'ils soient issus de l'immigration, ou non, qu'ils soient dans des campagnes reculées ou dans des "cités sensibles".
Depuis novembre dernier, ce combat a pris un relief particulier. Il y a plus que jamais urgence à agir.
C'est pour cette raison qu'a été présentée et votée la loi du 31 mars 2006 sur l'égalité des chances, et que le gouvernement travaille au renforcement des actions en faveur des jeunes dans les quartiers, en particulier en soutenant les associations.
Il y a dans notre pays plus d'1 million d'associations, qui fonctionnent avec 13 millions de bénévoles, et plus d'1,5 millions de salariés, qui jouent un rôle essentiel de "tricotage" du lien social.
Le soutien apporté par le gouvernement est budgétaire, par la politique de la ville notamment.
Mais le gouvernement agit aussi en renforçant la sécurité juridique de la vie associative, avec le projet de loi relatif au volontariat, préparé par mon collègue Jean-François LAMOUR, ministre de la jeunesse, des sports et de la vie associative. Je salue ses représentants.
Ce projet va en effet donner enfin un statut aux volontaires, et sécuriser les conditions d'emplois d'aides pédagogiques des centres de vacances et de loisirs, renforcer la capacité d'insertion.
A cet égard, comme l'a souhaité le Président de la République, la loi du 31 mars a institué un agrément de Service Civil Volontaire à des missions conduites par des associations aptes à encadrer et à former des jeunes à travers des tâches d'intérêt collectif.
Cet agrément sera décerné par l'agence de cohésion sociale et d'égalité des chances créée par la même loi et qui reprendra les missions du FASILD, dont je salue ici les agents et la contribution à l'organisation de cette journée.
Le Service Civil Volontaire pourrait ainsi concerner, en 2007, plus de 50 000 jeunes, dont 10 000 volontaires associatifs.
J'insiste sur la notion de volontariat, car elle va de pair avec celle d'engagement : donner de son temps pour être utile à la collectivité. En retour, acquérir un savoir faire, une formation, une expérience.
L'enjeu est important pour bien des jeunes : c'est l'occasion d'une mobilité (d'un "dérouillage" comme j'aime à le dire), c'est l'occasion de rencontres, d'ouverture sur l'emploi.
Les associations sont présentes en effet dans tous les domaines : dans le sport et les loisirs bien évidemment mais aussi dans le soutien scolaire, dans l'insertion professionnelle, dans l'accès à la culture, dans l'aide aux plus démunis, dans l'humanitaire, dans la lutte contre les discriminations.
Cet engagement citoyen que traduit la participation à la vie associative permet aussi de faire avancer un autre chantier essentiel pour l'égalité des chances : celui de la promotion de la diversité.
Depuis onze mois, je travaille pour toutes celles et tous ceux qui souffrent de discriminations, tous ceux qui doivent être aidés, à cause de leur allure, de leur âge, de leur origine, de leur adresse, de leur handicap, puissent vivre pleinement leur citoyenneté.
La loi pour l'égalité des chances a apporté à cet égard des moyens juridiques sans précédent pour combattre les discriminations :
pouvoirs de sanction conférés à la HALDE,
légalisation des tests à l'improviste,
obligation pour les chaînes de télévision de rendre compte au CSA de leurs efforts pour refléter la diversité française à l'écran.
Ces moyens étaient indispensables. Mais le plus important en cette année où l'égalité des chances est grande cause nationale, en cette année où un collectif de 18 associations nationales s'est constitué pour porter le même message à mes côtés, c'est de démontrer, de persuader, que la diversité française, c'est une richesse : pour les entreprises, pour la collectivité, et je le dis ici sans détour, pour la représentation politique.
Car un des aspects les plus emblématiques de la promotion de la diversité dans l'engagement citoyen, c'est bien sûr l'engagement politique.
La France d'aujourd'hui, c'est celle de cette affiche ! Je rêve d'une Assemblée nationale qui ressemble à cette affiche.
Pour cela, les partis politiques doivent s'ouvrir davantage à la diversité.
Réciproquement, l'engagement citoyen c'est s'inscrire sur les listes électorales. Les associations, en particulier, les "Conseils municipaux de la jeunesse", sont une excellente manière de sensibiliser les jeunes.
Mais je ne veux pas anticiper sur les deux tables rondes à venir qui vont s'articuler autour de deux séries de questions :
D'abord, pourquoi s'engager dans la vie associative, et quelles formes peuvent prendre cet engagement ?
Ensuite, comment cet engagement peut-il renforcer le civisme, favoriser la démocratie locale et la participation à la vie politique ?
Mesdames et Messieurs, c'est ensemble, pouvoirs publics, collectivités, entreprises et associations, que nous allons répondre aux besoins d'expression de participation et de reconnaissance de nos compatriotes.
Nos actions tendent vers un même objectif, rendre aux Français, à tous les Français, la confiance pour entrer dans l'avenir et la confiance dans la valeur d'égalité qui est au coeur de notre devise républicaine.
Je ne doute pas que les débats qui auront lieu aujourd'hui contribueront à cet objectif.
Je vous remercie.
Source http://www.egalitedeschances.gouv.fr, le 4 juillet 2006