Déclaration de M. Dominique de Villepin, Premier ministre, sur la place du Rafale dans l'aéronautique militaire et l'industrie de défense et sur son utilité pour les combats au service des opérations interarmées et multinationales, Saint-Dizier le 27 juin 2006.

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Circonstance : Déplacement à Saint-Dizier (Haute-Marne) le 27 juin 2006, pour l'arrivée du Rafale sur la base aérienne 113

Texte intégral

Madame le Ministre,
chère Michèle,
Mesdames,
Messieurs les élus,
Mon Général,
Mesdames,
Messieurs,
Chers amis,
Les premiers mots que je voudrais exprimer sont ceux de fierté et de reconnaissance. Fierté pour ce que nous venons de voir, fierté, pour le dévouement et l'exemplarité de l'armée de l'air française, et reconnaissance pour toutes les femmes et tous les hommes qui concourent à faire de cette armée une armée de pointe, une armée d'exception.
Je suis particulièrement heureux de me retrouver aujourd'hui parmi vous à Saint-Dizier, avec Michèle ALLIOT-MARIE pour célébrer l'arrivée du Rafale dans l'armée de l'air. Avant toute chose, permettez-moi de saluer les personnalités, civiles et militaires, qui nous font l'honneur et l'amitié d'être présentes parmi nous aujourd'hui.
Je voudrais bien sûr remercier en tout premier lieu Michèle ALLIOT-MARIE pour son action déterminée à la tête du ministère de la Défense. L'action qu'elle a engagée tout au long des années, nous le voyons aujourd'hui avec le recul de ces années, par sa ténacité, trouve aujourd'hui l'expression et toute la force de son engagement.
Je voudrais également rendre hommage au général Richard WOLSTZYNSKI, chef d'état-major de l'armée de l'air : à quelques jours de son départ, c'est avec une fierté légitime qu'il peut accueillir le premier escadron de l'armée de l'air opérationnel sur Rafale. Je sais tout le temps, toute l'énergie qu'il a fallu pour arriver à cette journée d'aujourd'hui.
L'arrivée du Rafale à Saint-Dizier est un événement majeur.
Pour l'avenir de la Base Aérienne 113, tout d'abord.
Première unité de l'armée de l'air à être dotée de Rafales, l'escadron de chasse Provence redevient opérationnel. Depuis quelques jours, cet escadron assure ainsi l'alerte de défense aérienne destinée à assurer la protection de notre espace aérien. Je sais qu'il saura se montrer à la hauteur des défis à venir, comme elle a toujours su le faire par le passé.
L'arrivée du Rafale est une chance pour la base « Antoine de Saint-Exupéry » qui confirme sa place fondamentale dans notre dispositif de défense.
Elle est aussi une formidable opportunité pour la ville de Saint-Dizier et pour toute la région, qui deviennent le symbole du savoir faire militaire et technologique français.
Mais au-delà, l'arrivée du Rafale est un événement majeur pour l'ensemble de l'armée de l'air et pour notre défense toute entière. Le président de la République tout au long des dernières années a voulu définir une vision, une exigence, et cette exigence vous la voyez traduite aujourd'hui en fait, et c'est la raison de notre fierté et de la confiance que nous pouvons exprimer dans notre armée.
1. Avec le Rafale, l'armée de l'air dispose désormais d'un système d'armes d'excellence, à la fois polyvalent et cohérent.
Grâce à ses performances aérodynamiques, grâce à sa manoeuvrabilité et à sa discrétion, le Rafale se place parmi les meilleurs avions de combat de la dernière génération. Nous avons déjà pu mesurer ces qualités avec le premier standard de Rafale « défense aérienne », qui équipe l'aéronautique navale depuis 2004.
Avec le nouveau standard, nous disposons d'un avion totalement polyvalent, possédant une efficacité et une souplesse d'emploi sans équivalent.
Il permettra également à la France de disposer d'une capacité de tir de missiles de croisière, dont l'efficacité opérationnelle a déjà été démontrée.
Vous le voyez, en s'équipant du Rafale, l'armée de l'air engage une profonde transformation de son aviation de combat. Une transformation qui passera également par la modernisation des capacités de transport, de ravitaillement en vol, de défense sol-air, de surveillance et de détection. Ce sera la prochaine étape.
2. Le Rafale permettra également à l'armée de l'air de s'intégrer pleinement aux opérations menées avec nos partenaires. Notre pays pourra ainsi tenir son rang sur la scène internationale.
Aux côtés de ses alliés, la France est en effet engagée en première ligne dans la résolution des crises régionales, pour promouvoir la paix et la sécurité dans un monde que vous savez de plus en plus instable, de plus en plus dangereux. Dans toutes ces missions, l'arme aérienne constitue un avantage décisif pour notre pays.
Vous le savez mieux que personne, puisque la base aérienne « Antoine de Saint-Exupéry » a participé pendant plus de trente ans à la quasi-totalité des opérations extérieures dans lesquelles la France a été engagée, que ce soit en Afrique, au Moyen-Orient ou encore dans les Balkans.
Et nous le voyons aujourd'hui tout particulièrement en Afghanistan, où les moyens humains et matériels de l'armée de l'air déployés au titre de l'opération « Serpentaire », effectuent des missions d'appui aérien et de reconnaissance en étroite coordination avec la coalition et les forces américaines, j'ai eu l'occasion de saluer nos forces là-bas, et Michèle ALLIOT-MARIE a effectué, Dieu sait, de nombreux voyages en Afghanistan.
Permettez-moi de profiter de cette occasion pour rendre hommage aux 1200 hommes et femmes de l'armée de l'air engagés en ce moment dans des opérations extérieures. Tous effectuent un travail remarquable, dans des conditions souvent très difficiles.
Avec le Rafale « polyvalent », nos armées disposent désormais d'un formidable outil de combat au service des opérations interarmées et multinationales, un outil à ce jour sans équivalent en Europe par ses capacités de tir air-sol et son aptitude à travailler en réseau.
C'est particulièrement important aujourd'hui. Car, nous le savons, la clé de la participation d'un pays à une opération en coalition, c'est de plus en plus sa capacité à s'intégrer dans un réseau opérationnel complexe.
Avec le Rafale, nous renforçons ainsi notre crédibilité vis-à-vis de nos partenaires et de nos alliés et nous montrons notre détermination à tenir notre place dans des coalitions au service de la paix et de la sécurité.
3. Au-delà, le Rafale est également le symbole de la volonté et de la capacité de la France à relever les grands défis technologiques.
La France a toujours eu une longueur d'avance dans les technologies de l'aéronautique militaire et dans l'industrie de la défense. Aujourd'hui encore, peu de pays sont en mesure de développer et de produire de manière autonome un avion de combat de la classe du Rafale. Cette formidable réussite montre bien que la France est plus que jamais à la pointe dans ces domaines.
Cette réussite, le ministre de la Défense l'a rappelé tout à l'heure dans l'ordre du jour, nous la devons d'abord à la grande compétence et à la détermination d'une équipe d'ingénieurs, de techniciens et d'opérationnels, qui ont su porter ce projet ambitieux. Aux côtés des industriels - Dassault-Aviation, architecte industriel du programme, Thalès, Sagem, Snecma, et MBDA pour ne citer que les principaux - les ingénieurs de la Délégation générale pour l'armement et les officiers de l'armée de l'air et de la Marine se sont mobilisés pour trouver les meilleures réponses aux défis technologiques. Il leur a fallu surmonter de nombreuses difficultés. Il leur faudra, dans un avenir proche, poursuivre encore leurs efforts s'agissant notamment de la modernisation de notre capacité nucléaire aéroportée. J'ai toute confiance en eux pour relever ces défis.
Cette réussite, nous la devons aussi à la cohérence de notre politique d'équipement, qui repose sur un dialogue constant et sur une relation de confiance entre la DGA, les industries et l'armée de l'air.
Aujourd'hui, grâce au travail de tous ceux qui se sont impliqués dans ce projet, le Rafale a démontré sa maturité technologique. Je suis convaincu que son efficacité opérationnelle séduira très bientôt les armées de l'air étrangères.
Mesdames, Messieurs,
Le Rafale constitue aujourd'hui le programme d'armement français le plus important. Il s'inscrit pleinement dans l'effort conséquent que nous consacrons à nos armées. Cet effort, nous en avons tous conscience, nous le devons aux femmes et aux hommes qui sont prêts à donner leur vie pour la défense de nos intérêts fondamentaux et la protection de nos concitoyens. Ils doivent disposer des moyens, de tous les moyens pour remplir leur mission. C'est pour cela que, depuis quatre ans, le gouvernement, dans la direction tracée par le président de la République, a entrepris de redresser l'effort de défense. Et c'est pour cela que nous faisons le choix aujourd'hui d'appliquer rigoureusement la loi de programmation militaire.
Mais tout cela ne serait d'aucune utilité, s'il n'y avait derrière le courage, la compétence, l'engagement des hommes et des femmes qui servent au sein de l'armée de l'air. Je sais que chacune et que chacun mesure pleinement sa responsabilité dans la mise en oeuvre de ce nouvel avion de combat. Je sais que vous aurez tous à coeur de démontrer un savoir-faire technique, opérationnel et humain qui fera honneur aux ailes françaises. Nous vivons aujourd'hui un jour particulièrement important pour l'armée de l'air française, la démonstration que nous venons d'avoir marque bien et exprime bien, de façon particulièrement émouvante et symbolique, l'engagement qui est celui de cette armée au service de la Nation. La Nation est rassemblée pour soutenir cet effort, je suis convaincu que notre armée de l'air a de grands jours devant elle, compte tenu de cette force, de cet engagement qui est celui de la Nation toute entière.
Je vous remercie.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 7 juillet 2006