Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
C'est un Groupe de contact important qui vient de se tenir. D'abord parce qu'il vient confirmer le rôle politique et le " leadership " de ce groupe en ce qui concerne la politique des efforts à suivre pour arracher une solution à cette tragédie du Kossovo, d'autre part parce que nous avons adopté des conclusions directement opérationnelles dont M. Cook vient de rendre compte à la presse au nom de l'ensemble du Groupe.
Nous avons adressé, comme nous le souhaitions ces derniers jours, l'invitation et l'injonction aux deux parties, d'avoir à venir au plus tard dans sept jours, - plus vite ce sera encore mieux - pour conclure la négociation. Nous avons confirmé tout à l'heure au sein du Groupe que nous soutenons, endossons et présentons un concept de principe qui avait été mis au point lors d'une réunion avec les représentants du Groupe, avec les négociateurs et représentants des Etats-Unis et l'Union européenne -, je pensais à M. Hill, à M. Pietric. Sur ces conclusions, il y a un accord unanime. Nous les invitons à venir dans sept jours. Les pays du Groupe de contact se sont interrogés sur le lieu le plus propice à cette négociation, un lieu qui soit commode, accessible, acceptable par les deux parties. Ils ont pensé que la France était le pays qui répondait le mieux à cette qualification. Nous avons proposé que cette rencontre se tienne à Rambouillet et cela a été acceptée par tous les pays du Groupe et tous les participants.
Etant donné que se sera Rambouillet, étant donné que M. Cook est le président et que c'est une présidence tournante, ces négociations, qui se feront dans les délais fixés, seront ouvertes par M. Cook et moi-même. La négociation elle-même, avec les représentants des deux parties, sera menée par M. Hill, le représentant de l'Union européenne, qui représente les 15 pays de l'Union et un représentant russe qui sera rapidement désigné. D'autre part, naturellement, les représentants des diplomaties des six pays du Groupe de contact seront présents et disponibles. Tout cela sera sous la responsabilité politique générale de M. Cook et moi-même. Voilà le dispositif que nous avons mis en place. Voilà les principes. Le calendrier est à la fois serré parce que l'on ne plus attendre pour arracher une solution, et réaliste. Naturellement, les pressions s'adressent aux deux parties.
Q - Que ferez-vous si une partie refuse en définitive de venir ?
R - Nous évaluerons la situation et ce pour chaque événement qui peut survenir qui ne soit pas conforme aux schémas que nous avons adoptés. Nous évaluerons au sein du Groupe de contact, avec qui nous sommes en relation permanente. Il n'y a pas que des réunions formelles comme celles de ce matin.
Q - En quoi cette réunion apporte-t-elle du nouveau ? Peut-elle changer les choses ?
R - Je crois que cette réunion est sans précédent. Il n'y a jamais eu d'accord des six pays du Groupe de contact plus le représentant de l'OSCE sur un calendrier aussi précis avec un accord aussi clair sur des principes formant la base d'un règlement pour une autonomie substantielle. J'ajoute que nous avons le sentiment d'agir aujourd'hui au nom de toute la communauté internationale parce que je ne connais pas de pays, où que se soit, qui soit en désaccord avec cette approche. Au contraire, il y a un soutien très large qui devrait s'exprimer très rapidement par un texte émanant du Conseil de sécurité, le président endossant ces conclusions et ce schéma. Nous savons que les 15 pays membres de l'Union sont expressément d'accord (on vient de le vérifier) et nous savons que tous les autres pays d'Europe, tous les pays voisins, appuient cette démarche. Nous n'avons jamais été dans cette situation, il n'y a jamais eu cette convergence et cette conscience aiguë que c'est la dernière chance pour une solution diplomatique et politique.
Q - Comment cette réunion s'articule-t-elle avec les travaux de l'OTAN ?
R - Vous savez ce qui a été dit, notamment dans l'avertissement solennel lancé par l'OTAN. Il y a une autre hypothèse qui est la présence militaire. C'est dans l'hypothèse d'un accord mais c'est important de l'avoir à l'esprit.
Q - Dans l'immédiat, faut-il lancer un ultimatum ?
R - Pour le moment nous concentrons nos efforts à travers le Groupe de contact en essayant de mobiliser toute la communauté internationale et en lançant un appel à tous ceux qui peuvent faire pression sur les Albanais du Kossovo et sur Belgrade pour les convaincre qu'il n'y a qu'une seule réponse raisonnable qui prépare un avenir de coexistence pour tous les peuples concernés : c'est de venir à cette négociation.
C'est là-dessus que nous nous sommes concertés, parce que cette négociation n'est pas encore engagée. Si elle l'est comme nous nous y employons, si elle aboutit comme nous le souhaitons de toutes nos forces (nous faisons tout pour cela), à ce moment là, on se posera la question, à ce moment là seulement, pour savoir sous quelle forme un accord peut-être garanti. Nous savons que plusieurs pays ont déjà exprimé leur disponibilité pour participer - y compris au sol - à une garantie d'un accord signé, comme c'était le cas il y a quelques années en Bosnie après que l'accord ait été obtenu. L'ont dit la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et les Etats-Unis même si c'est de façon moins précise. Je suis convaincu que d'autres pays qui seraient dans ce cas-là y participeraient parce que personne ne peux laisser passer cette chance de paix si attendue. Nous nous sommes concentrés sur ce qui pour l'instant bloque.
Q - Et sur le déroulement des négociations ?
R - Il faut que la négociation soit " non-stop ". Il ne s'agit pas d'entamer des négociations éventuelles selon un calendrier interminable mais il s'agit de venir négocier pour conclure, pas pour commencer. Ce sont des problèmes qui sont connus, qui ont été débattus et il y a cette pression convergente du monde entier. Ils viennent et négocient jusqu'à la paix. Le délai est de sept jours.
Les discussions de Rambouillet devraient démarrer le 6, ensuite nous fixons 7 jours pour la négociation, ce qui est réaliste. En même temps, nous maintenons la pression parce qu'il faut absolument aboutir. Le Groupe de contact appréciera, s'il y a lieu et en fonction de l'avancement des choses, de donner un délai supplémentaire qui sera inférieur à une semaine.
Q - A propos des participants, qui va venir ? Et à quel niveau ?
R - Il faut que la négociation engage tous les responsables de part et d'autre. C'est le moment pour eux de prendre leurs responsabilités, de se demander ce qu'ils veulent. Il faut qu'ils entendent ce message de la communauté internationale et il faut qu'il y ait des représentants de part et d'autre qui puissent engager les forces politiques concernées.
Le problème semble moins compliqué du côté yougoslave que du côté des Albanais du Kossovo. Nous leur disons que c'est le moment de constituer ensemble une délégation représentant toutes les forces politiques qui sont aujourd'hui nombreuses mais qui doivent pouvoir se retrouver sur une ligne telle que celle que nous concevons. Le Groupe de contact l'a arrêtée ce matin.
Q - Est-ce que cette ligne passe par une menace militaire ? Par un ultimatum ?
R - C'est le Groupe de contact, nous avons donc décidé d'émettre une injonction. En général, l'ultimatum a un sens purement militaire. Nous fixons des dates, des délais et nous rappelons les responsabilités de chacun des deux camps, ce qu'ils doivent faire et ce qu'ils ne doivent pas faire. Appelez cela comme vous voulez mais on ne peut pas être plus pressant.
Q - Qui viendra du côté des Kossovars ?
R - Il faut trouver une solution à ce problème de représentativité pour qu'ils soient tous représentés. L'essentiel est d'enclencher cette négociation de la dernière chance sur ce plan. Après, d'autres problème se poseront. Nous nous emploierons à les surmonter en rassemblant toutes nos forces. Ce qui devrait vous frapper par rapport à d'autres épisodes, d'autres problèmes comme celui de l'ex-Yougoslavie il y quelques années, c'est cette extraordinaire convergence d'analyse, cette démarche, ce comportement des six pays du Groupe de contact : les Etats-Unis, la Russie, les quatre pays d'Europe dont le président en exercice a un soutien réitéré à chaque moment par les quinze pays de l'Union européenne. Elle a une unanimité et une persévérance parce que même si nous n'avons pas encore atteint l'objectif fixé au début, nous sommes restés sur cette ligne depuis le début. Nous avons déjà su enrayer ensemble la catastrophe humanitaire qui s'annonçait à l'automne. C'est un grand résultat qui a été obtenu malgré le désaccord avec M. Milosevic. Nous sommes sur cette ligne et je n'ai qu'une chose à ajouter : nous ne relâcherons absolument pas notre effort jusqu'à ce que nous ayons atteint un résultat.
Q - Ne manquez-vous pas de certains moyens pour atteindre votre but ?
R - A quel moyen manquant pensez-vous ? Si vous avez de bonnes suggestions, on peut les écouter.
Q - Des moyens militaires ?
R - Je ne crois pas que vous puissiez douter de notre détermination. Vous pouvez avoir des doutes sur le résultat. Il y a dans le monde beaucoup de problèmes particulièrement inextricables et personne ne peut prétendre avoir une formule magique pour les résoudre comme par enchantement. C'est vrai. C'est vrai pour le Kossovo malheureusement comme pour d'autres conflits que l'on connaît bien. Mais vous ne pouvez pas avoir de doute sur une détermination exprimée à nouveau avec énormément de force par les pays, dont j'ai rappelé la liste, qui s'expriment au nom des autres. Vous avez vu aujourd'hui cette conjonction, d'une part avec des pressions qui ont déjà été exprimées par le Conseil de sécurité par des mesures précises - et notamment des sanctions - impulsées par le Groupe de contact et prises ensuite par l'Union européenne, par des démarches politiques constantes qui vont être réexprimées en notre nom par M. Cook à Belgrade et à Pristina, pour les Serbes et les Albanais du Kossovo. Il y a en plus ce qui a été décidé dans le cadre de l'OTAN à l'automne, qui a été réitéré et qui le sera sans doute de nouveau par toutes les organisations qui ont un rôle à jouer en Europe, et dans le monde sur le plan de la sécurité et qui sont engagées. Je ne sais pas si on peut être supérieur en matière de détermination. Maintenant, vous dites que vous n'êtes pas assurés du résultat. C'est précisément parce que c'est tellement compliqué que nous sommes tellement déterminés.
Q - (A propos de l'attitude des Américains)
R - Les Américains sont très engagés, ils jouent un rôle considérable, comme les Européens, comme la Russie. Il faut raisonner en terme de vases communiquants. Dans cette affaire du Kossovo, ce qui est frappant précisément, c'est l'importance du rôle de chacun, la coordination et la convergence des politiques. J'ai rappelé précisément que, contrairement à ce que nous avons connu il y a quelques années avec la Croatie et la Bosnie, il n'y a pas de divergence théorique sur l'analyse du problème et sur la solution à apporter. Et c'est réitéré à chaque fois. Voilà.
Q - (A propos des menaces de l'OTAN)
R - Les menaces de l'OTAN sont indispensables dans cette stratégie. On l'a accepté à l'automne, on le redit maintenant. C'est pourquoi d'ailleurs, nous avons accepté de lancer un avertissement solennel au sein du Conseil atlantique. Cette menace n'est pas suffisante. Il faut qu'il y ait un volet plus politique. D'autre part, elle n'est pas entièrement crédible en ce qui concerne les Albanais du Kossovo qui s'opposaient jusqu'ici à cette solution. C'est pour cela, que nous avons insisté, dans toutes les réunions auxquelles nous participons, pour qu'il y ait également des mises en garde précises et concrètes du côté de l'UCK ou en tout cas de ceux qui refusent une solution politique. Vous avez raison d'insister sur ce point. Nous allons travailler à ce qu'il y ait une stratégie complémentaire sur ce plan. D'ailleurs, M. Cook doit aller à Belgrade et également à Pristina. Il y a également un article du communiqué qui a été rendu public qui les concerne. Quant à la décision à prendre si les négociations ne s'engagent pas, si elles se bloquent ou dans l'hypothèse où cela ne marchera pas, ce serait une décision politique au plus haut niveau que nous prendrons le moment venu, quand nous serons dans cette situation.
La France a rappelé, notamment par la voix du président de la République, que toutes les options restaient ouvertes. Ce ne sont pas des décisions qui se prennent mécaniquement à l'avance. Ce sont des décisions graves qui se prennent au vue d'une situation précise qu'il faut pouvoir évaluer dans toutes ses composantes.
Q - (A propos de l'engagement français)
R - Cette disposition de la France que le président de la République a exprimé, je vous rappelle qu'elle concerne le cas où un accord serait signé. S'il y a un accord, la France a dit qu'elle était prête à participer au sol comme elle l'a fait quand il a fallu en Bosnie.
Q - Est-ce que vous refuseriez de participer si les Etats-Unis n'envoient pas de troupes au sol ?
R - On pourrait dire oui si la question n'était pas déjà en partie tranchée. Plusieurs responsables américains ont indiqué que dans le cas d'un accord cette participation américaine était envisageable. C'est dans les autres cas que les Etats-Unis ont refusé de participer.
Nous avons déjà une disponibilité de principe mais l'accord n'existe pas encore puisque nous essayons de l'obtenir. Cela a été exprimé par la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Italie, et déjà d'une certaine façon par les Etats-Unis et sans doute peut-être d'autres pays dont je n'ai pas la liste complète. Il y a beaucoup des pays qui sont prêts à prendre leur responsabilité si cet accord est obtenu.
Notre tâche de ce matin, avec les six du Groupe de contact, était d'arracher cet accord. Et la priorité maintenant est que les uns et les autres soient convaincus qu'ils n'ont pas d'autre option. Il n'y a pas d'autre politique, il n'y a pas d'autre stratégie possible.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr)
C'est un Groupe de contact important qui vient de se tenir. D'abord parce qu'il vient confirmer le rôle politique et le " leadership " de ce groupe en ce qui concerne la politique des efforts à suivre pour arracher une solution à cette tragédie du Kossovo, d'autre part parce que nous avons adopté des conclusions directement opérationnelles dont M. Cook vient de rendre compte à la presse au nom de l'ensemble du Groupe.
Nous avons adressé, comme nous le souhaitions ces derniers jours, l'invitation et l'injonction aux deux parties, d'avoir à venir au plus tard dans sept jours, - plus vite ce sera encore mieux - pour conclure la négociation. Nous avons confirmé tout à l'heure au sein du Groupe que nous soutenons, endossons et présentons un concept de principe qui avait été mis au point lors d'une réunion avec les représentants du Groupe, avec les négociateurs et représentants des Etats-Unis et l'Union européenne -, je pensais à M. Hill, à M. Pietric. Sur ces conclusions, il y a un accord unanime. Nous les invitons à venir dans sept jours. Les pays du Groupe de contact se sont interrogés sur le lieu le plus propice à cette négociation, un lieu qui soit commode, accessible, acceptable par les deux parties. Ils ont pensé que la France était le pays qui répondait le mieux à cette qualification. Nous avons proposé que cette rencontre se tienne à Rambouillet et cela a été acceptée par tous les pays du Groupe et tous les participants.
Etant donné que se sera Rambouillet, étant donné que M. Cook est le président et que c'est une présidence tournante, ces négociations, qui se feront dans les délais fixés, seront ouvertes par M. Cook et moi-même. La négociation elle-même, avec les représentants des deux parties, sera menée par M. Hill, le représentant de l'Union européenne, qui représente les 15 pays de l'Union et un représentant russe qui sera rapidement désigné. D'autre part, naturellement, les représentants des diplomaties des six pays du Groupe de contact seront présents et disponibles. Tout cela sera sous la responsabilité politique générale de M. Cook et moi-même. Voilà le dispositif que nous avons mis en place. Voilà les principes. Le calendrier est à la fois serré parce que l'on ne plus attendre pour arracher une solution, et réaliste. Naturellement, les pressions s'adressent aux deux parties.
Q - Que ferez-vous si une partie refuse en définitive de venir ?
R - Nous évaluerons la situation et ce pour chaque événement qui peut survenir qui ne soit pas conforme aux schémas que nous avons adoptés. Nous évaluerons au sein du Groupe de contact, avec qui nous sommes en relation permanente. Il n'y a pas que des réunions formelles comme celles de ce matin.
Q - En quoi cette réunion apporte-t-elle du nouveau ? Peut-elle changer les choses ?
R - Je crois que cette réunion est sans précédent. Il n'y a jamais eu d'accord des six pays du Groupe de contact plus le représentant de l'OSCE sur un calendrier aussi précis avec un accord aussi clair sur des principes formant la base d'un règlement pour une autonomie substantielle. J'ajoute que nous avons le sentiment d'agir aujourd'hui au nom de toute la communauté internationale parce que je ne connais pas de pays, où que se soit, qui soit en désaccord avec cette approche. Au contraire, il y a un soutien très large qui devrait s'exprimer très rapidement par un texte émanant du Conseil de sécurité, le président endossant ces conclusions et ce schéma. Nous savons que les 15 pays membres de l'Union sont expressément d'accord (on vient de le vérifier) et nous savons que tous les autres pays d'Europe, tous les pays voisins, appuient cette démarche. Nous n'avons jamais été dans cette situation, il n'y a jamais eu cette convergence et cette conscience aiguë que c'est la dernière chance pour une solution diplomatique et politique.
Q - Comment cette réunion s'articule-t-elle avec les travaux de l'OTAN ?
R - Vous savez ce qui a été dit, notamment dans l'avertissement solennel lancé par l'OTAN. Il y a une autre hypothèse qui est la présence militaire. C'est dans l'hypothèse d'un accord mais c'est important de l'avoir à l'esprit.
Q - Dans l'immédiat, faut-il lancer un ultimatum ?
R - Pour le moment nous concentrons nos efforts à travers le Groupe de contact en essayant de mobiliser toute la communauté internationale et en lançant un appel à tous ceux qui peuvent faire pression sur les Albanais du Kossovo et sur Belgrade pour les convaincre qu'il n'y a qu'une seule réponse raisonnable qui prépare un avenir de coexistence pour tous les peuples concernés : c'est de venir à cette négociation.
C'est là-dessus que nous nous sommes concertés, parce que cette négociation n'est pas encore engagée. Si elle l'est comme nous nous y employons, si elle aboutit comme nous le souhaitons de toutes nos forces (nous faisons tout pour cela), à ce moment là, on se posera la question, à ce moment là seulement, pour savoir sous quelle forme un accord peut-être garanti. Nous savons que plusieurs pays ont déjà exprimé leur disponibilité pour participer - y compris au sol - à une garantie d'un accord signé, comme c'était le cas il y a quelques années en Bosnie après que l'accord ait été obtenu. L'ont dit la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne et les Etats-Unis même si c'est de façon moins précise. Je suis convaincu que d'autres pays qui seraient dans ce cas-là y participeraient parce que personne ne peux laisser passer cette chance de paix si attendue. Nous nous sommes concentrés sur ce qui pour l'instant bloque.
Q - Et sur le déroulement des négociations ?
R - Il faut que la négociation soit " non-stop ". Il ne s'agit pas d'entamer des négociations éventuelles selon un calendrier interminable mais il s'agit de venir négocier pour conclure, pas pour commencer. Ce sont des problèmes qui sont connus, qui ont été débattus et il y a cette pression convergente du monde entier. Ils viennent et négocient jusqu'à la paix. Le délai est de sept jours.
Les discussions de Rambouillet devraient démarrer le 6, ensuite nous fixons 7 jours pour la négociation, ce qui est réaliste. En même temps, nous maintenons la pression parce qu'il faut absolument aboutir. Le Groupe de contact appréciera, s'il y a lieu et en fonction de l'avancement des choses, de donner un délai supplémentaire qui sera inférieur à une semaine.
Q - A propos des participants, qui va venir ? Et à quel niveau ?
R - Il faut que la négociation engage tous les responsables de part et d'autre. C'est le moment pour eux de prendre leurs responsabilités, de se demander ce qu'ils veulent. Il faut qu'ils entendent ce message de la communauté internationale et il faut qu'il y ait des représentants de part et d'autre qui puissent engager les forces politiques concernées.
Le problème semble moins compliqué du côté yougoslave que du côté des Albanais du Kossovo. Nous leur disons que c'est le moment de constituer ensemble une délégation représentant toutes les forces politiques qui sont aujourd'hui nombreuses mais qui doivent pouvoir se retrouver sur une ligne telle que celle que nous concevons. Le Groupe de contact l'a arrêtée ce matin.
Q - Est-ce que cette ligne passe par une menace militaire ? Par un ultimatum ?
R - C'est le Groupe de contact, nous avons donc décidé d'émettre une injonction. En général, l'ultimatum a un sens purement militaire. Nous fixons des dates, des délais et nous rappelons les responsabilités de chacun des deux camps, ce qu'ils doivent faire et ce qu'ils ne doivent pas faire. Appelez cela comme vous voulez mais on ne peut pas être plus pressant.
Q - Qui viendra du côté des Kossovars ?
R - Il faut trouver une solution à ce problème de représentativité pour qu'ils soient tous représentés. L'essentiel est d'enclencher cette négociation de la dernière chance sur ce plan. Après, d'autres problème se poseront. Nous nous emploierons à les surmonter en rassemblant toutes nos forces. Ce qui devrait vous frapper par rapport à d'autres épisodes, d'autres problèmes comme celui de l'ex-Yougoslavie il y quelques années, c'est cette extraordinaire convergence d'analyse, cette démarche, ce comportement des six pays du Groupe de contact : les Etats-Unis, la Russie, les quatre pays d'Europe dont le président en exercice a un soutien réitéré à chaque moment par les quinze pays de l'Union européenne. Elle a une unanimité et une persévérance parce que même si nous n'avons pas encore atteint l'objectif fixé au début, nous sommes restés sur cette ligne depuis le début. Nous avons déjà su enrayer ensemble la catastrophe humanitaire qui s'annonçait à l'automne. C'est un grand résultat qui a été obtenu malgré le désaccord avec M. Milosevic. Nous sommes sur cette ligne et je n'ai qu'une chose à ajouter : nous ne relâcherons absolument pas notre effort jusqu'à ce que nous ayons atteint un résultat.
Q - Ne manquez-vous pas de certains moyens pour atteindre votre but ?
R - A quel moyen manquant pensez-vous ? Si vous avez de bonnes suggestions, on peut les écouter.
Q - Des moyens militaires ?
R - Je ne crois pas que vous puissiez douter de notre détermination. Vous pouvez avoir des doutes sur le résultat. Il y a dans le monde beaucoup de problèmes particulièrement inextricables et personne ne peut prétendre avoir une formule magique pour les résoudre comme par enchantement. C'est vrai. C'est vrai pour le Kossovo malheureusement comme pour d'autres conflits que l'on connaît bien. Mais vous ne pouvez pas avoir de doute sur une détermination exprimée à nouveau avec énormément de force par les pays, dont j'ai rappelé la liste, qui s'expriment au nom des autres. Vous avez vu aujourd'hui cette conjonction, d'une part avec des pressions qui ont déjà été exprimées par le Conseil de sécurité par des mesures précises - et notamment des sanctions - impulsées par le Groupe de contact et prises ensuite par l'Union européenne, par des démarches politiques constantes qui vont être réexprimées en notre nom par M. Cook à Belgrade et à Pristina, pour les Serbes et les Albanais du Kossovo. Il y a en plus ce qui a été décidé dans le cadre de l'OTAN à l'automne, qui a été réitéré et qui le sera sans doute de nouveau par toutes les organisations qui ont un rôle à jouer en Europe, et dans le monde sur le plan de la sécurité et qui sont engagées. Je ne sais pas si on peut être supérieur en matière de détermination. Maintenant, vous dites que vous n'êtes pas assurés du résultat. C'est précisément parce que c'est tellement compliqué que nous sommes tellement déterminés.
Q - (A propos de l'attitude des Américains)
R - Les Américains sont très engagés, ils jouent un rôle considérable, comme les Européens, comme la Russie. Il faut raisonner en terme de vases communiquants. Dans cette affaire du Kossovo, ce qui est frappant précisément, c'est l'importance du rôle de chacun, la coordination et la convergence des politiques. J'ai rappelé précisément que, contrairement à ce que nous avons connu il y a quelques années avec la Croatie et la Bosnie, il n'y a pas de divergence théorique sur l'analyse du problème et sur la solution à apporter. Et c'est réitéré à chaque fois. Voilà.
Q - (A propos des menaces de l'OTAN)
R - Les menaces de l'OTAN sont indispensables dans cette stratégie. On l'a accepté à l'automne, on le redit maintenant. C'est pourquoi d'ailleurs, nous avons accepté de lancer un avertissement solennel au sein du Conseil atlantique. Cette menace n'est pas suffisante. Il faut qu'il y ait un volet plus politique. D'autre part, elle n'est pas entièrement crédible en ce qui concerne les Albanais du Kossovo qui s'opposaient jusqu'ici à cette solution. C'est pour cela, que nous avons insisté, dans toutes les réunions auxquelles nous participons, pour qu'il y ait également des mises en garde précises et concrètes du côté de l'UCK ou en tout cas de ceux qui refusent une solution politique. Vous avez raison d'insister sur ce point. Nous allons travailler à ce qu'il y ait une stratégie complémentaire sur ce plan. D'ailleurs, M. Cook doit aller à Belgrade et également à Pristina. Il y a également un article du communiqué qui a été rendu public qui les concerne. Quant à la décision à prendre si les négociations ne s'engagent pas, si elles se bloquent ou dans l'hypothèse où cela ne marchera pas, ce serait une décision politique au plus haut niveau que nous prendrons le moment venu, quand nous serons dans cette situation.
La France a rappelé, notamment par la voix du président de la République, que toutes les options restaient ouvertes. Ce ne sont pas des décisions qui se prennent mécaniquement à l'avance. Ce sont des décisions graves qui se prennent au vue d'une situation précise qu'il faut pouvoir évaluer dans toutes ses composantes.
Q - (A propos de l'engagement français)
R - Cette disposition de la France que le président de la République a exprimé, je vous rappelle qu'elle concerne le cas où un accord serait signé. S'il y a un accord, la France a dit qu'elle était prête à participer au sol comme elle l'a fait quand il a fallu en Bosnie.
Q - Est-ce que vous refuseriez de participer si les Etats-Unis n'envoient pas de troupes au sol ?
R - On pourrait dire oui si la question n'était pas déjà en partie tranchée. Plusieurs responsables américains ont indiqué que dans le cas d'un accord cette participation américaine était envisageable. C'est dans les autres cas que les Etats-Unis ont refusé de participer.
Nous avons déjà une disponibilité de principe mais l'accord n'existe pas encore puisque nous essayons de l'obtenir. Cela a été exprimé par la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Italie, et déjà d'une certaine façon par les Etats-Unis et sans doute peut-être d'autres pays dont je n'ai pas la liste complète. Il y a beaucoup des pays qui sont prêts à prendre leur responsabilité si cet accord est obtenu.
Notre tâche de ce matin, avec les six du Groupe de contact, était d'arracher cet accord. Et la priorité maintenant est que les uns et les autres soient convaincus qu'ils n'ont pas d'autre option. Il n'y a pas d'autre politique, il n'y a pas d'autre stratégie possible.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr)