Interview de M. Claude Goasguen, vice-président et porte-parole de Démocratie libérale, à I Télévision le 22 mars 2001, sur les résultats des élections municipales, l'échec de la droite à Paris, ses bons résultats en province, la nécessité d'une union de la droite, notamment pas le biais de France Alternance et sur l'inversion du calendrier électoral en 2002.

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Média : I-télévision - Télévision

Texte intégral

Philippe Reinhard : Alors, il paraît que la droite va bien en France et pas très bien à Paris pour en parler, Claude Goasguen. Bonjour, Claude Goasguen.
Claude Goasguen : Bonjour
Philippe Reinhard : Vous êtes le tout nouveau président du groupe DL au Conseil de Paris et vous êtes, aussi, le porte-parole de DL pour la France entière. Comment elle va la droite à Paris ?
CG : Elle se relève d'une défaite. Vous savez, essayer de faire croire que par l'arithmétique nous avons gagné dimanche à Paris.
PR : Si on additionne les voix, il fallait additionner les listes.
CG : Oui, donc c'est bien du virtuel. Alors moi, je crois qu'il faut sortir du virtuel maintenant et avoir le courage de dire que la droite a perdu une bataille, qu'il y a une page de l'histoire de Paris qui vient de se tourner et que, maintenant, il faut construire l'opposition. Et, si possible, construire l'opposition en sortant des détails qui nous ont amenés à la défaite. Nous avons fait une mauvaise campagne, nous avons.
PR : Vous, nous avons fait une mauvaise campagne, vous voulez dire Philippe Séguin a fait une mauvaise campagne ?
CG : Je trouve que notre liste a fait une mauvaise campagne parce que je n'ai pas l'intention de personnaliser le débat. Nous avons fait une très mauvaise campagne, beaucoup d'électeurs nous ont abandonnés, nous ont reproché, nous avons été houspillés pendant plusieurs semaines sur le comportement de la droite. Je crois qu'il faut en tirer les conséquences et de ne pas se contenter de dire "oh ben, tout ça c'est un problème plus général et puis on va reconstruire". Non ! Je crois qu'il faut avoir le courage de poser des questions, les vraies. Comment va-t-on reconstruire l'opposition ? Moi je dois dire que les querelles, entre monsieur TIBERI et monsieur SEGUIN nous ont fortement perturbé la campagne, je ne tiens pas à y retourner. Par conséquent, DL que je préside, nous sommes 12 conseillers, n'a pas du tout l'intention de faire un troisième round.
Et que l'UDF n'a pas du tout l'intention de faire le troisième round de cette bataille. C'est clair.
PR : Alors ça, ça veut dire quoi ? Ça veut dire que vous aviez accepté ou pas de faire un intergroupe de l'opposition ? Vous savez, c'est le rêve d'Edouard Balladur.
CG : Ecoutez, mois ces machins, ça ne sert strictement à rien. On se verra, les présidents de groupes discuteront, nous verrons si nous sommes d'accord politiquement, parce qu'au cours de la campagne, nous avons vu que, sur un certain nombre de points il y avait quand même quelques différences entre la droite, que représentait le RPR et ce que nous représentons ou l'UDF, donc il faudra se mettre d'accord, il faut prendre le temps, pas de machin, pas de truc artificiel plaqué. Vous savez, monsieur Hue raconte partout qu'il ne s'est rien passé au Parti communiste, il n'a perdu qu'une vingtaine de villes. Ça ne sert à rien de dire, tout va bien, continuons, élisons untel, le même.
PR : Le PC, à lui tout seul, a perdu les villes de la gauche.
CG : Voilà, toutes ces méthodes, style politburo, je ne sais pas et langue de bois, terminé ! Il faut tourner la page.
PR : Alors votre collègue du Conseil de Paris, Philippe Seguin, toujours député des Vosges d'ailleurs, a été élu par son groupe hier , par 18 voix contre 14 à Madame de Panafieu. Il a été élu contre qui ? Il a été élu contre Madame de Panafieu ou contre Jacques Chirac ?
CG : Ecoutez, normalement un homme politique, quand il a la langue de bois, se félicite toujours de l'élection de son partenaire. Là, en occurrence, je n'aurais pas la langue de bois. Je pense qu'on aurait dû davantage tenir compte. Il ne faut pas raconter des histoires aux électeurs. Par conséquent, je trouve que ... je regrette que Françoise de Panafieu n'ait pas été élue, car j'ai bien senti moi dans mes contacts à Paris dans ma parisienne, qui n'est pas négligeable. Cela étant, le président, je discuterai avec avec le nouveau président.
PR : Dites-nous la vérité, en fait vous espériez Françoise de Panafieu, plus exactement vous espériez la défaite de Philippe Séguin, parce que s'il avait été battu à la présidence du groupe il y avait une chance raisonnable qu'il quitte le Conseil de Paris.
CG : Non. Vous savez pour rentrer dans les détails, mais on le fera plus tard, il avait souhaité quitter le Conseil de Paris s'il n'était pas élu. Il l'avait même promis à nos représentants dans le 18ème arrondissement, de l'UDF et de DL. Bon, maintenant, il a changé d'avis, il a changé d'avis !
PR : Parce qu'il y en a un qui est en rade dans le 187me, et le troisième de liste qui n'est pas élus, c'est justement un des responsables de DL au plan national, c'est Xavier Chinaud.
CG : Oui... admettons qu'on change, mais je crois qu'il faut, vous savez, il ne faut pas se promener avec les électeurs. Il ne faut pas raconter des salades. La défaite est grave. Elle est solide, elle est dure, elle a des causes objectives mais nous avons fait une mauvaise campagne. Il faut en tirer les conclusions. En tout cas, je peux vous dire qu'il n'y aura pas de leadership de l'opposition municipale.
PR : Vous refusez à Séguin, le titre de patron de l'opposition municipale ?
CG : Ça me paraît évident. Vous savez, c'est une page qui est tournée. Il y a des groupes, chacun dans son indépendance, nous travaillerons dans l'union, mais dans notre spécificité. Croyez-moi, il y a beaucoup à faire. L'union ce n'est pas "l'union contre", mois je suis " l'union pour". Or, jusqu'à présent, j'ai eu le sentiment que les gens qui parlaient beaucoup de l'union n'avaient. C'est de dire, je suis pour l'union contre monsieur qui parle de l'union contre moi. Non ! L'union c'est pour.
PR : Bon ! Merci pour cet éclairage sur Paris. Claude Goasguen, mais alors il y a la France entière où la droite c'est plutôt mieux comportée qu'à Paris.
CG : Elle a beaucoup de mérite.
PR : Bon ! Merci pour cet éclairage sur Paris. Mais, alors Claude Goasguen, il y a la France entière où la droite c'est plutôt mieux comportée qu'à Paris.
CG : Elle a beaucoup de mérite.
PR : Nettement mieux. Est-ce que vous pensez qu'en France, on peut organiser une droite plurielle, sur le modèle de la gauche ? Ou est-ce qu'il faut, comme disent certains de vos petits camarades. Jean-Pierre Raffarin par exemple, qui est du même parti que vous. Démocratie Libérale, est-ce qu'il faut à tous prix faire le parti unique de la droite, tout le monde rangé derrière Jacques Chirac ?
CG : Je ne crois pas que c'est ce que dit Jean-Pierre Raffarin.
PR : Ah si, il l'a encore redit ce matin. Il dit que France Alternance cette espèce d'usine à gaz pour l'union, 15 jours pour être crédible et 100 jours pour s'organiser.
CG : Oui, je crois que France Alternance, c'est une initiative qui n'est pas inintéressante, dans la mesure où elle permet à chacun de s'exprimer. Je ne crois pas aux unions fusions réductrices. Et, si France Alternance devait être ça, ça serait vraisemblablement un échec. En revanche, je crois qu'il est nécessaire d'organiser les législatives, les investitures, les contacts entre les divers partis politiques, au sein d'une grande structure.
PR : Attendez, là, je ne comprends pas. Pour les législatives, il y a une chose que je ne comprends pas. Vous plaidez beaucoup l'union, investiture unique, mais enfin en 97, c'est exactement ce qui s'est passé, vous avez perdu.
CG : Ben oui !
PR : Donc, est ce que c'est la bonne solution ?
CG : C'est pour ça que l'union, toute seule, ne suffit pas. Si nous avons un mauvais programme, si nous ne préconisons pas le changement, si nous ne changeons pas et les homme et les idées, si nous ne reconnaissons pas nos erreurs de 95, comme il faut reconnaître celle de Paris, eh bien vous pouvez faire la meilleure union du monde, vous perdrez quand même les élections. Parce que les Français attendent des hommes politiques, pas seulement qu'ils soient unis, ils doivent l'être, mais qu'ils soient unis sur un programme qui emporte leurs suffrages. Ça me paraît du bon sens, ça me paraît une telle évidence, mais on le dit tellement peu qu'il me plait de temps en temps de rappeler des évidences.
PR : Alors, Claude Goasguen changer les idées, en réalité les idées de droite on les connaît.
CG : Oh non, Oh non ! Pas trop ! Pas trop !
PR : Mais vous dites, changer les hommes, est-ce qu'on peut changer les hommes sans changer celui qui est à la tête ?
CG : C'est-à-dire ?
PR : Jacques Chirac.
CG : Oh, écoutez, d'abord le Président de la République, dans cette affaire n'a rien à voir avec la constitution de France Alternance. En tout cas, moi je ne considère pas que France Alternance...
PR : .. Non, c'est juste Jérôme Monod !
CG : .. Ce soit le rassemblement de ceux qui vous soutenir Jacques Chirac. Nous n'en sommes pas à l'élection présidentielle. Moi, ce que je crois, c'est qu'il faut que la droite commence à débattre et rafraîchisse ses programmes car, en l'état actuel des choses, je crois que l'électorat de province a beaucoup de mérite d'avoir voté, malgré les bagarres de Lyon et Paris, pour l'électorat de droite. Il nous a donné un avertissement fort : unissez-vous. Nous sommes nombreux, nous sommes majoritaires. Unissez vous et nous gagnerons.
PR : Vous êtes d'accord avec votre président de groupe à l'Assemblée qui dit : Bon ! C'est pas mal, mais il ne faut pas faire de triomphalisme et la prochaine échéance n'est pas gagnée.
CG : Non, la prochain échéance n'est pas gagnée du tout, c'est clair. Je trouve que les élections municipales sont une dure sanction pour la gauche. Je trouve en plus que les reports de voix se font beaucoup mieux. Non pas que le Front national ait disparu mais incontestablement, les voix qui étaient à droite perdues dans le Front national reviennent mieux sur la droite. Je trouve en plus que la gauche commence à avoir des difficultés internes graves, avec la naissance d'un courant politique qu'on maîtrise mal et qui ne se cadre même pas da ns les institutions des Verts. Par conséquent, les difficultés s'accumulent à gauche politiquement et elles ont l'air de s'atténuer à droite. Je crois qu'ion serait idiot de ne pas en profiter et de ne pas donner une coup, un véritable coup en avant, pour la droite, pour les législatives.
PR : Alors, Claude Goasguen pour terminer, il y a quand même une difficulté à droite, c'est la fameuse affaire de l'inversion du calendrier électoral de 2002, ils sont quelques-uns à droite, en tout cas à l'UDF, à la souhaiter. Et puis vous, vous avez voté contre en première lecture ; pourtant est-ce que ça n'arrange pas que Bayrou, ça n'arrange pas aussi Alain Madelin, qui a très envie d'être candidat à la présidentielle ?
CG : Oui, sauf que Madelin a une position qui est tout à fait inverse de celle de Bayrou. En fait, cette histoire est un coup fourré de Monsieur Jospin sur les institutions. Il n'y a aucun argument institutionnel qui justifie cette thèse de l'inversion, que des centristes défendent l'inversion me fait sourire ! Car l'inversion ça veut dire quoi ? Ça veut dire que tout dépend de l'élection du président de la République. Moi qui connais quand même un peu la pensée centriste, c'est tout à fait le contraire de ce que les centristes ont dit, depuis 25 ans, eux qui sont pour une démocratie partagée, représentative, avec des pouvoirs du Parlement, ont va faire la monarchie républicaine ? Et ce sont les partisans de monsieur François Bayrou qui vont nous dire : faisons la monarchie républicaine ? Enfin ! Tout ça n'est pas sérieux.
PR : Donc, vous allez les laisser faire et comme ça, ça arrangera aussi Alain Madelin, pour sa candidature à l'Elysée.
CG : Non, Alain Madelin, ne votera pas l'inversion, il ne l'a pas votée d'ailleurs en première lecture.
PR : Oui, mais ça l'arrangera quand même ! Merci Claude Goasguen.

(Source http://www.Claude-goasguen.org, le 30 mars 2001)