Texte intégral
M. Tronchot - Vous avez entendu les commentaires et les titres de la presse ce matin après les mesures annoncées à Troyes, "La nouvelle frontière de Villepin", allusion au président Kennedy dans Le Figaro. "Villepin sonne le rassemblement" dans Le Parisien. "Il tente de reprendre la main" pour France Soir. "Il fait du neuf avec du vieux" pour Libération. Quel titre vous viendrait à l'esprit pour l'ancien journaliste que vous êtes, pour résumer selon vous la séquence très sociale et très offensive entamée par le chef de Gouvernement à TF1 lundi et poursuivie dans votre de Troyes hier ?
R - Je crois que l'esprit, c'est le rassemblement, alors on y croit, on n'y croit pas, mais c'est la volonté politique affirmée par le chef du Gouvernement. La méthode : c'est pratique, efficace, au service d'une idée, la lutte contre le chômage, et ça marche, on commence à avoir des résultats. Et l'état d'esprit : tout ne se passe pas à Paris, une ville de province, c'est tombé à Troyes, tant mieux.
Q - Pourquoi cette impression, exploitée bien sûr par l'opposition, que D. de Villepin a attendu qu'on soit à huit mois d'une élection pour se soucier du pouvoir d'achat des Français ?
R - Non, on ne peut pas le dire comme ça d'abord parce qu'il y a une étape, ça fait plus d'un an que D. de Villepin et son Gouvernement sont au travail. Il a fixé un cap, l'emploi est une priorité. On peut prendre le problème dans tous les sens, on peut aimer D. de Villepin, on peut être de droite ou de gauche, on ne peut pas ne pas constater que la tendance en matière de résultat positif sur le front contre le chômage est une tendance lourde, qu'elle est inscrite dans la durée. Et on fait le pari, peut-être un peu naïf qu'au final les Français au moment des élections vont se rendre compte que ce Gouvernement est pour quelque chose dans les résultats positifs qui améliorent le quotidien des Français. Et nous souhaitons poursuivre. Alors le chômage, c'est une chose, l'affaire de l'euro qui a alourdi un peu le porte-monnaie est un sujet de préoccupation pour tous. En ce sens que nous devons réfléchir à la manière dont le pouvoir d'achat au quotidien peut être amélioré. Ce sont des idées simples au service d'une méthode pratique, et avec une volonté de résultat.
Q - Vous diriez qu'on est dans un cercle vertueux ou il s'agit simplement d'une éclaircie. Les indicateurs sont au vert, le ministre de l'Economie n'arrête pas de le dire, mais vous connaissez l'histoire politique, vous savez que tel constat doit être manié avec beaucoup de prudence. Il ne reste pas au vert très longtemps.
R - Il y a des périodes de crête, il y a des périodes de creux. Vous savez que quelqu'un de très célèbre a une formule très célèbre, il faut mépriser les hauts et repriser les bas. Nous sommes dans une période de haut, on ne va pas la mépriser cette période. On va la bonifier, on va l'amplifier, on va l'utiliser intelligemment pendant ces quelques mois, même si c'est encombré par le débat présidentiel, ça doit être utile pour les Français.
Q - On doit retenir la conférence de presse de Troyes comme davantage qu'une communication décentralisée, il y a un message supplémentaire qu'a voulu apporter D. de Villepin ?
R - D. de Villepin n'est pas seul. Il a une équipe qui travaille de façon rigoureuse, qui est dans l'esprit de ce qu'a souhaité le président de la République, c'est-à-dire utiliser tous les mois qui viennent jusqu'à la fin de ce quinquennat pour que ce soient des moments d'actions. En même temps, on écoute la radio, on écoute la télé, on lit les sondages. On sait bien qu'on va parler beaucoup de la présidentielle, et je crois qu'il a voulu sincèrement mettre son énergie et celle de son Gouvernement au service de quelques mois utiles. On a quand même quelques textes importants, on a la prévention de la délinquance des mineurs. Nous avons tout ce qui va toucher autour de la loi de finance, il y a des mesures importantes avec une réduction de la dépense publique, pour la première fois, ce qui est tout de même à noter. Même dans un contexte électoral, je crois que non seulement on a des résultats, mais en plus il y a un peu de courage.
Q - Vous qui le voyez vivre tous les jours, vous l'avez senti seul ces derniers mois ?
R - C'est une exigence et un sacrifice, je vous l'ai déjà dit, être à Matignon et les mois derniers n'ont pas été faciles, ni pour le Premier ministre, ni pour ceux qui sont dans son équipe qui lui sont loyaux et solidaires. Mais c'est un homme d'Etat, il a beaucoup de courage et puis dans son lien de confiance avec le président de la République, il se met au service des engagements qui ont été pris, il y a quatre ans.
Q - Alors ce qui tombe bien comme si c'était un fait exprès, c'est que Troyes vient avant Marseille où vont se tenir les universités d'été de l'UMP.
R - Malheureusement on n'a pas la ligne électrifiée.
Q - C'est-à-dire ?
R - Non, je fais un petit message personnel au passage parce que pour aller à Marseille il y a le TGV, pour aller à Troyes, on y va en car.
Q - Cette embellie dans le ciel économique, le nouveau souffle de D. de Villepin hier, peuvent-ils, ou doivent-ils changer des choses dans les esprits lors de cette université d'été ?
R - Là encore, soit on vit par passion, soit on vit par raison. Si on vit par passion, on peut considérer que l'unité affichée qui était le message du Gouvernement hier et qui sera celui des universités d'été de Marseille, ce n'est pas une comédie ou un boulevard de Théâtre, on y croit sincèrement, on s'aime beaucoup. Ce sont les choristes et c'est une aimable compagnie de gens qui s'aiment beaucoup.
Q - Et personne n'est dupe.
R - Et personne n'est dupe et vous avez probablement raison de le dire et j'ai aussi raison de le penser. En revanche, quand on voit ce qui s'est passé le week-end dernier au parti Socialiste, qui était à mi-chemin entre pour le coup le vrai Vaudeville ou la crise de nerf, où il ne s'est rien dit, si ce n'est des larmes de crocodile de monsieur Jospin, qui n'a semble t-il rien appris et tout oublié, ou tout appris et rien oublié, en tout cas c'est exactement le même et madame Royal qui, je suis tombé de l'armoire en écoutant ce qu'elle ne disait pas. Et ça faisait penser à cette phrase de J. Renard, je ne sais pas si vous la connaissez ; "elle ne dit pas grand chose et elle n'en pense pas plus". Au bout d'un moment, on va s'apercevoir que la ligne de S. Royal n'est pas tenable, il faut qu'elle dise des choses. Il faut qu'elle s'organise, pas dans la précipitation comme c'est le cas cette semaine. Et il faut que le PS montre qu'il a compris quelque chose de 2002. Ils ont perdu parce qu'ils étaient divisés, ils ont échoué parce qu'ils ont mené une politique anachronique. Ils ont agi au nom d'une idéologie, c'est comme ça qu'on fait les 35 heures pour tous en même temps, en imposant sa vision du bonheur. Ils nous proposent la même chose en pire, alors nous, puisqu'il faut bien un peu se regarder, on va faire exactement le contraire, on nous attend sur la division, les sarkozystes, les chiraquiens, Villepin, Sarko...
Q - Je pense que Dominique Strauss-Kahn, J. Lang, L. Fabius seront très contents de votre témoignage de solidarité mais...
R - On a beaucoup d'amis à gauche au PS quand on critique S. Royal, c'est vrai.
Q- Oui, exact, mais on revient un tout petit peu à l'UMP, est-ce que le rassemblement ça veut dire nécessairement un candidat unique, et c'est l'impression qui est en train de prévaloir ?
R - C'est l'objectif.
Q - C'est l'objectif, mais peut-être pas huit mois avant ?
R - Je ne suis pas d'accord. On a eu un accord politique fin 2006, où il y avait tous les responsables, dont je faisais partie, de l'UMP. On s'est entendu sur une méthode, sur un calendrier et sur un objectif. La méthode, on travaille en 2006, le calendrier, on se donne rendez-vous mi 2007 avec un congrès, où un homme, une voix, c'est-à-dire le militant de l'UMP choisira celui qui portera nos couleurs et l'objectif, c'est qu'il n'y ait qu'un candidat. Et il n'y aura qu'un candidat.
Q - Mais quand F. Fillon dit : "c'est plié" ?
R - Je ne reprends pas ce terme à mon compte.
Q - Il a tort de le dire ?
R - Je ne le dis pas non plus parce que j'aime bien F. Fillon, et je ne veux pas dire du mal de mes amis, simplement il ne faut pas oublier les leçons du passé. Certains ont dit ça en 95 ou 94, sur le thème, "il n'y aura qu'un candidat, et c'est plié". Je crois qu'il faut être prudent et je crois que si on veut aider notre candidat ou celui qui sera choisi par les militants, il ne faut pas l'enfermer dans un carcan. Il faut le laisser libre de s'exprimer sur les sujets tel qu'il l'entend, et il faut que ce candidat, dans sa mission de rassemblement, ce qui est le cas actuel du président de l'UMP, de N. Sarkozy, soit en situation de respecter les familles, le pacte fondateur de l'UMP, les sensibilités, les filiations, les trajectoires. C'est donc une tâche très difficile, il ne faut pas lester notre candidat par ni des phrases, ni des projets.
Q - Ca veut dire qu'il peut y avoir une alternative au bout du compte, à N. Sarkozy ?
R - Ca veut dire que s'il y a une alternative, elle doit se dessiner relativement rapidement et s'il y a une alternative, au final ce sont les militants qui trancheront. C'est pour ça que je pense que notre calendrier est supérieur à celui du parti socialiste, et c'est pour ça que je pense qu'il est conforme avec les souhaits du président de la République, d'être dans l'action jusqu'à la fin du mandat.
Q - D. de Villepin peut être cette alternative, encore ?
R - D. de Villepin est un homme d'Etat. C'est un homme qui au service de l'Etat, il est au service des Français. Il a montré son courage, c'est un atout pour la droite, il a des qualités pour être effectivement candidat à la candidature.
Q - Quelques questions rapides. On cite votre nom parmi les derniers ministres à vous être rallié à N. Sarkozy, vous confirmez, vous démentez, vous demandez un joker ?
R - Ni le joker... Moi, je me regarde dans la glace avec ni fierté, ni bonheur, ni rien du tout, mais en tout cas je me regarde droit dans la glace. Je suis chiraquien, ma fidélité au président de la République, elle est intangible, vous le savez, je suis loyal au Premier ministre, et je suis loyal au président de l'UMP. Pourquoi on dit ça ? Parce que quand A. Juppé m'a demandé d'être secrétaire général de l'UMP, il fallait tenir la maison dans une période difficile. Je pense que Nicolas, élu président, a apprécié ce que j'ai fait. Je suis conseiller politique et ma fidélité à J. Chirac n'est pas négociable.
Q - Qu'est-ce que change le retour d'A. Juppé dans la donne politique ?
R - D'abord c'est le retour d'une vraie valeur.
Q - Ca, c'est ce qu'on entend depuis trois jours.
R - Oui, mais vous me posez la question, donc il fallait vous attendre à l'entendre à nouveau. C'est le retour ensuite de quelqu'un qui apportera à la droite par la puissance de sa pensée, il y a une autorité naturelle, c'est une bonne nouvelle pour nous.
Q - Et il ira au-delà de Bordeaux ?
R - Comment ?
Q - Il ira au-delà de Bordeaux ?
R - Je pense qu'il participera au débat national, c'est indiscutable.
Q - F. Bayrou, vous vous dites que vous arriverez à en faire un allié de l'UMP ou bien il est perdu pour la cause ?
R - Non, enfin il est perdu pour la cause, à mon avis avant le premier tour, et ça en fera un allié entre le premier et le second.
Q - Qu'elle est la place de Jacques Chirac dans les prochains mois ? Quel doit être son comportement ?
R - Major, dominant et dans l'équation électorale, qu'elle que soit sa décision, décisive.
Q - Pour conserver son autorité, l'option d'une candidature Chirac doit être conservée ?
R - On peut dire que la menace est plus importante que l'exécution, mais l'exécution peut être également intéressante, donc à suivre.
Q - Quand vous voyez J.-M. Le Pen et B. Megret se rabibocher, ça vous fait peur ?
R - Non, ça ne me fait pas peur, simplement ce sont des adversaires politiques qu'il faut combattre sans faiblesse.
Q - Dernière question, je sais puisque vous êtes ministre de l'Outre-mer, on a beaucoup parlé politique ce matin, je sais que vous vous rendez dans les prochains jours, une nouvelle fois dans l'île de la Réunion. Est-ce que tout est fait pour prévenir une nouvelle épidémie de Chikungunya ?
R - Je l'espère, je n'en suis pas sûr, c'est la raison pour laquelle je m'y rends.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 4 septembre 2006
R - Je crois que l'esprit, c'est le rassemblement, alors on y croit, on n'y croit pas, mais c'est la volonté politique affirmée par le chef du Gouvernement. La méthode : c'est pratique, efficace, au service d'une idée, la lutte contre le chômage, et ça marche, on commence à avoir des résultats. Et l'état d'esprit : tout ne se passe pas à Paris, une ville de province, c'est tombé à Troyes, tant mieux.
Q - Pourquoi cette impression, exploitée bien sûr par l'opposition, que D. de Villepin a attendu qu'on soit à huit mois d'une élection pour se soucier du pouvoir d'achat des Français ?
R - Non, on ne peut pas le dire comme ça d'abord parce qu'il y a une étape, ça fait plus d'un an que D. de Villepin et son Gouvernement sont au travail. Il a fixé un cap, l'emploi est une priorité. On peut prendre le problème dans tous les sens, on peut aimer D. de Villepin, on peut être de droite ou de gauche, on ne peut pas ne pas constater que la tendance en matière de résultat positif sur le front contre le chômage est une tendance lourde, qu'elle est inscrite dans la durée. Et on fait le pari, peut-être un peu naïf qu'au final les Français au moment des élections vont se rendre compte que ce Gouvernement est pour quelque chose dans les résultats positifs qui améliorent le quotidien des Français. Et nous souhaitons poursuivre. Alors le chômage, c'est une chose, l'affaire de l'euro qui a alourdi un peu le porte-monnaie est un sujet de préoccupation pour tous. En ce sens que nous devons réfléchir à la manière dont le pouvoir d'achat au quotidien peut être amélioré. Ce sont des idées simples au service d'une méthode pratique, et avec une volonté de résultat.
Q - Vous diriez qu'on est dans un cercle vertueux ou il s'agit simplement d'une éclaircie. Les indicateurs sont au vert, le ministre de l'Economie n'arrête pas de le dire, mais vous connaissez l'histoire politique, vous savez que tel constat doit être manié avec beaucoup de prudence. Il ne reste pas au vert très longtemps.
R - Il y a des périodes de crête, il y a des périodes de creux. Vous savez que quelqu'un de très célèbre a une formule très célèbre, il faut mépriser les hauts et repriser les bas. Nous sommes dans une période de haut, on ne va pas la mépriser cette période. On va la bonifier, on va l'amplifier, on va l'utiliser intelligemment pendant ces quelques mois, même si c'est encombré par le débat présidentiel, ça doit être utile pour les Français.
Q - On doit retenir la conférence de presse de Troyes comme davantage qu'une communication décentralisée, il y a un message supplémentaire qu'a voulu apporter D. de Villepin ?
R - D. de Villepin n'est pas seul. Il a une équipe qui travaille de façon rigoureuse, qui est dans l'esprit de ce qu'a souhaité le président de la République, c'est-à-dire utiliser tous les mois qui viennent jusqu'à la fin de ce quinquennat pour que ce soient des moments d'actions. En même temps, on écoute la radio, on écoute la télé, on lit les sondages. On sait bien qu'on va parler beaucoup de la présidentielle, et je crois qu'il a voulu sincèrement mettre son énergie et celle de son Gouvernement au service de quelques mois utiles. On a quand même quelques textes importants, on a la prévention de la délinquance des mineurs. Nous avons tout ce qui va toucher autour de la loi de finance, il y a des mesures importantes avec une réduction de la dépense publique, pour la première fois, ce qui est tout de même à noter. Même dans un contexte électoral, je crois que non seulement on a des résultats, mais en plus il y a un peu de courage.
Q - Vous qui le voyez vivre tous les jours, vous l'avez senti seul ces derniers mois ?
R - C'est une exigence et un sacrifice, je vous l'ai déjà dit, être à Matignon et les mois derniers n'ont pas été faciles, ni pour le Premier ministre, ni pour ceux qui sont dans son équipe qui lui sont loyaux et solidaires. Mais c'est un homme d'Etat, il a beaucoup de courage et puis dans son lien de confiance avec le président de la République, il se met au service des engagements qui ont été pris, il y a quatre ans.
Q - Alors ce qui tombe bien comme si c'était un fait exprès, c'est que Troyes vient avant Marseille où vont se tenir les universités d'été de l'UMP.
R - Malheureusement on n'a pas la ligne électrifiée.
Q - C'est-à-dire ?
R - Non, je fais un petit message personnel au passage parce que pour aller à Marseille il y a le TGV, pour aller à Troyes, on y va en car.
Q - Cette embellie dans le ciel économique, le nouveau souffle de D. de Villepin hier, peuvent-ils, ou doivent-ils changer des choses dans les esprits lors de cette université d'été ?
R - Là encore, soit on vit par passion, soit on vit par raison. Si on vit par passion, on peut considérer que l'unité affichée qui était le message du Gouvernement hier et qui sera celui des universités d'été de Marseille, ce n'est pas une comédie ou un boulevard de Théâtre, on y croit sincèrement, on s'aime beaucoup. Ce sont les choristes et c'est une aimable compagnie de gens qui s'aiment beaucoup.
Q - Et personne n'est dupe.
R - Et personne n'est dupe et vous avez probablement raison de le dire et j'ai aussi raison de le penser. En revanche, quand on voit ce qui s'est passé le week-end dernier au parti Socialiste, qui était à mi-chemin entre pour le coup le vrai Vaudeville ou la crise de nerf, où il ne s'est rien dit, si ce n'est des larmes de crocodile de monsieur Jospin, qui n'a semble t-il rien appris et tout oublié, ou tout appris et rien oublié, en tout cas c'est exactement le même et madame Royal qui, je suis tombé de l'armoire en écoutant ce qu'elle ne disait pas. Et ça faisait penser à cette phrase de J. Renard, je ne sais pas si vous la connaissez ; "elle ne dit pas grand chose et elle n'en pense pas plus". Au bout d'un moment, on va s'apercevoir que la ligne de S. Royal n'est pas tenable, il faut qu'elle dise des choses. Il faut qu'elle s'organise, pas dans la précipitation comme c'est le cas cette semaine. Et il faut que le PS montre qu'il a compris quelque chose de 2002. Ils ont perdu parce qu'ils étaient divisés, ils ont échoué parce qu'ils ont mené une politique anachronique. Ils ont agi au nom d'une idéologie, c'est comme ça qu'on fait les 35 heures pour tous en même temps, en imposant sa vision du bonheur. Ils nous proposent la même chose en pire, alors nous, puisqu'il faut bien un peu se regarder, on va faire exactement le contraire, on nous attend sur la division, les sarkozystes, les chiraquiens, Villepin, Sarko...
Q - Je pense que Dominique Strauss-Kahn, J. Lang, L. Fabius seront très contents de votre témoignage de solidarité mais...
R - On a beaucoup d'amis à gauche au PS quand on critique S. Royal, c'est vrai.
Q- Oui, exact, mais on revient un tout petit peu à l'UMP, est-ce que le rassemblement ça veut dire nécessairement un candidat unique, et c'est l'impression qui est en train de prévaloir ?
R - C'est l'objectif.
Q - C'est l'objectif, mais peut-être pas huit mois avant ?
R - Je ne suis pas d'accord. On a eu un accord politique fin 2006, où il y avait tous les responsables, dont je faisais partie, de l'UMP. On s'est entendu sur une méthode, sur un calendrier et sur un objectif. La méthode, on travaille en 2006, le calendrier, on se donne rendez-vous mi 2007 avec un congrès, où un homme, une voix, c'est-à-dire le militant de l'UMP choisira celui qui portera nos couleurs et l'objectif, c'est qu'il n'y ait qu'un candidat. Et il n'y aura qu'un candidat.
Q - Mais quand F. Fillon dit : "c'est plié" ?
R - Je ne reprends pas ce terme à mon compte.
Q - Il a tort de le dire ?
R - Je ne le dis pas non plus parce que j'aime bien F. Fillon, et je ne veux pas dire du mal de mes amis, simplement il ne faut pas oublier les leçons du passé. Certains ont dit ça en 95 ou 94, sur le thème, "il n'y aura qu'un candidat, et c'est plié". Je crois qu'il faut être prudent et je crois que si on veut aider notre candidat ou celui qui sera choisi par les militants, il ne faut pas l'enfermer dans un carcan. Il faut le laisser libre de s'exprimer sur les sujets tel qu'il l'entend, et il faut que ce candidat, dans sa mission de rassemblement, ce qui est le cas actuel du président de l'UMP, de N. Sarkozy, soit en situation de respecter les familles, le pacte fondateur de l'UMP, les sensibilités, les filiations, les trajectoires. C'est donc une tâche très difficile, il ne faut pas lester notre candidat par ni des phrases, ni des projets.
Q - Ca veut dire qu'il peut y avoir une alternative au bout du compte, à N. Sarkozy ?
R - Ca veut dire que s'il y a une alternative, elle doit se dessiner relativement rapidement et s'il y a une alternative, au final ce sont les militants qui trancheront. C'est pour ça que je pense que notre calendrier est supérieur à celui du parti socialiste, et c'est pour ça que je pense qu'il est conforme avec les souhaits du président de la République, d'être dans l'action jusqu'à la fin du mandat.
Q - D. de Villepin peut être cette alternative, encore ?
R - D. de Villepin est un homme d'Etat. C'est un homme qui au service de l'Etat, il est au service des Français. Il a montré son courage, c'est un atout pour la droite, il a des qualités pour être effectivement candidat à la candidature.
Q - Quelques questions rapides. On cite votre nom parmi les derniers ministres à vous être rallié à N. Sarkozy, vous confirmez, vous démentez, vous demandez un joker ?
R - Ni le joker... Moi, je me regarde dans la glace avec ni fierté, ni bonheur, ni rien du tout, mais en tout cas je me regarde droit dans la glace. Je suis chiraquien, ma fidélité au président de la République, elle est intangible, vous le savez, je suis loyal au Premier ministre, et je suis loyal au président de l'UMP. Pourquoi on dit ça ? Parce que quand A. Juppé m'a demandé d'être secrétaire général de l'UMP, il fallait tenir la maison dans une période difficile. Je pense que Nicolas, élu président, a apprécié ce que j'ai fait. Je suis conseiller politique et ma fidélité à J. Chirac n'est pas négociable.
Q - Qu'est-ce que change le retour d'A. Juppé dans la donne politique ?
R - D'abord c'est le retour d'une vraie valeur.
Q - Ca, c'est ce qu'on entend depuis trois jours.
R - Oui, mais vous me posez la question, donc il fallait vous attendre à l'entendre à nouveau. C'est le retour ensuite de quelqu'un qui apportera à la droite par la puissance de sa pensée, il y a une autorité naturelle, c'est une bonne nouvelle pour nous.
Q - Et il ira au-delà de Bordeaux ?
R - Comment ?
Q - Il ira au-delà de Bordeaux ?
R - Je pense qu'il participera au débat national, c'est indiscutable.
Q - F. Bayrou, vous vous dites que vous arriverez à en faire un allié de l'UMP ou bien il est perdu pour la cause ?
R - Non, enfin il est perdu pour la cause, à mon avis avant le premier tour, et ça en fera un allié entre le premier et le second.
Q - Qu'elle est la place de Jacques Chirac dans les prochains mois ? Quel doit être son comportement ?
R - Major, dominant et dans l'équation électorale, qu'elle que soit sa décision, décisive.
Q - Pour conserver son autorité, l'option d'une candidature Chirac doit être conservée ?
R - On peut dire que la menace est plus importante que l'exécution, mais l'exécution peut être également intéressante, donc à suivre.
Q - Quand vous voyez J.-M. Le Pen et B. Megret se rabibocher, ça vous fait peur ?
R - Non, ça ne me fait pas peur, simplement ce sont des adversaires politiques qu'il faut combattre sans faiblesse.
Q - Dernière question, je sais puisque vous êtes ministre de l'Outre-mer, on a beaucoup parlé politique ce matin, je sais que vous vous rendez dans les prochains jours, une nouvelle fois dans l'île de la Réunion. Est-ce que tout est fait pour prévenir une nouvelle épidémie de Chikungunya ?
R - Je l'espère, je n'en suis pas sûr, c'est la raison pour laquelle je m'y rends.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 4 septembre 2006