Texte intégral
G. Morin - L'UDF est en difficulté après le premier tour des municipales. Cela n'a pas été facile dans les villes que vous teniez. Je pense à Lyon, qui est votre bastion.
- "C'était une ville historiquement gaulliste, jusqu'à l'arrivée de R. Barre. Concernant l'UDF, on verra dimanche. J'étais hier matin à Blois, où vous savez que le jeune et dynamique candidat UDF a mis en difficulté J. Lang. Aujourd'hui, J. Lang doit dire clairement aux gens de Blois, qui est une ville qui est un peu en difficulté - il y a la ZUP qui ne va pas bien et perd des habitants - soit qu'il va s'occuper d'eux, qu'il fait vraiment un second tour et qu'il démissionne tout de suite du ministère de l'Education nationale, soit qu'il ne s'occupe pas vraiment d'eux et qu'il garde le ministère. Il est là à la croisée des chemins, il faut qu'il dise quelque chose."
Vous voulez qu'il démissionne ?
- "Blois est une ville qui est dans une situation très paradoxale. Une ville comme celle-ci - je suis dans une ville, je sais ce que c'est -, il faut vraiment s'en occuper sérieusement."
Valenciennes est plus ouvrière que Blois !
- "Oui et non. Détrompez-vous : Blois est à la fois une ville riche, prospère, mais c'est une ville qui perd des habitants. Ce qu'on appelle la ZUP Nord, qui est importante, vit des moments difficiles, un peu comme à Strasbourg, où l'UDF a aussi une fille formidable, F. Keller, qui a mis en difficulté C. Trautmann."
Vous allez faire le tour de France de vos candidats ?
- "Vous me demandez comment on va !"
Sur Blois, J. Lang dit à son crédit qu'il y a eu des créations d'emplois, qu'il y a eu un dynamisme industriel. Certes, il y a encore des quartiers en difficulté, mais il y a eu quand même sous son mandat, dit-il, des créations d'emplois par exemple.
- "J'adore J. Lang ministre de la Culture ! Ne me demandez donc pas d'en dire du mal !"
Mais vous voulez qu'il démissionne !
- "Non, tout ce que je lui demande c'est qu'il s'occupe de Blois à temps plein ou qu'il soit ministre à temps plein - en plus, il nous a aidés comme ministre de la Culture. Mais Blois, ça ne va pas. 34 %, quand on est sortant, ce n'est pas un chiffre. Cela fait 6,6 sur 20 puisque le sortant reçoit une note ! Quand C. Trautmann à Strasbourg a 29 %, cela veut dire qu'elle a moins de 5 sur 20 comme bilan. Vous allez voir que dans toutes ces villes, on devrait l'emporter."
Je reviens à Lyon : soit Dubernard, soit Millon, soit Collomb, en tout cas, pas quelqu'un de l'UDF comme futur maire. Vous êtes complètement perdants dans l'affaire !
- "Pas du tout. M. Mercier avait dit : "Si je ne suis pas en tête, je me retire." Vous ne savez pas ce qu'il a fait ? C'est quand même terrible : il l'a fait ! C'est-à-dire que, le soir même, alors qu'arithmétiquement et raisonnablement il pouvait être maire de Lyon, il a dit que ce ne serait pas dans ces conditions. Il avait peut-être tort mais l'ayant dit, il l'a donc fait. C'est quand même une bouffée d'oxygène extraordinaire. Pour le reste, nous sommes les alliés du RPR. A Strasbourg, c'est bien le RPR qui aide l'UDF. J'étais hier dans le Midi, à Nîmes, pour soutenir quelqu'un du RPR, le second étant UDF. Nous sommes donc alliés ; peu importe si c'est un RPR ou un UDF."
Je reviens une seconde à Lyon : allez-vous réintégrer Millon à l'UDF si jamais il va au bout dans de bonnes conditions ? Peut-il être maire de Lyon ?
- "Mathématiquement, il peut être maire de Lyon."
Malgré Dubernard, c'est-à-dire qu'il y aurait une inversion ?
- "Après, c'est le secret du vote au troisième tour. Pour revenir à votre question, nous, à l'UDF, avons une position de clarté absolue : jamais d'accord avec le Front national ni direct, ni indirect. C. Millon, s'engageant - ou s'il s'engage clairement - sur cette voie, on ne va pas faire de l'exclusion à vie. J'espère que le problème est réglé. Pour le reste, c'est aux Lyonnais d'en décider."
Sur l'ensemble du vote en France, il y a quand même des changements. On a notamment vu des primes aux sortants qui ont bien fait leur boulot...
- "Non !"
Comment ça ?! Si vous avez bien fait votre travail, c'est pour cela que vos avez été élu à Valenciennes, non ?
- "63 %, cela fait 13 sur 20..."
Ceux qui n'ont pas été assez présents, en revanche, ont été pénalisés.
- "Il y a deux grandes leçons. Aujourd'hui, les électeurs se foutent éperdument des étiquettes : ils sanctionnent positivement ou négativement. Les bonnes équipes ont fait de meilleurs scores que la dernière fois. Et les mauvaises équipes, même quand on est ministre, même quand on est une star, se sont faites planter beaucoup plus sévèrement. C'est cela la grande leçon. On dit aux Français que ce sont des municipales et ils disent "chiche" ! Regardez Paris : c'est génial ! - à vrai dire, dans toutes les villes, je trouve cela formidable. A Paris, ils disent en gros "J. Tiberi, maire de Paris, pas tout à fait" - ils mettent ses listes très loin. En revanche, dans le 5ème, c'est "vous lui avez trop tapé dessus, il peut être maire du 5ème", et de P. Séguin "on va le punir dans le 18ème.".. Et partout, c'est comme cela. Je trouve cela génial !"
Une dernière chose : à partir de lundi 19 mars, F. Bayrou va-t-il vraiment se mettre en campagne pour la présidentielle de 2002 ? Pourra-t-il dire que ce qui s'est passé lors des municipales lui permet de lancer le bateau pour la présidentielle ?
- "En aucun cas. Ces élections sont des municipales, cela n'a pas de rapport avec la présidentielle. Pour F. Bayrou et la présidentielle, qui correspond à un moment de l'histoire de ce pays où il y a un dialogue avec les Français, il faut qu'il y aille. La droite républicaine doit toujours avoir deux candidats, cela fait partie de sa tradition, pour les réunir au second tour. Si ce n'est pas le cas et il faudra qu'il en parle avec sa famille politique, et il ne sera pas candidat, c'est simple."
Mais s'il n'a pas Paris ou Lyon comme appui, peut-il continuer ?
- "L'histoire qui dit "j'ai un petit fief ici, un petit fief là, j'additionne des fiefs et cela fait une présidentielle", c'est idiot. La présidentielle est une grande dramaturgie entre un peuple et un individu. Cela n'a pas de rapport avec les fiefs."
(source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 16 mars 2001)
- "C'était une ville historiquement gaulliste, jusqu'à l'arrivée de R. Barre. Concernant l'UDF, on verra dimanche. J'étais hier matin à Blois, où vous savez que le jeune et dynamique candidat UDF a mis en difficulté J. Lang. Aujourd'hui, J. Lang doit dire clairement aux gens de Blois, qui est une ville qui est un peu en difficulté - il y a la ZUP qui ne va pas bien et perd des habitants - soit qu'il va s'occuper d'eux, qu'il fait vraiment un second tour et qu'il démissionne tout de suite du ministère de l'Education nationale, soit qu'il ne s'occupe pas vraiment d'eux et qu'il garde le ministère. Il est là à la croisée des chemins, il faut qu'il dise quelque chose."
Vous voulez qu'il démissionne ?
- "Blois est une ville qui est dans une situation très paradoxale. Une ville comme celle-ci - je suis dans une ville, je sais ce que c'est -, il faut vraiment s'en occuper sérieusement."
Valenciennes est plus ouvrière que Blois !
- "Oui et non. Détrompez-vous : Blois est à la fois une ville riche, prospère, mais c'est une ville qui perd des habitants. Ce qu'on appelle la ZUP Nord, qui est importante, vit des moments difficiles, un peu comme à Strasbourg, où l'UDF a aussi une fille formidable, F. Keller, qui a mis en difficulté C. Trautmann."
Vous allez faire le tour de France de vos candidats ?
- "Vous me demandez comment on va !"
Sur Blois, J. Lang dit à son crédit qu'il y a eu des créations d'emplois, qu'il y a eu un dynamisme industriel. Certes, il y a encore des quartiers en difficulté, mais il y a eu quand même sous son mandat, dit-il, des créations d'emplois par exemple.
- "J'adore J. Lang ministre de la Culture ! Ne me demandez donc pas d'en dire du mal !"
Mais vous voulez qu'il démissionne !
- "Non, tout ce que je lui demande c'est qu'il s'occupe de Blois à temps plein ou qu'il soit ministre à temps plein - en plus, il nous a aidés comme ministre de la Culture. Mais Blois, ça ne va pas. 34 %, quand on est sortant, ce n'est pas un chiffre. Cela fait 6,6 sur 20 puisque le sortant reçoit une note ! Quand C. Trautmann à Strasbourg a 29 %, cela veut dire qu'elle a moins de 5 sur 20 comme bilan. Vous allez voir que dans toutes ces villes, on devrait l'emporter."
Je reviens à Lyon : soit Dubernard, soit Millon, soit Collomb, en tout cas, pas quelqu'un de l'UDF comme futur maire. Vous êtes complètement perdants dans l'affaire !
- "Pas du tout. M. Mercier avait dit : "Si je ne suis pas en tête, je me retire." Vous ne savez pas ce qu'il a fait ? C'est quand même terrible : il l'a fait ! C'est-à-dire que, le soir même, alors qu'arithmétiquement et raisonnablement il pouvait être maire de Lyon, il a dit que ce ne serait pas dans ces conditions. Il avait peut-être tort mais l'ayant dit, il l'a donc fait. C'est quand même une bouffée d'oxygène extraordinaire. Pour le reste, nous sommes les alliés du RPR. A Strasbourg, c'est bien le RPR qui aide l'UDF. J'étais hier dans le Midi, à Nîmes, pour soutenir quelqu'un du RPR, le second étant UDF. Nous sommes donc alliés ; peu importe si c'est un RPR ou un UDF."
Je reviens une seconde à Lyon : allez-vous réintégrer Millon à l'UDF si jamais il va au bout dans de bonnes conditions ? Peut-il être maire de Lyon ?
- "Mathématiquement, il peut être maire de Lyon."
Malgré Dubernard, c'est-à-dire qu'il y aurait une inversion ?
- "Après, c'est le secret du vote au troisième tour. Pour revenir à votre question, nous, à l'UDF, avons une position de clarté absolue : jamais d'accord avec le Front national ni direct, ni indirect. C. Millon, s'engageant - ou s'il s'engage clairement - sur cette voie, on ne va pas faire de l'exclusion à vie. J'espère que le problème est réglé. Pour le reste, c'est aux Lyonnais d'en décider."
Sur l'ensemble du vote en France, il y a quand même des changements. On a notamment vu des primes aux sortants qui ont bien fait leur boulot...
- "Non !"
Comment ça ?! Si vous avez bien fait votre travail, c'est pour cela que vos avez été élu à Valenciennes, non ?
- "63 %, cela fait 13 sur 20..."
Ceux qui n'ont pas été assez présents, en revanche, ont été pénalisés.
- "Il y a deux grandes leçons. Aujourd'hui, les électeurs se foutent éperdument des étiquettes : ils sanctionnent positivement ou négativement. Les bonnes équipes ont fait de meilleurs scores que la dernière fois. Et les mauvaises équipes, même quand on est ministre, même quand on est une star, se sont faites planter beaucoup plus sévèrement. C'est cela la grande leçon. On dit aux Français que ce sont des municipales et ils disent "chiche" ! Regardez Paris : c'est génial ! - à vrai dire, dans toutes les villes, je trouve cela formidable. A Paris, ils disent en gros "J. Tiberi, maire de Paris, pas tout à fait" - ils mettent ses listes très loin. En revanche, dans le 5ème, c'est "vous lui avez trop tapé dessus, il peut être maire du 5ème", et de P. Séguin "on va le punir dans le 18ème.".. Et partout, c'est comme cela. Je trouve cela génial !"
Une dernière chose : à partir de lundi 19 mars, F. Bayrou va-t-il vraiment se mettre en campagne pour la présidentielle de 2002 ? Pourra-t-il dire que ce qui s'est passé lors des municipales lui permet de lancer le bateau pour la présidentielle ?
- "En aucun cas. Ces élections sont des municipales, cela n'a pas de rapport avec la présidentielle. Pour F. Bayrou et la présidentielle, qui correspond à un moment de l'histoire de ce pays où il y a un dialogue avec les Français, il faut qu'il y aille. La droite républicaine doit toujours avoir deux candidats, cela fait partie de sa tradition, pour les réunir au second tour. Si ce n'est pas le cas et il faudra qu'il en parle avec sa famille politique, et il ne sera pas candidat, c'est simple."
Mais s'il n'a pas Paris ou Lyon comme appui, peut-il continuer ?
- "L'histoire qui dit "j'ai un petit fief ici, un petit fief là, j'additionne des fiefs et cela fait une présidentielle", c'est idiot. La présidentielle est une grande dramaturgie entre un peuple et un individu. Cela n'a pas de rapport avec les fiefs."
(source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 16 mars 2001)