Texte intégral
O. Mazerolle La droite récupère une vingtaine de grandes villes sur la gauche mais elle perd Paris et Lyon. Quel est le message ?
- "Le message est triple : le Gouvernement sort affaibli de cette élection, la gauche est plus plurielle que jamais et la droite a retrouvé l'espoir. Mais seulement l'espoir, pas encore le chemin du pouvoir."
Vous dites "défaite" pour le Gouvernement mais Paris et Lyon, ce n'est pas rien ?
- "Paris et Lyon c'est important. Si on a perdu Paris et Lyon, c'est en grande partie en raison des erreurs qu'on a commises dans la préparation de ces élections municipales. Je ne crois pas que la gauche ait gagné Lyon et je ne crois pas non plus qu'elle ait gagné Paris. Le résultat du premier tour à Lyon montrait que la gauche n'y était pas majoritaire. Ce sont nos erreurs et c'est à nous aujourd'hui d'en tirer les conséquences pour notre organisation future."
Quel type d'erreurs à Paris, par exemple ? Le candidat n'était pas bon, il a été parachuté ?
- "A Paris, on a commis plusieurs erreurs. D'abord, si le maire sortant avait été bon, la question de son remplacement ne se serait pas posée. Il a naturellement une responsabilité importante. Ensuite, le sentiment de division que nous n'avons pas réussi à effacer et que P. Séguin n'a pas réussi à effacer, a provoqué un rejet de l'électorat de droite à Paris comme cela a d'ailleurs été le cas à Lyon. C'est le signe, je crois, de la nécessité pour l'opposition de s'organiser différemment si elle veut aborder les élections législatives dans de bonnes conditions."
Mais P. Séguin, personnellement était-il un bon candidat ? On a beaucoup parlé de ses erreurs tactiques ?
- "P. Séguin a fait des erreurs. Aujourd'hui personne ne peut dire qu'il aurait fait mieux que lui dans cet affrontement avec le maire sortant."
A Lyon, la droite a-t-elle des enseignements à tirer des limites de l'entente avec des candidats qui ne sont pas d'extrême droite mais qui ont eu des attitudes de compromission avec l'extrême droite ?
- "Le résultat de Lyon est très éloquent de ce point de vue. L'électorat de droite est modéré et ne veut pas que la droite penche vers des attitudes extrémistes ou qui peuvent apparaître comme des attitudes sectaires. En tout cas, je crois qu'elle n'accepte pas ce qui apparaît comme des magouilles d'entre-deux-tours : des changements de stratégie, des fusions de listes, des accords qui ne respirent pas la clarté et la transparence."
Pourtant la droite récupère une bonne partie de l'électorat du Front national ?
- "Je m'en réjouis. Si la droite récupère une bonne partie de l'électorat du Front national, c'est parce qu'elle a été courageuse et qu'elle a lutté contre tous ceux qui voulaient des accords avec le Front national, provoquant la baisse du Front national alors que le Parti socialiste a toujours tout fait pour essayer de le relancer. On l'a vu encore hier soir alors que deux ministres du Gouvernement - assez piteusement d'ailleurs - essayaient d'imputer leur insuccès à ce report des voix du Front national sur la droite. Moi, je me réjouis que les électeurs qui ont fait fausse route pendant un certain nombre d'années reviennent vers la droite républicaine."
Le bilan pour le Président de la République ? La droite a été battue dans les deux villes où il s'est le plus impliqué : à Paris, c'est sa succession et à Lyon, il s'est directement impliqué pour recommander la fusion des listes Millon-Dubernard.
- "Ce n'était ni un plébiscite ni un vote-sanction contre le Président de la République pas plus que ce n'était un vote-sanction ou un plébiscite contre le Premier ministre. Le Président de la République a été candidat à Paris un certain nombre de fois avec succès et il me semble, justement, que ce soit le fait qu'il ne soit plus là qui a été le problème."
On dit que c'est la fin d'un système - du système Chirac - qui a été battu à Paris et qui pourrait être battu sur l'ensemble de la France ?
- "Encore une fois, le Président de la République n'est plus maire de Paris depuis 6 ans. La dernière fois qu'il a été candidat, c'était il y a 12 ans et il avait fait un excellent score...
...Et la rupture avec le système ?
- "Il ne convient pas de qualifier le système mis en place par le maire sortant de "chiraquien.""
On parle beaucoup pour ces municipales d'une nouvelle manière de faire de la politique, plus au quotidien. Il y aussi la question du non-cumul. A gauche, on pense beaucoup que si les ministres avaient respecté la règle du non-cumul, qu'ils n'auraient peut-être pas été battus.
- "C'est une excuse facile pour les ministres. Il a d'autres raisons qui sont plus liées à la politique que conduit le Gouvernement : le coeur à gauche et le CAC 40 dans les veines... Pour le reste, les municipales ont été un laboratoire des pratiques politiques de demain. D'abord, beaucoup de renouvellement, des renouvellements des hommes et des pratiques. J'ai visité une quarantaine de villes pendant cette campagne et j'ai été très frappé de voir à quel point les équipes municipales cherchaient avec souvent beaucoup d'imagination à proposer une autre façon de gérer la ville et en général, avec un souci de proximité et de démocratie participative très grand. Un des enseignements à tirer de ces élections, c'est que les Français sont plus décentralisés dans leur tête que les dirigeants. Nous sommes restés - et vous aussi les médias - très centralisés dans notre vision de la vie politique. On l'a vu avec la place qu'a tenu la campagne parisienne dans le débat. Les Français, eux, sont beaucoup plus décentralisés dans leur tête. Il va donc falloir mettre en place des institutions qui correspondent à cette aspiration à la décentralisation."
Vous disiez "nouveau mode de fonctionnement de la droite", qu'est-ce que cela veut dire ? Regroupement au sein d'un parti unique, disparition du RPR, de l'UDF, de DL ?
- "La droite est incontestablement majoritaire dans le pays. En même temps, elle est orpheline d'une stratégie globale et gagnante. Il faut donc lui donner maintenant cette stratégie globale qui lui permettra de gagner les élections municipales. Pour lui donner cette stratégie globale, il lui faut un projet qui bouscule les limites idéologiques dans lesquelles nous sommes enfermés. Ce n'est pas en courant derrière l'extrême droite, comme on l'a fait à certaines périodes, qu'on gagnera la confiance des Français. Ce n'est pas non plus - contrairement à ce que dise beaucoup - au centre, c'est un faisant une synthèse nouvelle de l'idée libérale, de l'idée sociale et de l'idée environnementale. Pour faire cela, il faut se retrouver dans un même lieu pour bâtir le projet..."
...Alors parti unique ?
- ."..Il faut donc, sinon un parti unique tout de suite, au moins rapidement une structure qui nous permette de bâtir un projet ensemble. C'est ce qu'on va essayer de faire dans quelques jours en réunissant les parlementaires, ensuite les élus de France Alternance."
France Alternance est devenue Alternance 2000. Mais cela veut-il dire que le RPR n'a plus de rôle à jouer en tant que tel ?
- "Pas du tout, le RPR doit être un acteur de ce changement. Il doit être capable d'aller, le cas échéant, jusqu'à se donner à cette union. Pour le moment, il doit en être un acteur important mais pas un acteur dominant."
On dit que vous allez jouer un rôle beaucoup plus important au sein du RPR ? Le message que vous allez envoyer est-ce "un peu d'effacement au profit des autres" ?
- "Je ne change pas de message, au contraire, ces élections me confortent dans l'idée que c'est en bousculant les limites idéologiques et partisanes dans lesquelles nous sommes aujourd'hui enfermés que nous pourrons transformer l'essai de dimanche dernier."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 20 mars 2001)
- "Le message est triple : le Gouvernement sort affaibli de cette élection, la gauche est plus plurielle que jamais et la droite a retrouvé l'espoir. Mais seulement l'espoir, pas encore le chemin du pouvoir."
Vous dites "défaite" pour le Gouvernement mais Paris et Lyon, ce n'est pas rien ?
- "Paris et Lyon c'est important. Si on a perdu Paris et Lyon, c'est en grande partie en raison des erreurs qu'on a commises dans la préparation de ces élections municipales. Je ne crois pas que la gauche ait gagné Lyon et je ne crois pas non plus qu'elle ait gagné Paris. Le résultat du premier tour à Lyon montrait que la gauche n'y était pas majoritaire. Ce sont nos erreurs et c'est à nous aujourd'hui d'en tirer les conséquences pour notre organisation future."
Quel type d'erreurs à Paris, par exemple ? Le candidat n'était pas bon, il a été parachuté ?
- "A Paris, on a commis plusieurs erreurs. D'abord, si le maire sortant avait été bon, la question de son remplacement ne se serait pas posée. Il a naturellement une responsabilité importante. Ensuite, le sentiment de division que nous n'avons pas réussi à effacer et que P. Séguin n'a pas réussi à effacer, a provoqué un rejet de l'électorat de droite à Paris comme cela a d'ailleurs été le cas à Lyon. C'est le signe, je crois, de la nécessité pour l'opposition de s'organiser différemment si elle veut aborder les élections législatives dans de bonnes conditions."
Mais P. Séguin, personnellement était-il un bon candidat ? On a beaucoup parlé de ses erreurs tactiques ?
- "P. Séguin a fait des erreurs. Aujourd'hui personne ne peut dire qu'il aurait fait mieux que lui dans cet affrontement avec le maire sortant."
A Lyon, la droite a-t-elle des enseignements à tirer des limites de l'entente avec des candidats qui ne sont pas d'extrême droite mais qui ont eu des attitudes de compromission avec l'extrême droite ?
- "Le résultat de Lyon est très éloquent de ce point de vue. L'électorat de droite est modéré et ne veut pas que la droite penche vers des attitudes extrémistes ou qui peuvent apparaître comme des attitudes sectaires. En tout cas, je crois qu'elle n'accepte pas ce qui apparaît comme des magouilles d'entre-deux-tours : des changements de stratégie, des fusions de listes, des accords qui ne respirent pas la clarté et la transparence."
Pourtant la droite récupère une bonne partie de l'électorat du Front national ?
- "Je m'en réjouis. Si la droite récupère une bonne partie de l'électorat du Front national, c'est parce qu'elle a été courageuse et qu'elle a lutté contre tous ceux qui voulaient des accords avec le Front national, provoquant la baisse du Front national alors que le Parti socialiste a toujours tout fait pour essayer de le relancer. On l'a vu encore hier soir alors que deux ministres du Gouvernement - assez piteusement d'ailleurs - essayaient d'imputer leur insuccès à ce report des voix du Front national sur la droite. Moi, je me réjouis que les électeurs qui ont fait fausse route pendant un certain nombre d'années reviennent vers la droite républicaine."
Le bilan pour le Président de la République ? La droite a été battue dans les deux villes où il s'est le plus impliqué : à Paris, c'est sa succession et à Lyon, il s'est directement impliqué pour recommander la fusion des listes Millon-Dubernard.
- "Ce n'était ni un plébiscite ni un vote-sanction contre le Président de la République pas plus que ce n'était un vote-sanction ou un plébiscite contre le Premier ministre. Le Président de la République a été candidat à Paris un certain nombre de fois avec succès et il me semble, justement, que ce soit le fait qu'il ne soit plus là qui a été le problème."
On dit que c'est la fin d'un système - du système Chirac - qui a été battu à Paris et qui pourrait être battu sur l'ensemble de la France ?
- "Encore une fois, le Président de la République n'est plus maire de Paris depuis 6 ans. La dernière fois qu'il a été candidat, c'était il y a 12 ans et il avait fait un excellent score...
...Et la rupture avec le système ?
- "Il ne convient pas de qualifier le système mis en place par le maire sortant de "chiraquien.""
On parle beaucoup pour ces municipales d'une nouvelle manière de faire de la politique, plus au quotidien. Il y aussi la question du non-cumul. A gauche, on pense beaucoup que si les ministres avaient respecté la règle du non-cumul, qu'ils n'auraient peut-être pas été battus.
- "C'est une excuse facile pour les ministres. Il a d'autres raisons qui sont plus liées à la politique que conduit le Gouvernement : le coeur à gauche et le CAC 40 dans les veines... Pour le reste, les municipales ont été un laboratoire des pratiques politiques de demain. D'abord, beaucoup de renouvellement, des renouvellements des hommes et des pratiques. J'ai visité une quarantaine de villes pendant cette campagne et j'ai été très frappé de voir à quel point les équipes municipales cherchaient avec souvent beaucoup d'imagination à proposer une autre façon de gérer la ville et en général, avec un souci de proximité et de démocratie participative très grand. Un des enseignements à tirer de ces élections, c'est que les Français sont plus décentralisés dans leur tête que les dirigeants. Nous sommes restés - et vous aussi les médias - très centralisés dans notre vision de la vie politique. On l'a vu avec la place qu'a tenu la campagne parisienne dans le débat. Les Français, eux, sont beaucoup plus décentralisés dans leur tête. Il va donc falloir mettre en place des institutions qui correspondent à cette aspiration à la décentralisation."
Vous disiez "nouveau mode de fonctionnement de la droite", qu'est-ce que cela veut dire ? Regroupement au sein d'un parti unique, disparition du RPR, de l'UDF, de DL ?
- "La droite est incontestablement majoritaire dans le pays. En même temps, elle est orpheline d'une stratégie globale et gagnante. Il faut donc lui donner maintenant cette stratégie globale qui lui permettra de gagner les élections municipales. Pour lui donner cette stratégie globale, il lui faut un projet qui bouscule les limites idéologiques dans lesquelles nous sommes enfermés. Ce n'est pas en courant derrière l'extrême droite, comme on l'a fait à certaines périodes, qu'on gagnera la confiance des Français. Ce n'est pas non plus - contrairement à ce que dise beaucoup - au centre, c'est un faisant une synthèse nouvelle de l'idée libérale, de l'idée sociale et de l'idée environnementale. Pour faire cela, il faut se retrouver dans un même lieu pour bâtir le projet..."
...Alors parti unique ?
- ."..Il faut donc, sinon un parti unique tout de suite, au moins rapidement une structure qui nous permette de bâtir un projet ensemble. C'est ce qu'on va essayer de faire dans quelques jours en réunissant les parlementaires, ensuite les élus de France Alternance."
France Alternance est devenue Alternance 2000. Mais cela veut-il dire que le RPR n'a plus de rôle à jouer en tant que tel ?
- "Pas du tout, le RPR doit être un acteur de ce changement. Il doit être capable d'aller, le cas échéant, jusqu'à se donner à cette union. Pour le moment, il doit en être un acteur important mais pas un acteur dominant."
On dit que vous allez jouer un rôle beaucoup plus important au sein du RPR ? Le message que vous allez envoyer est-ce "un peu d'effacement au profit des autres" ?
- "Je ne change pas de message, au contraire, ces élections me confortent dans l'idée que c'est en bousculant les limites idéologiques et partisanes dans lesquelles nous sommes aujourd'hui enfermés que nous pourrons transformer l'essai de dimanche dernier."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 20 mars 2001)