Déclaration de M. Léon Bertrand, ministre délégué au tourisme, sur l'adaptation des agences et des voyagistes aux transformations dans le secteur de la distribution, sur le développement du marché franco-français, sur la protection des consommateurs de transports aériens, Deauville le 21 septembre 2006.

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Circonstance : Inauguration de la 28ème édition du salon Top Résa à Deauville le 21 septembre 2006

Texte intégral

Messieurs les Présidents,
Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Permettez-moi tout d'abord de vous faire part des profonds regrets de Dominique PERBEN, ministre des Transports, de l'équipement, du tourisme et de la mer, retenu à Paris par le Conseil des ministres qui a été exceptionnellement décalé au jeudi.
Nous voici de nouveau réunis à Deauville pour inaugurer la 28ème édition de Top Résa, salon évènement pour le tourisme français où se dévoilent les nouveautés de la production 2006-2007 et où se retrouvent tous les professionnels de notre secteur.
Tous, c'est-à-dire plus de 27 000 personnes cette année. Avec 400 exposants, plus de 1350 marques représentées, parmi lesquelles on remarque l'arrivée en force des compagnies aériennes et des grands groupes hôteliers.
Cette représentativité constitue la force de TOP RESA. Et je vous avoue que j'aimerais voir cette unité perdurer pour que le tourisme français puisse parfois parler d'une seule voix et d'une voix puissante sur la scène nationale, européenne et internationale.
Ce 5ème Top Résa auquel je participe est peut être le dernier. Mais s'il nous reste peu de temps, nous saurons néanmoins l'utiliser utilement.
L'actualité, qui a malheureusement parfois placé certains professionnels du tourisme sous un jour peu flatteur, nous impose en effet de progresser sur quelques dossiers sensibles.
2005 aura été une année de profonds bouleversements pour le secteur de la distribution, avec l'arrivée d'un nouveau modèle économique. Mais ce virage a été parfaitement négocié par la plupart des agences.
L'APS, qui regroupe désormais près de 3 000 points de vente, a même constaté une baisse du taux de défaillance.
Comme à leur habitude, les professionnels du tourisme, habitués depuis septembre 2001 aux crises multiples (attentats terroristes, guerre en Irak) et aux aléas sanitaires (SRAS, grippe aviaire), font preuve d'une forte capacité de « cicatrisation ».
Mais, surtout, les agences ont su se repositionner pour développer leur activité, trouver d'autres sources de revenus et pallier le glissement de la billetterie de passage et des forfaits entrée de gamme vers internet.
Le développement des réseaux, la mise en oeuvre d'une offre multi-canal, qui permet d'allier la facilité d'information d'internet et l'accueil humain dans un point de vente, l'investissement dans la formation et les outils de fidélisation de la clientèle ont permis de faire mentir les prévisions les plus pessimistes.
En outre, le contexte général est porteur : les clients veulent, de plus en plus être assistés, guidés dans leurs démarches. Tandis qu'une étude de la SOFRES a montré récemment que 84% des personnes interrogées estimaient qu'elles allaient voyager davantage dans les prochaines années.
58% exprimaient leur envie de voyages sur mesure. La complémentarité de l'homme et de la machine n'a jamais été plus évidente.
Dans ce domaine, de nouvelles initiatives très innovantes se font jour, comme celle de partiravec.com, qui permettent de mettre en réseau des ressources d'expertise.
Elles sont indéniablement l'avenir de vos professions.
Il convient aussi de développer la vente du marché franco-français, que les agences et les voyagistes ne doivent pas laisser à la seule vente directe des hébergeurs et des transporteurs.
Il s'agit là en effet d'un marché qui ne demande qu'à être conquis. Les chiffres de l'été 2006 publiés par le CETO l'attestent clairement : alors que les ventes ont reculé de 2,4% en volume sur juillet et août, les ventes de la destination France ont progressé de 8%.
Les Antilles, pour leur part, bénéficient de nouveau d'un courant favorable avec une augmentation des ventes de 4%. 4 ans après la mise en oeuvre du plan de relance du tourisme dans les DOM, je me réjouis de ce redémarrage prometteur.
Et je forme le voeu que la Réunion et Mayotte, pour lesquelles le Gouvernement vient de financer une campagne de relance conjointement avec le Comité du Tourisme de la Réunion, pourront bientôt, elles aussi, afficher de nouveau une fréquentation digne de leurs attraits.
Je participerai tout à l'heure à la signature d'une convention entre Visit France, la Fédération Loisir Accueil France et la Fédération Nationale des Comités départementaux du Tourisme.
Ce partenariat public-privé d'envergure nationale qui permettra de mieux commercialiser l'offre française dans les agences répond à un vrai besoin, notamment en matière de court-séjour, et représente une véritable opportunité pour les agences, dont elles sauront, je l'espère de tout coeur, se saisir.
Trois autres conventions entre le Ministère des Transports, le Ministère délégué au Tourisme, ADP, la SNCF et la RATP seront présentées tout à l'heure, dont l'objet est de développer un accueil de qualité, en France, qui profitera aussi aux touristes français. Ces conventions élaborées et signées conjointement par Dominique PERBEN et moi-même tiennent particulièrement à coeur au ministre des transports.
Et puisque nous évoquons cette idée de partenariat, je souhaiterais maintenant revenir aux grands sujets qui occupent notre actualité.
Depuis 2002, je me suis efforcé d'être un ministre-partenaire.
Ensemble, avec les professionnels et leurs instances représentatives et notamment, l'APS, le CETO, le SNAV ou le SNET, nous avons noué des relations de confiance qui nous ont permis de faire aboutir un certain nombre de dossiers.
En 2005, le ministère délégué au Tourisme a participé, comme je m'y étais engagé, à la campagne de communication du SNAV pour valoriser le métier d'agent de voyage.
L'étude SNAV-ODIT sur l'avenir des professions a été publiée au début de l'année. Et je serai, bien sûr, le 13 novembre prochain à la Mutualité pour le 1er Rendez-vous Emploi du voyage, aux côtés de l'APS et de l'ANPE.
La réforme de la loi du 13 juillet 1992, qui contribue à faciliter le cadre juridique d'exercice des professionnels, est en train d'être menée à son terme.
Je ne méconnais pas les difficultés et les inquiétudes qui sont apparues au cours des réunions de concertation menées pour la rédaction des décrets. Certaines réticences ont pris une dimension nouvelle dans le contexte des affaires Elégance et Isrofly.
J'en tiendrai compte.
Ces deux regrettables affaires, ont parfois conduit à des reproches adressés à l'ensemble de la profession. Je les réprouve, notamment au regard des efforts consentis par plusieurs agences pour rapatrier à leurs frais leurs clients alors qu'elles n'y étaient pas tenues légalement. Mais ces affaires méritent que nous réfléchissions ensemble à des solutions de sécurisation des transactions.
Il ne s'agit pas ici de répondre seulement à une situation ponctuelle mais, plus largement, de nous inscrire dans la logique de réassurance que le client réclame de façon croissante.
Une première réunion du groupe de travail en charge de la protection des consommateurs en matière de transport s'est tenue avant-hier.
4 pistes de réflexion, dégagées à l'issue de la réunion du 4 septembre à laquelle j'ai participé avec Dominique PERBEN, sont examinées :
*.Mettre en place un dispositif de garantie pour les vols secs ;
*.Fixer des règles précises pour l'affrètement, à vérifier avec l'aviation civile ;
*.Améliorer l'information des autorités ayant la charge du contrôle et de la garantie ;
*.Eliminer les « canards boîteux » qui discréditent le secteur.
C'est cette même logique de protection du consommateur qui nous a conduit à mettre en place le label aérien, avec ses trois volets complémentaires : information obligatoire des passagers sur l'identité de la compagnie, respect des normes de sécurité, qualité des prestations avec un référentiel confié à AFNOR.
Je n'oublie pas, par ailleurs, notre difficile combat, à Bruxelles et en liaison avec le Garde des Sceaux, concernant la responsabilité de plein droit, qui pénalise les professionnels français par rapport à leurs concurrents européens bénéficiant d'une transposition plus souple de la directive de 1991.
Le jugement de l'affaire Ultramarina a mis au jour les limites de cette responsabilité et nous observons avec beaucoup de vigilance l'appel formé très récemment par les avocats du voyagiste.
Avec Dominique PERBEN, nous rencontrerons prochainement le ministre de la Justice, Pascal CLEMENT, pour évoquer ces questions.
Mesdames et Messieurs, Chers Amis,
Je souhaiterais achever mon propos sur ce qui constituera pour moi une véritable fierté dans mon bilan de ministre.
Une fierté que je dois très largement à la générosité du monde du voyage.
Je pense bien sûr à notre engagement commun contre l'exploitation sexuelle des enfants dans le tourisme. ECPAT France a souhaité lancer à Top Résa sa nouvelle campagne de sensibilisation, que je trouve remarquable.
17 professionnels du tourisme français ont signé une Charte pour s'engager dans la lutte contre ce fléau qui ternit l'image du tourisme dans le monde.
Nous avons mis en place un dispositif de prévention/sanction/répression dans 6 pays pilotes pour aider les associations à faire condamner les touristes pédophiles, puisqu'ils faut les appeler par leur nom.
Autre vrai motif de satisfaction pour moi, la montée en puissance du tourisme solidaire, avec les initiatives que nous choisi de soutenir comme « Tourism for Development » qui rencontre un vrai soutien des professionnels et qui présentera prochainement sa nouvelle campagne 2007.
Ces éléments démontrent que le secteur du voyage, précisément parce qu'il est ouvert sur le monde et le plus souvent soucieux d'offrir le meilleur, mérite bien mieux que les jugements hâtifs de certains médias toujours prompts à s'enflammer, moins enclins à s'informer sur les réalités d'exercice de professions à l'équilibre fragile.
Je tiens d'ailleurs à ajouter que cette générosité, qui s'exprime à travers la lutte contre l'exploitation sexuelle des enfants ou le tourisme solidaire, n'est pas un investissement sans retour, bien au contraire.
En luttant contre la pauvreté, en offrant une forme de co-développement qui permet aux populations de vivre décemment, nous contribuons à préserver des destinations et à les rendre plus accueillantes pour les touristes.
Nous évitons le développement d'une insécurité qui, comme au Yémen actuellement, met en péril la vie de nos ressortissants et met en cause la responsabilité de nos opérateurs touristiques.
J'ai, en tout cas, pour ma part rencontré beaucoup d'exemplarité au long de ce voyage ministériel de 5 années, un voyage que je suis heureux de poursuivre quelques mois encore à vos côtés.
Je vous remercie.
Source http://www.tourisme.gouv.fr, le 26 septembre 2006