Interview de Mme Christine Lagarde, ministre déléguée au commerce extérieur, avec "Le Figaro" le 27 septembre 2006, sur la compétitivité et l'attractivité de la France.

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Q - Cette année, la France perd six places au classement de la compétitivité du Forum économique mondial. C'est une déception...
R - Remettons d'abord les choses à leur place : nous ne perdons que huit centièmes de point de compétitivité sur une échelle de un à sept. Bien sûr, on n'est jamais content quand on perd des places dans un classement. Mais ce résultat ne me surprend pas...
L'indice du World Economic Forum est fondé à 80 % sur une enquête d'opinion des chefs d'entreprises. Savez-vous quand elle a eu lieu ? Au moment des troubles liés au CPE. Comment voulez-vous qu'on ne passe pas - à cet instant précis - pour un pays rigide, qui refuse de réformer !
Q - C'est donc contre la méthode que vous semblez furieuse...
R - Ce n'est pas un mouvement d'humeur. Mais, parmi tous les classements mondiaux qui existent, il faut vraiment relativiser la vertu des critères retenus, la détermination des classés, ou encore la période à laquelle l'étude a été réalisée. Ces classements sont en fait devenus un vrai business, un argument commercial. Nombre d'instituts vendent leurs études et les résultats varient en fonction de ceux qui les traitent. Du coup, certaines de ces études sont fantaisistes. Que penser du rapport de la Banque mondiale, qui estime que l'Hexagone est moins attractif que l'Arménie ou les îles Fidji ? Il nous place au 35e rang, ce qui est, à certains égards, un peu curieux.
Q - Mais, vous, vous n'avez aucun doute sur l'attractivité française ?
R - Depuis plusieurs années, nous sommes dans le Top 5 des pays pour l'accueil des investissements directs étrangers (IDE). Ce n'est quand même pas anodin ! Les investisseurs étrangers reconnaissent les qualités de la France dans de nombreux domaines : les infrastructures, les filières technologiques, l'innovation, notre positionnement sur le marché, notre productivité... et notre art de vivre. Alors c'est vrai, certains pays ont eu une approche plus draconienne et réactive de la réforme que nous. Chaque pays a sa recette. Les Pays-Bas, par exemple, se sont considérablement réformés. Le Japon a mis 20 ans, mais il a résolu ses problèmes structuraux. Nous avons encore des efforts à faire, nous le savons : il nous faut nous attaquer plus en profondeur aux problèmes de rigidité du travail et de bureaucratie.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 septembre 2006