Texte intégral
Monsieur le ministre, cher Jean-Louis,
Monsieur le sénateur maire, cher François-Noël
Cher Michel,
Mesdames et messieurs les élus,
Chers amis,
Permettez-moi d'abord de vous dire combien je suis heureux d'être parmi vous. Je veux remercier tous ceux qui ont participé à l'organisation de ces premières rencontres pour l'emploi, et en particulier, l'équipe municipale d'Oullins dont je sais à quel point elle s'est mobilisée avec ardeur, avec enthousiasme et avec le souci de faire avancer les réponses à ces questions si difficiles de l'emploi.
L'emploi, vous le savez, c'est dès le premier jour la priorité de mon action, la priorité de l'action du Gouvernement. Toutes nos décisions, tous nos choix ont été faits en fonction de cet impératif. Tous les ministères se sont engagés dans cette voie ; aucune mesure n'a été prise sans évaluer son impact sur l'emploi. Avec Jean-Louis BORLOO et Gérard LARCHER, avec Thierry BRETON et Jean-François COPE, avec Renaud DUTREIL, nous avons fait le choix de la bataille pour l'emploi, car une bataille, cela se gagne chaque jour, cela se gagne collectivement. Nous sommes partis ensemble d'un diagnostic simple : le chômage est au coeur des problèmes, de tous les problèmes de notre pays. C'est lui qui mine la confiance des Français dans leur avenir ; c'est lui qui fragilise la cohésion de notre société ; c'est lui qui fragilise aussi les liens de solidarité. Un taux de chômage à plus de 10 % comme nous l'avons connu pendant des années, ce n'est pas quelque chose d'abstrait. C'est quelque chose qui se ressent dans la vie quotidienne, dans l'humeur quotidienne, dans l'état d'esprit de tous les jours des Françaises et des Français. C'est un motif d'inquiétude, aussi, pour l'ensemble de la société car là aussi, cela se sent. L'inquiétude des enfants est aussi l'inquiétude des parents, l'inquiétude des grands-parents, cela se propage, se répercute en tous points de la société. C'est l'inquiétude des jeunes qui se voit, trop longtemps écartés du marché du travail -on rentre trop tard, dans notre pays, sur ce marché- ; c'est l'inquiétude des seniors qui savent qu'après cinquante ans, il devient de plus en plus difficile de retrouver un emploi -on rentre trop tard, on sort trop tôt du marché de l'emploi- ; c'est l'inquiétude des femmes qui subissent trop de temps partiels et dont les salaires sont inférieurs à ceux des hommes, alors qu'elles exercent les mêmes responsabilités. Inquiétude enfin de tous ceux qui font l'objet de discriminations inacceptables -et ils sont encore trop nombreux dans ce pays-, discriminations à l'embauche en raison de leur origine, de leur nom ou de leur quartier. Tant que ces inquiétudes subsisteront, notre pays ne pourra pas aller de l'avant.
Pour réconcilier la France avec elle-même ; nous devons revenir au plein emploi. Alors, pour atteindre cet objectif, nous aurions pu faire plusieurs choix. Nous en avons fait un central, celui du pragmatisme : essayer ce qui marche. En effet, les explications du chômage sont multiples. Pour le combattre, il faut donc des réponses diversifiées, adaptées, et nous sommes partis de la réalité telle qu'elle est, telle que la vivent les entreprises et les demandeurs d'emploi. Nous avons identifié les blocages et imaginé les solutions nouvelles pour les lever. Nous avons cherché des réponses pour aller chercher l'emploi là où il se trouve, notamment dans les très petites entreprises. Il ne vous a pas échappé que cette démarche est nouvelle. Pourquoi les petites entreprises, les très petites entreprises ? Nous avons constaté que les chefs de ces entreprises reculaient souvent devant le risque que constitue une nouvelle embauche. Nous avons donc créé un nouveau contrat, le contrat "Nouvelles embauches" qui les incite à franchir cette étape et à poursuivre leur développement. Quand on sent qu'un emploi pourrait être créé et qu'il y a une hésitation à le créer parce qu'on se heurte à des difficultés, il faut lever l'obstacle. En même temps, nous avons veillé à ce que ce contrat comporte de vraies garanties et de vraies sécurités pour les salariés. Aujourd'hui, c'est un véritable succès, plus de 600.000 contrats ont été conclus, un tiers d'entre eux correspondent à des créations d'emplois. Bien sûr, il peut y avoir des abus, ces abus doivent être sanctionnés comme pour n'importe quel autre type de contrat.
Le deuxième gisement d'emplois que nous avons voulu développer, ce sont les services à la personne. Le chèque emploi service universel (CESU) mis au point par Jean-Louis BORLOO va permettre de donner une impulsion décisive à un secteur dynamique. Plus de 6 millions de chèques ont été financés par les entreprises. Ils permettent à leurs salariés de bénéficier d'amélioration dans leur vie quotidienne grâce à des services de garde des enfants, des travaux domestiques ou encore d'aide à la personne. Ce développement des emplois de service est une réalité majeure dans toutes les économies modernes. Il appelle de notre part une vigilance soutenue sur la qualité de ces nouveaux emplois, sur l'accès à la formation, sur la professionnalisation du secteur. Les emplois de service doivent être reconnus à part entière et bénéficier de toutes les garanties nécessaires.
Avec Jean-Louis BORLOO et Gérard LARCHER, nous avons également rénové en profondeur l'ANPE. A chacune de mes visites dans les ANPE comme aujourd'hui à Oullins, je mesure le dévouement, le professionnalisme des conseillers. Ils sont les premiers à vouloir accompagner les demandeurs d'emploi de manière plus efficace, pour avoir à chaque fois une solution à proposer ; nous les avons écoutés pour proposer un meilleur service. Désormais, les demandeurs d'emploi sont reçus au mois une fois par mois par le même conseiller, contre une fois tous les six mois auparavant. Et cela fait une grosse différence d'avoir un rendez-vous régulier, quelqu'un qui connaît votre dossier, qui vous suit mois après mois, qui est en mesure de vous guider mois après mois, de tirer les leçons des difficultés, de ce qui marche, de ce qui ne marche pas, cela fait une vraie différence. Tout ceci est essentiel pour créer un lien de confiance, garantir l'efficacité de l'orientation du demandeur d'emploi.
Nous avons également engagé le rapprochement avec l'Unedic pour construire un véritable service public pour l'emploi avec un fichier unique et un guichet unique pour simplifier les modalités, simplifier les procédures, gagner du temps, gagner aussi sur le stress que ressent celui qui cherche un emploi, en lui permettant de se concentrer tout entier sur l'essentiel, être en mesure de répondre aux demandes qui pourraient lui être faites. La clé, nous le savons, c'est de mieux accompagner et de mieux orienter les demandeurs d'emploi dans leur recherche ; c'est ce que nous allons continuer à faire dans les mois qui viennent.
Enfin, nous avons apporté des réponses spécifiques aux personnes qui rencontrent le plus de difficulté. Nous savons bien que lorsque l'on a ni diplôme ni qualification, lorsque l'on n'a pas travaillé depuis plusieurs années, lorsque l'on a enchaîné les petits boulots et les contrats précaires, il est difficile de trouver un emploi stable. Pour ceux qui sont le plus éloignés de l'emploi, les contrats aidés sont alors un moyen de remettre pied à l'étrier. C'est en cela qu'ils sont indispensables dans notre bataille pour l'emploi. Nous avons donc décidé de relancer ces contrats, de les simplifier, de leur donner davantage de moyens tout en veillant à ce qu'ils soient véritablement une porte d'entrée dans la vie active. L'engagement de Jean-Louis BORLOO a permis d'obtenir des résultats remarquables dans ce domaine, je le disais tout à l'heure. Pragmatisme : nous avons besoin de tous ces outils pour répondre aux situations spécifiques. A chaque fois, faire sauter les verrous quand ils existent, quand c'est nécessaire, de façon à modifier la relation de chacun à l'emploi.
Mais si nous voulons être efficaces, nous devons encore mieux cibler nos réponses. Nous ne pouvons pas proposer la même chose à un jeune qui a quitté l'école sans diplôme et à une personne qui a plus de 50 ans et qui est au chômage depuis trois ou quatre ans. Plus nous serons capables d'adapter nos mesures aux besoins, meilleurs seront nos résultats. C'est ce que nous faisons avec la troisième étape de la bataille pour l'emploi, dont Jean-Louis BORLOO a annoncé il y a quelques semaines les mesures. Cette troisième étape a un objectif essentiel : accompagner vers l'emploi tous ceux qui en sont le plus éloignés, les jeunes sans qualification, les chômeurs de longues durée, ceux qui ont perdu tout contact avec la vie active, personne ne doit être laissé au bord du chemin, chacun doit avoir sa place, chacun doit trouver une activité.
Mais la force de ces instruments, elle tient aussi bien évidemment à la relance de la croissance. C'est parce que notre économie a retrouvé un rythme plus dynamique que nous pouvons financer les contrats aidés, et que nous sommes en mesure de rénover le service public pour l'emploi. C'est parce que les entreprises reprennent confiance ; reprennent confiance dans l'avenir, qu'elles créent de nouveaux emplois.
Pour relever ce défi de la croissance, nous voulons nous appuyer sur tous ceux qui créent de l'activité dans notre pays, grandes ou petites entreprises, commerçants, salariés, car c'est en donnant les moyens à chacun de poursuivre librement son activité, c'est en réduisant les contraintes, en intéressant les salariés aux résultats que nous renouerons avec une croissance forte. Une croissance, dont vous savez que j'ai toujours voulu que ce soit une croissance sociale. Plus de dynamisme, mais aussi plus de solidarité. C'est bien l'ambition qui est au coeur de notre pacte républicain. Et pour cela, nous devons continuer à avancer dans trois directions. La première direction, c'est l'amélioration de l'environnement économique de nos entreprises ; les allégements de charges sur les bas salaires ; la simplification des formalités administratives ; le soutien à l'investissement productif ; l'aide à la recherche et à l'exportation. Toutes les mesures que nous avons prises commencent à porter leurs fruits.
La deuxième direction, c'est la redéfinition du rôle de l'Etat. Un Etat qui prépare l'avenir et protège les Français face aux grands enjeux stratégiques, comme l'énergie, la santé, ou les risques naturels, un Etat qui lutte contre les inégalités entre les territoires, en opérant les redistributions nécessaires, et en veillant au désenclavement des régions isolées, un Etat, qui retrouve des marges de manoeuvres pour ses services publics, grâce au désendettement. Nous sommes tous attachés à nos services publics. Pour pouvoir les faire fonctionner dans de meilleures conditions, nous avons besoin d'être responsables, d'être garants de la pérennité de ces services, et donc d'alléger la charge de l'endettement. D'où les engagements que nous avons pris dans ce domaine.
La troisième direction, c'est une plus grande participation de tous les Français à la vie économique de leur pays. Cela passe par de nouvelles règles de dialogue social. Sur les sujets les plus importants, nous avons besoin à chaque fois d'une concertation aussi large que possible. C'est la meilleure façon de trouver les bons équilibres, d'éviter les erreurs, de bâtir durablement une véritable démocratie sociale. Jean-Louis BORLOO et Gérard LARCHER ont engagé la concertation sur ce sujet depuis plusieurs semaines. Je souhaite que nous avancions rapidement avec tous les partenaires sociaux.
Cela passe aussi par une amélioration du pouvoir d'achat des salariés, qui doivent toucher les dividendes de la croissance ; le développement de la participation et de l'intéressement répond à cet objectif. Il en va de même pour le chèque transport qui est une avancée sociale importante pour notre pays. Nous achevons actuellement les consultations sur ce sujet. J'avais défini les grandes lignes, posé le cadre, avec le souci que la concertation puisse permettre de préciser les modalités de ce chèque transport. Sur proposition des partenaires sociaux, je viens notamment de décider que le chèque transport serait étendu aux transports individuels pour les salariés qui travaillent en horaires décalés. Tous ceux qui sortent tard du bureau, tous ceux qui partent tôt le matin au travail, et pour qui il n'y a pas de moyens de transport collectifs disponibles, doivent aussi pouvoir bénéficier du chèque transport. Et je pense en particulier aux femmes qui sont nombreuses à se trouver dans cette situation.
Vous le voyez, partant d'un cadre qui est posé, le dialogue social nous permet d'aller plus loin, d'adapter, de préciser les mesures, pour répondre aux besoins.
Alors, où en sommes-nous aujourd'hui ? Avec Jean-Louis. BORLOO, avec Gérard LARCHER, avec les chefs d'entreprises, nous avons réussi à débloquer l'emploi dans notre pays. Nous avons gagné la première bataille de l'emploi, et vous en êtes tous les grands acteurs économiques, sociaux, les grands partenaires ; c'est bien l'effort des Français au quotidien qui permet d'obtenir ces résultats. Nous avons créé entre juin 2005 et juin 2006, 160 000 emplois, dont la grande majorité dans le secteur marchand ; nous avons ancré la baisse du chômage dans la durée, les chiffres s'améliorent mois après mois. En un an, nous sommes passés d'un taux de 10,2 % à 8,9 %.
Depuis plusieurs mois, à chaque fois que les chiffres sont publiés, j'entends un certain nombre d'explications et je crois qu'il faut s'attarder un instant sur la réalité des choses. On ne peut pas s'appuyer uniquement sur des "on dit" ou des rumeurs - la baisse du chômage serait due au hasard, ou mieux, à l'évolution de la démographie, au pire, à une augmentation des radiations. Mon objectif, ce ne sont pas les chiffres. Mon objectif, c'est que la situation des Français s'améliore, et que chacun puisse toucher du doigt la baisse du chômage.
Alors, permettez-moi de revenir un instant sur ces explications. Certains évoquent "la démographie". Je tiens à rappeler que la population active dans notre pays continue d'augmenter. Jusqu'en 2007, la croissance annuelle de la population active devrait continuer sur le rythme observé en moyenne depuis 1970. Ce n'est qu'alors que ce rythme ralentira. Cela veut dire qu'aujourd'hui pour faire baisser le chômage, il n'y a pas d'autre solution que de créer des emplois. Et je l'ai dit, c'est bien ce qui se passe dans notre pays.
D'autres parlent des "radiations". Si la baisse du taux de chômage résultait d'une augmentation des radiations, ce serait bien évidemment pour moi inacceptable. Car cela signifierait plus de précarité pour des hommes et des femmes qui sont déjà fragilisés par le chômage. Alors, que voit-on ? Entre juillet 2005 et juillet 2006, les radiations sont restées stables par rapport à la même période de l'année précédente. Mais en matière d'emploi, nous ne sommes pas encore au bout du chemin.
Je vois bien que le chômage reste une préoccupation quotidienne pour beaucoup de nos compatriotes. Pour sortir véritablement du chômage de masse, nous devons encore travailler dans plusieurs directions.
La première, c'est de réduire davantage le chômage structurel pour parvenir à un taux de chômage de l'ordre de 5 à 6%. Pour cette législature, vous connaissez notre objectif : passer sous la barre des 2 millions de chômeurs. La deuxième direction, c'est de créer des parcours professionnels mieux sécurisés. Nous avons lancé un certain nombre de dispositifs, comme le contrat de transition professionnelle ; le modèle auquel nous aspirons, ce n'est pas celui dans lequel le travail est précaire, dans lequel chacun s'inquiète pour demain, et redoute de perdre son emploi, c'est au contraire une société du plein emploi, une société où chacun a la certitude qu'il pourra trouver plus facilement du travail, une société où changer de poste ou d'activité n'est pas vécu comme un drame, mais comme une nouvelle opportunité.
La troisième direction, c'est d'améliorer la qualité de l'emploi. La précarité du travail ne peut pas être le prix à payer pour la baisse du chômage. En disant cela, je pense en particulier à la situation professionnelle de beaucoup de femmes dans notre pays, car elles sont les plus exposées au temps partiel subi, aux horaires décalés et aux salaires insuffisants. Beaucoup d'entre elles ont encore trop de mal à concilier leur vie professionnelle et leur vie familiale, surtout lorsqu'elles doivent élever des enfants alors qu'elles sont seules. Je souhaite que nous lancions une réflexion à ce sujet.
Mesdames et messieurs, chers amis, les résultats que nous avons obtenus dans la bataille pour l'emploi ne sont qu'un premier pas. Mais ils nous montrent que nous sommes sur la bonne voie. Je le sais, avec le dynamisme, avec l'engagement de chacun, avec la conviction que nous avons que nous pouvons faire mieux. Et je sais l'engagement personnel de Jean-Louis BORLOO dans cette bataille. Je sais à quel point nous sommes soucieux d'avancer pragmatiquement, à chaque étape, quels que soient les erreurs, les obstacles, volonté de trouver les justes et bonnes réponses. Et tout au long des prochains mois, je peux vous le garantir, avec Jean-Louis BORLOO, avec Gérard LARCHER, avec l'ensemble du Gouvernement, nous aurons à coeur, à chaque fois, d'améliorer ces réponses.
Nous l'avons affirmé, et je crois qu'aujourd'hui, nous le savons tous, il n'y a pas de fatalité. Alors, soyons ambitieux pour notre pays, soyons ambitieux pour l'unité de notre pays, soyons ambitieux et généreux pour la cohésion sociale et républicaine dans notre pays. La France ne retrouvera pas cet équilibre indispensable, nous ne sortirons pas du malaise profond qui s'est incrusté dans les esprits au fil des années, si nous n'arrivons pas à montrer que chacun a sa place, quelle que soit son origine, quelle que soit sa situation, que chacun peut bénéficier d'une main tendue, que chacun peut avoir une nouvelle chance. Toute notre société doit s'organiser à partir d'une volonté d'ambition, de dynamisme, d'audace -et Oullins, pour cela, nous montre la voie- et en même temps de solidarité, d'attention à ceux qui rencontrent le plus de difficulté dans cette troisième étape de la bataille pour l'emploi. C'est bien vers tout cela que nous avons un devoir majeur : redonner confiance à ceux qui ont le sentiment que rien n'est possible pour eux, montrer pas à pas pour eux, pour leur famille, pour l'ensemble de la société, que chacun peut contribuer à l'harmonie et au développement de la société. C'est bien l'honneur de l'action politique, c'est bien l'honneur de notre engagement à tous, à vous tous qui êtes les grands acteurs de notre vie sociale et économique. C'est bien le défi qu'il nous reste à relever pour les prochains mois.
Je vous remercie.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 26 septembre 2006
Monsieur le sénateur maire, cher François-Noël
Cher Michel,
Mesdames et messieurs les élus,
Chers amis,
Permettez-moi d'abord de vous dire combien je suis heureux d'être parmi vous. Je veux remercier tous ceux qui ont participé à l'organisation de ces premières rencontres pour l'emploi, et en particulier, l'équipe municipale d'Oullins dont je sais à quel point elle s'est mobilisée avec ardeur, avec enthousiasme et avec le souci de faire avancer les réponses à ces questions si difficiles de l'emploi.
L'emploi, vous le savez, c'est dès le premier jour la priorité de mon action, la priorité de l'action du Gouvernement. Toutes nos décisions, tous nos choix ont été faits en fonction de cet impératif. Tous les ministères se sont engagés dans cette voie ; aucune mesure n'a été prise sans évaluer son impact sur l'emploi. Avec Jean-Louis BORLOO et Gérard LARCHER, avec Thierry BRETON et Jean-François COPE, avec Renaud DUTREIL, nous avons fait le choix de la bataille pour l'emploi, car une bataille, cela se gagne chaque jour, cela se gagne collectivement. Nous sommes partis ensemble d'un diagnostic simple : le chômage est au coeur des problèmes, de tous les problèmes de notre pays. C'est lui qui mine la confiance des Français dans leur avenir ; c'est lui qui fragilise la cohésion de notre société ; c'est lui qui fragilise aussi les liens de solidarité. Un taux de chômage à plus de 10 % comme nous l'avons connu pendant des années, ce n'est pas quelque chose d'abstrait. C'est quelque chose qui se ressent dans la vie quotidienne, dans l'humeur quotidienne, dans l'état d'esprit de tous les jours des Françaises et des Français. C'est un motif d'inquiétude, aussi, pour l'ensemble de la société car là aussi, cela se sent. L'inquiétude des enfants est aussi l'inquiétude des parents, l'inquiétude des grands-parents, cela se propage, se répercute en tous points de la société. C'est l'inquiétude des jeunes qui se voit, trop longtemps écartés du marché du travail -on rentre trop tard, dans notre pays, sur ce marché- ; c'est l'inquiétude des seniors qui savent qu'après cinquante ans, il devient de plus en plus difficile de retrouver un emploi -on rentre trop tard, on sort trop tôt du marché de l'emploi- ; c'est l'inquiétude des femmes qui subissent trop de temps partiels et dont les salaires sont inférieurs à ceux des hommes, alors qu'elles exercent les mêmes responsabilités. Inquiétude enfin de tous ceux qui font l'objet de discriminations inacceptables -et ils sont encore trop nombreux dans ce pays-, discriminations à l'embauche en raison de leur origine, de leur nom ou de leur quartier. Tant que ces inquiétudes subsisteront, notre pays ne pourra pas aller de l'avant.
Pour réconcilier la France avec elle-même ; nous devons revenir au plein emploi. Alors, pour atteindre cet objectif, nous aurions pu faire plusieurs choix. Nous en avons fait un central, celui du pragmatisme : essayer ce qui marche. En effet, les explications du chômage sont multiples. Pour le combattre, il faut donc des réponses diversifiées, adaptées, et nous sommes partis de la réalité telle qu'elle est, telle que la vivent les entreprises et les demandeurs d'emploi. Nous avons identifié les blocages et imaginé les solutions nouvelles pour les lever. Nous avons cherché des réponses pour aller chercher l'emploi là où il se trouve, notamment dans les très petites entreprises. Il ne vous a pas échappé que cette démarche est nouvelle. Pourquoi les petites entreprises, les très petites entreprises ? Nous avons constaté que les chefs de ces entreprises reculaient souvent devant le risque que constitue une nouvelle embauche. Nous avons donc créé un nouveau contrat, le contrat "Nouvelles embauches" qui les incite à franchir cette étape et à poursuivre leur développement. Quand on sent qu'un emploi pourrait être créé et qu'il y a une hésitation à le créer parce qu'on se heurte à des difficultés, il faut lever l'obstacle. En même temps, nous avons veillé à ce que ce contrat comporte de vraies garanties et de vraies sécurités pour les salariés. Aujourd'hui, c'est un véritable succès, plus de 600.000 contrats ont été conclus, un tiers d'entre eux correspondent à des créations d'emplois. Bien sûr, il peut y avoir des abus, ces abus doivent être sanctionnés comme pour n'importe quel autre type de contrat.
Le deuxième gisement d'emplois que nous avons voulu développer, ce sont les services à la personne. Le chèque emploi service universel (CESU) mis au point par Jean-Louis BORLOO va permettre de donner une impulsion décisive à un secteur dynamique. Plus de 6 millions de chèques ont été financés par les entreprises. Ils permettent à leurs salariés de bénéficier d'amélioration dans leur vie quotidienne grâce à des services de garde des enfants, des travaux domestiques ou encore d'aide à la personne. Ce développement des emplois de service est une réalité majeure dans toutes les économies modernes. Il appelle de notre part une vigilance soutenue sur la qualité de ces nouveaux emplois, sur l'accès à la formation, sur la professionnalisation du secteur. Les emplois de service doivent être reconnus à part entière et bénéficier de toutes les garanties nécessaires.
Avec Jean-Louis BORLOO et Gérard LARCHER, nous avons également rénové en profondeur l'ANPE. A chacune de mes visites dans les ANPE comme aujourd'hui à Oullins, je mesure le dévouement, le professionnalisme des conseillers. Ils sont les premiers à vouloir accompagner les demandeurs d'emploi de manière plus efficace, pour avoir à chaque fois une solution à proposer ; nous les avons écoutés pour proposer un meilleur service. Désormais, les demandeurs d'emploi sont reçus au mois une fois par mois par le même conseiller, contre une fois tous les six mois auparavant. Et cela fait une grosse différence d'avoir un rendez-vous régulier, quelqu'un qui connaît votre dossier, qui vous suit mois après mois, qui est en mesure de vous guider mois après mois, de tirer les leçons des difficultés, de ce qui marche, de ce qui ne marche pas, cela fait une vraie différence. Tout ceci est essentiel pour créer un lien de confiance, garantir l'efficacité de l'orientation du demandeur d'emploi.
Nous avons également engagé le rapprochement avec l'Unedic pour construire un véritable service public pour l'emploi avec un fichier unique et un guichet unique pour simplifier les modalités, simplifier les procédures, gagner du temps, gagner aussi sur le stress que ressent celui qui cherche un emploi, en lui permettant de se concentrer tout entier sur l'essentiel, être en mesure de répondre aux demandes qui pourraient lui être faites. La clé, nous le savons, c'est de mieux accompagner et de mieux orienter les demandeurs d'emploi dans leur recherche ; c'est ce que nous allons continuer à faire dans les mois qui viennent.
Enfin, nous avons apporté des réponses spécifiques aux personnes qui rencontrent le plus de difficulté. Nous savons bien que lorsque l'on a ni diplôme ni qualification, lorsque l'on n'a pas travaillé depuis plusieurs années, lorsque l'on a enchaîné les petits boulots et les contrats précaires, il est difficile de trouver un emploi stable. Pour ceux qui sont le plus éloignés de l'emploi, les contrats aidés sont alors un moyen de remettre pied à l'étrier. C'est en cela qu'ils sont indispensables dans notre bataille pour l'emploi. Nous avons donc décidé de relancer ces contrats, de les simplifier, de leur donner davantage de moyens tout en veillant à ce qu'ils soient véritablement une porte d'entrée dans la vie active. L'engagement de Jean-Louis BORLOO a permis d'obtenir des résultats remarquables dans ce domaine, je le disais tout à l'heure. Pragmatisme : nous avons besoin de tous ces outils pour répondre aux situations spécifiques. A chaque fois, faire sauter les verrous quand ils existent, quand c'est nécessaire, de façon à modifier la relation de chacun à l'emploi.
Mais si nous voulons être efficaces, nous devons encore mieux cibler nos réponses. Nous ne pouvons pas proposer la même chose à un jeune qui a quitté l'école sans diplôme et à une personne qui a plus de 50 ans et qui est au chômage depuis trois ou quatre ans. Plus nous serons capables d'adapter nos mesures aux besoins, meilleurs seront nos résultats. C'est ce que nous faisons avec la troisième étape de la bataille pour l'emploi, dont Jean-Louis BORLOO a annoncé il y a quelques semaines les mesures. Cette troisième étape a un objectif essentiel : accompagner vers l'emploi tous ceux qui en sont le plus éloignés, les jeunes sans qualification, les chômeurs de longues durée, ceux qui ont perdu tout contact avec la vie active, personne ne doit être laissé au bord du chemin, chacun doit avoir sa place, chacun doit trouver une activité.
Mais la force de ces instruments, elle tient aussi bien évidemment à la relance de la croissance. C'est parce que notre économie a retrouvé un rythme plus dynamique que nous pouvons financer les contrats aidés, et que nous sommes en mesure de rénover le service public pour l'emploi. C'est parce que les entreprises reprennent confiance ; reprennent confiance dans l'avenir, qu'elles créent de nouveaux emplois.
Pour relever ce défi de la croissance, nous voulons nous appuyer sur tous ceux qui créent de l'activité dans notre pays, grandes ou petites entreprises, commerçants, salariés, car c'est en donnant les moyens à chacun de poursuivre librement son activité, c'est en réduisant les contraintes, en intéressant les salariés aux résultats que nous renouerons avec une croissance forte. Une croissance, dont vous savez que j'ai toujours voulu que ce soit une croissance sociale. Plus de dynamisme, mais aussi plus de solidarité. C'est bien l'ambition qui est au coeur de notre pacte républicain. Et pour cela, nous devons continuer à avancer dans trois directions. La première direction, c'est l'amélioration de l'environnement économique de nos entreprises ; les allégements de charges sur les bas salaires ; la simplification des formalités administratives ; le soutien à l'investissement productif ; l'aide à la recherche et à l'exportation. Toutes les mesures que nous avons prises commencent à porter leurs fruits.
La deuxième direction, c'est la redéfinition du rôle de l'Etat. Un Etat qui prépare l'avenir et protège les Français face aux grands enjeux stratégiques, comme l'énergie, la santé, ou les risques naturels, un Etat qui lutte contre les inégalités entre les territoires, en opérant les redistributions nécessaires, et en veillant au désenclavement des régions isolées, un Etat, qui retrouve des marges de manoeuvres pour ses services publics, grâce au désendettement. Nous sommes tous attachés à nos services publics. Pour pouvoir les faire fonctionner dans de meilleures conditions, nous avons besoin d'être responsables, d'être garants de la pérennité de ces services, et donc d'alléger la charge de l'endettement. D'où les engagements que nous avons pris dans ce domaine.
La troisième direction, c'est une plus grande participation de tous les Français à la vie économique de leur pays. Cela passe par de nouvelles règles de dialogue social. Sur les sujets les plus importants, nous avons besoin à chaque fois d'une concertation aussi large que possible. C'est la meilleure façon de trouver les bons équilibres, d'éviter les erreurs, de bâtir durablement une véritable démocratie sociale. Jean-Louis BORLOO et Gérard LARCHER ont engagé la concertation sur ce sujet depuis plusieurs semaines. Je souhaite que nous avancions rapidement avec tous les partenaires sociaux.
Cela passe aussi par une amélioration du pouvoir d'achat des salariés, qui doivent toucher les dividendes de la croissance ; le développement de la participation et de l'intéressement répond à cet objectif. Il en va de même pour le chèque transport qui est une avancée sociale importante pour notre pays. Nous achevons actuellement les consultations sur ce sujet. J'avais défini les grandes lignes, posé le cadre, avec le souci que la concertation puisse permettre de préciser les modalités de ce chèque transport. Sur proposition des partenaires sociaux, je viens notamment de décider que le chèque transport serait étendu aux transports individuels pour les salariés qui travaillent en horaires décalés. Tous ceux qui sortent tard du bureau, tous ceux qui partent tôt le matin au travail, et pour qui il n'y a pas de moyens de transport collectifs disponibles, doivent aussi pouvoir bénéficier du chèque transport. Et je pense en particulier aux femmes qui sont nombreuses à se trouver dans cette situation.
Vous le voyez, partant d'un cadre qui est posé, le dialogue social nous permet d'aller plus loin, d'adapter, de préciser les mesures, pour répondre aux besoins.
Alors, où en sommes-nous aujourd'hui ? Avec Jean-Louis. BORLOO, avec Gérard LARCHER, avec les chefs d'entreprises, nous avons réussi à débloquer l'emploi dans notre pays. Nous avons gagné la première bataille de l'emploi, et vous en êtes tous les grands acteurs économiques, sociaux, les grands partenaires ; c'est bien l'effort des Français au quotidien qui permet d'obtenir ces résultats. Nous avons créé entre juin 2005 et juin 2006, 160 000 emplois, dont la grande majorité dans le secteur marchand ; nous avons ancré la baisse du chômage dans la durée, les chiffres s'améliorent mois après mois. En un an, nous sommes passés d'un taux de 10,2 % à 8,9 %.
Depuis plusieurs mois, à chaque fois que les chiffres sont publiés, j'entends un certain nombre d'explications et je crois qu'il faut s'attarder un instant sur la réalité des choses. On ne peut pas s'appuyer uniquement sur des "on dit" ou des rumeurs - la baisse du chômage serait due au hasard, ou mieux, à l'évolution de la démographie, au pire, à une augmentation des radiations. Mon objectif, ce ne sont pas les chiffres. Mon objectif, c'est que la situation des Français s'améliore, et que chacun puisse toucher du doigt la baisse du chômage.
Alors, permettez-moi de revenir un instant sur ces explications. Certains évoquent "la démographie". Je tiens à rappeler que la population active dans notre pays continue d'augmenter. Jusqu'en 2007, la croissance annuelle de la population active devrait continuer sur le rythme observé en moyenne depuis 1970. Ce n'est qu'alors que ce rythme ralentira. Cela veut dire qu'aujourd'hui pour faire baisser le chômage, il n'y a pas d'autre solution que de créer des emplois. Et je l'ai dit, c'est bien ce qui se passe dans notre pays.
D'autres parlent des "radiations". Si la baisse du taux de chômage résultait d'une augmentation des radiations, ce serait bien évidemment pour moi inacceptable. Car cela signifierait plus de précarité pour des hommes et des femmes qui sont déjà fragilisés par le chômage. Alors, que voit-on ? Entre juillet 2005 et juillet 2006, les radiations sont restées stables par rapport à la même période de l'année précédente. Mais en matière d'emploi, nous ne sommes pas encore au bout du chemin.
Je vois bien que le chômage reste une préoccupation quotidienne pour beaucoup de nos compatriotes. Pour sortir véritablement du chômage de masse, nous devons encore travailler dans plusieurs directions.
La première, c'est de réduire davantage le chômage structurel pour parvenir à un taux de chômage de l'ordre de 5 à 6%. Pour cette législature, vous connaissez notre objectif : passer sous la barre des 2 millions de chômeurs. La deuxième direction, c'est de créer des parcours professionnels mieux sécurisés. Nous avons lancé un certain nombre de dispositifs, comme le contrat de transition professionnelle ; le modèle auquel nous aspirons, ce n'est pas celui dans lequel le travail est précaire, dans lequel chacun s'inquiète pour demain, et redoute de perdre son emploi, c'est au contraire une société du plein emploi, une société où chacun a la certitude qu'il pourra trouver plus facilement du travail, une société où changer de poste ou d'activité n'est pas vécu comme un drame, mais comme une nouvelle opportunité.
La troisième direction, c'est d'améliorer la qualité de l'emploi. La précarité du travail ne peut pas être le prix à payer pour la baisse du chômage. En disant cela, je pense en particulier à la situation professionnelle de beaucoup de femmes dans notre pays, car elles sont les plus exposées au temps partiel subi, aux horaires décalés et aux salaires insuffisants. Beaucoup d'entre elles ont encore trop de mal à concilier leur vie professionnelle et leur vie familiale, surtout lorsqu'elles doivent élever des enfants alors qu'elles sont seules. Je souhaite que nous lancions une réflexion à ce sujet.
Mesdames et messieurs, chers amis, les résultats que nous avons obtenus dans la bataille pour l'emploi ne sont qu'un premier pas. Mais ils nous montrent que nous sommes sur la bonne voie. Je le sais, avec le dynamisme, avec l'engagement de chacun, avec la conviction que nous avons que nous pouvons faire mieux. Et je sais l'engagement personnel de Jean-Louis BORLOO dans cette bataille. Je sais à quel point nous sommes soucieux d'avancer pragmatiquement, à chaque étape, quels que soient les erreurs, les obstacles, volonté de trouver les justes et bonnes réponses. Et tout au long des prochains mois, je peux vous le garantir, avec Jean-Louis BORLOO, avec Gérard LARCHER, avec l'ensemble du Gouvernement, nous aurons à coeur, à chaque fois, d'améliorer ces réponses.
Nous l'avons affirmé, et je crois qu'aujourd'hui, nous le savons tous, il n'y a pas de fatalité. Alors, soyons ambitieux pour notre pays, soyons ambitieux pour l'unité de notre pays, soyons ambitieux et généreux pour la cohésion sociale et républicaine dans notre pays. La France ne retrouvera pas cet équilibre indispensable, nous ne sortirons pas du malaise profond qui s'est incrusté dans les esprits au fil des années, si nous n'arrivons pas à montrer que chacun a sa place, quelle que soit son origine, quelle que soit sa situation, que chacun peut bénéficier d'une main tendue, que chacun peut avoir une nouvelle chance. Toute notre société doit s'organiser à partir d'une volonté d'ambition, de dynamisme, d'audace -et Oullins, pour cela, nous montre la voie- et en même temps de solidarité, d'attention à ceux qui rencontrent le plus de difficulté dans cette troisième étape de la bataille pour l'emploi. C'est bien vers tout cela que nous avons un devoir majeur : redonner confiance à ceux qui ont le sentiment que rien n'est possible pour eux, montrer pas à pas pour eux, pour leur famille, pour l'ensemble de la société, que chacun peut contribuer à l'harmonie et au développement de la société. C'est bien l'honneur de l'action politique, c'est bien l'honneur de notre engagement à tous, à vous tous qui êtes les grands acteurs de notre vie sociale et économique. C'est bien le défi qu'il nous reste à relever pour les prochains mois.
Je vous remercie.Source http://www.premier-ministre.gouv.fr, le 26 septembre 2006