Texte intégral
Q - Comment interprétez-vous votre score, entre 12 à 15 % au premier tour, lors de nos d'intentions de vote en votre faveur dans le dernier sondage "Paris Match-Ifop" ?
R - Il y a une très grande attente chez les Français d'un autre choix que celui de Nicolas Sarkozy/Ségolène Royal. Ils voient bien que, du petit déjeuner au coucher, on leur serine la même chanson Sarko/Ségo aller-retour. Mais les Français ne veulent pas qu'on leur force la main. Ils sont donc à la recherche d'un choix nouveau, pour créer une surprise républicaine.
Q - Et, selon vous évidemment, la surprise, en 2007, ce sera vous ?
R - Constance et persévérance touchent toujours les électeurs. Ils partagent, je crois, mon diagnostic : entre le peuple et les pouvoirs, politiques, économiques et médiatiques, un gouffre s'est installé. À l'adresse du peuple, on organise une mise en scène qui masque les questions les plus graves. Ainsi Nicolas Sarkozy oppose-t-il juges et policiers, comme dans un jeu de cow-boys et de voleurs. Mais les citoyens ont d'autres exigences. Ils veulent être pris au sérieux et traités en adultes.
Q - Vous parlez comme Ségolène Royal ! Démocratie participative et citoyens experts...
R - Détrompez-vous. Ce n'est pas la même chose de prendre les citoyens au sérieux ou de les suivre aveuglément. Par exemple, annoncer qu'on soumettra les élus à des jurys populaires tirés au sort, c'est une dérive. Si l'on prend cette idée au sérieux, ce sont des soviets, ce n'est pas la confiance, c'est la défiance. Ainsi, les Français qui trouvent le candidat de l'UMP souvent inquiétant, commencent à juger la candidate socialiste pas très rassurante non plus.
Q - Et si le duel Ségo-Sarko n'avait pas lieu ?
R - Il s'agit plus souvent d'un duo que d'un duel. Mais rien ne dit que ce duel s'imposera. Lisez ce mail que je reçois à la seconde : "De sensibilité de gauche, je me surprends à vous écouter avec une grande attention (...) tant le désastre de ma famille politique est grand et tant l'autre clan m'effraie." C'est cette attente qui me touche et à laquelle je veux répondre. C'est pour cela que je propose qu'on fasse le pas de faire travailler ensemble des gens compétents, d'accord sur l'essentiel, venus de gauche, du centre et de la droite.
Q - Vos propositions sont quand même très proches de celles du PS : un président qui gouverne, des électeurs qui ne veulent plus d'un modèle imposé, une nouvelle République...
R - 60 % des responsables politiques, à droite comme à gauche, partagent, en privé, la même analyse. Mais ils n'osent pas le dire. Or il est urgent que nous travaillions ensemble. Par exemple pour éviter la catastrophe climatique et humaine que décrit très pédagogiquement le film d'Al Gore ["Une vérité qui dérange"]. Ou pour défendre l'idéal social de la France face à la mondialisation, et en faire une arme dans la compétition du monde. Ou pour vaincre la malédiction de la dette.
Q - Dans votre livre "Au nom du Tiers-Etat" (éd. Hachette Littératures), vous décrivez une situation prérévolutionnaire, comparable à celle de 1789, avec un pouvoir absolu enfermé à l'Elysée et un peuple infantilisé... Votre diagnostic n'est-il pas trop sévère pour le pouvoir actuel et les Français ?
R - Un jour, on découvrira que ce diagnostic devrait être plus sévère encore ! Vous ne voyez pas à quel point la confiance a disparu ? Peut-être parce que vous-mêmes, le pouvoir médiatique, vous êtes familier du cercle des puissants...
Q - Ah bon ! C'est vous qui le dites. Décidément, vous êtes vraiment très excessif et un brin populiste !
R - Entre les grandes puissances médiatiques, économiques et politiques, il y a une intimité de tous les jours. Mais le peuple se sent exclu de cette connivence. Pourtant, c'est un peuple plein de ressources, de vitalité, créatif. Il demande à être entendu, pas à être flatté, pas à être tiré vers ses passions mauvaises (il en a aussi, comme chacun d'entre nous). Il demande à être tiré vers le haut. Il souhaite des dirigeants, un président qui lui disent : "Voilà les difficultés, voilà nos problèmes, je n'ai pas de baguette magique, mais je vous propose un cap." Le citoyen attend de son président qu'il bâtisse avec lui une relation de confiance. Qu'il ne lui bourre pas le mou.
Q - En ne parlant que deux fois l'an à ses concitoyens, le 31 décembre et le 14 juillet, Chirac a donc échoué, selon vous ?
R - Jacques Chirac est un être complexe. Je crois qu'il ressent une grande partie de ce que j'exprime - sa campagne de 1995, celle de la fracture sociale, le prouve. Mais il cultive un pouvoir présent-absent. Il n'a pas accompagné le peuple dans sa réflexion - être son ami, l'éclairer -, comme devrait le faire, à mon sens, un président.
Q - Vous avez déclaré que vous êtiez prêt à devenir premier ministre d'un président de droite ou de gauche...
R - C'est une lourde erreur d'interprétation de mes propos. Ce n'est pas à Matignon que l'essentiel se joue, c'est à l'Elysée.
Q - Vous vous y voyez donc... Vos premières mesures de chef de l'Etat ?
R - Je nommerai un gouvernement inédit qui rassemblera des personnalités compétentes, venues de bords différents, qui s'accorderont sur un programme de redressement national. Je changerai les institutions pour que tous les Français soient représentés. Je ferai voter une grande loi-cadre sur la priorité à l'éducation.
Propos recueillis par Laurence Masurel et Sylvie Santini
source http://www.udf.org, le 27 octobre 2006
R - Il y a une très grande attente chez les Français d'un autre choix que celui de Nicolas Sarkozy/Ségolène Royal. Ils voient bien que, du petit déjeuner au coucher, on leur serine la même chanson Sarko/Ségo aller-retour. Mais les Français ne veulent pas qu'on leur force la main. Ils sont donc à la recherche d'un choix nouveau, pour créer une surprise républicaine.
Q - Et, selon vous évidemment, la surprise, en 2007, ce sera vous ?
R - Constance et persévérance touchent toujours les électeurs. Ils partagent, je crois, mon diagnostic : entre le peuple et les pouvoirs, politiques, économiques et médiatiques, un gouffre s'est installé. À l'adresse du peuple, on organise une mise en scène qui masque les questions les plus graves. Ainsi Nicolas Sarkozy oppose-t-il juges et policiers, comme dans un jeu de cow-boys et de voleurs. Mais les citoyens ont d'autres exigences. Ils veulent être pris au sérieux et traités en adultes.
Q - Vous parlez comme Ségolène Royal ! Démocratie participative et citoyens experts...
R - Détrompez-vous. Ce n'est pas la même chose de prendre les citoyens au sérieux ou de les suivre aveuglément. Par exemple, annoncer qu'on soumettra les élus à des jurys populaires tirés au sort, c'est une dérive. Si l'on prend cette idée au sérieux, ce sont des soviets, ce n'est pas la confiance, c'est la défiance. Ainsi, les Français qui trouvent le candidat de l'UMP souvent inquiétant, commencent à juger la candidate socialiste pas très rassurante non plus.
Q - Et si le duel Ségo-Sarko n'avait pas lieu ?
R - Il s'agit plus souvent d'un duo que d'un duel. Mais rien ne dit que ce duel s'imposera. Lisez ce mail que je reçois à la seconde : "De sensibilité de gauche, je me surprends à vous écouter avec une grande attention (...) tant le désastre de ma famille politique est grand et tant l'autre clan m'effraie." C'est cette attente qui me touche et à laquelle je veux répondre. C'est pour cela que je propose qu'on fasse le pas de faire travailler ensemble des gens compétents, d'accord sur l'essentiel, venus de gauche, du centre et de la droite.
Q - Vos propositions sont quand même très proches de celles du PS : un président qui gouverne, des électeurs qui ne veulent plus d'un modèle imposé, une nouvelle République...
R - 60 % des responsables politiques, à droite comme à gauche, partagent, en privé, la même analyse. Mais ils n'osent pas le dire. Or il est urgent que nous travaillions ensemble. Par exemple pour éviter la catastrophe climatique et humaine que décrit très pédagogiquement le film d'Al Gore ["Une vérité qui dérange"]. Ou pour défendre l'idéal social de la France face à la mondialisation, et en faire une arme dans la compétition du monde. Ou pour vaincre la malédiction de la dette.
Q - Dans votre livre "Au nom du Tiers-Etat" (éd. Hachette Littératures), vous décrivez une situation prérévolutionnaire, comparable à celle de 1789, avec un pouvoir absolu enfermé à l'Elysée et un peuple infantilisé... Votre diagnostic n'est-il pas trop sévère pour le pouvoir actuel et les Français ?
R - Un jour, on découvrira que ce diagnostic devrait être plus sévère encore ! Vous ne voyez pas à quel point la confiance a disparu ? Peut-être parce que vous-mêmes, le pouvoir médiatique, vous êtes familier du cercle des puissants...
Q - Ah bon ! C'est vous qui le dites. Décidément, vous êtes vraiment très excessif et un brin populiste !
R - Entre les grandes puissances médiatiques, économiques et politiques, il y a une intimité de tous les jours. Mais le peuple se sent exclu de cette connivence. Pourtant, c'est un peuple plein de ressources, de vitalité, créatif. Il demande à être entendu, pas à être flatté, pas à être tiré vers ses passions mauvaises (il en a aussi, comme chacun d'entre nous). Il demande à être tiré vers le haut. Il souhaite des dirigeants, un président qui lui disent : "Voilà les difficultés, voilà nos problèmes, je n'ai pas de baguette magique, mais je vous propose un cap." Le citoyen attend de son président qu'il bâtisse avec lui une relation de confiance. Qu'il ne lui bourre pas le mou.
Q - En ne parlant que deux fois l'an à ses concitoyens, le 31 décembre et le 14 juillet, Chirac a donc échoué, selon vous ?
R - Jacques Chirac est un être complexe. Je crois qu'il ressent une grande partie de ce que j'exprime - sa campagne de 1995, celle de la fracture sociale, le prouve. Mais il cultive un pouvoir présent-absent. Il n'a pas accompagné le peuple dans sa réflexion - être son ami, l'éclairer -, comme devrait le faire, à mon sens, un président.
Q - Vous avez déclaré que vous êtiez prêt à devenir premier ministre d'un président de droite ou de gauche...
R - C'est une lourde erreur d'interprétation de mes propos. Ce n'est pas à Matignon que l'essentiel se joue, c'est à l'Elysée.
Q - Vous vous y voyez donc... Vos premières mesures de chef de l'Etat ?
R - Je nommerai un gouvernement inédit qui rassemblera des personnalités compétentes, venues de bords différents, qui s'accorderont sur un programme de redressement national. Je changerai les institutions pour que tous les Français soient représentés. Je ferai voter une grande loi-cadre sur la priorité à l'éducation.
Propos recueillis par Laurence Masurel et Sylvie Santini
source http://www.udf.org, le 27 octobre 2006