Déclaration de M. Léon Bertrand, ministre délégué au tourisme, sur la valorisation des lieux de Souvenir et des sites de Mémoire, Paris le 26 octobre 2006.

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Circonstance : Premières rencontres internationales sur la mémoire partagée à Paris - UNESCO - le 26 octobre 2006

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Ministres,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs les membres du Corps Diplomatique,
Mesdames et Messieurs les Officiers généraux,
Mesdames et Messieurs les représentants des associations d'anciens combattants
Mesdames et Messieurs,
Je suis très heureux de participer aujourd'hui à ces Premières Rencontres Internationales sur la Mémoire partagée, organisées dans l'enceinte de l'UNESCO.
L'oeuvre de mémoire qui est entreprise à cette occasion, au profit des nouvelles générations et en hommage à toutes celles et tous ceux qui nous ont précédé, est essentielle.
Quelques semaines après la sortie d'« Indigènes », qui a permis de redonner toute leur place aux combattants d'Afrique du Nord et celle, plus récente, du film de Clint Eastwood « A la mémoire de nos pères », ces Rencontres prennent une dimension toute particulière.
Et en ma qualité de ministre délégué au Tourisme, je tiens à apporter, comme je l'ai fait en février 2004 lors de la signature de la convention avec Hamlaoui MEKACHERA, le ministre délégué aux Anciens combattants, mon soutien à la politique de mémoire partagée avec force et détermination.
Parce que, contrairement aux apparences, les mots « tourisme » et « mémoire » sont loin d'être incompatibles et participent du même processus.
La mémoire, comme le tourisme, parlent de respect.
Respect immense pour ces millions de femmes et d'hommes qui, au cours des conflits marquant le siècle dernier, se sont engagés avec courage dans la défense de leur pays.
Respect des cultures et des traditions dans le cadre des voyages de découverte.
Dans une période troublée par les grands événements internationaux, le tourisme de mémoire apparaît ainsi comme un vecteur de paix, d'échange et de respect mutuel entre les peuples.
Le tourisme de mémoire est aussi l'un des modes d'apprentissage de la citoyenneté car il met en valeur le passé.
Et nous savons tous à quel point la connaissance de nos racines fonde notre identité et nous permet de mieux appréhender le présent. A ce titre, le tourisme de mémoire joue donc également un vrai rôle d'intégration sociale.
Or la France, destination culturelle par excellence, dispose du plus important patrimoine de mémoire au monde avec les sites emblématiques des conflits de 1870, 14-18 et 39-45 ainsi que 400 musées fréquentés, chaque année, par près de 20 millions de visiteurs.
Dans le département de la Meuse, le tourisme de mémoire constitue même le 1er vecteur de fréquentation.
Il s'agit donc, incontestablement, d'une offre qu'il convient de valoriser.
Cette promotion du tourisme de mémoire vise principalement trois objectifs :
1. faciliter la découverte de ces sites qui témoignent de la richesse, et de l'authenticité, parfois cruelle, de notre patrimoine historique ;
2. accueillir, dans les meilleures conditions, les anciens combattants et leurs familles lors de commémorations, comme ce fut le cas à l'occasion des cérémonies du 60ème anniversaire du débarquement allié ;
3. favoriser, enfin, la transmission de cette mémoire vers les jeunes générations en signe de respect envers celles et ceux, nombreux, qui se sont sacrifiés dans l'intérêt de la Nation.
Longtemps tourisme de pèlerinage, cette forme de tourisme, promue par de nombreux territoires, est aujourd'hui en pleine évolution.
Et au-delà du recueillement, la fonction pédagogique des sites progresse.
L'heure est à la création de véritables équipements culturels, qui invitent à une réflexion universelle, et participent à la construction d'une mémoire collective, d'une identité qui permette de bâtir demain en évitant les erreurs d'hier.
La création du Centre de mémoire d'Oradour-sur-Glane en 1999, l'ouverture du Mémorial d'Alsace Moselle ou du Centre européen du Résistant Déporté en 2005 en sont une bonne illustration.
Dans le même temps, on constate une évolution des clientèles.
Une clientèle qui s'internationalise : chaque année, 200 000 touristes étrangers, en majorité Britanniques, viennent, par exemple, visiter les musées et mémoriaux de la Somme.
Une clientèle qui rajeunit : 30 à 35 % du visitorat du Mémorial de Caen est constitué de scolaires.
Mais surtout, la fréquentation touristique progresse, en volume, de manière remarquable :
A titre d'exemple, en 2005, le cimetière américain de Colleville-sur-Mer a accueilli 1,4 million de visiteurs, la Pointe du Hoc 950 000 et le site de Verdun avec le Mémorial de la Paix plus de 500 000.
Mon ministère s'est donc engagé, conformément aux orientations du Premier Comité Interministériel du Tourisme de septembre 2003, à qualifier et à valoriser cette offre touristique.
Dans cette perspective, j'ai signé le 9 février 2004 une convention de partenariat avec Hamlaoui MEKACHERA dans le cadre symbolique et prestigieux de la maison natale du Général de Gaulle à Lille.
Il s'agit de favoriser la lisibilité des sites de mémoire, en améliorant l'information relative à leur existence, grâce notamment au site Internet "les chemins de la mémoire " (qui vient de nous être présenté à l'instant), mais aussi d'en améliorer l'accès et d'encourager leur mise en réseau.
Cette convention met en exergue l'intérêt touristique des sites de mémoire, notamment dans les zones ne disposant pas toujours d'atouts touristiques majeurs et prévoit leur aménagement selon une démarche de qualité de l'accueil des touristes.
Elle prévoit également la promotion des sites en France et à l'étranger, grâce au réseau de Maison de la France qui compte aujourd'hui 34 bureaux dans 28 pays.
Cette convention est une nouvelle illustration de la volonté du Gouvernement de faire du Tourisme l'un des moteurs privilégiés de création d'emplois et d'attractivité des territoires.
N'oublions pas, en effet, que le tourisme est redevenu le plus fort contributeur à notre excédent de la balance des paiements.
Mesdames et Messieurs,
Ces Premières Rencontres Internationales sur la Mémoire Partagée nous ont permis aujourd'hui de témoigner de la volonté qui nous anime de mettre chaque jour un peu plus en valeur la richesse de notre patrimoine historique.
En favorisant l'accès de tous à cette formidable source d'information et de réflexion que sont les sites de Mémoire, nous contribuons collectivement à ce devoir de Mémoire que le respect de nos pères nous impose.
Valoriser les lieux de Mémoire est la moindre des dettes que nous devons avoir à l'égard de tous ceux qui ont versé leur sang pour leur patrie.
C'est un devoir qui nous honore et nous grandit.
Car comme le rappelait John Fitzgerald Kennedy : « On connaît une nation aux hommes qu'elle produit, mais aussi à ceux dont elle se souvient et qu'elle honore ».
Je vous remercie.
Source http://www.defense.gouv.fr, le 30 octobre 2006