Texte intégral
D'abord je voudrais vous dire que j'ai considéré comme un honneur d'avoir été reçu ce matin par le président Moubarak dans le cadre d'une audience dont le principe avait été décidé avec le président Chirac. Vous savez la qualité des relations personnelles entre nos deux chefs d'Etat et la confiance qui prévaut entre nos deux pays. Le ministre des Affaires étrangères égyptien vient de vous indiquer la substance de cet entretien, essentiellement une vision partagée sur le dialogue nécessaire que nous devons avoir avec les autorités soudanaises pour obtenir un processus politique élargi entre les différents groupes rebelles et les autorités soudanaises. Je rencontrerai ce soir le président Bechir. Il était important pour moi auparavant d'écouter et de bénéficier de l'expérience et de la sagesse du président Moubarak. Nous avons également évoqué les crises au Moyen-Orient. J'avais déjà pu discuter de ces questions de manière approfondie avec M. Ahmed Aboul Gheit, hier. Un mot sur le Moyen-Orient : c'est une parfaite convergence de vues qui est ressortie de nos échanges sur le Moyen-Orient. Nous faisons tout d'abord le même constat pour ce qui est des territoires palestiniens : il faut soutenir le président Abbas, être prêt à coopérer avec un nouveau gouvernement palestinien qui prendrait en compte les principes du Quartet. Il faudrait aussi saisir l'occasion de relancer une dynamique de paix. Pour ce qui est du Liban, nous partageons le même attachement à la souveraineté, à l'intégrité territoriale et à l'indépendance du Liban. Sur l'Iran, nous avons la conviction partagée que la solution à la crise nucléaire doit être trouvée par la diplomatie et que le processus au Conseil de sécurité est avant tout incitatif, et donc réversible, si l'Iran fait ce que la communauté internationale attend de lui. Nous sommes à votre disposition pour répondre bien sûr à vos questions, quand vous le souhaitez.
Q - Hier, les Etats-Unis se sont opposés à un projet de résolution déposé par les pays arabes concernant Beit Hanoun. Quelle est la position de la France concernant les entraves au processus de paix ?
R - En tant que membre permanent du Conseil de sécurité, je ne vais pas porter de jugement sur ce qu'ont fait les autres mais je vais vous dire ce que nous, nous avons fait. Il nous paraît important de soutenir cette résolution parce que nous pensons qu'il faut respecter le droit à la sécurité d'Israël. Il faut même considérer avec un profond respect le droit à la défense d'Israël. Mais ce droit de se défendre doit s'inscrire dans le droit international. Il est donc nécessaire de condamner toutes les offensives militaires israéliennes aujourd'hui qui toucheraient de manière non-discriminée des habitations et feraient des centaines de victimes civiles. C'est la raison pour laquelle la France a décidé de voter cette résolution.
Q - Je voudrais connaître votre avis, Monsieur le Ministre, sur les idées égyptiennes relatives à la situation au Darfour, sur le renforcement de la force de l'Union africaine, plus de financement et autres aspects, logistique etc... Qu'en pensez-vous ?
R - Nous avons une convergence de vue totale avec nos amis égyptiens sur la question soudanaise et en particulier sur la question du Darfour. Il est clair que la situation aujourd'hui est bloquée avec une résolution 1706, votée au Conseil de sécurité des Nations unies, et un refus des autorités soudanaises d'accepter cette résolution sur le terrain. Il faut donc trouver une situation intermédiaire qui soit acceptée par les deux parties, car l'idée qui prévaut, c'est la protection des populations, en particulier civiles. Toutes les propositions qui vont dans ce sens doivent être étudiées et, en particulier, l'idée d'une force hybride est intéressante.
Q - Que pense la France de l'évolution de la situation en Irak, notamment si la peine de mort prononcée contre Saddam Hussein venait à être mise à exécution ?
R - D'abord, il n'y a pas de miracle en Irak. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut rien faire et qu'il faut se résigner. Je vois plusieurs pistes pour enrayer la dégradation en Irak. Premièrement : redynamiser le processus politique, en incluant en particulier tous ceux qui en sont exclus actuellement, y compris les insurgés qui accepteraient de renoncer à la violence et de rendre les armes. C'est nécessaire pour isoler les terroristes. Deuxièmement : assurer les Irakiens que, progressivement, ils recouvreront leur souveraineté avec des transferts de compétences de souveraineté, comme la sécurité. Ceci implique, sinon un retrait des forces étrangères qui pourrait aboutir à court terme à accroître le chaos, au moins à un horizon concret de retrait, à un calendrier prévu qui permettrait aux Irakiens de croire à leur souveraineté retrouvée. Et troisièmement, la mobilisation de la communauté internationale, autour de ce qu'on appelle le "pacte international pour l'Irak", qui est une somme d'engagements réciproques et pas un simple assistanat. C'est à ce prix-là que le peuple irakien, qui a droit à la paix et à la sécurité, pourra vivre tranquillement.
Q - Que pensez-vous de la sentence de mort de Saddam Hussein ?
R - Deux choses : premièrement, nous avons pris acte de la sentence de mort qui a été prononcée par le tribunal irakien. C'est aux Irakiens de juger le contexte dans lequel ce procès a eu lieu. Je rappelle que c'est un contexte de très grande violence quotidienne, de près de cent morts par jour. Deuxièmement, je pense qu'il était important que les Irakiens puissent faire toute la transparence sur les crimes qui étaient reprochés à Saddam Hussein, au travers des institutions judiciaires nouvelles. Je crois que cette sentence de mort, si elle devait être mise à exécution, entraînerait des violences exacerbées entre les communautés, dont on voit aujourd'hui le fossé qui grandit entre elles. Et enfin, peut-être le plus important, en tant que citoyen français et en tant qu'Européen, je voudrais vous dire qu'à titre personnel, je suis profondément contre la peine de mort, que la France est un pays qui s'est exprimé définitivement contre la peine de mort, et l'Union européenne également. Ce qui a fait récemment demander par l'Union européenne que l'exécution n'ait pas lieu.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 novembre 2006
Q - Hier, les Etats-Unis se sont opposés à un projet de résolution déposé par les pays arabes concernant Beit Hanoun. Quelle est la position de la France concernant les entraves au processus de paix ?
R - En tant que membre permanent du Conseil de sécurité, je ne vais pas porter de jugement sur ce qu'ont fait les autres mais je vais vous dire ce que nous, nous avons fait. Il nous paraît important de soutenir cette résolution parce que nous pensons qu'il faut respecter le droit à la sécurité d'Israël. Il faut même considérer avec un profond respect le droit à la défense d'Israël. Mais ce droit de se défendre doit s'inscrire dans le droit international. Il est donc nécessaire de condamner toutes les offensives militaires israéliennes aujourd'hui qui toucheraient de manière non-discriminée des habitations et feraient des centaines de victimes civiles. C'est la raison pour laquelle la France a décidé de voter cette résolution.
Q - Je voudrais connaître votre avis, Monsieur le Ministre, sur les idées égyptiennes relatives à la situation au Darfour, sur le renforcement de la force de l'Union africaine, plus de financement et autres aspects, logistique etc... Qu'en pensez-vous ?
R - Nous avons une convergence de vue totale avec nos amis égyptiens sur la question soudanaise et en particulier sur la question du Darfour. Il est clair que la situation aujourd'hui est bloquée avec une résolution 1706, votée au Conseil de sécurité des Nations unies, et un refus des autorités soudanaises d'accepter cette résolution sur le terrain. Il faut donc trouver une situation intermédiaire qui soit acceptée par les deux parties, car l'idée qui prévaut, c'est la protection des populations, en particulier civiles. Toutes les propositions qui vont dans ce sens doivent être étudiées et, en particulier, l'idée d'une force hybride est intéressante.
Q - Que pense la France de l'évolution de la situation en Irak, notamment si la peine de mort prononcée contre Saddam Hussein venait à être mise à exécution ?
R - D'abord, il n'y a pas de miracle en Irak. Cela ne veut pas dire qu'il ne faut rien faire et qu'il faut se résigner. Je vois plusieurs pistes pour enrayer la dégradation en Irak. Premièrement : redynamiser le processus politique, en incluant en particulier tous ceux qui en sont exclus actuellement, y compris les insurgés qui accepteraient de renoncer à la violence et de rendre les armes. C'est nécessaire pour isoler les terroristes. Deuxièmement : assurer les Irakiens que, progressivement, ils recouvreront leur souveraineté avec des transferts de compétences de souveraineté, comme la sécurité. Ceci implique, sinon un retrait des forces étrangères qui pourrait aboutir à court terme à accroître le chaos, au moins à un horizon concret de retrait, à un calendrier prévu qui permettrait aux Irakiens de croire à leur souveraineté retrouvée. Et troisièmement, la mobilisation de la communauté internationale, autour de ce qu'on appelle le "pacte international pour l'Irak", qui est une somme d'engagements réciproques et pas un simple assistanat. C'est à ce prix-là que le peuple irakien, qui a droit à la paix et à la sécurité, pourra vivre tranquillement.
Q - Que pensez-vous de la sentence de mort de Saddam Hussein ?
R - Deux choses : premièrement, nous avons pris acte de la sentence de mort qui a été prononcée par le tribunal irakien. C'est aux Irakiens de juger le contexte dans lequel ce procès a eu lieu. Je rappelle que c'est un contexte de très grande violence quotidienne, de près de cent morts par jour. Deuxièmement, je pense qu'il était important que les Irakiens puissent faire toute la transparence sur les crimes qui étaient reprochés à Saddam Hussein, au travers des institutions judiciaires nouvelles. Je crois que cette sentence de mort, si elle devait être mise à exécution, entraînerait des violences exacerbées entre les communautés, dont on voit aujourd'hui le fossé qui grandit entre elles. Et enfin, peut-être le plus important, en tant que citoyen français et en tant qu'Européen, je voudrais vous dire qu'à titre personnel, je suis profondément contre la peine de mort, que la France est un pays qui s'est exprimé définitivement contre la peine de mort, et l'Union européenne également. Ce qui a fait récemment demander par l'Union européenne que l'exécution n'ait pas lieu.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 novembre 2006