Déclaration de M. Alain Richard, ministre de la défense, sur la réorganisation des réserves suite au passage à l'armée de métier, Paris le 20 janvier 2001.

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Circonstance : 10ème séminaire des jeunes cadres de réserve, Paris le 20 janvier 2001

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
C'est une réelle satisfaction pour moi de pouvoir m'adresser à vous à l'occasion du 10e séminaire des jeunes cadres de réserve. Je tenais à vous dire toute l'importance que j'attache à la question de l'avenir des réserves, et l'intérêt que je porte aux discussions que vous menez ici.
Vous le savez, l'évolution des réserves constitue pour moi une composante à part entière du processus de professionnalisation des armées que j'ai engagé depuis plus de trois ans. Il était nécessaire que la suspension de la conscription et la quasi permanence de la notion de gestion des crises dans l'emploi des forces armées s'accompagnent d'une redéfinition du rôle et de la composition des réserves. La loi du 22 octobre 1999 a posé le socle législatif de l'émergence d'une nouvelle réserve. Les décrets d'application parus à ce jour en ont précisé les modalités d'organisation et de fonctionnement et créés une instance de concertation originale, le Conseil Supérieur de la Réserve militaire, chargé d'émettre des avis sur les questions relatives à cette nouvelle réserve.
Mais au delà de la construction par les textes, une réserve adaptée à notre armée professionnelle et répondant à ses besoins ne sera possible que si elle sait attirer à elle une partie de la jeunesse de notre pays.
Il importe d'abord de résoudre la question primordiale du recrutement de la réserve dite opérationnelle. La réserve de masse traditionnelle est appelée à disparaître avec la suspension du service national et laisse aujourd'hui la place à une réserve d'emploi, véritable complément des armées, plus disponible, intégrée au sein des unités professionnelles et fondée sur le volontariat. La constitution de cette réserve opérationnelle, où toutes les catégories sont représentées, du soldat à l'officier supérieur, nécessite de susciter auprès de jeunes, n'ayant plus à accomplir de service militaire, le désir de s'engager dans la réserve, en particulier au niveau des militaires du rang.
Les armées ont également plus que jamais besoin de jeunes Français et Françaises qualifiés ou en voie de l'être dans des domaines spécialisés pour lesquels elles ne disposent pas en permanence des compétences nécessaires. C'est particulièrement vrai pour ce que l'on nomme les affaires civilo-militaires, et nous sommes ici au cur des réflexions que vous allez mener aujourd'hui.
Enfin, notre concept de défense résulte profondément de l'idée de citoyenneté établie par notre tradition républicaine. L'existence d'une armée professionnelle, appelée souvent à intervenir loin de nos frontières pour défendre les intérêts de la France, mais aussi une certaine idée que nous nous faisons en tant que Français des valeurs universelles à défendre et à faire respecter, peut, doit s'accompagner d'un réel intérêt de nos concitoyens pour leur défense et les questions qui s'y rapportent. Ceci est particulièrement vrai pour les jeunes Français et Françaises qui ont à bâtir leur citoyenneté dans un contexte sans doute plus flou qu'autrefois. Cet intérêt des jeunes pour les questions de défense, vous le manifestez aujourd'hui et je vous en remercie.
Pour toutes les raisons que je viens d'évoquer, votre dixième séminaire, ainsi que l'initiative concrète et originale du forum que vous lancez cet après midi, vont dans le bon sens et me paraissent particulièrement opportuns. Je vous encourage à partager tout au long de cette journée vos réflexions et vos avis, dont je sais qu'ils seront, comme ceux qui m'ont été présentés l'an dernier, de qualité. J'en prendrais connaissance avec un grand intérêt. Je vous remercie.
(source http://www.defense.gouv.fr, le 13 février 2001)