Texte intégral
Monsieur le Président,
Monsieur le Directeur général,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
L'agrégation d'arabe a 100 ans !
100 ans que l'Education nationale a reconnu officiellement le statut de professeur de langue arabe, avec le même rang et la même reconnaissance que celui de toute autre discipline.
A cette occasion, je suis heureux de fêter parmi vous, l'enseignement d'une langue, car, comme vous le savez, l'apprentissage des langues étrangères est une des priorités du Gouvernement français.
La rénovation de cet apprentissage s'inscrit désormais dans le cadre européen commun de référence qui, progressivement, concernera toutes les langues enseignées à l'École.
Leur enseignement fait l'objet d'une organisation particulière qui encourage l'innovation pédagogique, qui insiste sur les capacités de compréhension et d'expression orale des élèves et qui leur permet de s'ouvrir aux civilisations dont elles sont le vecteur : c'est bien le cas de l'arabe qui nous réunit aujourd'hui.
L'arabe est présent depuis bien longtemps dans les collèges et lycées français, depuis bien plus longtemps que d'autres langues.
Dès 1838, l'arabe est enseigné au collège royal de Marseille, mais par des maîtres extérieurs au corps des professeurs.
L'orientation et l'impulsion nouvelles que donne à l'Instruction publique Victor Duruy, ministre entre 1863 et 1869, est favorable au développement de l'enseignement de l'arabe dans le cadre de l'Université. Jules Ferry plus tard reprit d'ailleurs une grande partie de ses projets.
Entre 1880 et 1914 le nombre des professeurs d'arabe s'accrut, en même temps que le réseau des écoles primaires supérieures et des collèges se densifiait en Algérie.
Les hauts fonctionnaires de l'instruction publique sont fidèles à l'état d'esprit réformiste de Ferry, qui était soucieux du respect dû aux consciences et aux traditions.
A Alger, le recteur Charles Jeanmaire, en poste entre 1883 et 1908, met ainsi en oeuvre une politique scolaire associant Français et Arabes en vue d'un progrès général de l'Algérie.
On voit donc se développer l'enseignement de l'arabe à l'école des lettres d'Alger, fondée en 1879, ainsi que dans les écoles primaires supérieures, les collèges et les lycées.
Après l'institution d'un brevet et d'un diplôme d'arabe à l'école des lettres en 1882, après la création d'un certificat d'aptitude à l'enseignement de l'arabe dans les écoles normales et écoles primaires supérieures en 1887, les quatre arrêtés du 23 juillet 1906 viennent couronner cette oeuvre.
Le concours d'agrégation d'arabe est donc créé, en même temps qu'un diplôme d'études supérieures de langue et littérature arabes, diplôme qui sera requis pour les futurs candidats à l'agrégation, sur le modèle des autres disciplines.
Un troisième arrêté institue un certificat d'aptitude à l'enseignement de l'arabe dans les lycées et collèges - l'ancêtre du moderne CAPES.
Enfin, un dernier arrêté crée un certificat d'aptitude à l'enseignement élémentaire de l'arabe parlé dans les écoles primaires d'Algérie.
Nous le voyons, la création de l'agrégation d'arabe participe d'un mouvement plus long et plus vaste qui a placé l'arabe au même niveau que toutes les autres langues vivantes et que toutes les autres disciplines.
A cela s'ajoute le fait que l'agrégation d'arabe va, à partir de 1906, pouvoir bénéficier d'une légitimité universitaire exceptionnelle.
On compte, en effet, les savants les plus prestigieux parmi les présidents des jurys de l'agrégation d'arabe.
Ils sont souvent membres de l'Institut ou du Collège de France : je citerai tout particulièrement Mahmoud Messadi, qui fut ensuite un brillant ministre de l'Education en Tunisie, et qui est vénéré comme le plus grand écrivain tunisien.
Aujourd'hui, l'Éducation nationale compte plus de 8700 élèves inscrits dans des cours de langue arabe, dans plus de 253 établissements du territoire français. 6070 candidats se sont présentés aux épreuves d'arabe à la session 2006 du baccalauréat.
A cela, il faut ajouter le rôle important, dans l'enseignement primaire, du dispositif ELCO (enseignement des langues et cultures d'origine).
Grâce aux partenariats bilatéraux entre la France et l'Algérie, le Maroc et la Tunisie, des maîtres des pays concernés interviennent dans le primaire sous pilotage du ministère et des autorités académiques.
J'ajoute que l'arabe est aussi très largement enseigné dans le réseau des établissements de l'AEFE (agence pour l'enseignement français à l'étranger) et de la Mission laïque, implantés en pays arabes, notamment au Liban, au Maroc et en Tunisie.
Un dispositif de sections internationales franco-marocaines dans le réseau AEFE intègre des effectifs importants et produit des résultats particulièrement brillants. Cet enseignement contribue au rayonnement de notre pays et à la formation d'élites parfaitement biculturelles.
Deux sections internationales franco-marocaines sont mises en place depuis la rentrée 2000, l'une à Paris, l'autre à Grenoble.
Enfin, de nombreuses universités disposent de départements d'études arabes, avec des cursus complets.
Mesdames et Messieurs,
L'apprentissage de la langue arabe est aujourd'hui largement répandu dans les établissements scolaires et dans les universités françaises.
L'Institut du Monde arabe y contribue également, grâce à son centre de langue et de civilisation, qui entretient des liens étroits avec le ministère de l'Education nationale. Il fête cette année ses 10 ans, occasion pour nous d'en saluer l'existence et le succès.
L'enseignement de l'arabe en France touche de plus en plus de jeunes qui n'ont pas de lien familial avec la culture arabe, mais qui sont séduits par la richesse de cette langue et de la culture à laquelle elle donne accès.
Cet enseignement, ouvert à tous, contribue ainsi au dialogue entre les cultures, au respect et à la compréhension mutuelle.
Ibn Arabi écrivait que l'univers est un immense livre.
Grâce à l'enseignement de la langue arabe, et grâce notamment à l'action de l'Institut du Monde arabe, nous donnons aux jeunes de France la possibilité d'en lire une des plus belles traductions.
Je vous remercie.Source http//.www.education.gouv.fr, le 24 novembre 2006
Monsieur le Directeur général,
Messieurs les Ambassadeurs,
Mesdames et Messieurs,
L'agrégation d'arabe a 100 ans !
100 ans que l'Education nationale a reconnu officiellement le statut de professeur de langue arabe, avec le même rang et la même reconnaissance que celui de toute autre discipline.
A cette occasion, je suis heureux de fêter parmi vous, l'enseignement d'une langue, car, comme vous le savez, l'apprentissage des langues étrangères est une des priorités du Gouvernement français.
La rénovation de cet apprentissage s'inscrit désormais dans le cadre européen commun de référence qui, progressivement, concernera toutes les langues enseignées à l'École.
Leur enseignement fait l'objet d'une organisation particulière qui encourage l'innovation pédagogique, qui insiste sur les capacités de compréhension et d'expression orale des élèves et qui leur permet de s'ouvrir aux civilisations dont elles sont le vecteur : c'est bien le cas de l'arabe qui nous réunit aujourd'hui.
L'arabe est présent depuis bien longtemps dans les collèges et lycées français, depuis bien plus longtemps que d'autres langues.
Dès 1838, l'arabe est enseigné au collège royal de Marseille, mais par des maîtres extérieurs au corps des professeurs.
L'orientation et l'impulsion nouvelles que donne à l'Instruction publique Victor Duruy, ministre entre 1863 et 1869, est favorable au développement de l'enseignement de l'arabe dans le cadre de l'Université. Jules Ferry plus tard reprit d'ailleurs une grande partie de ses projets.
Entre 1880 et 1914 le nombre des professeurs d'arabe s'accrut, en même temps que le réseau des écoles primaires supérieures et des collèges se densifiait en Algérie.
Les hauts fonctionnaires de l'instruction publique sont fidèles à l'état d'esprit réformiste de Ferry, qui était soucieux du respect dû aux consciences et aux traditions.
A Alger, le recteur Charles Jeanmaire, en poste entre 1883 et 1908, met ainsi en oeuvre une politique scolaire associant Français et Arabes en vue d'un progrès général de l'Algérie.
On voit donc se développer l'enseignement de l'arabe à l'école des lettres d'Alger, fondée en 1879, ainsi que dans les écoles primaires supérieures, les collèges et les lycées.
Après l'institution d'un brevet et d'un diplôme d'arabe à l'école des lettres en 1882, après la création d'un certificat d'aptitude à l'enseignement de l'arabe dans les écoles normales et écoles primaires supérieures en 1887, les quatre arrêtés du 23 juillet 1906 viennent couronner cette oeuvre.
Le concours d'agrégation d'arabe est donc créé, en même temps qu'un diplôme d'études supérieures de langue et littérature arabes, diplôme qui sera requis pour les futurs candidats à l'agrégation, sur le modèle des autres disciplines.
Un troisième arrêté institue un certificat d'aptitude à l'enseignement de l'arabe dans les lycées et collèges - l'ancêtre du moderne CAPES.
Enfin, un dernier arrêté crée un certificat d'aptitude à l'enseignement élémentaire de l'arabe parlé dans les écoles primaires d'Algérie.
Nous le voyons, la création de l'agrégation d'arabe participe d'un mouvement plus long et plus vaste qui a placé l'arabe au même niveau que toutes les autres langues vivantes et que toutes les autres disciplines.
A cela s'ajoute le fait que l'agrégation d'arabe va, à partir de 1906, pouvoir bénéficier d'une légitimité universitaire exceptionnelle.
On compte, en effet, les savants les plus prestigieux parmi les présidents des jurys de l'agrégation d'arabe.
Ils sont souvent membres de l'Institut ou du Collège de France : je citerai tout particulièrement Mahmoud Messadi, qui fut ensuite un brillant ministre de l'Education en Tunisie, et qui est vénéré comme le plus grand écrivain tunisien.
Aujourd'hui, l'Éducation nationale compte plus de 8700 élèves inscrits dans des cours de langue arabe, dans plus de 253 établissements du territoire français. 6070 candidats se sont présentés aux épreuves d'arabe à la session 2006 du baccalauréat.
A cela, il faut ajouter le rôle important, dans l'enseignement primaire, du dispositif ELCO (enseignement des langues et cultures d'origine).
Grâce aux partenariats bilatéraux entre la France et l'Algérie, le Maroc et la Tunisie, des maîtres des pays concernés interviennent dans le primaire sous pilotage du ministère et des autorités académiques.
J'ajoute que l'arabe est aussi très largement enseigné dans le réseau des établissements de l'AEFE (agence pour l'enseignement français à l'étranger) et de la Mission laïque, implantés en pays arabes, notamment au Liban, au Maroc et en Tunisie.
Un dispositif de sections internationales franco-marocaines dans le réseau AEFE intègre des effectifs importants et produit des résultats particulièrement brillants. Cet enseignement contribue au rayonnement de notre pays et à la formation d'élites parfaitement biculturelles.
Deux sections internationales franco-marocaines sont mises en place depuis la rentrée 2000, l'une à Paris, l'autre à Grenoble.
Enfin, de nombreuses universités disposent de départements d'études arabes, avec des cursus complets.
Mesdames et Messieurs,
L'apprentissage de la langue arabe est aujourd'hui largement répandu dans les établissements scolaires et dans les universités françaises.
L'Institut du Monde arabe y contribue également, grâce à son centre de langue et de civilisation, qui entretient des liens étroits avec le ministère de l'Education nationale. Il fête cette année ses 10 ans, occasion pour nous d'en saluer l'existence et le succès.
L'enseignement de l'arabe en France touche de plus en plus de jeunes qui n'ont pas de lien familial avec la culture arabe, mais qui sont séduits par la richesse de cette langue et de la culture à laquelle elle donne accès.
Cet enseignement, ouvert à tous, contribue ainsi au dialogue entre les cultures, au respect et à la compréhension mutuelle.
Ibn Arabi écrivait que l'univers est un immense livre.
Grâce à l'enseignement de la langue arabe, et grâce notamment à l'action de l'Institut du Monde arabe, nous donnons aux jeunes de France la possibilité d'en lire une des plus belles traductions.
Je vous remercie.Source http//.www.education.gouv.fr, le 24 novembre 2006