Déclaration de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, sur l'enjeu de la paix au Kosovo et l'appel lancé aux belligérants Serbes et Kosovars afin de parvenir à l'arrêt de la violence, à un règlement politique du conflit et à la reconnaissance d'un statut d'autonomie substantielle pour le Kosovo, Rambouillet le 6 février 1999.

Ce jour est un jour solennel et grave. Nous avons été désignés, Robin Cook et moi-même, par nos partenaires américains, russes, allemands et italiens pour ouvrir solennellement et co-présider cette négociation à Rambouillet et rester en permanence disponibles. Mais à partir de cet instant, cest sur vous quest concentrée lattention du monde.
Lenjeu est la paix au Kossovo. Depuis près dun an, la communauté internationale, à travers le Groupe de contact, le Conseil de sécurité de lOrganisation des Nations unies, lUnion européenne, lOTAN et lOSCE, est mobilisée pour obtenir un règlement politique assurant la coexistence future des Serbes et des Albanais du Kossovo.
Je salue le sens des responsabilités des parties - les autorités de Belgrade et les représentants des Albanais du Kossovo. Vous êtes venus à Rambouillet, Mesdames et Messieurs, répondant à lappel du Groupe de contact, parce que vous avez compris que lengagement de négociations directes ne pouvait plus être différé. Je souhaite ardemment que le cadre historique de ce château, que la France est heureuse doffrir, soit propice au succès, qui dépend maintenant de votre volonté.
Il ny a que vous qui puissiez décider de sortir de la logique de violence qui a fini par se développer dans les deux camps. Le Groupe de contact na pas dautre ambition que de vous y aider en ouvrant la voie à une solution politique. Il a travaillé depuis des mois pour définir les principes et les éléments essentiels dune autonomie substantielle pour le Kossovo. Il a désigné trois représentants pour vous assister dans la négociation : lambassadeur Hill, lambassadeur Petritsch et lambassadeur Maïorski. La présence dans cette salle de représentants de tous les Etats membres du Groupe de contact témoigne de leur unité et de leur commune détermination qui sera sensible chaque jour de cette conférence.
Il est légitime quen ce moment décisif vous pensiez dabord à vos mandants, à leurs revendications, à leurs craintes, à leurs droits. Mais le moment est venu maintenant de penser à lavenir, au vôtre, à celui de vos peuples, à celui des Balkans dans lEurope de demain. Refusez la fatalité de la violence et de la guerre ; conjurez les malédictions historiques ; exorcisez le passé ; osez penser votre coexistence et inventer la paix. Il y faut du courage, beaucoup de courage. Ayez-le et soyez plus forts que la tragédie !
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr)