Texte intégral
Mesdames,
Messieurs,
C'est pour moi un réel plaisir d'être parmi vous ce soir pour la clôture du 1er forum du pôle de compétitivité mondial Systematic.
Dans ce haut lieu de l'enseignement français, sont rassemblés des représentants des grands fleurons de l'économie et de la recherche français, des PME, autant d'acteurs du développement et de l'innovation pour notre pays.
Les pôles de compétitivité sont l'emblème d'une politique industrielle volontariste qui fait de l'innovation et du développement de la R&D le coeur de la politique économique.
Les pôles de compétitivité répondent au besoin de croissance et aux défis de l'innovation de la France.
Face à un monde globalisé aux mutations économiques complexes il est nécessaire d'intégrer tous les acteurs du développement : acteurs publics, Etat, collectivités territoriales, acteurs privés, recherche, formation, universités et grandes écoles.
Ainsi le pôle de compétitivité Systematic regroupe de grands industriels tels qu'Alstom, EADS, Dassault, Thales, de nombreuses PME-PMI, l'Etat, et au premier chef la Défense.
Il est à l'image de ce que nous voulons pour garantir la croissance et l'emploi en France : une politique économique de compétitivité et d'innovation sur le long terme.
La Défense s'est mobilisée dans ce défi. J'ai entrepris depuis 2002 d'en faire un acteur de premier plan de la politique de compétitivité et de croissance de la France.
Pour cela j'ai replacé la préparation de l'avenir et la stratégie industrielle au coeur de l'action du ministère.
La sanctuarisation des crédits de recherche, l'ouverture à la recherche civile, avec la création de la mission budgétaire « Recherche duale », et de la « Mission pour la recherche et l'innovation scientifique » de la DGA, en sont les marques.
Tout naturellement, le ministère de la Défense a été, dès leurs prémisses, un acteur moteur des pôles de compétitivité, dont Systematic.
Nous avons apporté au fonds interministériel nos crédits. Nous participons au guichet unique d'instruction.
Aujourd'hui, le pôle de compétitivité Systematic montre un exemple de coopération réussie entre recherche et industrie.
Le ministère de la Défense participe activement à 4 projets Sécurité et Défense, et demain au « pôle logiciel libre ».
Il participe également aux projets de Saclay autour de l'Ecole polytechnique : avec Thales, l'Institut d'Optique Théorique et Appliquée, l'ENSTA notamment. Une vraie dynamique de « cluster » se met en place. Le pôle Systematic structure également l'environnement du Plateau.
Les pôles doivent garder leur ancrage territorial mais aussi prendre une dimension plus européenne.
La coordination des politiques économiques européennes est le corollaire indispensable d'une monnaie unique et d'une banque centrale indépendante.
C'est avec nos voisins que nous serons le plus à mêmes de nous défendre contre les concurrences extérieures.
Cette ambition suppose que nous nous en donnions les moyens. Elle suppose également un effort collectif.
Face à un environnement toujours plus compétitif, nous devons trouver, en nous, les ressorts de la croissance.
Refuser le renoncement, c'est faire le pari de l'intelligence, de l'innovation et du progrès.
Chacun doit et chacun peut participer à l'effort de productivité et d'innovation : c'est la clé de notre croissance économique commune.
La productivité est bien sûr un enjeu de compétitivité des entreprises face à la concurrence mondiale.
C'est votre environnement, c'est notre environnement de tous les jours.
Mais la productivité est tout autant un enjeu « collectif ». C'est notre affaire à tous, Etat et entreprises bien sûr, mais aussi salariés.
C'est une exigence de bon sens, que tout un chacun comprend dans sa vie quotidienne, comme client ou comme usager.
Je ne peux me satisfaire d'une France à deux vitesses.
Que nous soyons soumis à la concurrence internationale ou dans des secteurs protégés, je ne peux me satisfaire de voir d'un côté, des entreprises parmi les plus efficientes dans le monde et compétitives à l'international, et de l'autre, des secteurs qui ne progresseraient pas qu'ils soient privés ou publics.
Depuis 2002, à la Défense j'ai mené une large stratégie de réforme dans le but de gagner en efficacité, avec l'adhésion de ses personnels.
Internalisation et mise en commun des moyens, externalisation, modernisation, clarification des responsabilités pour de meilleurs choix capacitaires : cela est possible et n'a rien d'incompatible avec un service public de qualité.
Nos efforts doivent être réorientés vers la préparation de l'avenir et l'encouragement de l'innovation.
La France souffre d'une faiblesse incontestable de sa recherche privée. C'est un de ses points faibles. Pour atteindre l'objectif de Lisbonne de 3% du PIB, il nous faut progresser.
Le secteur de la Défense est une heureuse exception, avec un important cofinancement de la R&D et le développement des partenariats privé-public pour un meilleur partage de risques.
Pour encourager l'effort de R&T privé, je suggère d'ailleurs de développer des incitations fortes vers l'industrie, par la création de fondations de recherche, et plus généralement le développement de dispositifs de type « impôt choisi ».
Il faut que nous offrions la possibilité aux entreprises de financer les activités de recherche, avec une forte incitation fiscale, allant au-delà de l'actuel crédit d'impôt recherche.
C'est dans l'intérêt de tous.
- Sortons des tabous idéologiques :
Dans les partenariats publics / privés, personne « ne perd son âme », mais bien au contraire, chacun d'entre vous apporte ce qu'il a de meilleur.
C'est ainsi que l'on peut faire avancer la France !
Dépasser les frontières institutionnelles qui sont un frein à cet échange, rendre complémentaires l'enseignement supérieur, la recherche, privée et publique, et l'industrie : telle doit être notre ambition pour la France.
Chacun de vous, du chef d'entreprise au salarié, de l'ingénieur au chercheur, du professeur au jeune étudiant, a son rôle à jouer dans cette vaste entreprise.
Avec Systematic, vous en faites la démonstration.
Faire le choix de l'intelligence suppose aussi de revaloriser la fonction de la recherche et du chercheur.
Ce n'est pas qu'une question d'effectifs ou de statut, a fortiori d'emplois publics.
Nous ne pouvons nous satisfaire de voir nombre de nos meilleurs chercheurs, y compris dans des disciplines-phare, partir à l'étranger, non pour enrichir leur expérience, mais surtout pour trouver là-bas ce qu'ils ne peuvent avoir ici.
Parallèlement, il nous faut être plus attractifs et mobilisateurs pour les meilleurs étudiants et chercheurs étrangers.
« Il n'est de richesse que d'hommes »... Pour mobiliser les hommes, sachons assouplir certaines règles. Sachons offrir des rémunérations et des conditions de travail dignes de la compétition mondiale. Sachons accepter de reconnaître que la réalité de l'enseignant-chercheur est très variable.
Nous ne devons pas forcer les chercheurs à enseigner si cela entrave le cours de leurs recherches et leur disponibilité.
De même, on n'est plus forcément « chercheur à vie » et il faut trouver des déroulements de carrière plus souples et plus adaptés, sans s'enfermer dans les carcans statutaires.
Sachons redonner de la vie, du souffle, du dynamisme : trouver les bonnes incitations, notamment financières, encourager les meilleurs chercheurs, ceux qui sont reconnus internationalement et publiés dans de grandes revues internationales, et les intéresser aux résultats de leurs recherches.
Enfin, notre enseignement doit mieux répondre aux défis.
Je ne crois pas aux mesures spécifiquement dédiées aux jeunes, qu'elles soient fiscales ou réglementaires, particulièrement sur l'emploi.
Elles sont souvent mal acceptées par les jeunes, qui les vivent comme une mise à l'écart de la société, comme une non-reconnaissance de ce qu'ils peuvent apporter à celle-ci, et sont probablement peu efficaces.
L'enseignement supérieur, et au premier rang, l'Université, doit redevenir un portail vers l'emploi.
A tout le moins, il faut une orientation appropriée dans les différentes filières de l'enseignement.
Comment accepter en effet que près de 100.000 jeunes achèvent la formation initiale sans le moindre diplôme ?
Comment accepter qu'autant d'étudiants quittent l'enseignement supérieur sans diplôme après deux années d'études ?
Il faut un accompagnement des jeunes dans leur entrée sur le marché du travail, en valorisant toutes les filières. Car les jeunes apportent leur créativité.
Cela suppose de disposer d'indicateurs pour éclairer les étudiants dans leurs choix.
L'université doit avoir des moyens financiers crédibles, de la part de l'Etat et des collectivités territoriales.
Que l'université dispose aujourd'hui de moins d'argent par étudiant que les lycées doit nous faire réfléchir, et surtout guider nos décisions.
Peut-être doit-on aller vers des droits d'inscription progressifs, en fonction des ressources et de l'avancement des études. En contrepartie, les prêts et les bourses doivent être réévalués dans leur montant et leurs modalités. L'Université doit redevenir et rester un formidable creuset de promotion sociale et d'apprentissage de la vie.
Chacun a son rôle à jouer pour mettre la France sur la voie du progrès et de l'innovation.
Pour cela, nous avons plus que jamais besoin des élites que vous êtes, pour éclairer l'analyse et les choix.
Nous devons, ensemble, revaloriser la place, la responsabilité et la parole des mieux formés de la République.
C'est un des remparts contre la démagogie et les populismes, non pour « être à la remorque servilement des tentations les moins honorables », mais pour informer honnêtement et tirer le meilleur de la France.Source http://www.défense.gouv.fr, le 14 décembre 2006
Messieurs,
C'est pour moi un réel plaisir d'être parmi vous ce soir pour la clôture du 1er forum du pôle de compétitivité mondial Systematic.
Dans ce haut lieu de l'enseignement français, sont rassemblés des représentants des grands fleurons de l'économie et de la recherche français, des PME, autant d'acteurs du développement et de l'innovation pour notre pays.
Les pôles de compétitivité sont l'emblème d'une politique industrielle volontariste qui fait de l'innovation et du développement de la R&D le coeur de la politique économique.
Les pôles de compétitivité répondent au besoin de croissance et aux défis de l'innovation de la France.
Face à un monde globalisé aux mutations économiques complexes il est nécessaire d'intégrer tous les acteurs du développement : acteurs publics, Etat, collectivités territoriales, acteurs privés, recherche, formation, universités et grandes écoles.
Ainsi le pôle de compétitivité Systematic regroupe de grands industriels tels qu'Alstom, EADS, Dassault, Thales, de nombreuses PME-PMI, l'Etat, et au premier chef la Défense.
Il est à l'image de ce que nous voulons pour garantir la croissance et l'emploi en France : une politique économique de compétitivité et d'innovation sur le long terme.
La Défense s'est mobilisée dans ce défi. J'ai entrepris depuis 2002 d'en faire un acteur de premier plan de la politique de compétitivité et de croissance de la France.
Pour cela j'ai replacé la préparation de l'avenir et la stratégie industrielle au coeur de l'action du ministère.
La sanctuarisation des crédits de recherche, l'ouverture à la recherche civile, avec la création de la mission budgétaire « Recherche duale », et de la « Mission pour la recherche et l'innovation scientifique » de la DGA, en sont les marques.
Tout naturellement, le ministère de la Défense a été, dès leurs prémisses, un acteur moteur des pôles de compétitivité, dont Systematic.
Nous avons apporté au fonds interministériel nos crédits. Nous participons au guichet unique d'instruction.
Aujourd'hui, le pôle de compétitivité Systematic montre un exemple de coopération réussie entre recherche et industrie.
Le ministère de la Défense participe activement à 4 projets Sécurité et Défense, et demain au « pôle logiciel libre ».
Il participe également aux projets de Saclay autour de l'Ecole polytechnique : avec Thales, l'Institut d'Optique Théorique et Appliquée, l'ENSTA notamment. Une vraie dynamique de « cluster » se met en place. Le pôle Systematic structure également l'environnement du Plateau.
Les pôles doivent garder leur ancrage territorial mais aussi prendre une dimension plus européenne.
La coordination des politiques économiques européennes est le corollaire indispensable d'une monnaie unique et d'une banque centrale indépendante.
C'est avec nos voisins que nous serons le plus à mêmes de nous défendre contre les concurrences extérieures.
Cette ambition suppose que nous nous en donnions les moyens. Elle suppose également un effort collectif.
Face à un environnement toujours plus compétitif, nous devons trouver, en nous, les ressorts de la croissance.
Refuser le renoncement, c'est faire le pari de l'intelligence, de l'innovation et du progrès.
Chacun doit et chacun peut participer à l'effort de productivité et d'innovation : c'est la clé de notre croissance économique commune.
La productivité est bien sûr un enjeu de compétitivité des entreprises face à la concurrence mondiale.
C'est votre environnement, c'est notre environnement de tous les jours.
Mais la productivité est tout autant un enjeu « collectif ». C'est notre affaire à tous, Etat et entreprises bien sûr, mais aussi salariés.
C'est une exigence de bon sens, que tout un chacun comprend dans sa vie quotidienne, comme client ou comme usager.
Je ne peux me satisfaire d'une France à deux vitesses.
Que nous soyons soumis à la concurrence internationale ou dans des secteurs protégés, je ne peux me satisfaire de voir d'un côté, des entreprises parmi les plus efficientes dans le monde et compétitives à l'international, et de l'autre, des secteurs qui ne progresseraient pas qu'ils soient privés ou publics.
Depuis 2002, à la Défense j'ai mené une large stratégie de réforme dans le but de gagner en efficacité, avec l'adhésion de ses personnels.
Internalisation et mise en commun des moyens, externalisation, modernisation, clarification des responsabilités pour de meilleurs choix capacitaires : cela est possible et n'a rien d'incompatible avec un service public de qualité.
Nos efforts doivent être réorientés vers la préparation de l'avenir et l'encouragement de l'innovation.
La France souffre d'une faiblesse incontestable de sa recherche privée. C'est un de ses points faibles. Pour atteindre l'objectif de Lisbonne de 3% du PIB, il nous faut progresser.
Le secteur de la Défense est une heureuse exception, avec un important cofinancement de la R&D et le développement des partenariats privé-public pour un meilleur partage de risques.
Pour encourager l'effort de R&T privé, je suggère d'ailleurs de développer des incitations fortes vers l'industrie, par la création de fondations de recherche, et plus généralement le développement de dispositifs de type « impôt choisi ».
Il faut que nous offrions la possibilité aux entreprises de financer les activités de recherche, avec une forte incitation fiscale, allant au-delà de l'actuel crédit d'impôt recherche.
C'est dans l'intérêt de tous.
- Sortons des tabous idéologiques :
Dans les partenariats publics / privés, personne « ne perd son âme », mais bien au contraire, chacun d'entre vous apporte ce qu'il a de meilleur.
C'est ainsi que l'on peut faire avancer la France !
Dépasser les frontières institutionnelles qui sont un frein à cet échange, rendre complémentaires l'enseignement supérieur, la recherche, privée et publique, et l'industrie : telle doit être notre ambition pour la France.
Chacun de vous, du chef d'entreprise au salarié, de l'ingénieur au chercheur, du professeur au jeune étudiant, a son rôle à jouer dans cette vaste entreprise.
Avec Systematic, vous en faites la démonstration.
Faire le choix de l'intelligence suppose aussi de revaloriser la fonction de la recherche et du chercheur.
Ce n'est pas qu'une question d'effectifs ou de statut, a fortiori d'emplois publics.
Nous ne pouvons nous satisfaire de voir nombre de nos meilleurs chercheurs, y compris dans des disciplines-phare, partir à l'étranger, non pour enrichir leur expérience, mais surtout pour trouver là-bas ce qu'ils ne peuvent avoir ici.
Parallèlement, il nous faut être plus attractifs et mobilisateurs pour les meilleurs étudiants et chercheurs étrangers.
« Il n'est de richesse que d'hommes »... Pour mobiliser les hommes, sachons assouplir certaines règles. Sachons offrir des rémunérations et des conditions de travail dignes de la compétition mondiale. Sachons accepter de reconnaître que la réalité de l'enseignant-chercheur est très variable.
Nous ne devons pas forcer les chercheurs à enseigner si cela entrave le cours de leurs recherches et leur disponibilité.
De même, on n'est plus forcément « chercheur à vie » et il faut trouver des déroulements de carrière plus souples et plus adaptés, sans s'enfermer dans les carcans statutaires.
Sachons redonner de la vie, du souffle, du dynamisme : trouver les bonnes incitations, notamment financières, encourager les meilleurs chercheurs, ceux qui sont reconnus internationalement et publiés dans de grandes revues internationales, et les intéresser aux résultats de leurs recherches.
Enfin, notre enseignement doit mieux répondre aux défis.
Je ne crois pas aux mesures spécifiquement dédiées aux jeunes, qu'elles soient fiscales ou réglementaires, particulièrement sur l'emploi.
Elles sont souvent mal acceptées par les jeunes, qui les vivent comme une mise à l'écart de la société, comme une non-reconnaissance de ce qu'ils peuvent apporter à celle-ci, et sont probablement peu efficaces.
L'enseignement supérieur, et au premier rang, l'Université, doit redevenir un portail vers l'emploi.
A tout le moins, il faut une orientation appropriée dans les différentes filières de l'enseignement.
Comment accepter en effet que près de 100.000 jeunes achèvent la formation initiale sans le moindre diplôme ?
Comment accepter qu'autant d'étudiants quittent l'enseignement supérieur sans diplôme après deux années d'études ?
Il faut un accompagnement des jeunes dans leur entrée sur le marché du travail, en valorisant toutes les filières. Car les jeunes apportent leur créativité.
Cela suppose de disposer d'indicateurs pour éclairer les étudiants dans leurs choix.
L'université doit avoir des moyens financiers crédibles, de la part de l'Etat et des collectivités territoriales.
Que l'université dispose aujourd'hui de moins d'argent par étudiant que les lycées doit nous faire réfléchir, et surtout guider nos décisions.
Peut-être doit-on aller vers des droits d'inscription progressifs, en fonction des ressources et de l'avancement des études. En contrepartie, les prêts et les bourses doivent être réévalués dans leur montant et leurs modalités. L'Université doit redevenir et rester un formidable creuset de promotion sociale et d'apprentissage de la vie.
Chacun a son rôle à jouer pour mettre la France sur la voie du progrès et de l'innovation.
Pour cela, nous avons plus que jamais besoin des élites que vous êtes, pour éclairer l'analyse et les choix.
Nous devons, ensemble, revaloriser la place, la responsabilité et la parole des mieux formés de la République.
C'est un des remparts contre la démagogie et les populismes, non pour « être à la remorque servilement des tentations les moins honorables », mais pour informer honnêtement et tirer le meilleur de la France.Source http://www.défense.gouv.fr, le 14 décembre 2006