Déclaration de M. Gilles de Robien, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, sur le bilan de la politique de l'enseignement dans la perspective de l'élection présidentielle de 2007, Paris le 5 décembre 2006.

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Texte intégral


Merci d'être venus.
Je vous ai invités aujourd'hui car j'entends beaucoup de choses se dire en ce moment au sujet de l'Éducation nationale.
Chacun y va de ses propositions ... et aussi de ses critiques !
Evidemment je me réjouis que l'Education soit au centre des débats.
L'Ecole, c'est la meilleure garantie pour l'avenir du pays. L'Ecole, je la conçois comme un immense pôle d'innovation, sans cesse en mouvement, parce que c'est par l'Ecole que notre société se bâtit chaque jour.
Ministre de l'Education nationale, je crois être bien placé pour parler à mon tour d'éducation !
Je voudrais remettre un peu d'ordre dans ce débat (de l'ordre juste, bien sûr !), en rappelant quelques vérités de bon sens.
D'abord : nous sommes en 2006, et pas en 2002. Vous le savez, mais en entendant certaines déclarations, je me demande si certains candidats ont suivi l'actualité, et s'ils s'informent de la réalité.
Oui, nous sommes en 2006.
Et depuis 2002, cette majorité a travaillé, elle a entendu les Français, elle a fait avancer l'Education nationale, et dans le bon sens !
Les trois candidats déclarés semblent l'avoir un peu oublié. Ou bien ils font comme si nous en étions toujours en 2002.
Certains ont donc peut-être besoin de cours de rattrapage. Le ministère est à leur disposition pour un soutien individualisé !
Aujourd'hui, devant les Français, je voudrais rappeler la base, le premier principe du débat sur l'Education nationale - comme d'ailleurs sur les autres sujets !
Et cette base, c'est l'exigence de vérité !
L'Education, c'est un sujet trop sérieux, trop complexe pour tolérer le simplisme, l'à-peu-près, les contre-vérités ou les trous de mémoire !
C'est un sujet trop sérieux pour réinventer, pour la rentrée 2008, des mesures que notre Education nationale met en oeuvre en ce moment même, pour répondre aux besoins des élèves et aux attentes des parents !
Prenons un premier exemple concret : les apprentissages de base
Une candidate nous dit "il faut que les élèves arrivent au collège en sachant correctement lire, écrire et compter". Un candidat affirme que l'enseignement primaire doit "donner à tous les enfants les bases fondamentales sans lesquelles il n'est pas possible de vivre une vie adulte". Un autre candidat dit la même chose, et ajoute "personne ne l'a fait, je propose qu'on le fasse".
Tout cela est fort bien, mais j'aurais aimé que nos candidats sachent que le socle commun des connaissances est entré en vigueur. Définir les savoirs de base, c'est justement son objectif ! Grâce aux évaluations qui accompagnent la mise en place du socle commun, les enfants vont arriver au collège en maîtrisant les bases fondamentales des savoirs !
J'aurais aimé que nos candidats rappellent aussi tout ce qui a été fait pour remettre le bon sens au coeur des pratiques pédagogiques : je pense aux méthodes de lecture, à l'apprentissage de la grammaire, et bientôt au calcul.
Lecture, grammaire, calcul, c'est le coeur de métier de l'éducation nationale que nous renforçons !
Un candidat veut rompre avec le règne de l' "idéologie folle" à l'école et dans les I.U.F.M. Eh bien, c'est ce qui sera fait, dès mars 2007, en restaurant une approche réaliste et pragmatique, centrée sur les savoirs fondamentaux : la lecture, la grammaire, le calcul.
J'entends certains faire l'apologie de la "liberté pédagogique" en faisant mine d'oublier le texte de la loi.
Je vous rappelle que l'article 48 de la loi d'orientation et de programme pour l'avenir de l'Ecole, dite loi Fillon, précise que "la liberté pédagogique de l'enseignant s'exerce dans le respect des programmes et des instructions du Ministre chargé de l'Education nationale".
Je prends un deuxième exemple : l'éducation prioritaire
Un candidat veut "faire le bilan des zones d'éducation prioritaire", (France 2, jeudi dernier) il veut qu'on cesse d'y affecter les enseignants les plus jeunes, il veut qu'on y crée des équipes volontaires.
C'est déjà fait !
Un plan de relance a été décidé, qui permet justement d'y affecter des enseignants expérimentés, de mobiliser des équipes volontaires. Partout des partenariats ont été créés : avec les entreprises, avec les professions, avec les universités ! Comment rester sourd à cet élan de générosité ? A cette solidarité qui se met en place loin des caméras ?
Un autre candidat propose de mettre en place des filières d'excellence dans les établissements en difficulté.
C'est fait !
La recherche de l'excellence, c'est le principe même des "Réseaux ambition réussite", avec des projets parrainés par l'Académie des sciences, par l'Ordre des architectes, ou de grands sportifs.
Quant à une candidate, elle fait comme si la majorité n'avait rien fait pour le soutien des élèves en difficulté. Mieux, elle l'accuse d'avoir supprimé des heures de remise à niveau.
Quelle méconnaissance !
Dans les "Réseaux ambition réussite", tous les élèves bénéficient d'études accompagnées ! Avant de proposer une solution, il faut vérifier qu'elle n'est pas déjà appliquée !
En C.E.1. et en 6ème, j'ai généralisé les programmes personnalisés de réussite éducative, pour aider tous les élèves en difficulté. En l'an prochain, ce sont en plus les élèves de CM2 et de 5ème qui en bénéficieront !
Je peux donc la rassurer : ce qu'elle propose, nous l'avons déjà fait !
Un candidat et un, voire deux partis, veulent que 5 % ou 6 % des élèves de chaque lycée accèdent à une classe préparatoire. Nous avons fait mieux, plus et autrement !
Grâce aux mesures de recrutement que j'ai décidées, nous sommes déjà passés de 17 à 22% de boursiers en classe préparatoire.
Et c'est cela l'égalité des chances : ce n'est pas seulement un principe, mais une action concrète et efficace !
Je voudrais prendre un dernier exemple : la politique de la recherche.
Bien sûr, tous les candidats veulent faire de la recherche une priorité. C'est très bien.
Dans son discours d'une ville du centre de la France, un candidat a donné une large place à l'enseignement supérieur. Tant mieux !
Mais en 2007, nous n'allons pas partir de zéro ! Grâce au Pacte pour la Recherche 6 milliards de plus ont été mobilisés en trois ans, depuis 2004 ! Nous avons créé des milliers d'emplois dans l'enseignement supérieur et la recherche. Nous avons repensé toute l'organisation de notre recherche. C'est un effort sans précédent depuis 20 ans !
De plus, nous avons introduit, pour la première fois, la culture de la performance et du projet : les Pôles de compétitivité et les Réseaux thématiques de recherche avancée en sont l'expression concrète ! Grâce aux PRES, nous dotons chaque métropole d'un campus universitaire, comme cela a été proposé.
Une candidate de gauche nous dit que « la droite n'a aucune ambition ni aucune considération pour l'université et la recherche ». Pour moi, l'ambition et la considération, ce ne sont pas des paroles, cela se traduit par des actes :
des postes supplémentaires d'enseignants chercheurs : 1 000 emplois créés en 2005, 3 000 emplois créés en 2006, 2 000 emplois inscrits au P.L.F. 2007.
Je rappelle que le grand plan Schwartzenberg de la gauche, c'était 800 emplois sur dix ans !
des budgets augmentés : + 1 milliard euros de ressources supplémentaires dégagées pour la recherche en 2007 (23,9 milliards au total).
Et tous les Français savent que les finances publiques ne nous permettent pas toutes les démagogies ! L'amour, c'est bien ; les preuves d'amour, c'est mieux !
J'arrête là, mais on pourrait prendre bien d'autres exemples :
- le respect des règles : nous le renforçons grâce à la note de vie scolaire ;
- la place des parents à l'école, que certains veulent conforter : nous l'avons déjà fait grâce au décret du 18 juillet dernier ;
etc, etc...
Dans la vie d'un grand pays démocratique comme le nôtre, l'élection du président de la République est une grande chance pour toutes et pour tous.
C'est l'occasion pour tous les concitoyens de faire le point sur leurs convictions.
C'est l'occasion pour chacun de s'engager.
L'honneur des politiques, c'est d'être à la hauteur de cet enjeu, et de parler le langage de la vérité, pas celui du simplisme. Leur devoir est de décrire la situation de notre pays telle qu'elle est, pas telle qu'elle les arrange.
En tout, cas notre pays mérite la vérité. Un bon choix, c'est celui qu'on effectue en toute connaissance de cause. Pas sur la base d'informations tronquées.
Le jeu en vaut la chandelle, car nos concitoyens ont déjà montré qu'ils pouvaient se passionner pour des questions apparemment complexes.
Il ne faut donc pas les priver d'un grand débat, un débat riche, un débat vrai, qui ne fait pas comme si l'on devait toujours tout réinventer de zéro !
Notre pays a des atouts et des marges de progrès. Il connaît de nombreux succès. Il sait se réformer, avancer. Peut-être pas assez vite, peut-être pas assez. Mais l'Éducation nationale le prouve, notre pays sait évoluer, changer, s'adapter.
Il faut valoriser les réussites quand elles sont réelles car accabler injustement les systèmes, c'est favoriser les extrêmes.
Le message que je veux délivrer aujourd'hui, c'est avant tout un message de confiance : oui, nous sommes en train de progresser ! Grâce à la volonté de la majorité, grâce à l'engagement du Gouvernement !
Quel chemin parcouru en peu de temps !Source http://www.education.gouv.fr, le 6 décembre 2006