Déclaration de M. Gilles de Robien, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, sur la compétition mondiale pour la connaissance et la place de la France, Paris le 8 décembre 2006.

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Circonstance : 1er forum du pôle de compétitivité Systématic à Paris le 9 décembre 2006

Texte intégral

La science se mondialise. Les rythmes s'accélèrent.
La clé de réussite dans cette compétition mondiale pour la connaissance est en revanche une constante : constituer une masse critique pour attirer les talents, pour attirer les investissements.
Mais ce n'est pas si simple. Car cette accélération souvent vertigineuse est source de tensions, de fractures au sein de nos sociétés. Les risques de « marchandisation de la connaissance » sont réels tant le diplôme est devenu un sésame international pour l'emploi, que ce soit dans la recherche ou dans l'industrie.
L'agenda de 2006 a traduit une prise de conscience politique de ces enjeux de société. Cet été à Moscou j'ai participé au premier G8 consacré à l'éducation, et j'évoque immanquablement ces sujets à chaque rencontre avec mes homologues.
Voilà brossé à quelques grands traits le contexte dans lequel nous nous situons. Ce contexte nous conduit, à mes yeux, à relever trois défis :
- 1er défi : adapter nos structures pour tirer profit de la mondialisation.
- 2ème défi : rendre le paysage attractif pour les investissements privés de recherche et développement et les activités à haute valeur ajoutée.
- 3ème défi : préserver et réguler ce que les spécialistes appellent « le capital humain ».
Avec les décisions prises par le Gouvernement, nous sommes décidés à affirmer nos forces et nos atouts dans la mondialisation de la science.
Cessons en permanence de voir le verre à moitié vide. Nous avons de nombreux atouts en France. Des équipements scientifiques de premier plan mondial. Une formation supérieure qui nous est enviée partout dans le monde, oui, même aux Etats-Unis. Et, je ne peux que saluer votre décision de vous réunir en Sorbonne, dans ce symbole de la connaissance française. Son aura a conduit une des universités qu'elle abrite à ouvrir une base avancée à Abu Dhabi il y a quelques semaines. Voilà qui résume ce qui fait la notoriété et de l'excellence perçue de la France.
Le Pacte pour la Recherche que nous avons mis en place avec François Goulard, mobilise un effort inédit depuis 25 ans en faveur de la recherche et l'innovation.
C'est d'abord votre initiative qui se trouve au coeur de la transformation de notre paysage de la recherche que nous avons impulsée.
Celle que vous mobilisez aujourd'hui autour du pôle de compétitivité Systematic pour cette révolution numérique en marche. Celle qui vous pousse à renforcer les coopérations pour faire croître cet « écosystème » de l'innovation.
C'est l'initiative que les acteurs scientifiques du pôle mobilisent pour constituer Digiteo Labs, pour atteindre la masse critique indispensable dans cette compétition internationale pour la connaissance.
C'est enfin l'initiative de la communauté scientifique du plateau de Saclay et d'Orsay qui a permis de faire émerger un véritable « Boston à la française » autour notamment des laboratoires de l'Université Paris Sud, du CEA, du CNRS et de l'Ecole Polytechnique.
Cette transformation entraîne aussi un nouveau rôle pour l'Etat, plus stratège, plus mobilisateur d'outils et de moyens pour initier, renforcer, amplifier de telles dynamiques de croissance.
- C'est précisément ce rôle auquel l'Etat s'est tenu en lançant les pôles de compétitivité, ou les Réseaux Thématiques de Recherche Avancée.
- C'est aussi ce rôle qu'il poursuit avec la mission confiée vendredi dernier par le Premier ministre à Philippe Lagayette, président de l'Institut des Hautes Etudes Scientifiques de Bures sur Yvette. Il s'agit de définir des priorités et une programmation des équipements scientifiques qui permettront au plateau de Saclay de conserver son avance et de renforcer ses points forts.
La transformation se poursuit encore avec d'autres projets visant à rapprocher l'enseignement supérieur et la recherche. Je pense au projet Paris Tech qui a pour ambition de donner une masse critique et une visibilité internationale à nos grandes écoles d'ingénieurs, ou encore au projet UniverSud renforçant les liens entre les écoles et les universités du sud de l'Ile de France.
Ce qu'on attend de ces transformations, c'est de contribuer à créer un environnement lisible et attractif pour l'innovation. De faire en sorte que les découvertes scientifiques produisent de la valeur et des richesses en France plutôt qu'ailleurs.
Le pôle Systematic a tous les atouts pour cela. Et surtout le premier d'entre eux : 4 des 10 premiers investisseurs français en R&D participent au pôle. Trois chiffres résument à mon sens cette dynamique : 18 projets de R&D émanant des 200 acteurs du pôle pour un montant total de 246 MEUR. S'ajoutent à cela des projets de recherche plus fondamentale retenus par la nouvelle Agence Nationale de la Recherche, pour leur excellence, et bénéficiant d'environ 20 MEUR en 2005 et autant en 2006.
Tous les ingrédients du succès sont donc réunis. La suite, c'est à vous de l'écrire, c'est ce que vous faites en ce moment.
C'est tout le succès que je souhaite à ce premier forum du pôle de compétitivité.Source http://events-systematic-paris-region.org, le 12 janvier 2007