Interview de M. Thierry Breton, ministre de l'économie, des finances et de l'industrie, sur "France 2" le 10 janvier 2007, sur les soldes et sur le prix du carburant.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : France 2

Texte intégral

Q- Bonjour T. Breton. Les soldes commencent ce matin dans 88 départements, pour d'autres ça sera plus tard. La durée n'est pas la même partout. L'année dernière, vous aviez dit que tout ça allait être simplifié, ce n'est pas le cas. Est-ce que ça va changer dans l'avenir ou pas ?
R- C'est presque le cas parce que, comme vous le savez sans doute, une loi est prévue, elle sera discutée au Parlement dès le début février et l'examen...
Q- ... alors, ça, on n'en était pas sûr, l'examen, vous confirmez, c'est début février ?
R- ...Et l'examen aura lieu dans les deux chambres, donc au courant du mois dé février de façon à ce qu'avant la fin de la législature, on ait pu, avec R. Dutreil, harmoniser tout ça. Alors, c'est déjà très harmonisé parce que ça démarre, effectivement, aujourd'hui dans 88 départements. C'est une grande fête, j'entendais ce matin les commentaires, y compris sur votre antenne, indiquant qu'on allait pouvoir faire de bonnes, voire de très bonnes affaires, parce que c'est vrai que l'hiver est clément et donc les consommateurs vont certainement pouvoir trouver des produits avec des réductions très significatives, mais au-delà de cela, ce que j'ai souhaité c'est qu'il y ait effectivement deux périodes qui démarrent à des jours qui soient fixés : le deuxième mercredi de janvier pour les soldes d'hiver, le troisième mercredi...
Q- ... et la même chose pour tout le monde, que ça soit plus clair.
R- ... Voilà, et le troisième mercredi pour les soldes d'été. Et puis ensuite, pendant ces deux périodes parce que c'est vrai qu'on n'avait pas changé les soldes depuis plus de dix ans et que les habitudes de consommation de nos compatriotes ont beaucoup changé ; il y a plus de gammes, il y a des produits technologiques qui sont obsolètes plus rapidement, on l'a vu ce matin avec par exemple Apple, voilà, on change les produits. Alors pour que pendant cette période, pendant ces périodes, les commerçants puissent continuer à faire en sorte qu'ils puissent, entre guillemets, "liquider leurs fins de séries", nous avons sécurisé les dispositifs des fins de séries.
Q- C'est-à-dire ?
R- Ce qui permettra aux consommateurs...
Q- ... ça se traduira comment ?
R- Ça se traduira par le fait qu'entre les deux périodes de soldes, les clients pourront aller dans des magasins qui pourront eux-mêmes procéder à des liquidations de fins de séries où on trouvera des prix cassés, comme pendant les soldes, et on n'aura pas à attendre surtout ces deux grands moments, ces deux grandes fêtes du commerce que sont les soldes d'hiver ou les soldes d'été. C'est donc, je dirais un mouvement très positif, attendu, je crois, et par les consommateurs, bien entendu, mais aussi par les commerçants.
Q- Et est-ce que ces soldes-là ça va permettre de relancer la consommation ? Est-ce que vous attendez une forte consommation à cette période-là ?
R- Toujours. Vous savez, les commerçants font une partie significative de leur chiffre d'affaires pendant les soldes. C'est aussi l'un des problèmes que j'avais constaté, c'est-à-dire qu'il y avait deux périodes de l'année où on faisait une grosse partie de son chiffre d'affaires ; si on ratait une période de soldes ça pouvait être catastrophique pour l'année. Mais, là, nous sommes très confiants avec R. Dutreil sur le fait que ces soldes démarrent très bien et je pense que ça va être très positif et pour les clients et pour l'économie.
Q- L'autre dossier c'est le prix du pétrole, il a beaucoup baissé et les consommateurs, quand ils vont à la pompe, ils constatent que ça ne baisse pas beaucoup. Comment vous expliquez ça ?
R- Là, il faut être très précis. Il faut être très précis parce que vous avez parfaitement raison, depuis le mois d'août, et c'est une très bonne chose, le prix du baril de pétrole baisse de façon assez significative. Souvenez-vous, au mois d'août il était à 78 dollars.
Q- Là, il est à 54-55.
Q- Alors, en décembre, fin décembre, il était à 60 dollars, et donc on a assisté - et vous savez on mesure, j'ai mis un instrument à Bercy où deux fois par semaine, avec la DGCRF, nous mesurons...
Q- ... c'est-à-dire, la DGCRF ?
R- ... La Direction générale de la concurrence, de la répression et des fraudes, nous mesurons très précisément, conformément à l'engagement que les pétroliers avaient pris avec moi, que les baisses sont immédiatement répercutées pour les consommateurs. Alors, c'est exact, puisqu'en août, lorsque le baril était à 78 dollars, le prix du super était à 1,35, 1 euro 35 ; à la fin de l'année, il était à 1,18. Donc, on a bien vu la baisse. Et alors, qu'est-ce qui s'est passé ?
Q- Oui, mais là on est passés à 55 dollars, et ça ne baisse pas.
R- Alors, effectivement, c'est tout à fait surprenant, c'est que depuis le 1er janvier, le prix du baril est passé à 55 dollars et pourtant le SP, le sans
plomb, n'a pas baissé.
Q- Ça, comment vous l'expliquez ?
R- Alors, c'est curieux parce qu'on a eu la question hier, à l'Assemblée, par un député socialiste qui a dit, " Monsieur le ministre, c'est un scandale ". Je vais citer son nom parce que... Mais en fait, qu'est-ce qui s'est passé ? C'est que depuis le 1er janvier, les régions françaises, elles sont comme vous le savez quasiment toutes dirigées par les socialistes...
Q- ... pas toutes, il y a l'Alsace, qui ne l'est pas.
R- ... il n'y en a qu'une, ont la possibilité d'augmenter, si elles le veulent, la TIPP, cette fameuse taxe. L'Etat a dit lui qu'il ne l'augmenterait pas.
Q- C'est pour compenser la décentralisation.
R- Eh bien, écoutez... mais non, parce que la décentralisation elle est payée par ailleurs, eh bien écoutez-moi bien, j'ai découvert, atterré, que la quasi-totalité des régions françaises ont augmenté la TIPP et au maximum de ce qu'elles pouvaient faire, ce qui fait que alors que le consommateur aurait dû récupérer au moins deux centimes sur le Super, eh bien il a été repris par les régions. Et ça, voyez-vous, j'en tire une conclusion, d'abord c'est que je trouve que vraiment, et je le dis pour les présidents de région qui sont... il faut vraiment faire attention à la fiscalité.
Q- Oui, mais eux disent qu'ils sont obligés pour le faire parce qu'il y a des transferts de charges très importants.
R- Oui, et pourtant toutes les régions ne le font pas, alors il ne faut pas non plus... bon. Mais au-delà de ça, moi, je me souviens, et la France entière se souvient des propos de monsieur Hollande, il y a quelques semaines, lorsqu'il a indiqué - tout le monde a été un peu atterré, y compris dans son camp, du reste - que si madame Royal gagnait l'élection présidentielle, il y avait une chose qui était certaine, c'est qu'ils reviendraient sur toutes le baisses d'impôts et que donc l'impôt de tous les Français augmenterait. Les Français viennent de le voir, ils n'ont pas attendu : dès le 1er janvier, alors qu'ils avaient la possibilité de faire en sorte qu'on n'augmente pas les impôts sur l'essence, eh bien ils l'ont fait. Je crois que s'il y a une promesse qui sera tenue, c'est bien celle-là.
Q- En tout cas vous êtes déjà entré en campagne électorale, on le voit.
R- Non, j'explique moi, vous savez, je fais de la pédagogie économique.
Q- C'est un peu de la campagne. A propos de campagne, justement, D.de Villepin...
R- ... et je le revendique.
Q- D. de Villepin a dit qu'il ne voterait pour N. Sarkozy pour l'investiture du candidat UMP, ça crée un vrai tollé dans la majorité. Quelle est votre position là-dessus ?
R- Ecoutez, on est vraiment dans la dernière ligne droite. Dimanche, le candidat de notre famille politique, N. Sarkozy, va être désigné, ce n'est un secret pour personne, comme étant le candidat.
Q- Mais est-ce que D. de Villepin a eu tort de dire qu'il ne voterait pas pour lui ?
R- Mais vous savez, l'UMP est une famille politique et comme toutes les familles, elle est diverse. Et le talent de N. Sarkozy c'est de rassembler une famille diverse. Donc je n'ai aucun doute sur le fait qu'à partir de lundi, il y a une dynamique qui va s'engager, une dynamique qui va nous mener - je me battrai vraiment de toutes mes forces pour cela - à la victoire, parce que je viens de le dire, si jamais c'était les socialistes qui gagnaient, je sais ce que ça coûterait à l'économie française, et je me battrai de toutes mes forces pour que ma famille politique gagne et je sais, comme tout le monde, et N. Sarkozy encore mieux que tout le monde, qu'on gagne en rassemblant la diversité. Je n'ai aucun doute qu'il le fera.
Q- Et là, ce n'est pas le cas en ce moment, il y a plutôt un problème.
R- Mais on est dans la dernière ligne droite. Vous allez voir, on est dans la dernière ligne droite, je n'ai aucun doute que la dynamique va s'engager dans la logique du rassemblement. Aucun doute.
Q- Juste un mot sur la croissance : elle a stagné au troisième trimestre. Est-ce qu'avec la baisse du pétrole dont vous nous parlez, ça va repartir ?
R- Si vous voulez, la baisse du pétrole on la voit surtout maintenant, moi j'ai indiqué qu'en ce qui concerne le quatrième trimestre, je voyais une croissance comprise entre 0,6-0,8, l'Insee était un peu plus optimiste, voyait 0,9. Moi, je maintiens mon 0,6-0,8, ce qui fait qu'effectivement
on a eu un accident technique au troisième trimestre mais que la croissance est robuste.
Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 10 janvier 2007