Interview de M. Brice Hortefeux, ministre délégué aux collectivités territoriales, à LCI le 11 janvier 2007, sur les candidatures à l'élection présidentielle de 2007, les ralliements autour de Nicolas Sarkozy et les chiffres de la délinquance.

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Média : La Chaîne Info

Texte intégral

Q- Bilan 2006 et voeux à la presse pour N. Sarkozy, en même temps ou juste après les voeux de J. Chirac à la presse. Sur la forme, n'est-ce pas une impolitesse faite au Président que de...
R- Non, pas du tout, il ne faut pas créer de problème là où il n'en existe pas. C'était une question d'organisation technique qui a d'ailleurs été réglée tout simplement, très directement, sans aucune difficulté, par une conversation entre le directeur de cabinet de N. Sarkozy, le préfet C. Guéant et M. Salabaroux, qui est le secrétaire général de l'Elysée. J'ai d'ailleurs eu l'occasion moi-même d'évoquer cette question avec le secrétaire général de l'Elysée, et je vous assure qu'il n'y a aucune difficulté. Tout ceci, n'est lié qu'à des questions d'organisation pratique. Donc, ne créons pas de problème là où il n'y en pas. Pour le reste, c'est suffisant.
Q- Les problèmes sont encore sur le terrain de l'insécurité : délinquance globale en baisse sur 2006 et globalement depuis 2002. Mais violences contre les personnes en hausse, c'est un petit peu gênant quand même, c'est un échec pour N. Sarkozy ?
R- D'abord, ce qui est vrai, vous avez raison de le souligner, c'est que la délinquance de voie publique a reculé fortement, d'un peu moins de 25 % - 23,7 % - sur cette même période, que les atteintes aux biens ont chuté aussi, de près de 17 %, 16,4 % très exactement, que les escroqueries économiques et financières ont baissé, là aussi de 10%. Que les homicides ont baissé là aussi de 12 %. Tous ces secteurs ayant connu des augmentations fortes précédemment. Alors, c'est vrai que
vous évoquez les atteintes à l'intégrité physique. Il y a eu une augmentation, personne ne cherche à le nier, c'est une augmentation qui est quand même limitée, puisque c'est une augmentation de 12 %, et c'est à mettre en rapport avec ce qui s'était passé sous le gouvernement précédent, sous la majorité socialiste précédente, où cela avait augmenté de 42 ou 43%.
Q- Alors, que faire ?
R- Non, mais cela signifie quoi ? Cela veut dire que c'est un sujet lourd, qui ne peut se régler que dans le temps. Est-ce que vous avez entendu dans la bouche de N. Sarkozy dire que "tout était réglé" ? Non, il a simplement indiqué, souligné - il aura l'occasion de le préciser aujourd'hui même - que le sillon qui était creusé était le bon, qu'il y a eu des avancées, qu'il y avait une volonté, que cette volonté avait apporté des résultats, mais que naturellement, cet effort devait être poursuivi dans la durée.
Q- "43.000 voitures brûlées en 2006", pointe F. Hollande !
R- Ce n'est pas le chiffre exactement qu'il a pris en référence, il a pris sur la base de l'année entière, c'est-à-dire, en prenant en compte l'épisode des banlieues que nous connu à la fin de l'année 2005. C'est sur une année...
Q- C'est énorme quand même !
R- Cela veut dire qu'il y a des défis auxquels nous devons répondre, mais le problème des voitures brûlées n'est pas simplement un acte de délinquance, c'est un des maillons de la chaîne de l'intégration que l'on doit à tout prix restaurer. S'il y a un maillon qui est plus faible que l'autre, eh bien évidemment c'est l'ensemble de la chaîne qui est plus fragilisé. Mais il y a une idée simple qui est à retenir, c'est : y a-t-il plus ou moins d'actes de délinquance depuis que N. Sarkozy est ministre ? D'ailleurs, avec l'époque aussi de D. de Villepin, cela va de soi. Est-ce qu'il y en a plus ou moins que sous la majorité précédente ? La réponse est clairement nette, et claire et nette : la tendance s'est inversée, il y a moins d'actes de délinquance, cela veut dire que N. Sarkozy, ça marche !
Q- Beaucoup de polémique cette semaine à droite, à la veille du congrès de l'UMP, qui doit voir le soutien du parti accordé à N. Sarkozy. Est-ce qu'une partie de la droite, les chiraquiens pour parler net, souhaite la défaite de N. Sarkozy à la présidentielle ?
R- Moi ce n'est pas du tout comme cela que je conçois les choses. Je suis persuadé que chacun est responsable. L'ambition, c'est que nous réussissions le lancement, le début de cette campagne présidentielle, ce qui a déjà été le cas grâce à N. Sarkozy, la manière dont il s'est adressé : lui, l'élu de l'Ile-de-France, la puissante Ile-de-France, avait choisi de s'adresser d'abord aux provinciaux, ensuite il a eu une émission de télévision dans laquelle 67 % des Français l'ont jugé convaincant ; et puis aujourd'hui, il y a un mouvement d'agrégation. Je souhaite positiver les choses.
Q- Ne pas voter, ne pas venir au congrès c'est de l'agrégation ?
R- Mais d'abord il faut respecter le tempérament, le rythme des uns et des autres. Un certain nombre de responsables, du président de l'Assemblée nationale, à F. Baroin, à C. Jacob et d'autres, ont dit très clairement qu'ils attendaient que le président de la République se soit exprimé pour prendre position et s'engager totalement et pleinement en faveur du candidat que l'UMP aura décidé de soutenir. Je vous dis une chose très simple : c'est que, à tous ceux qui font le pari de la division, nous allons prouver, progressivement et fortement l'union. Car il y aura un mouvement inéluctable, positif, utile et, j'en suis convaincu, d'enthousiasme, de rassemblement et de cohésion.
Q- Pour que le rassemblement aille plus vite, souhaitez-vous que le président de la République donne sa réponse sur son éventuelle candidature à un troisième mandat très vite ?
R- Mais pas du tout ! Mais autour de N. Sarkozy, on est très respectueux des personnes. Le président de la République s'exprimera à l'époque où il le souhaitera, au rythme qui doit être le sien. Nous, ce que nous disons, c'est que notre porte est ouverte, les bras sont tendus, la main est tendue pour que nous puissions rassembler et démontrer la cohérence autour de N. Sarkozy. Un mouvement s'est engagé au mois de décembre, vous l'avez observé, un certain nombre de personnalités a décidé de s'engager dès le mois de décembre autour de N. Sarkozy. D'autres pourront le faire dans les jours qui viennent, certains le feront un peu plus tard.
Q- M. Alliot-Marie va dire demain qu'elle n'est pas candidate à la présidentielle, vous lui aviez dit : "il faut marcher droit". Vous êtes content ?
R- Non, pas du tout, je n'ai pas du tout dit cela. J'ai dit que M. Alliot- Marie, j'ai rappelé que M. Alliot-Marie, avait indiqué dans une interview à la mi-décembre qu'elle souhaitait qu'il y ait un candidat unique. Elle a raison, naturellement il faut qu'il y ait un candidat d'union, pour une raison simple : c'est qu'en arithmétique politique, 1+1 cela peut faire zéro, c'est-à-dire deux candidats au premier tour, cela peut faire zéro au deuxième tour. Donc, je suis sûr, c'est la responsabilité de M. Alliot-Marie de s'engager, et j'attends avec beaucoup d'attention naturellement, et aussi beaucoup d'espoir sa prise de position, demain. Encore une fois, nous devons aller vers l'union.
Q- Ce congrès, dimanche, coûtera 5 millions d'euros, dit F. Bayrou. Est-ce vrai et n'est-ce pas trop ?
R- Je ne sais d'où il sort ces chiffres. Il faut quand même regarder le parcours des uns et des autres. Lorsque N. Sarkozy était candidat à la présidence de l'UMP, il a sur cet aspect-là, comme sur les autres, décidé de jouer la carte de la transparence. Et dans les jours qui ont suivi, nous avions donné tous les éléments sur la table...
Q- Donc, là, on aura la facture ?
R- C'était facultatif. Là, aujourd'hui, nous sommes engagés dans un processus présidentiel, cela devient obligatoire, donc il est évident que ce qu'il a fait lorsque cela était facultatif, il le fera naturellement lorsque la loi le prévoit. Donc ça sera cartes sur table.
Q- 56% des Français interrogés par l'IFOP pour Paris-Match disent : "Il faut que N. Sarkozy quitte son poste ministériel son investiture pour faire campagne". Hollande rajoute, que comme il organise l'élection, le ministre de l'Intérieur, il vaut mieux que le candidat ne soit plus Place Beauvau. Pourquoi N. Sarkozy va partir visiblement plus tard, fin février ou mi-mars ?
R- Attendez, il faut que F. Hollande vive avec son temps. Je suis très préoccupé. Qu'est-ce que c'est que cette histoire : les ministres de l'Intérieur ne choisissent pas les candidats, ne font pas les élections !
Q- Ils organisent...
R- Cela, c'était le cas sous le Second Empire, où il y avait le ministre de l'Intérieur qui choisissait avec les préfets les candidats et qui d'ailleurs honnêtement annonçait les résultats. Il faut rappeler à F. Hollande que nous ne sommes pas dans la seconde moitié du XIX ème siècle, nous sommes au XXIème siècle, il faut vivre avec son époque. Donc, le ministre de l'Intérieur ne fait pas les élections. Simplement, la question posée : est-ce que N. Sarkozy doit quitter le Gouvernement ? J'observe que l'on veut lui infliger un traitement différent de tout ce qui s'est fait jusqu'à maintenant sous la Vème République. Et quelque part, cela me conforte dans mon engagement auprès de N. Sarkozy. Parce que je suis convaincu que ce n'est pas un homme politique comme les autres, il est différent des autres. Cette espère d'acharnement à vouloir lui infliger un traitement différent, cela confirme qu'effectivement, il est à part !
Q- Quand il partira quand même du Gouvernement, parce qu'il le fera pour mener sa campagne, vous êtes candidat à le remplacer Place Beauvau ?
R- Non, ce n'est pas comme cela que cela se passe. D'autres ont dit, que quand on rentre au Gouvernement, ce n'est pas une élection, c'est une nomination. Et la nomination ne relève pas de moi, elle relève du président de la République.
Q- S. Royal trouve que la justice en Chine est rapide, elle souhaiterait que la France prenne un peu l'exemple. Que lui répondez-vous ? Vous êtes d'accord ? Sarkozy aimerait que la justice soit plus rapide ?
R- D'abord, une observation : c'est que S. Royal découvre le monde ! Alors c'est certainement formateur pour elle, mais je vous dis c'est anxiogène et inquiétant pour les Français, puisque quand elle se rend au Proche-Orient, elle ne relève pas les propos d'un député extrémiste du Hezbollah, et d'ailleurs, au passage, elle fait preuve d'un sectarisme personnel et d'un archéologisme politique spectaculaire en refusant de serrer la main d'une femme, de surcroît parlementaire dans cette partie
du Globe !
Q- F. de Panafieu.
R- F. de Panafieu. Et en Chine, elle a été formidable, elle a dit aux Chinois : "Nous allons vous aider". Je vous rappelle simplement que les Chinois ont une croissance à deux chiffres depuis une dizaine d'années, qu'ils construisent chaque année autant d'autoroutes qu'il y en a dans la France entière. Donc, inutile de vous dire que ce matin même, j'imagine que les Chinois sont prosternés en admiration, en disant : "génial, S. Royal va nous aider !". La réalité, c'est que, prendre la justice comme référence et comme exemple en Chine, c'est assez inattendu. Cela confirme ce que je vous disais : quelque part, elle est inquiétante !Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 11 janvier 2007