Interview de M. Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France et candidat à l'élection présidentielle de 2007,, à RTL le 18 janvier 2007, sur la parution de son livre "Une France qui gagne" et sur sa volonté de transférer à la France la politique qu'il mène en Vendée.

Prononcé le

Média : Emission L'Invité de RTL - RTL

Texte intégral

Q- Vous êtes candidat à l'élection présidentielle, et vous ne payez pas l'impôt sur la fortune. Ca manque un peu de classe, çà ?
R- Ah oui ! Les images d'Epinal volent en éclats... Oui. Le Mouvement Pour la France est le parti des pauvres.
Q- Vous avez 55 ans, une vie de haut fonctionnaire, des revenus confortables et vous n'atteignez pas le plafond de 750.000 euros ?
R- Non. Je ne suis pas assujetti à l'impôt sur la fortune. Ca peut surprendre, voyez ! Mais c'est ainsi. Et c'est moi qui avais demandé en 1995 que tous les candidats à l'élection présidentielle rendent publique leur déclaration de patrimoine. Ca me paraît tout à fait normal.
Q- Donc, ça va être fait pendant cette campagne. Donc, c'est une bonne chose. La manière dont c'est sorti, ça vous paraît être un sale coup de campagne ou vous y êtes indifférent ?
R- Je pense que c'est minable. Je vais vous dire ce que je pense. Moi, je ne suis pas du tout un supporter de S. Royal, comme vous le savez. C'est même ma concurrente et mon adversaire parce qu'elle veut nous ramener le socialisme dont moi je ne veux pas pour la France. Je dirais simplement qu'hier, je voyais beaucoup de Français qui me disaient : "Nous ce qui nous intéresse, ce ne sont pas les impôts que paie S. Royal, ce sont les impôts qu'on paiera demain si S. Royal est présidente de la République".
Q- Je vous demandais si vous pensiez que c'était un sale coup que ça soit sorti comme ça ? On était parti là-dessus parce que les socialistes et les impôts, on va en parler un peu après. C'est un sale coup ? Ca vous est indifférent la manière dont c'est sorti ?
R- Mais pourquoi c'est un sale coup ? Parce que ce qui intéresse d'ailleurs un auditeur qui vient de le dire très bien : ce qui intéresse les Français aujourd'hui, ce n'est pas le narcissisme du milieu politique, c'est comment on va faire sortir la France des difficultés dans lesquelles elle se trouve et comment on va améliorer la vie quotidienne des Français ? Voilà la question. Donc, moi, mon projet, c'est plus de travail, moins d'impôts. C'est-à-dire exactement le contraire de ce qu'on fait actuellement. Et moi je souhaite interpeller S. Royal non pas sur l'impôt sur la fortune, mais sur la raison pour laquelle elle veut généraliser, par exemple, les 35 heures, ce qui serait une catastrophe pour notre pays et pour le pouvoir d'achat des travailleurs.
Q- Elle n'a pas tout à fait dit ça hier. Mais tant pis, vous en parlerez avec elle. Vous publiez un livre...
R- Ecoutez, c'est le projet socialiste...
Q- Mais ce n'est pas forcément le projet de S. Royal.
R- Ce sont les nationalisations, c'est la régularisation des sans-papiers, etc.
Q- Peut-être pas tout à fait d'ailleurs, mais le projet des socialistes n'est peut-être pas le projet de S. Royal, mais éventuellement...
R- Elle l'appliquera. Elle a appris la politique sous les genoux de F. Mitterrand.
Q- D'accord. Vous êtes ce matin l'invité de RTL parce que ce matin, en librairie, sort votre livre "Une France qui gagne", aux Editions du Rocher. Page 17, vous écrivez ceci : "J'ai été meurtri pendant longtemps par l'injustice des quolibets sur mon nom et mes origines". Vous n'avez pas vous-même beaucoup contribué, à créer votre propre caricature ?
R- Non, pas du tout. Je considère que... Voyez, par exemple, vous êtes surpris. Vous m'avez posé deux fois la question : Est-ce que vous payez l'impôt sur la fortune ? Ah ! Ben non. Donc, je ne vis pas entre les vases de cristal et des tableaux de maîtres, voilà. Je suis un fils de soldat français...
Q- Vous le dites dans le livre.
R- ... qui, lui-même, est un orphelin de guerre. Mes deux grand-pères ont été enveloppés dans le drapeau tricolore en chantant la Marseillaise. Je suis fier de ce patrimoine et j'appartiens à une famille qui n'a jamais été riche, qui n'a été riche qu'au soleil d'Austerlitz. Et donc, je considère que le sort qui m'est fait trop souvent, y compris avec une sous médiatisation qui explique évidemment les sondages modestes, pour l'instant, eh bien c'est injuste.
Q- Mais quand même vous-même, vous n'avez pas - j'y reviens un peu - un peu contribué à créer une caricature : un conservatisme un peu affirmé. Je me souviens de vous, par exemple, devant la mairie de Bègles avec une pancarte quand le couple homosexuel s'y mariait...
R- Alors, je n'ai pas le droit ?
Q- ... Si, vous avez le droit. Mais est-ce que vous n'avez pas contribué vous-même à cette image ?
R- Attendez. Ce que vous appelez caricature, c'est le bon sens. Je considère que le mariage homosexuel et l'adoption des enfants par les couples homosexuels, c'est une régression parce qu'il faut protéger l'enfant et la stabilité de la société. Voilà. Si vous appelez ça une caricature, allons-y. C'est la caricature du bon sens. Elle est largement partagée.
Q- Un élu de votre niveau avec une pancarte au milieu de dix personnes devant une mairie, un samedi après-midi, c'était peut-être ça...
R- Non, j'étais là avec mon écharpe tricolore pour sauver l'honneur de tous les maires de France qui sont très nombreux à dire : "On ne veut pas marier, demain, des couples homosexuels avec notre écharpe tricolore". Voilà. Et quand je disais ici à ce micro, à A. Duhamel sur Maastricht : "Cette Europe-là, va dans le mur". Ecoutez, vous appelez ça une caricature ? N'empêche que la caricature, elle a été reprise par le peuple français à 55% le 29 mai dernier. Quand j'ai parlé des mosquées de Roissy, ici même avec vous, vous m'avez dit : "Vous êtes sûr que vous n'exagérez pas ?..." Les bagagistes islamistes ? Et puis voilà, c'est arrivé.
Q- Le thème de votre livre, c'est : ce que je fais en Vendée, je voudrais le faire pour la France. C'est ça ?
R- Oui.
Q- C'est une réussite à ce point la Vendée pour que vous pensiez que ça peut s'appliquer à la France ?
R- Ah oui, c'est le premier département français pour la création d'entreprises. Premier département pour la remise au travail des Rmistes. Premier département pour l'accession sociale à la propriété. Et j'en tire la leçon suivante : quand l'espoir naît ou s'épanouit quelque part, il peut s'épanouir partout. Il vaut mieux confier la France, à des gens qui ont réussi chez eux plutôt qu'à des poulets de batterie élevés dans des cabinets ministériels, nourris aux granulés et aux amphétamines, des experts et qui nous proposent quoi ? La politique hors-sol. Moi quand je m'adresse à un public, y compris à vous, je ne récite pas des notes préparées par des experts sur les grands sujets de fond, parce que c'est le fruit de mon expérience. Par exemple, il y a deux fois plus d'apprentis dans le département de la Vendée qu'en moyenne nationale. Résultat : il y a deux fois plus de création
d'entreprises et de création d'emplois. Il s'est créé dans mon département, nous avons créé deux fois plus d'entreprises, deux fois plus d'emplois qu'en moyenne nationale. Et on a testé une nouvelle approche de la mondialisation avec une double préférence. Moi je préfère l'artisanat à l'assistanat de S. Royal et je préfère la PME enracinée au CAC 40 de N. Sarkozy.
Q- Vous êtes certain d'être candidat à l'élection ?
R- Certain.
Q- Vous aurez les signatures ?
R- J'espère. J'espère.
Q- Vous ne les avez pas ce matin ? Vous n'avez pas suffisamment de promesses pour être serein, ce matin ?
R- Non, non. Enfin, j'ai suffisamment de promesses pour être optimiste et pas suffisamment pour être certain de pouvoir répondre à votre question. Mais oui, je pense que vous pouvez me compter parmi les candidats certains.
Q- Alors, vous vous définissez vous-même comme "Droite Patriotique de Gouvernement". Cà, ça veut dire au deuxième tour : "On vote pour Sarkozy" ?
R- Non, ça veut dire l'inverse.
Q- Quoi, que Sarkozy va voter pour vous ?
R- Attendez, il y a deux Droites...
Q- Vous êtes optimiste, ce matin !
R- il y a deux Droites de gouvernement. Il y a la Droite américaine, euro mondialiste, communautariste : celle de N. Sarkozy...
Q- Pour qui vous allez appeler à voter au deuxième tour.
R- Attendez, laissez moi terminer. Après, je vais répondre sur le deuxième tour. Et la Droite Patriotique de Gouvernement, c'est-à-dire la Droite parce que je ne veux pas du retour de la Gauche. Patriotique, parce que je ne crois pas à l'euromondialisme, et hors la souveraineté populaire, on ne pourra pas redresser notre pays, et de Gouvernement et non pas de protestations. Si N. Sarkozy accepte de venir sur mes idées lorsque je serai au deuxième tour, alors j'accepterai qu'il gouverne avec moi.
Allez, on espère que N. Sarkozy a écouté RTL, ce matin, et qu'il appelera à voter P. Villiers au deuxième tour.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 19 janvier 2007