Texte intégral
Q- La bataille est engagée. Qui sera le troisième homme : Bayrou, Le Pen ? La question peut être posée. D'après les sondages, vous n'êtes plus très loin derrière le leader charismatique du Front national. Serait-ce possible ?
R- La seule alternative pour tous les Français qui veulent éviter le choix dans lequel on essaie de les enfermer, entre le PS et l'UMP, aller et retour, perpétuellement, N. Sarkozy, S. Royal, la seule alternative est dans le camp des républicains. Parce que, autrement, comme vous le savez, l'extrémisme renforce, on l'a vu en 2002, le vote extrême droite. De toute façon, il garantit l'élection de celui des deux qui serait...
Q- Mais les deux sont quand même républicains ?
R- Non, mais...La seule alternative à ces deux-là, c'est dans le camp des républicains qu'elle se trouve. Et je suis aujourd'hui cette seule alternative. Parce que, les Français ont bien vu, ceux qui nous écoutent, dans leur vie quotidienne de tous les jours, que depuis 25 ans, cet aller retour perpétuel, cette obligation d'aller soit chez l'un, soit chez l'autre, les a conduits où nous sommes, c'est-à-dire, à l'incapacité pour notre pays de résoudre calmement et simplement les problèmes qui se posent à nous.
Q- Mais comment peut-on dire, même avec modestie : "je suis l'homme qu'il vous faut, je suis celui-là, je suis la solution" ?
R- Ne faisons pas d'hypocrisie. Quand vous vous présentez à une élection, et a fortiori, à une élection présidentielle, c'est parce que vous pensez que vous avez une approche qui peut résoudre les problèmes. Je vous dis, avec toute la certitude dont je suis capable : il est impossible aujourd'hui, étant donné leur gravité, de résoudre les problèmes de la France, si on ne peut pas faire travailler ensemble des gens qui viennent de bords différents. C'est trop grave et c'est trop lourd. Par exemple, je sais bien que personne n'en parle, mais je me suis fais le serment, chaque fois que je prendrai la parole pendant cette campagne, de dire, qu'on ne peut pas continuer à être écrasés par la dette, à accumuler au-dessus de la tête des Français...
Q- Cela tombe bien, chaque matin, à chaque candidat, il y a la question sur la dette.
R- Eh bien, vous verrez qu'ils ne répondent pas !
Q- Mais comment allez-vous la réduire ?
R- Vous verrez qu'ils ne répondent pas !
Q- Mais comment allez-vous la réduire ? Augmentez-vous les impôts ? Augmentez-vous, réduisez-vous les dépenses ? Quelles dépenses ?
R- Je vais plus loin que cela. J'inscris dans la Constitution de la France, l'interdiction pour tout Gouvernement, présent et futur, de présenter un budget en déficit de fonctionnement.
Q- Mais combien de temps vous donnez-vous pour supprimer la dette et réduire les déficits ? On avait dit 2010, la Commission de Bruxelles vient de dire : "accélérez les gars !"
R- Je pense qu'il faut trois ans, pour arriver.. .
Q- C'est-à-dire, 2010.
R- ...pour arriver au point que nous recherchons, qui est : présenter un budget suffisamment équilibré pour que la dette ne grossisse plus. C'est-à-dire, pour boucher le trou que nous avons dans la coque, si nous étions un bateau, et pour garantir que la mer, nous refasse peu à peu avec la marée de la croissance, remonter jusque à une flottaison normale. Cette règle existe dans un certain nombre de pays qui nous entourent. Je demande...élu président de la République, je la ferai inscrire dans la Constitution de la France. Cela veut dira aussi...
Q- Et quelles dépenses réduisez-vous ?
R- Attendez, avant de dire cela, cela veut dire aussi, qu'il est très important de ne pas se laisser entraîner dans cette campagne, avec des candidats, qui annoncent des choses qui sont absolument du domaine de l'illusion...
Q- C'est-à-dire, qu'il y a trop de promesses ?
R- ...des histoires non garanties...Mais il y a trop de promesses, il y a des candidats qui annoncent des dizaines de milliards d'euros de dépenses supplémentaires et en même temps...
Q- C'est qui ? C'est qui ?
R- ...et en même temps...
Q- C'est qui, 68 milliards ?
R- ...et en même temps, 68 milliards de baisse des recettes.
Q- Attendez, essayons de poser une question...
R- C'est N. Sarkozy, puisque S. Royal, on ne sait pas encore.
Q- N. Sarkozy, promet de baisser de 4 points les prélèvements obligatoires...
R- Il raconte des histoires !
Q- ...S. Royal, dit : "ce n'est pas responsable". Vous, vous dites : ce n'est pas réalisable ?
R- Ce n'est pas réalisable, ce sont des histoires racontées aux Français. Vous savez bien, depuis 25 ans, toutes les campagnes présidentielles donnent lieu à ce déluge de promesses, pour que les gens se mettent à rêver, éveillés, avec les yeux qui papillotent ! Vous savez bien, cette phrase que disait avec cynisme, ceux qui faisaient ces promesses, ils disaient : "de toute façon ce n'est pas grave, les promesses, n'engagent que ceux qui les reçoivent".
Q- ...les écoutent, et les croient...
R- Hélas ! La situation du pays aujourd'hui, c'est qu'on les a cru, et qu'on en est à l'écrasement de générations qui viennent, par une dette qu'ils auront tellement de mal à assumer, qu'ils devraient nous faire un procès en lâcheté et en laxisme !
Q- Donc, il faut faire comme vous et S. Royal, pas de promesses ? Enfin pas encore de promesses, et pas encore de propositions ?
R- Non, il faut que, chacune des propositions et promesses que l'on fait, et j'en fais sur tous les sujets, nous allons le vérifier ensemble, soient financées ou équilibrées. Et c'est cela qui est naturellement la position responsable, dont on a besoin en France aujourd'hui.
Q- Vous êtes, on le disait tout à l'heure, le monsieur qui monte, qui monte dans les sondages. Dans toutes les campagnes présidentielles, il existe ce que J. Dray appelle "les hommes de janvier". Comme leur nom l'indique, les hommes de janvier, même quand ils ont atteint des scores importants en janvier, ils ne sont pas là en mai. Est-ce que, malgré tout, malgré vos espoirs et ce que vous venez de dire avec beaucoup de passion et de fougue, cela peut-il vous arriver ?
R- Le dernier homme de janvier à l'élection de 1995, s'appelait J. Chirac, il a été élu. A chaque élection présidentielle, ça crée la surprise...Et ce n'est pas une surprise accidentelle, c'est une surprise absolument méditée par les Français. Parce que, créer une surprise, c'est le seul moyen pour les Français de montrer que, les patrons, ce sont eux.
Q- La démocratie participative, devrait conduire...
R- Les patrons...
Q- ...F. Bayrou à l'Elysée ?
R- Je ne sais pas ce que c'est. Ce sont des mots trop compliqués pour moi.
Mais...
Q- Puis-je vous poser une question ? Quand les gens vous regardent aujourd'hui, quand vous les croisez, dans la rue, ou dans des rassemblements, etc, vous regardent-ils maintenant comme quelqu'un qui peut aller à l'Elysée ?
R- Oui, et ils le font avec amitié. C'est encore beaucoup plus important. Je pense qu'il y a deux temps dans une campagne électorale. Le premier temps, c'est, les citoyens sont spectateurs, ils regardent le jeu en disant : qui peut être président ? Et puis, il y a un deuxième temps, où ils se demandent : qui peut être notre président ? C'est-à-dire que, se crée ce lien entre les citoyens, et celui ou celle qu'ils vont choisir, qui est un lien de confiance personnelle, pas un lien de confiance politique, un lien de confiance personnelle. C'est-à-dire, celui-là comprend à peu près, on comprend à peu près, ce qu'il dit, et il comprend bien ce que nous sommes.
Q- Et ceux-là disent : notre président, ça peut être lui ?
R- Je le crois.
Q- Alors, N. Hulot renonce mais il reste présent, comme le commandeur Vert. Vous, vous avez été parmi les premiers à signer son Pacte écologique. Quand on fait tout passer et tout dépendre des écologistes, maîtres de nos destins et de nos peurs, n'entretient on pas, comme le dit d'ailleurs le romancier, J.-C. Ruffin, "le danger d'une dictature des intégristes Verts" ?
R- Le danger, aujourd'hui, c'est l'ignorance de ce qui se passe dans le monde. C'est un pas très important que les habitants de la terre, ceux qui sont embarqués sur cette petite planète, qui est comme une barque qui navigue dans l'univers, que les habitants de la terre se rendent compte qu'ils sont liés par un sort commun, et qu'ils ont entre les mains quelque chose d'infiniment précieux, qui est, l'air que respirerons leurs enfants.
Q- Et l'eau.
R- Et l'eau, que boiront leurs enfants. Parce que, l'air, il faut 50 ans à peu près pour que sa composition change quand on a fait des bêtises en rejetant trop de gaz à effet de serre. Je considère, même si certains ne sont pas satisfaits de la manière ou de la forme, que c'est une chance que nous vivions à une génération qui commence à se rendre compte de la responsabilité qu'elle a pris en brûlant en quelques années, ce que l'humanité avait mis des millions...ce que la terre avait mis des millions d'années à...
Q- D'accord. Sans oublier les exigences et les effets de la croissance.
R- Il ne s'agit pas d'oublier la croissance, il ne s'agit pas d'avoir une vie, de revenir à l'Age de pierre. Il s'agit au contraire, d'avoir une vie plus sobre, c'est-à-dire, selon moi, meilleure, plus solidaire, qui fasse que, nous ne nous considérions pas, les uns et les autres, comme des étrangers dans le chacun pour soi.
Q- Deux questions : le président Chirac réunit, les 2 et 3 février, un Sommet mondial de l'environnement, suivi d'un appel de Paris. Si vous êtes invité, irez-vous ?
R- Si j'étais invité, j'irais, bien entendu.
Q- Tout récemment, vous avez rendu hommage, précisément, au président de la République, qui a refusé d'engager la France dans la guerre d'Irak. Il organise, je crois que c'est demain, à Paris, la Conférence internationale d'aide au Gouvernement légitime du Liban. Et quand on voit ce qui se passe au Liban, on peut être inquiet. Pensez-vous que c'est une bonne idée ?
R- Je pense que c'est une bonne idée. Je pense que, dans le bilan de J. Chirac, je me suis beaucoup disputé avec lui sur un certain nombre de sujets de politique intérieure...
Q- On sait...
R- ...comme vous le savez, mais dans le bilan de J. Chirac, si on doit être équitables, et regarder en face les choses, il y a ce qu'il a fait en politique étrangère. ...Il aurait pu être plus européen...
Q- Mais pourquoi le dites-vous maintenant ?
R- Je l'ai dit, je suis monté à la tribune de l'Assemblée nationale pendant la guerre en Irak, et Dieu sait qu'il y avait beaucoup de gens qui voulaient me pousser à une attitude différente, pour dire, que la France avait raison de dire que, déclencher cette guerre, c'était prendre un risque terrible pour la région. Donc, je considère qu'il faut mettre cela à l'actif de ce que le président de la République a fait. La France, a fait son devoir, et elle a été, dans l'ensemble des pays au monde, une voix très importante dans ce moment-là.
Q- Donc, à l'égard du Liban aussi, aujourd'hui ?
R- A l'égard du Liban, une seule ligne : nous avons besoin, le monde a besoin d'un Liban indépendant.
Q- Vous étiez à la soirée républicaine annuelle du CRIF. J'entendais que vous avez dîné, là. Avez-vous dîné ?
R- Non, vous savez bien que je suis passé à la soirée du CRIF, puisque nous sommes passés ensemble.
Q- Le Premier ministre, D. de Villepin, a condamné hier, sans réserve, "les attaques inacceptables, dit-il, de Ahmadinejad à l'encontre d'Israël". Et il a mis en garde Téhéran contre "un isolement croissant si il ne renonce pas à son programme d'enrichissement nucléaire". Peut-on dire que, sur ce point-là, à l'égard de l'Iran, il y a une position commune des Français ?
R- Je l'espère. La dernière fois qu'on a rencontré dans notre histoire, un chef politique d'un pays, qui a prononcé des mots comme ceux que M. Ahmadinejad a prononcés, vous savez bien, c'était Munich, c'était le moment qui a déclenché le pire, au milieu du XXème siècle !
Q- Dites-vous pour autant, comme on l'entend, "Ahmadinejad égal
Hitler" ? !!
R- Je ne vous dis pas cela. Je dis que, quand les démocraties voient quelqu'un, qui demande la disparition d'un autre pays, et qui s'apprête à se doter des armements les plus menaçants, terribles, de l'histoire, alors, il faut ouvrir les yeux, et prendre garde. Nous sommes, si nous voulons être à la hauteur de notre histoire dans ce siècle, nous sommes en situation de responsabilité et de lourde responsabilité. En tout cas, moi je l'assumerai.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 24 janvier 2007
R- La seule alternative pour tous les Français qui veulent éviter le choix dans lequel on essaie de les enfermer, entre le PS et l'UMP, aller et retour, perpétuellement, N. Sarkozy, S. Royal, la seule alternative est dans le camp des républicains. Parce que, autrement, comme vous le savez, l'extrémisme renforce, on l'a vu en 2002, le vote extrême droite. De toute façon, il garantit l'élection de celui des deux qui serait...
Q- Mais les deux sont quand même républicains ?
R- Non, mais...La seule alternative à ces deux-là, c'est dans le camp des républicains qu'elle se trouve. Et je suis aujourd'hui cette seule alternative. Parce que, les Français ont bien vu, ceux qui nous écoutent, dans leur vie quotidienne de tous les jours, que depuis 25 ans, cet aller retour perpétuel, cette obligation d'aller soit chez l'un, soit chez l'autre, les a conduits où nous sommes, c'est-à-dire, à l'incapacité pour notre pays de résoudre calmement et simplement les problèmes qui se posent à nous.
Q- Mais comment peut-on dire, même avec modestie : "je suis l'homme qu'il vous faut, je suis celui-là, je suis la solution" ?
R- Ne faisons pas d'hypocrisie. Quand vous vous présentez à une élection, et a fortiori, à une élection présidentielle, c'est parce que vous pensez que vous avez une approche qui peut résoudre les problèmes. Je vous dis, avec toute la certitude dont je suis capable : il est impossible aujourd'hui, étant donné leur gravité, de résoudre les problèmes de la France, si on ne peut pas faire travailler ensemble des gens qui viennent de bords différents. C'est trop grave et c'est trop lourd. Par exemple, je sais bien que personne n'en parle, mais je me suis fais le serment, chaque fois que je prendrai la parole pendant cette campagne, de dire, qu'on ne peut pas continuer à être écrasés par la dette, à accumuler au-dessus de la tête des Français...
Q- Cela tombe bien, chaque matin, à chaque candidat, il y a la question sur la dette.
R- Eh bien, vous verrez qu'ils ne répondent pas !
Q- Mais comment allez-vous la réduire ?
R- Vous verrez qu'ils ne répondent pas !
Q- Mais comment allez-vous la réduire ? Augmentez-vous les impôts ? Augmentez-vous, réduisez-vous les dépenses ? Quelles dépenses ?
R- Je vais plus loin que cela. J'inscris dans la Constitution de la France, l'interdiction pour tout Gouvernement, présent et futur, de présenter un budget en déficit de fonctionnement.
Q- Mais combien de temps vous donnez-vous pour supprimer la dette et réduire les déficits ? On avait dit 2010, la Commission de Bruxelles vient de dire : "accélérez les gars !"
R- Je pense qu'il faut trois ans, pour arriver.. .
Q- C'est-à-dire, 2010.
R- ...pour arriver au point que nous recherchons, qui est : présenter un budget suffisamment équilibré pour que la dette ne grossisse plus. C'est-à-dire, pour boucher le trou que nous avons dans la coque, si nous étions un bateau, et pour garantir que la mer, nous refasse peu à peu avec la marée de la croissance, remonter jusque à une flottaison normale. Cette règle existe dans un certain nombre de pays qui nous entourent. Je demande...élu président de la République, je la ferai inscrire dans la Constitution de la France. Cela veut dira aussi...
Q- Et quelles dépenses réduisez-vous ?
R- Attendez, avant de dire cela, cela veut dire aussi, qu'il est très important de ne pas se laisser entraîner dans cette campagne, avec des candidats, qui annoncent des choses qui sont absolument du domaine de l'illusion...
Q- C'est-à-dire, qu'il y a trop de promesses ?
R- ...des histoires non garanties...Mais il y a trop de promesses, il y a des candidats qui annoncent des dizaines de milliards d'euros de dépenses supplémentaires et en même temps...
Q- C'est qui ? C'est qui ?
R- ...et en même temps...
Q- C'est qui, 68 milliards ?
R- ...et en même temps, 68 milliards de baisse des recettes.
Q- Attendez, essayons de poser une question...
R- C'est N. Sarkozy, puisque S. Royal, on ne sait pas encore.
Q- N. Sarkozy, promet de baisser de 4 points les prélèvements obligatoires...
R- Il raconte des histoires !
Q- ...S. Royal, dit : "ce n'est pas responsable". Vous, vous dites : ce n'est pas réalisable ?
R- Ce n'est pas réalisable, ce sont des histoires racontées aux Français. Vous savez bien, depuis 25 ans, toutes les campagnes présidentielles donnent lieu à ce déluge de promesses, pour que les gens se mettent à rêver, éveillés, avec les yeux qui papillotent ! Vous savez bien, cette phrase que disait avec cynisme, ceux qui faisaient ces promesses, ils disaient : "de toute façon ce n'est pas grave, les promesses, n'engagent que ceux qui les reçoivent".
Q- ...les écoutent, et les croient...
R- Hélas ! La situation du pays aujourd'hui, c'est qu'on les a cru, et qu'on en est à l'écrasement de générations qui viennent, par une dette qu'ils auront tellement de mal à assumer, qu'ils devraient nous faire un procès en lâcheté et en laxisme !
Q- Donc, il faut faire comme vous et S. Royal, pas de promesses ? Enfin pas encore de promesses, et pas encore de propositions ?
R- Non, il faut que, chacune des propositions et promesses que l'on fait, et j'en fais sur tous les sujets, nous allons le vérifier ensemble, soient financées ou équilibrées. Et c'est cela qui est naturellement la position responsable, dont on a besoin en France aujourd'hui.
Q- Vous êtes, on le disait tout à l'heure, le monsieur qui monte, qui monte dans les sondages. Dans toutes les campagnes présidentielles, il existe ce que J. Dray appelle "les hommes de janvier". Comme leur nom l'indique, les hommes de janvier, même quand ils ont atteint des scores importants en janvier, ils ne sont pas là en mai. Est-ce que, malgré tout, malgré vos espoirs et ce que vous venez de dire avec beaucoup de passion et de fougue, cela peut-il vous arriver ?
R- Le dernier homme de janvier à l'élection de 1995, s'appelait J. Chirac, il a été élu. A chaque élection présidentielle, ça crée la surprise...Et ce n'est pas une surprise accidentelle, c'est une surprise absolument méditée par les Français. Parce que, créer une surprise, c'est le seul moyen pour les Français de montrer que, les patrons, ce sont eux.
Q- La démocratie participative, devrait conduire...
R- Les patrons...
Q- ...F. Bayrou à l'Elysée ?
R- Je ne sais pas ce que c'est. Ce sont des mots trop compliqués pour moi.
Mais...
Q- Puis-je vous poser une question ? Quand les gens vous regardent aujourd'hui, quand vous les croisez, dans la rue, ou dans des rassemblements, etc, vous regardent-ils maintenant comme quelqu'un qui peut aller à l'Elysée ?
R- Oui, et ils le font avec amitié. C'est encore beaucoup plus important. Je pense qu'il y a deux temps dans une campagne électorale. Le premier temps, c'est, les citoyens sont spectateurs, ils regardent le jeu en disant : qui peut être président ? Et puis, il y a un deuxième temps, où ils se demandent : qui peut être notre président ? C'est-à-dire que, se crée ce lien entre les citoyens, et celui ou celle qu'ils vont choisir, qui est un lien de confiance personnelle, pas un lien de confiance politique, un lien de confiance personnelle. C'est-à-dire, celui-là comprend à peu près, on comprend à peu près, ce qu'il dit, et il comprend bien ce que nous sommes.
Q- Et ceux-là disent : notre président, ça peut être lui ?
R- Je le crois.
Q- Alors, N. Hulot renonce mais il reste présent, comme le commandeur Vert. Vous, vous avez été parmi les premiers à signer son Pacte écologique. Quand on fait tout passer et tout dépendre des écologistes, maîtres de nos destins et de nos peurs, n'entretient on pas, comme le dit d'ailleurs le romancier, J.-C. Ruffin, "le danger d'une dictature des intégristes Verts" ?
R- Le danger, aujourd'hui, c'est l'ignorance de ce qui se passe dans le monde. C'est un pas très important que les habitants de la terre, ceux qui sont embarqués sur cette petite planète, qui est comme une barque qui navigue dans l'univers, que les habitants de la terre se rendent compte qu'ils sont liés par un sort commun, et qu'ils ont entre les mains quelque chose d'infiniment précieux, qui est, l'air que respirerons leurs enfants.
Q- Et l'eau.
R- Et l'eau, que boiront leurs enfants. Parce que, l'air, il faut 50 ans à peu près pour que sa composition change quand on a fait des bêtises en rejetant trop de gaz à effet de serre. Je considère, même si certains ne sont pas satisfaits de la manière ou de la forme, que c'est une chance que nous vivions à une génération qui commence à se rendre compte de la responsabilité qu'elle a pris en brûlant en quelques années, ce que l'humanité avait mis des millions...ce que la terre avait mis des millions d'années à...
Q- D'accord. Sans oublier les exigences et les effets de la croissance.
R- Il ne s'agit pas d'oublier la croissance, il ne s'agit pas d'avoir une vie, de revenir à l'Age de pierre. Il s'agit au contraire, d'avoir une vie plus sobre, c'est-à-dire, selon moi, meilleure, plus solidaire, qui fasse que, nous ne nous considérions pas, les uns et les autres, comme des étrangers dans le chacun pour soi.
Q- Deux questions : le président Chirac réunit, les 2 et 3 février, un Sommet mondial de l'environnement, suivi d'un appel de Paris. Si vous êtes invité, irez-vous ?
R- Si j'étais invité, j'irais, bien entendu.
Q- Tout récemment, vous avez rendu hommage, précisément, au président de la République, qui a refusé d'engager la France dans la guerre d'Irak. Il organise, je crois que c'est demain, à Paris, la Conférence internationale d'aide au Gouvernement légitime du Liban. Et quand on voit ce qui se passe au Liban, on peut être inquiet. Pensez-vous que c'est une bonne idée ?
R- Je pense que c'est une bonne idée. Je pense que, dans le bilan de J. Chirac, je me suis beaucoup disputé avec lui sur un certain nombre de sujets de politique intérieure...
Q- On sait...
R- ...comme vous le savez, mais dans le bilan de J. Chirac, si on doit être équitables, et regarder en face les choses, il y a ce qu'il a fait en politique étrangère. ...Il aurait pu être plus européen...
Q- Mais pourquoi le dites-vous maintenant ?
R- Je l'ai dit, je suis monté à la tribune de l'Assemblée nationale pendant la guerre en Irak, et Dieu sait qu'il y avait beaucoup de gens qui voulaient me pousser à une attitude différente, pour dire, que la France avait raison de dire que, déclencher cette guerre, c'était prendre un risque terrible pour la région. Donc, je considère qu'il faut mettre cela à l'actif de ce que le président de la République a fait. La France, a fait son devoir, et elle a été, dans l'ensemble des pays au monde, une voix très importante dans ce moment-là.
Q- Donc, à l'égard du Liban aussi, aujourd'hui ?
R- A l'égard du Liban, une seule ligne : nous avons besoin, le monde a besoin d'un Liban indépendant.
Q- Vous étiez à la soirée républicaine annuelle du CRIF. J'entendais que vous avez dîné, là. Avez-vous dîné ?
R- Non, vous savez bien que je suis passé à la soirée du CRIF, puisque nous sommes passés ensemble.
Q- Le Premier ministre, D. de Villepin, a condamné hier, sans réserve, "les attaques inacceptables, dit-il, de Ahmadinejad à l'encontre d'Israël". Et il a mis en garde Téhéran contre "un isolement croissant si il ne renonce pas à son programme d'enrichissement nucléaire". Peut-on dire que, sur ce point-là, à l'égard de l'Iran, il y a une position commune des Français ?
R- Je l'espère. La dernière fois qu'on a rencontré dans notre histoire, un chef politique d'un pays, qui a prononcé des mots comme ceux que M. Ahmadinejad a prononcés, vous savez bien, c'était Munich, c'était le moment qui a déclenché le pire, au milieu du XXème siècle !
Q- Dites-vous pour autant, comme on l'entend, "Ahmadinejad égal
Hitler" ? !!
R- Je ne vous dis pas cela. Je dis que, quand les démocraties voient quelqu'un, qui demande la disparition d'un autre pays, et qui s'apprête à se doter des armements les plus menaçants, terribles, de l'histoire, alors, il faut ouvrir les yeux, et prendre garde. Nous sommes, si nous voulons être à la hauteur de notre histoire dans ce siècle, nous sommes en situation de responsabilité et de lourde responsabilité. En tout cas, moi je l'assumerai.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 24 janvier 2007