Texte intégral
J.-P. Elkabbach Encore des rivalités à Paris : est-ce qu'on peut traiter Paris, cauchemar du RPR, plus tard dans le cadre de notre conversation ? Vous êtes d'accord ?
- "Je suis tout à fait d'accord pour traiter Paris après le reste, pour une fois."
Pourquoi Paris est-il moins important que le reste ?
- "Parce qu'on a beaucoup oublié le reste, c'est-à-dire la province et la France vivante, celle qui a dit qu'elle avait aussi envie de s'exprimer."
La province vous donne aujourd'hui plus de satisfaction et de réconfort que Lyon ou Paris ?
- "Je dirai qu'aujourd'hui la province montre que la droite est majoritaire en France mais à Paris et Lyon aussi, puisqu'effectivement nous avons sur Paris et sur Lyon plus de 3 000 voix d'avance sur les socialistes même si ces deux villes seront, de part les mystères du mode de scrutin, dirigées par des maires socialistes. C'est vrai aussi que pour moi, c'est quelque chose d'important parce qu'aujourd'hui le RPR est le premier parti local de France, encore plus d'ailleurs sur le plan des petites villes. Nous avons gagné 47 villes de plus de 9 000 habitants, 15 villes de plus de 30 000 habitants. Cela mérite d'être souligné. Cela prouve bien l'ancrage du RPR en province, ancrage que j'avais d'ailleurs souhaité manifester dans la composition de mon équipe."
Aujourd'hui la France se gagne et se conquiert où ? Au centre ou à droite ?
- "Je crois que les électeurs ont dit très clairement qu'ils avaient le sentiment qu'il y avait une façon de gérer les villes de droite et du centre qui reposait sur l'écoute de leurs besoins de sécurité, leurs besoins d'une économie des deniers publics. Je crois que les Français sont très sensibles à cela. Ils en ont un peu assez de voir l'argent gaspillé quand eux ont des difficultés. Et donc, ils veulent que les gestionnaires des villes soient des gens qui soient aussi économes des deniers publics qui sont leurs impôts que de leurs propres deniers."
Vous voulez dire que les maires de gauche sont plus gaspilleurs et dépensiers que les maires de droite ?
- "Ce que l'on constate, c'est que dans les villes de gauche, les impôts locaux sont plus importants et les sommes dépensées sont également plus importantes. De la même façon que l'insécurité est souvent une plus grande préoccupation de la part des populations des villes de gauche parce qu'ils ont le sentiment qu'elle est moins bien assurée."
Est-ce que vous n'avez pas été choquée d'apprendre que dans de nombreuses villes pendant la campagne - dans le Centre et surtout dans le Sud de la France, quelque fois dans le Nord - il y a eu des tracts ou des arguments qui étaient employés du style : "pas d'arabes à la mairie." Cela ne vous a-t-il pas choqué ?
- "Si, ce sont des choses qui me choquent. Je le dis très clairement. De ce point de vue, je pense que le Parti socialiste a beaucoup à réfléchir sur l'utilisation qu'il a faite du Front national pour faire élire ces 57 députés à l'Assemblée nationale qui lui ont assuré la majorité."
Désormais, la majorité des électeurs du Front national, de l'extrême droite d'avant, est en train de vous rallier ?
- "N'oubliez pas - toutes les études l'ont montré - que l'électorat du Front national venait aussi très largement de la gauche, du parti communiste en particulier et d'un électorat de gauche des quartiers populaires qui avait été déçu par les socialistes. Aujourd'hui, je crois que cet électorat s'est rendu compte que l'extrême droite n'apportait pas non plus de solutions et se répartit entre l'abstention et les différents partis."
Quelle stratégie pour l'opposition et pour le RPR ? Hier, les 30 fondateurs de Alternance 2002, inspirés par J. Monod, ont préparé avec lui les structures et la méthode du rassemblement de l'opposition. Eux c'est vous ou vous c'est eux ?
- "Je dirai que France-Alternance est une association qui a des idées intéressantes mais qui n'a pas de moyens et qui ne peut vivre sans le soutien logistique du RPR. Bien sûr, je les soutiendrais. D'ailleurs, nous le faisons déjà par exemple au niveau de la réflexion, où J.-F. Copée, responsable du projet du RPR, est l'un de ceux aident France-Alternance à préparer un certain nombre d'idées. Pour ma part, j'aide tout ce qui peut contribuer à renforcer l'union."
On ne vous a pas vu hier avec eux. Vous ne participez pas aux réunions d'Alternance 2002 ?
- "Il y a un certain nombre de responsables du RPR. Je crois que jusqu'à aujourd'hui, il s'agissait de la réunion d'un certain nombre de gens. Je sais qu'ils ont l'intention de proposer aux présidents des différents partis d'y venir. En ce qui me concerne, j'irai. D'ailleurs, j'espère aussi que je ne serai pas la seule à apporter le soutien logistique du RPR mais que DL par exemple, par l'intermédiaire de J.-C. Gaudin, le fera et que l'UDF les aidera aussi."
Ils souhaitent - et vous le savez - proposer une confédération qui aurait à accorder dans chaque circonscription un seul label au candidat unique. Est-ce que vous êtes d'accord avec cette idée ?
- "Je crois qu'il y a deux choses. La confédération des partis de l'opposition, je la souhaite depuis un certain temps. Je crois même l'avoir dit sur cette antenne il y a déjà plusieurs mois. Ensuite, il est évident que ce sont les partis et eux-seuls qui ont compétence pour donner des investitures. Que se rajoute - comme cela a été fait pour l'UPF par exemple il y a un certain nombre d'années - le label qui concrétise l'union des investitures, cela me paraît tout à fait normal. D'ailleurs, je vous rappelle que pour ces municipales les investitures ont été données par les trois partis - le RPR, l'UDF et DL - à des listes uniques dans 93 % des villes de plus de 9 000 habitants, ces villes sur lesquelles nous avons gagné, et dans 92 % des cas pour les élections cantonales."
Vous verriez bien un mouvement qui donnerait les investitures et qui ne serait plus le RPR ?
- "Je viens de vous dire le contraire. Les investitures ne peuvent être données que par les partis. Ensuite, il peut y avoir un label donné, comme cela s'est fait pour l'UPF il y a déjà un certain temps, qui est en quelque sorte la manifestation de cet accord des partis."
Qu'allez-vous réorganiser au RPR ?
- "Je considère qu'aujourd'hui l'équipe que je dirige a remis en ordre de marche le RPR, qu'elle a bien préparé les élections municipales en choisissant nos candidats, têtes de listes et en les formant. Elle a donc commencé la reconquête. Aujourd'hui, il faut tirer les conséquences de ces élections municipales et de ce que nous ont dit les électeurs, notamment leur volonté d'écoute, leur volonté d'union, leur volonté de renouvellement d'un certain nombre de personnes. Je vais passer maintenant à une nouvelle étape qui est celle de la mise en ordre de marche du RPR pour la préparation des élections législatives et de l'élection présidentielle."
Avec les mêmes hommes et les mêmes femmes ?
- "Effectivement, nous allons intégrer ces nouveaux besoins. Au nom de quoi nous priverions-nous des nouveaux talents qui se sont manifestés à l'occasion de ces élections municipales ? Je souhaite intégrer un certain nombre de ces nouvelles personnalités qui se sont révélées dans ces élections."
Vous avez l'air très satisfaite de M. Alliot-Marie présidente du RPR. Vous vous accordez volontiers un satisfecit ?
- "Non, je suis très heureuse du RPR, des militants, du RPR et de l'équipe qui a travaillé autour de moi. Je ne suis là que pour coordonner et pour aider les gens à s'exprimer."
F. Bayrou veut irrémédiablement changer le calendrier 2002. Le débat reprendra à l'Assemblée le 3 avril. Est-ce que pensez qu'il est dans l'erreur ? Est-ce que vous dites, avec F. Léotard ou J. de Rohan, que tout partisan de l'inversion du calendrier aujourd'hui fait la courte-échelle à Jospin ?
- "Je crois que F. Bayrou a tort dans son analyse. Chacun a le droit d'avoir ses analyses mais je crois qu'il a tort. On ne peut pas inverser, simplement pour une fois - et encore avec plein d'hypothèses qui pourraient intervenir parce qu'après tout, il pourrait y avoir une dissolution d'ici les élections présidentielles - ni changer pour convenance personnelle le calendrier. Or, les élections municipales viennent de montrer que la droite est en situation de gagner les élections législatives. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle M. Jospin veut cette inversion du calendrier. Je dis que c'est un mauvais motif."
Le RPR et peut-être toute l'opposition sont en train de s'organiser. Vous vous préparez à donner des investitures, vous laissez entendre que l'on peut dissoudre l'Assemblée actuelle avant même des présidentielles. Est-ce que cela veut dire que c'est dans l'air, que c'est quelque chose que vous excluez ou que c'est quelque chose que vous soutiendriez ?
- "Je dis simplement que vouloir changer pour simplement une fois l'ordre du calendrier électoral est quelque chose qui ne repose sur rien. Si on veut changer le calendrier électoral, il faut dire à ce moment-là que l'on veut que les élections présidentielles aient toujours lieu avant les élections législatives. Pour que cela se fasse, il faut que ce soit inscrit dans la Constitution et l'on change de régime. On passe du régime actuel qui est mi-présidentiel mi parlementaire à un régime purement présidentiel. On ne peut changer de régime sans consulter les Français, c'est tout ce que je dis."
Est-ce que pour vous le Président de la République reste la clé de voûte de la Vème République ?
- "Le Président de la République est la clé de voûte de la Vème République. L'Assemblée nationale a sa propre légitimité et elle est aussi une clé de voûte de la Vème République."
C'est-à-dire que pour éviter un régime présidentiel, on va favoriser un régime parlementaire ?
- "Ce n'est pas du tout cela. Aujourd'hui nous avons un régime équilibré avec une double légitimité : celle du Président de la République élu au suffrage universel et celle de l'Assemblée nationale élue au suffrage universel. C'est la volonté et les institutions de 1958. On peut, et j'admets parfaitement la discussion, passer à un régime présidentiel où le Président de la République est celui dont découlent toutes les autres légitimités. Mais je dis que cela ne peut pas se faire sans que l'on consulte les Français. M. Jospin fait de la politique politicienne, de la manipulation électoraliste en la matière. Les Français ne peuvent s'y soumettre."
J'étais surpris que jusqu'à présent il n'y ait pas eu une flèche à L. Jospin.
- "Ce n'est pas une flèche, c'est un constat."
Cet après-midi, les conseillers RPR de la minorité municipale élisent leur président de groupe. Il y a deux candidats : Séguin ou Panafieu. Est-ce qu'il y en a un que vous encouragez ?
- "Je n'ai pas à intervenir. Il n'y a rien de choquant à ce qu'il y ait plusieurs candidats. Dans toutes nos élections internes, nous avons plusieurs candidats. Nous ne faisons pas comme les socialistes qui utilisent des postes ministériels pour éliminer des candidats qui ne plaisent pas - il est vrai que nous ne sommes pas en situation de nommer ministre de l'Education nationale un candidat que nous voulons écarter ! Il y aura une élection qui est faite par les conseillers élus. Je n'interviens pas dans les élections qui intéressent les conseillers élus, même si cela m'intéresse. Ce que je pense surtout, c'est que ces conseillers auront effectivement un grand rôle à jouer. Pour cela, je souhaite qu'ils se retrouvent unis derrière celui qui sera élu. N'oublions pas qu'ils auront à exprimer devant un maire socialiste la volonté de la majorité de Parisiens qui, elle, a voté pour des candidats de droite."
Vous êtes satisfaite ?
- "Tout va bien."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 21 mars 2001)
- "Je suis tout à fait d'accord pour traiter Paris après le reste, pour une fois."
Pourquoi Paris est-il moins important que le reste ?
- "Parce qu'on a beaucoup oublié le reste, c'est-à-dire la province et la France vivante, celle qui a dit qu'elle avait aussi envie de s'exprimer."
La province vous donne aujourd'hui plus de satisfaction et de réconfort que Lyon ou Paris ?
- "Je dirai qu'aujourd'hui la province montre que la droite est majoritaire en France mais à Paris et Lyon aussi, puisqu'effectivement nous avons sur Paris et sur Lyon plus de 3 000 voix d'avance sur les socialistes même si ces deux villes seront, de part les mystères du mode de scrutin, dirigées par des maires socialistes. C'est vrai aussi que pour moi, c'est quelque chose d'important parce qu'aujourd'hui le RPR est le premier parti local de France, encore plus d'ailleurs sur le plan des petites villes. Nous avons gagné 47 villes de plus de 9 000 habitants, 15 villes de plus de 30 000 habitants. Cela mérite d'être souligné. Cela prouve bien l'ancrage du RPR en province, ancrage que j'avais d'ailleurs souhaité manifester dans la composition de mon équipe."
Aujourd'hui la France se gagne et se conquiert où ? Au centre ou à droite ?
- "Je crois que les électeurs ont dit très clairement qu'ils avaient le sentiment qu'il y avait une façon de gérer les villes de droite et du centre qui reposait sur l'écoute de leurs besoins de sécurité, leurs besoins d'une économie des deniers publics. Je crois que les Français sont très sensibles à cela. Ils en ont un peu assez de voir l'argent gaspillé quand eux ont des difficultés. Et donc, ils veulent que les gestionnaires des villes soient des gens qui soient aussi économes des deniers publics qui sont leurs impôts que de leurs propres deniers."
Vous voulez dire que les maires de gauche sont plus gaspilleurs et dépensiers que les maires de droite ?
- "Ce que l'on constate, c'est que dans les villes de gauche, les impôts locaux sont plus importants et les sommes dépensées sont également plus importantes. De la même façon que l'insécurité est souvent une plus grande préoccupation de la part des populations des villes de gauche parce qu'ils ont le sentiment qu'elle est moins bien assurée."
Est-ce que vous n'avez pas été choquée d'apprendre que dans de nombreuses villes pendant la campagne - dans le Centre et surtout dans le Sud de la France, quelque fois dans le Nord - il y a eu des tracts ou des arguments qui étaient employés du style : "pas d'arabes à la mairie." Cela ne vous a-t-il pas choqué ?
- "Si, ce sont des choses qui me choquent. Je le dis très clairement. De ce point de vue, je pense que le Parti socialiste a beaucoup à réfléchir sur l'utilisation qu'il a faite du Front national pour faire élire ces 57 députés à l'Assemblée nationale qui lui ont assuré la majorité."
Désormais, la majorité des électeurs du Front national, de l'extrême droite d'avant, est en train de vous rallier ?
- "N'oubliez pas - toutes les études l'ont montré - que l'électorat du Front national venait aussi très largement de la gauche, du parti communiste en particulier et d'un électorat de gauche des quartiers populaires qui avait été déçu par les socialistes. Aujourd'hui, je crois que cet électorat s'est rendu compte que l'extrême droite n'apportait pas non plus de solutions et se répartit entre l'abstention et les différents partis."
Quelle stratégie pour l'opposition et pour le RPR ? Hier, les 30 fondateurs de Alternance 2002, inspirés par J. Monod, ont préparé avec lui les structures et la méthode du rassemblement de l'opposition. Eux c'est vous ou vous c'est eux ?
- "Je dirai que France-Alternance est une association qui a des idées intéressantes mais qui n'a pas de moyens et qui ne peut vivre sans le soutien logistique du RPR. Bien sûr, je les soutiendrais. D'ailleurs, nous le faisons déjà par exemple au niveau de la réflexion, où J.-F. Copée, responsable du projet du RPR, est l'un de ceux aident France-Alternance à préparer un certain nombre d'idées. Pour ma part, j'aide tout ce qui peut contribuer à renforcer l'union."
On ne vous a pas vu hier avec eux. Vous ne participez pas aux réunions d'Alternance 2002 ?
- "Il y a un certain nombre de responsables du RPR. Je crois que jusqu'à aujourd'hui, il s'agissait de la réunion d'un certain nombre de gens. Je sais qu'ils ont l'intention de proposer aux présidents des différents partis d'y venir. En ce qui me concerne, j'irai. D'ailleurs, j'espère aussi que je ne serai pas la seule à apporter le soutien logistique du RPR mais que DL par exemple, par l'intermédiaire de J.-C. Gaudin, le fera et que l'UDF les aidera aussi."
Ils souhaitent - et vous le savez - proposer une confédération qui aurait à accorder dans chaque circonscription un seul label au candidat unique. Est-ce que vous êtes d'accord avec cette idée ?
- "Je crois qu'il y a deux choses. La confédération des partis de l'opposition, je la souhaite depuis un certain temps. Je crois même l'avoir dit sur cette antenne il y a déjà plusieurs mois. Ensuite, il est évident que ce sont les partis et eux-seuls qui ont compétence pour donner des investitures. Que se rajoute - comme cela a été fait pour l'UPF par exemple il y a un certain nombre d'années - le label qui concrétise l'union des investitures, cela me paraît tout à fait normal. D'ailleurs, je vous rappelle que pour ces municipales les investitures ont été données par les trois partis - le RPR, l'UDF et DL - à des listes uniques dans 93 % des villes de plus de 9 000 habitants, ces villes sur lesquelles nous avons gagné, et dans 92 % des cas pour les élections cantonales."
Vous verriez bien un mouvement qui donnerait les investitures et qui ne serait plus le RPR ?
- "Je viens de vous dire le contraire. Les investitures ne peuvent être données que par les partis. Ensuite, il peut y avoir un label donné, comme cela s'est fait pour l'UPF il y a déjà un certain temps, qui est en quelque sorte la manifestation de cet accord des partis."
Qu'allez-vous réorganiser au RPR ?
- "Je considère qu'aujourd'hui l'équipe que je dirige a remis en ordre de marche le RPR, qu'elle a bien préparé les élections municipales en choisissant nos candidats, têtes de listes et en les formant. Elle a donc commencé la reconquête. Aujourd'hui, il faut tirer les conséquences de ces élections municipales et de ce que nous ont dit les électeurs, notamment leur volonté d'écoute, leur volonté d'union, leur volonté de renouvellement d'un certain nombre de personnes. Je vais passer maintenant à une nouvelle étape qui est celle de la mise en ordre de marche du RPR pour la préparation des élections législatives et de l'élection présidentielle."
Avec les mêmes hommes et les mêmes femmes ?
- "Effectivement, nous allons intégrer ces nouveaux besoins. Au nom de quoi nous priverions-nous des nouveaux talents qui se sont manifestés à l'occasion de ces élections municipales ? Je souhaite intégrer un certain nombre de ces nouvelles personnalités qui se sont révélées dans ces élections."
Vous avez l'air très satisfaite de M. Alliot-Marie présidente du RPR. Vous vous accordez volontiers un satisfecit ?
- "Non, je suis très heureuse du RPR, des militants, du RPR et de l'équipe qui a travaillé autour de moi. Je ne suis là que pour coordonner et pour aider les gens à s'exprimer."
F. Bayrou veut irrémédiablement changer le calendrier 2002. Le débat reprendra à l'Assemblée le 3 avril. Est-ce que pensez qu'il est dans l'erreur ? Est-ce que vous dites, avec F. Léotard ou J. de Rohan, que tout partisan de l'inversion du calendrier aujourd'hui fait la courte-échelle à Jospin ?
- "Je crois que F. Bayrou a tort dans son analyse. Chacun a le droit d'avoir ses analyses mais je crois qu'il a tort. On ne peut pas inverser, simplement pour une fois - et encore avec plein d'hypothèses qui pourraient intervenir parce qu'après tout, il pourrait y avoir une dissolution d'ici les élections présidentielles - ni changer pour convenance personnelle le calendrier. Or, les élections municipales viennent de montrer que la droite est en situation de gagner les élections législatives. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle M. Jospin veut cette inversion du calendrier. Je dis que c'est un mauvais motif."
Le RPR et peut-être toute l'opposition sont en train de s'organiser. Vous vous préparez à donner des investitures, vous laissez entendre que l'on peut dissoudre l'Assemblée actuelle avant même des présidentielles. Est-ce que cela veut dire que c'est dans l'air, que c'est quelque chose que vous excluez ou que c'est quelque chose que vous soutiendriez ?
- "Je dis simplement que vouloir changer pour simplement une fois l'ordre du calendrier électoral est quelque chose qui ne repose sur rien. Si on veut changer le calendrier électoral, il faut dire à ce moment-là que l'on veut que les élections présidentielles aient toujours lieu avant les élections législatives. Pour que cela se fasse, il faut que ce soit inscrit dans la Constitution et l'on change de régime. On passe du régime actuel qui est mi-présidentiel mi parlementaire à un régime purement présidentiel. On ne peut changer de régime sans consulter les Français, c'est tout ce que je dis."
Est-ce que pour vous le Président de la République reste la clé de voûte de la Vème République ?
- "Le Président de la République est la clé de voûte de la Vème République. L'Assemblée nationale a sa propre légitimité et elle est aussi une clé de voûte de la Vème République."
C'est-à-dire que pour éviter un régime présidentiel, on va favoriser un régime parlementaire ?
- "Ce n'est pas du tout cela. Aujourd'hui nous avons un régime équilibré avec une double légitimité : celle du Président de la République élu au suffrage universel et celle de l'Assemblée nationale élue au suffrage universel. C'est la volonté et les institutions de 1958. On peut, et j'admets parfaitement la discussion, passer à un régime présidentiel où le Président de la République est celui dont découlent toutes les autres légitimités. Mais je dis que cela ne peut pas se faire sans que l'on consulte les Français. M. Jospin fait de la politique politicienne, de la manipulation électoraliste en la matière. Les Français ne peuvent s'y soumettre."
J'étais surpris que jusqu'à présent il n'y ait pas eu une flèche à L. Jospin.
- "Ce n'est pas une flèche, c'est un constat."
Cet après-midi, les conseillers RPR de la minorité municipale élisent leur président de groupe. Il y a deux candidats : Séguin ou Panafieu. Est-ce qu'il y en a un que vous encouragez ?
- "Je n'ai pas à intervenir. Il n'y a rien de choquant à ce qu'il y ait plusieurs candidats. Dans toutes nos élections internes, nous avons plusieurs candidats. Nous ne faisons pas comme les socialistes qui utilisent des postes ministériels pour éliminer des candidats qui ne plaisent pas - il est vrai que nous ne sommes pas en situation de nommer ministre de l'Education nationale un candidat que nous voulons écarter ! Il y aura une élection qui est faite par les conseillers élus. Je n'interviens pas dans les élections qui intéressent les conseillers élus, même si cela m'intéresse. Ce que je pense surtout, c'est que ces conseillers auront effectivement un grand rôle à jouer. Pour cela, je souhaite qu'ils se retrouvent unis derrière celui qui sera élu. N'oublions pas qu'ils auront à exprimer devant un maire socialiste la volonté de la majorité de Parisiens qui, elle, a voté pour des candidats de droite."
Vous êtes satisfaite ?
- "Tout va bien."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 21 mars 2001)