Texte intégral
J.-J. Bourdin - Est-ce que vous avez appelé A. Duhamel ?
R - Oui, bien sûr.
Q - Et que lui avez-vous dit ?
R - Je lui ai dît que je trouvais cette exclusion dont il avait été frappé complètement injuste et sans fondement. C'est un éditorialiste, c'est un des journalistes les plus respectés de la politique française. Il dit qu'il envisage de voter pour moi, dans une réunion privée, et avant que je ne me présente. Et puis cet homme-là est exclu, suspendu de ses fonctions. Je préfère, et je suis sûr que les Français préfèrent et de très loin, un journaliste honnête dont on sait dans quelle sensibilité il se trouve qu'un journaliste dont on ignore quelles sont les opinions mais qui pose des questions partisanes, tendancieuses.
Q - Mais pourquoi a-t-il été sanctionné, selon vous ?
R - Je ne sais pas, peut-être que c'est mal vu de voter pour F. Bayrou dans le paysage politique français. Peut-être aussi y a-t-il une sensibilité très grande, une crainte : on vit dans un univers où on a peur. On a peur d'afficher les opinions, on a peur de s'exprimer. Il faut avoir une pensée absolument conforme, qui soit alignée sur ce que tout le monde attend. Je trouve que ce n'est pas un univers où on respire bien, la France aujourd'hui. Vous voyez, cette idée qu'il ne faut absolument pas se mettre mal avec les puissants, qu'il ne faut absolument pas sortir de la ligne qui est celle de la majorité ou en tout cas de ceux qui gouvernent, de ceux qui sont officiellement les plus forts. Je trouve que c'est quelque chose qui ne va pas dans notre pays. On a besoin, vous sentez bien ça, on a besoin au contraire, d'avoir des journalistes, des hommes politiques qui débattent en liberté, qui proposent des choses nouvelles, qu'on n'arrête pas ou qu'on ne se contente pas d'être perpétuellement sur la ligne du passé.
Q - J'ai une question à vous poser ? Est-ce que vous avez déposé plainte contre la société de production qui construit l'émission de TF1 ?
R - Non, pourquoi aurais-je déposé plainte ?
Q - Vous en aviez l'intention à un moment donné, non ?
R - Pas du tout, c'est le contraire...
Q - Oui c'est vrai.
R - J'ai dit seulement que je souhaitais...
Q - Vous participerez ?
R - Je vais regarder les émissions qui viennent. S'il y a les conditions nécessaires pour être certain que tout cela est objectif, oui, il n'y a aucune raison. J'aime les débats, je ne me suis jamais dérobé à aucune question et à aucun débat, je pense au contraire que comme 79 des Français, tout montre que cette présidentielle est en train de changer de visage, qu'elle n'est pas jouée et naturellement j'assumerai, dans les débats, mes réponses nouvelles.
Q - Regardons vos engagements : trois ans pour supprimer le déficit de fonctionnement de l'Etat. Comment ?
R - La première disposition est une disposition extrêmement, comment dire, rigoureuse sur le fond. Elle dit : on ne peut pas continuer comme ça, il faut donc obliger tous les gouvernements successifs, à partir de maintenant, à assumer les dépenses courantes de l'Etat sans emprunter, sans augmenter la dette. On peut emprunter quand il s'agit de construire une université qui va être utilisée pendant des générations, ou un grand hôpital dans lequel nos enfants eux-mêmes seront soignés. Là, c'est normal que chacun prenne sa part de cet investissement. Mais lorsqu'il s'agit du fonctionnement, c'est-à-dire du train de vie de l'Etat, comment imaginer qu'on peut le reporter sur les générations qui viennent ?
Q - Oui mais comment faites vous ?
R - J'y viens. Et donc on inscrit dans la Constitution l'interdiction pour le Gouvernement de présenter un budget en déficit de fonctionnement, et deuxièmement, on regarde dans les actions de l'Etat où on peut faire des économies.
Q - On ne remplace pas un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite ?
R - Ce sont des choses qu'on dit et qu'on ne fait pas. Il y a à faire des économies et à ne pas remplacer de fonctionnaires dans les secteurs où l'Etat n'est pas indispensable. Il y a au contraire des secteurs dans lesquels il est nécessaire de remplacer les fonctionnaires. Vous savez que pour moi l'éducation, par exemple, est un secteur dans lequel il faut garantir les moyens mais, j'ai cité hier un fait indiscutable : depuis qu'on a fait la décentralisation, tous les ministères dont les responsabilités ont été confiées aux régions et aux départements, n'ont pas réduit le nombre de leurs fonctionnaires, ils l'ont augmenté. Est-ce que vous trouvez que c'est normal ? Vous connaissez bien le train de vie de l'Etat, dans les ministères, dans les grandes directions nationales... C'est un train de vie qui est au-dessus des moyens de la France. Désormais, on va regarder dépense par dépense ce qui est indispensable et ce qui ne l'est pas. Et il faut dépenser mieux. Je prends un exemple : c'est impossible que l'Etat soit complètement absent des banlieues et des zones rurales défavorisées. En revanche, il est hyper présent partout où ça va bien, c'est-à-dire dans les grands centres villes, c'est-à-dire quand vous allez vous promener...
Q - Il y a plus de policiers à Paris qu'en banlieue, ça c'est sûr.
R - Voilà, il y a infiniment plus de policiers, d'uniformes, de gyrophares, de signes extérieurs de présence de l'Etat qu'il n'y en pas a là où on en aurait besoin. Donc je suis pour qu'on allège l'Etat là où ça bien et qu'on le renforce là où ça va mal.
Q - Bien, vous voulez permettre à chaque entreprise quelle que soit sa taille, de créer deux emplois nouveaux sans charges, c'est l'une de vos propositions.
R - C'est très important, vous sentez bien qu'on ne sortira pas de la difficulté sociale, économique, où on se trouve si on a toujours cette incroyable charge de plus de 4 millions de personnes qui sont au chômage. Or, je sais, nous savons tous, ceux qui nous écoutent, qu'il y a beaucoup d'emplois qui ne demanderaient qu'à être créés dans les petites entreprises en particulier et qui ne le sont pas, parce qu'avec des charges ils coûtent trop cher. Et je dis donc pour toutes les entreprises quelle que soit leur taille : possibilité de créer deux emplois sans charges, sans charges c'est un exagéré parce qu'étant donné le problème des retraites, j'ai dit 10 % de charges pour les retraites. Et ceci est un pas en avant extraordinaire si vous y réfléchissez. Savez-vous combien il y a d'entreprises en France qui n'ont aucun salarié ? Il y en a 1.500.000. Sur 2.650.000 entreprises dans notre pays, 1.500.000 n'ont aucun salarié. Savez-vous combien il y en a qui ont moins de dix salariés ? Il y en a 1.000.000 de plus. Donc, au dessous de dix salariés, il y a 95 % des entreprises françaises. Imaginez qu'elles créent en moyenne un emploi ou qu'elles créent en moyenne un emploi pour deux entreprises, et tout d'un coup vous vous trouvez avec de nouveau un ballon d'oxygène formidable pour tous ceux qui cherchent et qui nous écoutent, en particulier pour les jeunes diplômés qui sont au chômage, parce qu'en raison de leur diplôme, leur travail coûterait trop cher et en particulier pour une deuxième catégorie à laquelle je pense tout le temps parce que je trouve injuste qu'on ne s'y intéresse pas, ce sont les plus de 50 ans qui sont en réalité mis de côté et très vite sortis de l'entreprise parce qu'au bout de leur carrière, en effet, leur salaire coûte trop cher. On a donc, là, un volant considérable, une bouffée d'oxygène considérable pour l'emploi.
Q - Vous avez été ministre de l'Education nationale pendant quatre ans, aucune réforme importante n'a été engagée pendant ces années là ?
R - Eh bien c'est ce que vous dites. D'abord, il faut peut-être rappeler qu'il y a de cela 15 ans...
Q - 1993-1997 ?
R - Entre 15 et 10 ans ; et si vous voulez me dire ce que mes successeurs ont fait de différent, alors je vous tirerai mon chapeau.
Q - Vous avez fait descendre 1 million de personnes dans la rue.
R - En 1993, oui. Eh bien écoutez, les conflits dans la vie, c'est la vie. Les conflits, quand on est ministre de l'éducation, il faut les assumer. Mais je vais prendre un certain nombre de réformes que j'ai faites. Le bac que nous avons devant nous : le bac L, le bac S, c'est moi qui l'ai créé, c'est moi qui l'ai défini. Les stages en entreprise des jeunes de 3ème, vous en voyez souvent y compris dans votre entreprise, c'est moi qui les ai créés. Les programmes de l'école primaire et notamment les langues vivantes à l'école primaire, c'est moi qui les ai installées. Le semestre d'orientation à l'entrée de l'université avec la semestrialisation des études en France, c'est moi qui l'ai mis en place. Toutes ces grandes réformes ont été acceptées par la communauté éducative, il n'y a pas eu la levée de bouclier et c'est pourquoi vous êtes capable de dire des phrases comme celles que vous dites. Vous ne vous souvenez pas des...
Q - Les enfants lisent de plus en plus mal et connaissent de moins en moins bien l'orthographe ?
R - Oui excusez moi, les enfants lisent beaucoup plus mal qu'il y a dix ans.
Q - Oui, ou qu'il y a vingt ans. Qu'avez-vous fait sur ces sujets-là puisque vous promettez aujourd'hui que pas un enfant n'entrera en Sixième sans savoir lire et écrire, vous avez ministre de l'Education nationale !
R - J'ai été ministre de l'Education et à cette époque-là, le degré de satisfaction des parents pour l'école était le plus haut qu'il ait jamais été sur les 25 dernières années. Mettez-vous ça dans un coin de la tête. Il y a eu un moment en France où en effet, l'image de l'école dans la société a été bonne, c'est le moment où j'ai été ministre de l'Education nationale. Et parce que j'ai su créer un climat de confiance entre les enseignants et le pays, les enseignants et leur ministère. Ce climat de confiance s'est délabré depuis. La compréhension pour le système éducatif est aujourd'hui plus faible qu'elle ne l'était ou qu'elle ne devrait l'être. Et j'assume le fait d'avoir été en effet un ministre qui était en compréhension avec les enseignants, un ministre qui était en compréhension avec les parents d'élèves. L'idée qu'on ait laissé se dégrader l'école depuis, c'est possible, ce n'est pas un métier facile, ministre de l'Education. Je n'ai même jamais jeté la pierre à ceux qui m'ont succédé parce que c'est une situation difficile. Mais à l'époque en tout cas, on a réussi à faire progresser l'école française, depuis, il y a quelques difficultés.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 20 février 2007
R - Oui, bien sûr.
Q - Et que lui avez-vous dit ?
R - Je lui ai dît que je trouvais cette exclusion dont il avait été frappé complètement injuste et sans fondement. C'est un éditorialiste, c'est un des journalistes les plus respectés de la politique française. Il dit qu'il envisage de voter pour moi, dans une réunion privée, et avant que je ne me présente. Et puis cet homme-là est exclu, suspendu de ses fonctions. Je préfère, et je suis sûr que les Français préfèrent et de très loin, un journaliste honnête dont on sait dans quelle sensibilité il se trouve qu'un journaliste dont on ignore quelles sont les opinions mais qui pose des questions partisanes, tendancieuses.
Q - Mais pourquoi a-t-il été sanctionné, selon vous ?
R - Je ne sais pas, peut-être que c'est mal vu de voter pour F. Bayrou dans le paysage politique français. Peut-être aussi y a-t-il une sensibilité très grande, une crainte : on vit dans un univers où on a peur. On a peur d'afficher les opinions, on a peur de s'exprimer. Il faut avoir une pensée absolument conforme, qui soit alignée sur ce que tout le monde attend. Je trouve que ce n'est pas un univers où on respire bien, la France aujourd'hui. Vous voyez, cette idée qu'il ne faut absolument pas se mettre mal avec les puissants, qu'il ne faut absolument pas sortir de la ligne qui est celle de la majorité ou en tout cas de ceux qui gouvernent, de ceux qui sont officiellement les plus forts. Je trouve que c'est quelque chose qui ne va pas dans notre pays. On a besoin, vous sentez bien ça, on a besoin au contraire, d'avoir des journalistes, des hommes politiques qui débattent en liberté, qui proposent des choses nouvelles, qu'on n'arrête pas ou qu'on ne se contente pas d'être perpétuellement sur la ligne du passé.
Q - J'ai une question à vous poser ? Est-ce que vous avez déposé plainte contre la société de production qui construit l'émission de TF1 ?
R - Non, pourquoi aurais-je déposé plainte ?
Q - Vous en aviez l'intention à un moment donné, non ?
R - Pas du tout, c'est le contraire...
Q - Oui c'est vrai.
R - J'ai dit seulement que je souhaitais...
Q - Vous participerez ?
R - Je vais regarder les émissions qui viennent. S'il y a les conditions nécessaires pour être certain que tout cela est objectif, oui, il n'y a aucune raison. J'aime les débats, je ne me suis jamais dérobé à aucune question et à aucun débat, je pense au contraire que comme 79 des Français, tout montre que cette présidentielle est en train de changer de visage, qu'elle n'est pas jouée et naturellement j'assumerai, dans les débats, mes réponses nouvelles.
Q - Regardons vos engagements : trois ans pour supprimer le déficit de fonctionnement de l'Etat. Comment ?
R - La première disposition est une disposition extrêmement, comment dire, rigoureuse sur le fond. Elle dit : on ne peut pas continuer comme ça, il faut donc obliger tous les gouvernements successifs, à partir de maintenant, à assumer les dépenses courantes de l'Etat sans emprunter, sans augmenter la dette. On peut emprunter quand il s'agit de construire une université qui va être utilisée pendant des générations, ou un grand hôpital dans lequel nos enfants eux-mêmes seront soignés. Là, c'est normal que chacun prenne sa part de cet investissement. Mais lorsqu'il s'agit du fonctionnement, c'est-à-dire du train de vie de l'Etat, comment imaginer qu'on peut le reporter sur les générations qui viennent ?
Q - Oui mais comment faites vous ?
R - J'y viens. Et donc on inscrit dans la Constitution l'interdiction pour le Gouvernement de présenter un budget en déficit de fonctionnement, et deuxièmement, on regarde dans les actions de l'Etat où on peut faire des économies.
Q - On ne remplace pas un fonctionnaire sur deux qui part à la retraite ?
R - Ce sont des choses qu'on dit et qu'on ne fait pas. Il y a à faire des économies et à ne pas remplacer de fonctionnaires dans les secteurs où l'Etat n'est pas indispensable. Il y a au contraire des secteurs dans lesquels il est nécessaire de remplacer les fonctionnaires. Vous savez que pour moi l'éducation, par exemple, est un secteur dans lequel il faut garantir les moyens mais, j'ai cité hier un fait indiscutable : depuis qu'on a fait la décentralisation, tous les ministères dont les responsabilités ont été confiées aux régions et aux départements, n'ont pas réduit le nombre de leurs fonctionnaires, ils l'ont augmenté. Est-ce que vous trouvez que c'est normal ? Vous connaissez bien le train de vie de l'Etat, dans les ministères, dans les grandes directions nationales... C'est un train de vie qui est au-dessus des moyens de la France. Désormais, on va regarder dépense par dépense ce qui est indispensable et ce qui ne l'est pas. Et il faut dépenser mieux. Je prends un exemple : c'est impossible que l'Etat soit complètement absent des banlieues et des zones rurales défavorisées. En revanche, il est hyper présent partout où ça va bien, c'est-à-dire dans les grands centres villes, c'est-à-dire quand vous allez vous promener...
Q - Il y a plus de policiers à Paris qu'en banlieue, ça c'est sûr.
R - Voilà, il y a infiniment plus de policiers, d'uniformes, de gyrophares, de signes extérieurs de présence de l'Etat qu'il n'y en pas a là où on en aurait besoin. Donc je suis pour qu'on allège l'Etat là où ça bien et qu'on le renforce là où ça va mal.
Q - Bien, vous voulez permettre à chaque entreprise quelle que soit sa taille, de créer deux emplois nouveaux sans charges, c'est l'une de vos propositions.
R - C'est très important, vous sentez bien qu'on ne sortira pas de la difficulté sociale, économique, où on se trouve si on a toujours cette incroyable charge de plus de 4 millions de personnes qui sont au chômage. Or, je sais, nous savons tous, ceux qui nous écoutent, qu'il y a beaucoup d'emplois qui ne demanderaient qu'à être créés dans les petites entreprises en particulier et qui ne le sont pas, parce qu'avec des charges ils coûtent trop cher. Et je dis donc pour toutes les entreprises quelle que soit leur taille : possibilité de créer deux emplois sans charges, sans charges c'est un exagéré parce qu'étant donné le problème des retraites, j'ai dit 10 % de charges pour les retraites. Et ceci est un pas en avant extraordinaire si vous y réfléchissez. Savez-vous combien il y a d'entreprises en France qui n'ont aucun salarié ? Il y en a 1.500.000. Sur 2.650.000 entreprises dans notre pays, 1.500.000 n'ont aucun salarié. Savez-vous combien il y en a qui ont moins de dix salariés ? Il y en a 1.000.000 de plus. Donc, au dessous de dix salariés, il y a 95 % des entreprises françaises. Imaginez qu'elles créent en moyenne un emploi ou qu'elles créent en moyenne un emploi pour deux entreprises, et tout d'un coup vous vous trouvez avec de nouveau un ballon d'oxygène formidable pour tous ceux qui cherchent et qui nous écoutent, en particulier pour les jeunes diplômés qui sont au chômage, parce qu'en raison de leur diplôme, leur travail coûterait trop cher et en particulier pour une deuxième catégorie à laquelle je pense tout le temps parce que je trouve injuste qu'on ne s'y intéresse pas, ce sont les plus de 50 ans qui sont en réalité mis de côté et très vite sortis de l'entreprise parce qu'au bout de leur carrière, en effet, leur salaire coûte trop cher. On a donc, là, un volant considérable, une bouffée d'oxygène considérable pour l'emploi.
Q - Vous avez été ministre de l'Education nationale pendant quatre ans, aucune réforme importante n'a été engagée pendant ces années là ?
R - Eh bien c'est ce que vous dites. D'abord, il faut peut-être rappeler qu'il y a de cela 15 ans...
Q - 1993-1997 ?
R - Entre 15 et 10 ans ; et si vous voulez me dire ce que mes successeurs ont fait de différent, alors je vous tirerai mon chapeau.
Q - Vous avez fait descendre 1 million de personnes dans la rue.
R - En 1993, oui. Eh bien écoutez, les conflits dans la vie, c'est la vie. Les conflits, quand on est ministre de l'éducation, il faut les assumer. Mais je vais prendre un certain nombre de réformes que j'ai faites. Le bac que nous avons devant nous : le bac L, le bac S, c'est moi qui l'ai créé, c'est moi qui l'ai défini. Les stages en entreprise des jeunes de 3ème, vous en voyez souvent y compris dans votre entreprise, c'est moi qui les ai créés. Les programmes de l'école primaire et notamment les langues vivantes à l'école primaire, c'est moi qui les ai installées. Le semestre d'orientation à l'entrée de l'université avec la semestrialisation des études en France, c'est moi qui l'ai mis en place. Toutes ces grandes réformes ont été acceptées par la communauté éducative, il n'y a pas eu la levée de bouclier et c'est pourquoi vous êtes capable de dire des phrases comme celles que vous dites. Vous ne vous souvenez pas des...
Q - Les enfants lisent de plus en plus mal et connaissent de moins en moins bien l'orthographe ?
R - Oui excusez moi, les enfants lisent beaucoup plus mal qu'il y a dix ans.
Q - Oui, ou qu'il y a vingt ans. Qu'avez-vous fait sur ces sujets-là puisque vous promettez aujourd'hui que pas un enfant n'entrera en Sixième sans savoir lire et écrire, vous avez ministre de l'Education nationale !
R - J'ai été ministre de l'Education et à cette époque-là, le degré de satisfaction des parents pour l'école était le plus haut qu'il ait jamais été sur les 25 dernières années. Mettez-vous ça dans un coin de la tête. Il y a eu un moment en France où en effet, l'image de l'école dans la société a été bonne, c'est le moment où j'ai été ministre de l'Education nationale. Et parce que j'ai su créer un climat de confiance entre les enseignants et le pays, les enseignants et leur ministère. Ce climat de confiance s'est délabré depuis. La compréhension pour le système éducatif est aujourd'hui plus faible qu'elle ne l'était ou qu'elle ne devrait l'être. Et j'assume le fait d'avoir été en effet un ministre qui était en compréhension avec les enseignants, un ministre qui était en compréhension avec les parents d'élèves. L'idée qu'on ait laissé se dégrader l'école depuis, c'est possible, ce n'est pas un métier facile, ministre de l'Education. Je n'ai même jamais jeté la pierre à ceux qui m'ont succédé parce que c'est une situation difficile. Mais à l'époque en tout cas, on a réussi à faire progresser l'école française, depuis, il y a quelques difficultés.
Source : Premier ministre, Service d'information du Gouvernement, le 20 février 2007