Point de presse de M. Gilles de Robien, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, sur les relations entre la France et la Chine, notamment dans le domaine de l'enseignement supérieur et de la recherche, Pékin le 2 février 2007.

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Circonstance : Déplacement en République populaire de Chine le 2 févier 2007

Texte intégral


Je voulais vous dire combien je suis heureux d'être une nouvelle fois en Chine. Chaque séjour recèle son lot de surprises, et je dois avouer mon d'admiration pour les progrès réalisés par la Chine. Je suis surtout frappé par la qualité de nos relations bilatérales, pour lesquelles le mot "amitié" me semble bien faible.
Dans le domaine qui est le mien, l'éducation, l'enseignement supérieur et la recherche, notre coopération avec la Chine s'est considérablement renforcée ces dernières années :
- dans le domaine scolaire, l'apprentissage de nos langues respectives est au centre de nos préoccupations et de nos projets. Je voulais vous informer que j'ai nommé pour la première fois il y a moins d'un an un Inspecteur général de l'Education nationale pour le chinois. Aujourd'hui, 12.000 jeunes Français apprennent le chinois, ce qui représente une forte progression. Je considère que c'est un résultat très encourageant pour notre pays.
Dans l'enseignement supérieur, nous encourageons la "mobilité étudiante", toujours à un niveau d'excellence, comme le programme des 50 jeunes chinois en classes préparatoires aux Grandes écoles, qui a été lancé en 2005. Le résultat est encourageant puisque nous avons 16.000 étudiants chinois en France aujourd'hui.
J'ai eu aussi le plaisir et l'honneur de visiter l'Ecole Centrale de Pékin, créée à la rentrée 2004 ; je me félicite également de la réussite du Collège doctoral franco-chinois, créé en mars 2006.
Dans la recherche, nous avons lancé des coopérations entre nos meilleurs chercheurs, par exemple à l'Institut Pasteur de Shanghai, où j'accompagnai le président de la République M. Jacques Chirac en octobre 2004, à l'occasion de son inauguration.
J'ai signé hier avec M. Zhou Ji, ministre de l'Education, une lettre d'intention qui débouchera sur un protocole pour la reconnaissance mutuelle des études et des diplômes. Ce protocole tient compte des évolutions récentes du système éducatif français, et la convention favorisera la mobilité des étudiants entre nos deux pays.
Nous avons également évoqué une coopération universitaire pour l'enseignement de l'acupuncture en France.
Avec le ministre de la Science et de la Technologie, M. Xu Guanghua, nous avons passé en revue nos coopérations, et en particulier avons insisté sur la nécessité d'intensifier nos efforts dans le domaine de la recherche autour de l'environnement et de l'énergie. C'est un prolongement tout à fait concret de la Conférence de Paris sur l'environnement qui se tient actuellement.
Nous avons signé un accord cadre qui renforce la coopération dans la recherche et l'innovation en matière de technologie des batteries électriques pour les véhicules, afin de combiner nos efforts et trouver les solutions les plus concrètes possibles aux problèmes d'émission de gaz à effet de serre dans les transports. Je crois que cet accord sur la recherche sur les batteries est extrêmement important pour l'avenir de la planète. D'ailleurs, j'ai tenu à me faire accompagner lors de ce voyage par dix directeurs scientifiques de grands groupes français, cinq scientifiques, dont deux spécialistes mondiaux sur les batteries, MM. Delmas et Tarascon.
Cette après midi, j'aurai l'honneur d'être reçu en audience par Mme Chen Zhili, conseillère d'Etat et demain, je serai à Shanghai pour visiter l'Eurocampus et l'université Tongji. J'aurai également l'honneur d'être reçu par Mme la vice-maire de Shanghai, chargée de l'éducation.
Q - Dans votre présentation, vous avez évoqué la lettre d'intention sur la reconnaissance des diplômes, mais en 2003, un accord sur la reconnaissance des diplômes avait déjà été signé entre les deux gouvernements, quelle est la nouveauté aujourd'hui ? Cette lettre va-t-elle offrir de nouvelles perspectives d'études en France pour les étudiants chinois ?
R - L'Union européenne a décidé d'harmoniser ses diplômes supérieurs dans un système appelé LMD (Licence, Master, Doctorat) et l'accord que nous avions avec la Chine ne tenait pas compte de cette harmonisation européenne. La valeur ajoutée de cette nouvelle convention c'est justement de se caler sur le système européen. Cette convention va faciliter la mobilité des étudiants français et chinois. Pour les étudiants chinois, c'est aussi une ouverture sur les diplômes européens ou à équivalence européenne. C'est donc une avancée très importante, tout comme l'établissement d'un espace Campus France, guichet unique qui permet de fournir aux étudiants chinois candidats au départ en France toutes les informations nécessaires, depuis les offres de formations jusqu'à la demande de visa. Je vous rappelle que ce sont 8 000 visas pour études en France qui ont été délivrés à la rentrée dernière en Chine.
Q - Face à l'augmentation du nombre de Chinois parlant le français, le système éducatif français est-il prêt à accueillir davantage d'étudiants chinois ? Y a-t-il des pressions sur le logement et l'emploi des étudiants en France ?
R - La progression du français en Chine est impressionnante mais je souhaite qu'elle soit encore plus forte. Je l'ai dit hier au ministre chinois de l'Education, M. Zhou Ji, en le remerciant pour les efforts qu'il a entrepris en faveur de l'enseignement de la langue française dans votre pays. Je crois que de cet apprentissage croisé du chinois en France et du français en Chine peuvent naître des liens encore plus forts entre nos peuples, entre nos jeunesses et entre nos cultures. C'est extrêmement important.
Nous souhaitons accueillir davantage d'étudiants chinois en France. Je vous rappelle que les études supérieures en France sont presque gratuites, les frais d'inscription sont très modiques par rapport à d'autres pays. Sur le logement et l'emploi, nous devons adapter l'accueil estudiantin, car nous avons un certain retard en ce domaine, que ce soit pour les étudiants français ou étrangers. Nous sommes en train de rattraper ce retard, avec un plan qui prévoit chaque année 5 000 constructions nouvelles et 7 500 rénovations de logements estudiantins.
Sur l'emploi des étudiants en France, je suis très favorable à ce que les étudiants puissent avoir une activité professionnelle à temps partiel, qui leur permettent de vivre le mieux possible pendant leurs études. Beaucoup de villes développent des emplois à temps partiel qui s'adaptent parfaitement à la vie étudiante. Par exemple, dans la ville d'Amiens, un centre de relation clientèle par téléphone a créé 550 emplois à temps partiel, offrant aux étudiants des emplois aux horaires compatibles avec leurs études. Enfin, une loi récente de 2006 permet aux étudiants étrangers en France de bénéficier d'un visa d'un an pour chercher un emploi après avoir été diplômés. Ainsi, je pense que les conditions sont réunies pour accueillir davantage d'étudiants chinois en France, et dans de meilleures conditions.
Q - Quel est le calendrier pour la mise en oeuvre des dispositions prévues par la lettre d'intention sur la reconnaissance mutuelle des diplômes ?
R - Le calendrier est très clair, puisque nous souhaitons une régularisation avant la prochaine rentrée universitaire. J'ai fait part de nos attentes en ce sens à mon homologue.
Q - Sur l'accord cadre sur les batteries, s'agit-il de mettre en oeuvre la découverte faites par un chercheur chinois de l'université de Fudan, ou y a-t-il eu d'autres découvertes chinoises ou françaises depuis ? Qui sont les constructeurs français qui vous accompagnent.
R - Le problème de la batterie est son volume et son poids, il s'agit de mettre de l'énergie dans un volume plus petit et moins lourd. Ce défi peut être relevé au travers d'une coopération de recherche franco-chinoise, mais aussi en impliquant les industriels de nos deux pays, comme ceux qui m'ont accompagnés.
Avec mon homologue M. le Ministre des Sciences et de la Technologie, nous sommes convenus que la recherche doit déboucher sur des applications concrètes. C'est la première fois qu'un Ministre de la recherche français se rend en Chine accompagné d'industriels. C'est le résultat du pacte pour la recherche voté l'an dernier. Nous avons mis en place en France un Haut Conseil pour la science et la technologie qui définit les grandes lignes stratégiques, qui sont ensuite mises en oeuvre par un certain nombre d'outils et d'organismes spécialisés. Ce dispositif permet à la recherche française de produire de l'excellence dans tous les domaines sans se disperser, avec des retombées et des applications concrètes dans de nombreux secteurs, dont l'environnement ou la santé.
Q - Il y a 16.000 étudiants chinois en France, combien y a-t-il d'étudiants français en Chine ?
R - Il y a 2.500 étudiants français en Chine, mais je souhaite en voir davantage. J'attends beaucoup du Collège doctoral franco-chinois, qui, avec un système actualisé d'équivalences et de reconnaissance mutuelle des diplômes, permettra à plus d'étudiants français de venir étudier en Chine.
Q - Quelles sont les prérogatives de l'inspecteur général de chinois ? Quel est le nombre de jeunes français qui étudient le chinois ? Quel est le nombre d'écoles dans lesquelles le chinois est enseigné en France ? Y a-t-il un programme qui prévoit le recrutement de professeurs chinois pour enseigner le chinois en France ?
R - Il y a aujourd'hui plus de 12.000 jeunes Français qui apprennent le chinois en France. Plus il y aura de Français en France qui apprendront le chinois en France et plus demain il y aura d'étudiants français qui viendront en Chine parce qu'ils auront la maîtrise de la langue.
Pourquoi un inspecteur général ? En France si l'on veut mettre l'accent et pousser des dossiers il faut en confier la responsabilité au plus haut niveau. Le corps le plus élevé dans la hiérarchie de l'éducation nationale, c'est l'Inspection générale. La nomination d'un spécialiste responsable du développement du chinois en France est un signe du volontarisme français pour l'apprentissage du chinois en France.
Sur les enseignants, j'ai dit hier à mes homologues que je souhaitais qu'il y ait aussi des Chinois qui viennent en France appuyer et renforcer les équipes d'enseignants français. J'ai dit aussi que je souhaitais créer des sections internationales en France et pourquoi pas soutenir leur création en Chine. Qu'est-ce qu'une section internationale ? Ce sont des classes avec des élèves français et chinois qui étudient ensemble, et à qui l'on enseigne, par exemple, les mathématiques en chinois. Nous mettrons en place en France dès la rentrée prochaine cinq à six sections internationales de chinois.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 février 2007