Entretien de M. Philippe Douste-Blazy, ministre des affaires étrangères, avec des journalistes iraniens le 23 février 2007, sur les relations franco-iraniennes et les problèmes liés au développement des programmes nucléaire et balistique iraniens.

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Texte intégral

Les relations entre les peuples iranien et français sont très anciennes. L'histoire en a fait des peuples amis. Des contacts son attestés dès le Moyen-Age, mais c'est avec les Safavides que les relations entre nos deux nations ont réellement commencé, avec le roi Louis XIII.
Les liens entre nos deux pays étaient particulièrement étroits avant la première guerre mondiale. Par exemple, la Perse avait 13 consuls ou vice-consuls résidant en France et votre pays avait pris une part très active aux grandes expositions universelles de 1878 et 1900 à Paris.
Nos relations ont toujours eu une profonde dimension culturelle, conséquence sans doute du fait que nos nations sont toutes deux très anciennes et que leur culture a rayonné bien au-delà de leurs frontières. Cette dimension est toujours très vivante, puisque les prochains mois seront, en France même, marqués par des événements d'exception qui témoignent des affinités entre nos deux cultures : il s'agit, en particulier, de l'exposition "Le siècle d'Ispahan", consacrée à l'Iran safavide, qui devrait avoir lieu au Louvre.
Quels plus beaux témoignages de ces affinités que les emprunts réciproques entre nos deux langues ? En français, on emploie, sans le savoir, un mot d'origine persane quand on parle du "paradis" ; et les Iraniens s'expriment en français quand ils disent "merci".
Cette proximité entre nous n'appartient pas qu'au passé. Pour la France, c'est une raison supplémentaire de développer avec l'Iran une relation confiante, solide et durable. Nous souhaitons que l'Iran soit un Etat prospère, respecté et pleinement inséré dans la communauté des nations.
Cette relation doit être ambitieuse et investir tous les domaines : le champ de la culture, où les affinités sont déjà nombreuses, comme je l'ai déjà dit. Mais aussi les domaines politique et économique.
Dans le développement de la relation entre nos deux peuples, ce n'est ni notre disponibilité ni notre volonté qui sont en cause.
Ce qui est en cause, ce sont des sujets d'inquiétude pour la communauté internationale, qui nous empêchent de nous investir, autant que nous le souhaiterions et en toute confiance, dans la construction d'une relation plus étroite :
- politiquement, le principal obstacle est le règlement de la question nucléaire : le gouvernement iranien doit se conformer aux demandes de la communauté internationale ;
- économiquement aussi, nos relations dépendront inévitablement de l'évolution de la question nucléaire. Les investisseurs étrangers et de la communauté financière internationale sont de plus en plus réservés et tendent à se détourner de l'Iran. C'est évidemment très dommageable pour l'économie iranienne, qui a un potentiel de développement immense, mais qui dépend beaucoup de ses échanges avec l'étranger.
Comme vous le savez, les sociétés françaises sont déjà très présentes dans des secteurs essentiels de votre économie, en termes d'emplois, de croissance et d'accès aux technologies modernes. Elles pourraient l'être bien davantage si toutes les conditions étaient réunies.
Q - D'après le Traité de non-prolifération, tous les pays signataires ont le droit légitime de produire du combustible à des fins civiles et l'objectif de l'Iran est de produire du combustible à des fins civiles sous la surveillance de la communauté internationale et dans le cadre du Traité de non-prolifération. Alors pourquoi la France qui est un pays qui a un poids très important dans les relations internationales s'y oppose ?
R - Je crois important de vous dire d'emblée que la communauté internationale n'a jamais entendu remettre en cause les droits qui sont ceux de l'Iran, comme de tous les Etats signataires et respectueux du TNP. Certaines voix en Iran prétendent que la communauté internationale veut brider le développement de votre pays en lui interdisant l'accès à l'énergie nucléaire. C'est une totale déformation de la réalité. Les Iraniens ont signé le TNP, ils ont droit au nucléaire civil.
Ce traité reconnaît le droit de développer "l'énergie nucléaire à des fins pacifiques". Il appartient aux Etats de prouver que c'est bien à ces fins qu'ils utilisent le nucléaire. C'est pour cela qu'il y a une agence internationale avec le prix Nobel de la paix, M. El Baradeï qui est le directeur de l'AIEA.
Voici où résident nos problèmes avec l'Iran :
- les autorités iraniennes ont développé pendant 18 ans, en secret, un programme de production de matières fissiles, en violation de leurs engagements internationaux ;
- deuxièmement, les activités iraniennes, en particulier le programme d'enrichissement de l'uranium, ne répondent pas, aujourd'hui, à un objectif civil identifiable : l'Iran ne possède pas de centrales nucléaires, à part celle de Bouchehr, mais, comme vous le savez, le combustible de Bouchehr, le moment venu, sera fourni par la Russie ;
- troisièmement, les autorités iraniennes ont ignoré, depuis 2003, neuf résolutions du Conseil des gouverneurs de l'AIEA, puis deux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. Et l'Agence vient de confirmer que l'Iran ne respectait pas ses obligations internationales ;
- enfin, les autorités iraniennes développent un programme de missiles balistiques inquiétant, dont la portée ne cesse de croître.
Donc, il y a des doutes et la préoccupation est importante. Ce ne sont pas uniquement les doutes et les préoccupations des pays occidentaux... Dans votre pays, j'ai lu que c'était uniquement les pays occidentaux qui s'inquiètent, ce n'est pas vrai du tout. C'est la communauté des nations dans son ensemble qui attend des autorités iraniennes des décisions susceptibles de rétablir la confiance.
Mais je veux aussi vous dire que les mesures que le Conseil de sécurité a adoptées ne visent pas à punir l'Iran, mais uniquement à faire comprendre aux autorités iraniennes qu'il faut qu'elles suspendent leurs activités sensibles. Et dès l'instant où l'Iran suspendra ses activités nucléaires sensibles, on pourra négocier.
Nous voulons faire comprendre à votre gouvernement qu'il s'est engagé dans une voie dangereuse, dont l'Iran ne retirera aucun bénéfice. Cette position dessert donc vos intérêts nationaux.
La solution doit être trouvée par la négociation. Je la crois possible si les autorités iraniennes font les gestes attendus.
Nous, nous avons fait des gestes. Le président de la République en a donné une preuve éclatante en proposant, dans le cadre de l'Assemblée générale des Nations unies, en septembre 2006, la mise en oeuvre d'une double suspension : d'un côté, les Iraniens suspendent leurs activités nucléaires sensibles et, de l'autre, la communauté internationale suspend les sanctions multilatérales.
La réticence des autorités de votre pays à renouer le dialogue, en dépit des efforts déployés en ce sens, en dépit des offres de coopération ambitieuses faites à l'Iran, en particulier sur le nucléaire civil, renforce notre inquiétude.
La proposition de double suspension est toujours valable et les décisions de la communauté internationale dépendront donc des décisions des autorités iraniennes. Donc, si les Iraniens suspendent leurs activités nucléaires sensibles, nous suspendrons les sanctions, et nous ouvrirons des négociations.
Ces négociations pourraient alors s'efforcer de trouver une solution juste et équitable pour l'Iran et rassurante pour la communauté internationale. Et dans ce cadre, nous sommes prêts à discuter, de bonne foi, de toutes les propositions qui seront avancées.
Mais je regrette vivement que les autorités iraniennes n'aient pas choisi cette voie. Regardez le dernier rapport de M. El Baradeï, il confirme que le gouvernement iranien n'a pas mis en place ce que la résolution 1737 leur demandait :
Premièrement, il n'a pas suspendu ses activités liées à l'enrichissement et ses projets relatifs à l'eau lourde mais les a, au contraire, étendues.
Il ne coopère toujours pas de manière satisfaisante avec l'Agence, comme l'a montré le refus de laisser 38 inspecteurs pénétrer sur son territoire.
Il n'accepte pas la surveillance en continu de l'usine enterrée de Natanz.
Donc, devant ce rapport défavorable de l'AIEA, les Six, dont nous faisons partie, sont obligés de continuer à travailler à l'adoption d'une nouvelle résolution. C'est regrettable. Nous aimerions faire autrement.
Pour autant, et j'insiste là-dessus, la porte du retour à la négociation reste ouverte. C'est à votre gouvernement de décider le chemin qu'il souhaite prendre, celui de l'isolement croissant ou celui de la coopération. La communauté internationale ne peut pas accepter un Iran qui ne respecte pas les engagements internationaux solennels qu'il a pris en adhérant au TNP. La balle est dans son camp. Les clés du retour à la confiance se trouvent à Téhéran.
Q - ...qui nous permettrait de garantir le combustible des centrales ?
R - En réalité, il n'y a qu'un seul sujet, c'est un problème de confiance. Vous n'avez pas confiance, et nous n'avons pas confiance. On ne s'en sort pas.
Je crois qu'il faut bien comprendre la position ou la perception de la France. Nous avons une approche qui est double. Nous voulons dialoguer avec l'Iran, nous l'avons toujours dit. Je voulais rappeler que pendant deux ans, dans le cadre des Accords de Paris - l'accord de Paris en novembre 2004 - nous avons négocié avec l'Iran et quand le nouveau gouvernement est arrivé, il a rompu unilatéralement ces négociations.
Même après l'adoption de la résolution 1696, nous avons toujours dit et nous continuons de dire que la porte reste ouverte, que des négociations pourraient de nouveau toujours avoir lieu si les conditions étaient remplies.
Vous ne pouvez pas dire que vous n'avez pas confiance en un pays qui dit cela. Mais, d'autre part, notre deuxième approche est de faire respecter le droit international, pour convaincre votre gouvernement de notre détermination à respecter les exigences de l'AIEA et du Conseil de sécurité des Nations unies.
Q - Concernant les relations de l'Iran et de la France, la société iranienne a une vision très positive de la France, surtout en raison de la présence de l'Imam Khomeyni sur le sol français à l'époque. L'image de la France est celle d'un pays qui a une politique indépendante sur la scène internationale ?
Est-ce que la France utilise tout son poids politique indépendant pour essayer de trouver une solution à cette crise ? De plus, nous entendons de plus en plus des informations concernant l'hypothèse de la possibilité d'une action aventureuse d'un certain nombre de pays contre nous.
Quelle est votre position ?
R - Je ne crois pas que le recours à la force puisse régler la crise. C'est par la négociation qu'une solution doit être trouvée. Je reste persuadé que la voie diplomatique est possible. C'est bien pour cela que la communauté internationale unie travaille aujourd'hui.
Vous avez tout à fait raison, il y a des gens qui veulent certainement rentrer dans un combat de civilisations, chez vous et ailleurs. La France s'oppose à cette approche. Elle estime que les radicaux sont dangereux. Il y a des provocations des radicaux des deux côtés.
Que les modérés, chez vous, comprennent la voix de la France, qui est la voix de la raison, la négociation, du dialogue...
Je suis absolument persuadé que la seule solution est de pouvoir négocier ensemble.
Q - Vous avez précisé que le problème vient finalement de l'absence de confiance de part et d'autre. Est-ce qu'à votre avis on peut essayer de retrouver cette confiance et arriver à une solution ? D'ailleurs, pour revenir à l'éventualité d'une réunion aujourd'hui à Londres, un certain nombre de médias l'ont démenti. L'AFP, au contraire, l'a confirmée. Quelle est votre opinion ?
R - La réunion de Londres a lieu aujourd'hui. Nous ne voulons pas de mal à l'Iran mais l'AIEA, qui est l'agence multilatérale, a fait un rapport. Nous sommes obligés de lire ce rapport, comme on peut regarder les rapports sur différents pays. Ce qui me paraît important c'est de bien comprendre la situation. Je suis sûr qu'en Iran il y a beaucoup de gens qui pensent que l'énergie nucléaire est importante. Mais il est aussi important d'être au sein de la communauté internationale.
Je sais que tous les étudiants, cette jeunesse iranienne est très ouverte. J'ai d'ailleurs accordé une interview à des étudiants iraniens sur Internet. Je sais qu'il y a un débat très important.
Je vois le débat qui existe aussi en Iran, de la part l'ancien président et d'autres, qui disent : est-ce que vraiment il faut être radical ou pas ? Je crois que ce débat est intéressant. Il faut que vous, en particulier les journalistes, créiez le débat. Ce sont les journalistes qui créent le débat. S'il y a des journalistes, il y a des débats. C'est pour cela que je suis très heureux de vous recevoir.
Q - Monsieur le Ministre, le gouvernement français demande à l'Iran d'agir contre le terrorisme. Mais en même temps, on se rend compte qu'un certain nombre de groupes terroristes opposés à l'Iran bénéficient de libertés d'action importantes sur le territoire hexagonal, mis à part leur action d'ordre politique contre le régime iranien. Il y a donc deux poids, deux mesures.
R - Si vous parlez de l'organisation des Moudjahidine du peuple iranien, cette organisation est inscrite sur la liste européenne des organisations terroristes. En France, elle est toujours sous le coup d'une information judiciaire ouverte en 2000, qui a conduit en 2003 à l'arrestation de 165 de ses membres et à la mise en examen de ses principaux responsables, dont Maryam Radjavi. Les autorités françaises agissent dans le strict cadre de la loi et ne font montre d'aucune complaisance à l'endroit des Moudjahidine du peuple.
Q - L'Iran et la France sont deux amis très anciens. Malheureusement, il existe une réalité, c'est la période de la guerre Iran/Irak. La France était le deuxième pays à envoyer des armes au peuple irakien alors que beaucoup de ces armes étaient des armes interdites. Que va faire la France pour redorer son image de marque au niveau international et surtout auprès des familles des victimes iraniennes ?
R - D'abord, je pense que ce qui se passe dans la région est d'une gravité extrême. Il faut toujours faire attention à ne pas déstabiliser les équilibres que le temps a mis longtemps à mettre en place.
Je pense qu'il est normal que l'Iran aspire à avoir une grande influence régionale, à exercer une grande influence internationale. L'Iran est un grand pays de la région. Ses atouts économiques sont importants. Mais l'influence ne s'impose pas, elle doit être reconnue et acceptée. L'inquiétude que l'Iran suscite dans la communauté internationale par son programme nucléaire et auprès de ses voisins, n'incite pas les partenaires de l'Iran à accepter et à reconnaître spontanément le rôle et l'ambition de votre pays.
Je souhaite que l'Irak, pour répondre à votre question, retrouve sa souveraineté. Nous avons toujours pensé - et c'est la raison pour laquelle nous avons voté contre la guerre en Irak - qu'il fallait respecter la souveraineté et l'intégrité territoriale des pays.
Maintenant, j'espère que la souveraineté de l'Irak sera reconnue, au fur et à mesure du retrait des forces américaines.
Q - La question était plutôt sur les armes chimiques que la France avait apportées à l'Irak.
R - La France n'a jamais vendu d'armes chimiques à l'Irak. Nous ne vendons pas d'armes chimiques.
Q - Avant de venir à Paris, quand nous nous sommes rendus à l'ambassade de France en Iran, nous avons été témoins d'une attitude tout à fait inacceptable de la part de la section consulaire... Au-delà de cette petite contestation, le porte-avions Charles de Gaulle, presque tous les ans, se rend dans la région. A l'heure actuelle, il s'est rendu dans la région avant cette période fatidique des deux années et, en même temps, le nombre de bateaux de guerre ou de navires qui accompagnent ce porte-avions, qui étaient généralement de cinq unités, maintenant est monté à quinze unités. Est-ce que ceci a à voir avec la situation très particulière de la région ? Est-ce qu'il y a un message très spécifique ?
R - Sur les visas d'abord, je ne suis pas au courant de cette histoire. Vous comprenez que si je passe une heure avec vous, je regrette forcément ce qui s'est passé. Seulement, cela me rappelle une autre histoire qui est aussi étonnante : j'ai vu une journaliste, il y a trois jours, du plus grand journal français, qui n'a pas pu se rendre en Iran. En tout cas, vous êtes les bienvenus, sachez-le et votre collègue qui est en France le sait et vous le dira.
Concernant le Charles de Gaulle, il faut que vous compreniez bien une chose. Nous pensons que la solution militaire n'est pas la bonne.
Plus précisément, c'est dans le cadre de la crise en Afghanistan que le Charles de Gaulle a été envoyé pour un exercice.
Q - Question sur le terrorisme et la liste établie par l'Union européenne. Est-ce que le Hezbollah, d'après vous, fait partie de cette liste ?
R - Pour nous, le Hezbollah a des élus, et nous souhaitons une transformation du Hezbollah, du mouvement armé vers un mouvement politique. D'ailleurs, pour répondre directement à votre question, il n'est pas inscrit sur la liste des organisations terroristes de l'Union européenne.
Q - On dit toujours que dans le domaine de la politique, rien n'est impossible. Et malheureusement, il y a un certain nombre de faits qui portent à croire que l'éventualité de la menace américaine contre l'Iran se précise de plus en plus. Puis-je vous demander comment est-ce que la France va se conduire dans cette éventualité ?
R - J'ai appris une chose en politique : à ne pas faire de science-fiction. La France siège au Conseil de sécurité des Nations unies comme membre permanent. Vous comprenez que tous les mots d'une résolution pèsent. Le système est fait de telle manière que nous puissions écrire des résolutions de manière unie avec les Russes et les Chinois. Nous faisons cela progressivement, comme vous le savez. Actuellement, il s'agit de sanctions. Nous pensons qu'il faut faire une deuxième résolution si l'Iran continue à s'isoler. Je crois à la solution diplomatique mais par-dessus tout, je crois à autre chose, je crois au multilatéralisme et à l'ONU. Il y a des règles.
Q - Concernant la seconde guerre contre l'Irak, l'action américaine est allée bien au-delà du Conseil de sécurité.
R - Ce n'est pas la question que vous m'avez posée.
Q - Si les Américains entrent en guerre, comment la France va réagir ?
R - Nous n'avons jamais changé de position. Nous pensons qu'il faut rester dans le cadre du multilatéralisme et de l'ONU. Pour nous, c'est une règle essentielle.
Q - Si les Etats-Unis vont au-delà de ce que le Conseil de sécurité permet, on peut s'attendre à ce que la France s'oppose à cela ?
R - Aujourd'hui, nous travaillons avec les Etats-Unis, avec le Conseil de sécurité.
Nous avons adopté les mêmes résolutions que les Américains, les Russes et les Chinois. Donc aujourd'hui, votre question n'est pas d'actualité.
Si vous évoquez cette hypothèse, je réponds : pour nous c'est le Conseil de sécurité qui doit prévaloir.
Q - C'est une question qui concerne la communauté musulmane en France. Très souvent, nous entendons dans les médias des propos selon lesquels si un citoyen français de confession juive, cela ressemble à ce que la France toute entière soit attaquée. Est-ce que l'on peut s'attendre à ce que les responsables français disent un jour si un Français de confession musulmane est attaqué, cela ressemble à ce que la France toute entière soit attaquée.
R - Pour nous, c'est la même chose. Nous avons toujours défendu la laïcité. La laïcité est ce qui permet aux uns et aux autres de choisir sa religion. Dans notre esprit, la politique et la religion sont deux choses différentes. Nous pensons qu'il est très dangereux de mélanger la politique et la religion. Pour nous, la religion et la politique sont deux choses différentes.
Pour répondre à votre question directement, nous pensons qu'il est extrêmement important de considérer qu'une personne humaine est sacrée. Ce qui est fait à un citoyen français est fait à la France, quelle que soit évidemment sa religion, sa couleur de peau, sa catégorie socioprofessionnelle, son niveau d'instruction.
Nous avons fait une révolution pour cela.
Je voulais vous dire que j'ai été très heureux de vous rencontrer car, parmi les valeurs fondamentales d'une démocratie, il y a la liberté d'expression, la liberté de la presse. C'est l'élément majeur fondamental pour un peuple, pour son équilibre même si c'est parfois très difficile pour les hommes politiques qui sont au pouvoir.
Je vous remercie.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 2 mars 2007