Interview de M. François Bayrou, président de l'UDF et candidat à l'élection présidentielle, à Europe 1 le 9 mars 2007, sur sa progression dans les sondages et sur son projet pour l'élection présidentielle.

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Média : Europe 1

Texte intégral

F. Bayrou, bienvenue.
Bonjour.
Q- Bonjour et merci d'être avec nous. Heureux jour : la tendance vous est favorable. Est-ce que vous craignez qu'elle s'inverse maintenant ?
R- Pas du tout. Si en effet cette progression est remarquée par tous les observateurs - ceux qui n'y croyaient pas, je le dis au passage, si elle est remarquée ainsi - c'est parce que les Français l'ont voulu. Lorsqu'un candidat marque ainsi des points, ce n'est pas de son fait, c'est parce qu'il y avait au sein du peuple français, au sein du peuple des citoyens, le besoin, l'envie et l'attente d'une voie nouvelle. Et c'est cette voie nouvelle qu'ils soutiennent.
Q- Donc aujourd'hui, pour vous, il y a de quoi planer ?
R- Oh ! Sûrement pas. Franchement, moi je suis quelqu'un qui a les pieds par terre et les pieds sur terre. Je suis quelqu'un qui sais exactement ce que va être la dureté de la campagne qui vient. Vous avez vu à quel point se déchaînent les deux appareils qui veulent à tout prix conserver le pouvoir avec...
Q- Vous n'êtes pas tendre non plus.
R- ... Avec les mêmes hommes et les mêmes équipes. Je ne suis pas tendre, ce n'est pas du tout ma vocation. Vous savez, aujourd'hui, dans la vie politique française, au point où en sont arrivés les Français, il vaut mieux ne pas être tendre pour les défendre, parce qu'en effet, il y a de quoi être en colère et fâché.
Q- Et les temps sont durs et difficiles.
R- Les temps sont durs et les Français ont du mal, et donc il n'y a aucune raison d'être tendre avec ce système qui les a plongés où ils sont.
Q- Ce matin, pour vous, tout devient possible ?
R- C'est le slogan de N. Sarkozy. Je déteste ce genre de slogan, parce qu'imaginer que l'élection d'un homme, d'un coup de baguette magique, suffise à changer tout, c'est une manière que je n'ai jamais approuvée, c'est une manière qui n'est pas républicaine de changer les choses.
Q- Avant de voir comment, si vous étiez élu, ça fonctionnerait, l'élection et en tout cas le deuxième tour est-ce qu'il devient possible à vos yeux ? Par exemple, vous publiez chez Plon, "Projet d'espoir", un livre très bien écrit, ou la vision d'espoir pour gagner et pour être présent, en tout cas, au deuxième tour. Au deuxième tour, ce matin, à votre avis, qui serait face à vous ?
R- Celui ou celle que les Français choisiront. L'élection présidentielle, elle est faite pour qu'on dessine un nouveau paysage pour la France, que de nouveau et demain, après l'élection présidentielle, ça ne soit pas comme avant. Et donc il faut en effet que les Français choisissent un deuxième tour inédit, inattendu, et que de ce deuxième tour, sorte un nouveau président de la République.
Q- Mais lequel des deux vous paraît le plus coriace...
R- C'est votre affaire d'observateur.
Q- ... Et le plus pugnace ?
R- C'est votre affaire d'observateur.
Q- Autre chose : la couleur du projet Bayrou. Est-ce qu'elle dépend de l'adversaire, que ce soit Royal ou Sarkozy ? Est-ce que c'est un projet caméléon ou est-ce que c'est un projet qui est définitivement fixé ?
R- C'est un projet tranché, et quel que celui ou celle que j'aurais à affronter au deuxième tour, le projet ne changera pas. Parce que je dis, devant les problèmes qui se posent à la France, on a à répondre à deux questions très importantes depuis longtemps : la première, c'est comment faire pour que les Français aient enfin un peu plus de place dans la manière dont les décisions se prennent en leur nom. On a un grand problème de démocratie, vous voyez bien que tous les Français sont en manque de reconnaissance. Il faut que nos institutions et la République leur donnent cette reconnaissance. Il faut donc les changer. Il y a un deuxième problème qui est le modèle républicain français. On a écrit, " Liberté, Egalité, Fraternité " partout sur nos monuments publics, c'est un grand projet national et c'est un grand projet universel. Comment faire pour que grand projet national, républicain et universel trouve sa place dans le monde de la mondialisation ?
Q- Eh bien, on va progresser ! Vous n'oubliez pas, F. Bayrou, que c'est ici que pour la première fois nous avons pressenti votre progression devant J.-M. Le Pen. Alors, imaginons le scénario de la victoire, vous êtes élu président de la République, vous prenez, dites-vous, les meilleurs et à droite et à gauche. Comment vous les choisissez alors que la plupart refusent pour le moment de venir ?
R- Mais c'est naturel que les appareils, avant que le peuple ne se soit exprimé, essaient de verrouiller les choses. C'est leur nature d'appareils. Mettez-vous à leur place, ils ont le pouvoir depuis 25 ans dans un monopole absolu entre le PS et le RPR devenu UMP, ils ont le pouvoir et ils ne veulent pas en céder le monopole. Simplement, les Français ont fait le tour de la manière dont ces deux partis-là pouvaient les gouverner, et ils attendent une démarche politique nouvelle où on ne coupe plus la France en deux, perpétuellement, entre droite et gauche avec une moitié qui fait la guerre à l'autre moitié. Et c'est une demande profonde du peuple.
Q- F. Bayrou, vous n'êtes pas né la semaine dernière.
R- Heureusement ! Franchement, si vous vouliez élire comme président de la République quelqu'un qui serait né la semaine dernière, je vous le déconseillerais. Vaut mieux un peu d'expérience.
Q- Vous, les UDF, vous avez toujours été élus par les électeurs du centre et de la droite, et en 1991, c'est Le Monde qui le rappelait hier, vous déclariez, " Jamais ni de près ni de loin nous ne gouvernerions avec les socialistes ". Est-ce qu'ils ont tellement changé pour devenir fréquentables et est-ce que vos anciens amis sont devenus infréquentables ? Autrement dit, quelle est l'identité de F. Bayrou ?
R- Vous vous rendez compte qu'on en soit à aller chercher des déclarations d'il y a seize ans, alors que le Parti socialiste était au pouvoir dans la pire des débâcles que la politique n'ait jamais connue, pour essayer de déconsidérer...
Q- ... donc, les temps ont changé.
R- Attendez...
Q- ... ils ont changé, on balaie ma question.
R- Laissez-moi vous expliquer : déconsidérer la démarche d'un homme qui veut renouveler les choses. Bien sûr, j'ai été dans l'alliance pesante du centre et de la droite, mais j'ai décidé que cette alliance devait changer. J'ai décidé, depuis longtemps déjà, de proposer aux Français une autre manière de faire les choses et il est vrai qu'il arrive que les hommes et les femmes aient une vision différente en 2007 de ce qu'ils avaient en 91.
Q- Alors, quelle est votre identité, là, aujourd'hui, maintenant ?
R- C'était le dernier siècle.
Q- Maintenant, l'identité de F. Bayrou ?
R- Je suis quelqu'un qui veut que la politique française ne soit plus déchirée comme elle l'est perpétuellement dans une guerre de camps qui n'a plus de sens. Aucun des problèmes que nous avons devant nous - on parle de réchauffement de la planète, on parle de développement...
Q- ...on y arrive, on y arrive.
R- ...d'immigration, on parle de l'emploi, on parle de l'éducation...
Q- ... on y arrive.
R- Ecoutez-moi bien, aucun de ces problèmes-là ne peut se résoudre par la guerre des uns contre les autres. On a besoin d'une approche nouvelle et d'une grille de lecture nouvelle. Chacun gardera son identité et on les fera travailler ensemble.
Q- Alors, comme vous voulez clarifier avec nous ce matin, on ne comprend pas avec qui vous gouverneriez parce qu'on dit, Bayrou c'est une majorité introuvable.
R- Ce n'est pas une majorité introuvable, c'est une majorité nouvelle, vous entendez.
Q- Qui se fait comme ça !
R- Qui se fait aux élections législatives qui ont lieu le 9 juin. On a devant nous une suite de changements et c'est parce qu'il y a une séquence : l'un permet l'autre, le changement de président, l'élection d'un nouveau président à l'élection présidentielle permet la formation d'un Gouvernement ; l'élection c'est le 6 mai, la formation du Gouvernement c'est le 17 ou 18 mai. Et le 9 juin, on a les élections législatives, c'est-à-dire la possibilité pour les Français d'imposer, calmement mais de manière irrésistible, le changement de têtes et le changement d'attitude dont ils ont besoin.
Q- Et une fois que le président Bayrou ou le Président est élu ou la Présidente, vous pensez que les gens le rejoignent, les élus viennent porter l'étiquette du nouveau Président ?
R- Comment vous voulez que les élus et les appareils résistent à un impératif aussi fort, à un ordre aussi éloquent que celui qui est donné par l'élection d'un nouveau Président à la majorité absolue des Français ?
Q- Alors, le président de la République F. Bayrou, il décide de réduire la dette qui absorbe, comme vous le dites très bien dans le livre et dans le projet, depuis deux ans la totalité de l'impôt sur le revenu. Vous ne faites pas de promesses, vous ne voulez pas en faire, mais vous ne dites jamais...
R- je prends quelques engagements.
Q- ... mais vous ne dites jamais quelles vraies économies. C'est vrai que vous dites que vous épargnerez l'éducation. Est-ce que ça veut dire que vous n'épargnerez pas la santé, la justice, la sécurité, la culture ?
R- Il faut changer l'organisation de l'Etat. Il y a des années et des années que l'Etat par son train de vie, impossible à réformer, empêche en réalité d'abord qu'on ait des finances publiques en équilibre et puis même qu'on ait modernisé les relations entre les citoyens et cet Etat. Il faut en effet changer l'organisation de l'Etat, elle coûte trop cher et pour ce faire, moi je prends l'engagement d'inscrire dans la Constitution l'interdiction pour un gouvernement de présenter un budget en déficit de fonctionnement, c'est-à-dire l'interdiction d'emprunter pour payer le train de vie de l'Etat, et de reporter sur les générations qui viennent le fonctionnement de cet Etat trop lourd. L'Inspection des finances a sorti une étude qui montre que dans tous les ministères qui ont été décentralisés, c'est-à-dire ceux dont on a donné les pouvoirs en principe aux régions et aux collectivités locales, au lieu de diminuer le nombre des fonctionnaires, on l'a augmenté. Eh bien, ce n'est pas raisonnable et ce n'est pas logique.
Q- Vous promettez de dire toujours et tous les jours la vérité aux Français. Face à la mondialisation dont vous parliez tout à l'heure, F. Bayrou, quels efforts vous demanderez aux Français ? Est-ce que vous êtes prêt, vous, à prendre des mesures dures, impopulaires ? Par exemple, donnez-nous un ou deux cas de mesures dures à prendre et que vous seriez capable de prendre et que d'autres ne prendraient pas.
R- J.-P. Elkabbach, je crois qu'il y a une chose que vous ne voyez pas, c'est que c'est la vie d'aujourd'hui qui est dure, c'est parce qu'on n'a pas fait ce qu'il fallait pour que le pays se porte bien que la vie est si dure en France, que les gens s'appauvrissent, qu'on est en train de perdre des emplois.
Q- D'accord, mais le 7 mai, elle ne deviendra pas forcément douce et agréable ni avec du miel.
R- Non, je le dis, je n'ai pas de baguette magique et on ne passera pas le 7 mai de l'ombre à la lumière. Je ne veux pas faire de promesses qui soient des promesses inconsidérées, mais je vous dis : la vie est plus dure parce qu'on n'a pas, en France, fait ce qu'il fallait pour que les choses aillent mieux.
Q- Alors, on va voir ce que vous allez faire. Je vais prendre quelques exemples : contre les vagues migratoires - on est dans l'actualité puisque N. Sarkozy proposait un ministère de l'Immigration, hier...
R- Non, ce n'est pas ça du tout. Puisque vous ouvrez ce genre de sujet,
arrêtons-nous juste une seconde. Bon, je sais ce que sont les campagnes
électorales, je sais exactement toutes les bêtises qu'on est prêt à dire
pour avoir des voix.
Q- Les uns et les autres.
R- Les uns et les autres.
Q- Nous aussi !
R- Et donc, essayons de... j'ai beaucoup, au fond, de compréhension pour tout ça et un peu d'humour en face de cela. Mais depuis combien de temps est-ce qu'un responsable politique dans notre pays n'a pas dit, " Je vais créer un ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale " ? Qu'on s'occupe de l'immigration et qu'on ait un ministère pour l'Immigration, pourquoi pas ? Mais enfermer dans la même phrase immigration et identité nationale, je ne sais pas si vous voyez ce que ça cherche à évoquer et je dis qu'il y a là une frontière franchie, et puisque S. Veil s'est prononcée hier pour N. Sarkozy, moi je demande à S. Veil dont je connais les convictions et l'histoire si elle est prête à apporter son soutien et sa caution à un ministère, ouvrez les guillemets, "de l'Immigration et de l'Identité nationale" ? Eh bien, la S. Veil que j'ai connue et respectée, je suis sûr qu'elle ne peut pas accepter cette approche.
Q- En tout cas, elle est entrée, hier, en campagne aux côtés de N. Sarkozy, vous avez vu qu'elle vous a critiqué comme prévu. Et pourquoi vous dites, " C'est une manoeuvre ", c'est peut-être une conviction de sa part ?
R- Oui, vous savez bien exactement ce qu'il en est.
Q- Non, non.
R- Et comme on annonce de partout la mobilisation du ban et de l'arrière ban de ceux qui sont au pouvoir depuis des décennies et qui veulent en réalité que rien ne change, on va avoir la mobilisation de toutes ces forces qui ont été les forces du siècle dernier...
Q- Vous voulez dire que ça vous servira ou vous servirait ?
R- Non, je n'utilise même pas ce genre d'argument.
Q- Alors, les pays de forte croissance sont des pays qui travaillent plus que nous. Vous arrivez au pouvoir, est-ce que vous remettez en cause les 35 heures ?
R- J'arrive au pouvoir et je libère complètement la possibilité pour les Français de travailler au-delà de 35 heures, s'ils le souhaitent, par des heures supplémentaires qui seront cette fois-ci payées beaucoup plus qu'elles ne le sont aujourd'hui, puisque je demande qu'elles soient payées non pas 10 % comme dans les petites entreprises ou 25 comme dans les entreprises moyennes et grandes, mais 35 % de plus. Sans que l'entreprise ait à assumer un coût supplémentaire, cette prime sera prise sur les charges sociales.
Q- Et est-ce que vous récupérez une partie des 65 milliards que les entreprises, les grandes, reçoivent à titre de compensation pour les 35 heures ?
R- Oui, monsieur.
Q- Très bien ! Autre question...
R- Parce que je pense que l'aide qu'on donne aujourd'hui pour les 35 heures, elle devrait être concentrée sur les petites entreprises et pas sur les grandes entreprises.
Q- Est-ce que vous aussi vous consacrez, F. Bayrou, à l'Education, le coût du deuxième porte-avions et est-ce que vous le construisez ou
non ?
R- Moi, je protège les moyens de l'Education nationale et sur le porte avions, je demande qu'on ait une approche européenne.
Q- Oui mais si les autres Européens ne veulent pas ?
R- Je crois que les autres Européens voudront, en tout cas je pense qu'il faut que les Anglais soient pleinement associés
Q- ... ils le sont.
R- ... oui, sauf qu'on n'avance pas, comme vous le savez, puisqu'on n'arrive pas à définir exactement ce que le deuxième porte-avions doit être.
Q- Ah ben, oui, parce qu'il y a des pistes d'atterrissage différents, des avions qui décollent à la verticale pour les Anglais, des pistes plus longues, vous le savez.
R- Oh, ce n'est pas seulement ça ! C'est aussi une question de vitesse du porte-avions, donc de nature des groupes de propulsion.
Q- Et qu'est-ce que vous faites de la part actuelle des crédits qui sont consacrés à la Défense dans le budget national ?
R- Je pense qu'il y a un certain nombre de chapitres qui devront être revus. Mon idée c'est qu'à terme il faut que nous allions vers une organisation de la défense européenne.
Q- Par esprit démocratique, dit-il, N. Sarkozy a demandé que J.-M. Le Pen, O. Besancenot et d'autres puissent participer à la présidentielle et donc obtenir les 500 parrainages nécessaires. Est-ce qu'il a bien fait ?
R- Ce sont des manoeuvres dont vous voyez... enfin, il est écrit à longueur de pages de journaux pourquoi ces manoeuvres sont décidées et en particulier parce qu'on croit, c'est ce qu'ils disent, que ça empêcherait que je monte dans les intentions de vote des Français. Ce sont des manoeuvres et je ne participe pas aux manoeuvres d'aucune nature.
Q- Autrement dit, ni les uns ni les autres, ni la droite...
R- ... ni par mes commentaires, ni par mes attitudes.
Q- ... ni la gauche, et l'extrême gauche pourraient ne pas participer et il n'y a pas un coup de main à leur donner ?
R- Non, je ne veux pas participer à des manoeuvres et d'ailleurs, honnêtement, les élus que je connais, si je décrochais mon téléphone pour leur dire "on va faire une manoeuvre pour aider Untel ou Untel", ils m'enverraient bouler et ils auraient raison.
Q- Beaucoup d'auteurs s'inquiètent aujourd'hui et dénoncent dans nos démocraties et dans la nôtre, ailleurs aussi en Europe, une tentation, une dérive, un danger populiste. Est-ce que vous le croyez
vous aussi ?
R- Non.
Q- Il n'y en a pas ?
R- Non, je pense que dès l'instant que les démocrates, les hommes qui aiment la démocratie et la République feront leur travail, il n'y a pas de dérive populiste à craindre. Ce qu'on appelle "populisme", c'est le sentiment d'un peuple qui ne supporte plus qu'on le tienne à l'écart et qu'on ne s'adresse pas à lui comme un adulte en lui disant les choses, mais perpétuellement comme s'il était un spectateur uniquement, comment dirais-je, uniquement exposé à de la communication. Vous voyez bien que ce qui se passe, une campagne électorale dans laquelle on coupe les Français comme des tranches de saucisson, et on essaie d'apporter une promesse ou une petite phrase destinée à satisfaire une catégorie et puis une autre, et puis une autre, ça ne correspond pas à une vision, à la vision qui doit être celle d'un peuple et d'un projet.
Q- D'accord, mais vous avez participé à des émissions où on a découpé l'électorat en saucisson.
R- Je me suis toujours efforcé de proposer aux Français une vision globale de leur avenir, un chemin pour avancer ensemble et pas à chacun sa promesse et à chacun sa satisfaction.
Q- Dans 48 heures, J. Chirac va annoncer, sans doute, aux Français qu'il ne se présentera pas en 2007. F. Bayrou, vous l'avez souvent combattu, vous rêvez de lui succéder à l'Elysée, vous êtes en route, est-ce que vous pouvez dire déjà : c'était un mauvais ou c'était un bon Président ?
R- D'abord, je vais attendre qu'il s'exprime, et puis ensuite c'est un homme avec qui j'ai eu beaucoup de débats en politique intérieure et que j'ai beaucoup soutenu en politique extérieure. Je trouve qu'il a été en politique extérieure une voix bien, honorable et grande quand il fallait qu'elle le soit pour la France. Et ensuite en politique, enfin dans sa fonction de président de la République tourné vers les Français, il a constamment eu le souci de ne pas déchirer les Français et je trouve que ça aussi c'est bien. Après, pour le reste, j'ai eu beaucoup, beaucoup de débats avec lui, comme vous le savez. Par exemple, je n'ai pas accepté la manière dont en 2002, élu dans une situation historique incroyable, il a fait un Gouvernement au fond avec les seuls 19 % qui l'avaient soutenu au premier tour. J'ai trouvé que, là, ce n'était pas à la hauteur de ce qu'il aurait dû faire.
Q- Mais c'est plutôt, dans la balance, bon ou mauvais ? L'histoire, qu'est-ce qu'elle dira ?
R- L'histoire, elle ne dit pas bien ou mal, en règle générale. L'histoire elle dit : il y a des ombres et des lumières.
Q- Pour chacun ! Une dernière remarque, parce que j'entendais tout à l'heure de Washington F. Clemenceau et de New York N. Charbonneau, ils racontaient l'article qui vous est consacré par le New York Times. Il paraît que vous dites : " Je suis un démocrate ".
R- Oui.
Q- " Je suis clintonien ".
R- Oui, assez près.
Q- Moi, je rêve d'entendre H. Clinton ou B. Obama dire, " Je suis bayrouiste ou sarkozyste, ou royaliste ".
R- Ecoutez, vous avez le droit, J.-P. Elkabbach, d'avoir vos rêves.
Q- Bien sûr, heureusement !
R- Et le jour viendra, en effet je le crois, le jour viendra où la France redeviendra un repère pour les autres nations qui nous entourent. C'est probablement une des pertes les plus cruelles que nous avons eue que de disparaître comme repère pour les nations. Or, nous avons un projet, républicain pour nous-mêmes, et universel pour le monde, qui est le seul projet qui soit capable aujourd'hui de résister à ce modèle très brutal qui est en train d'envahir la planète.
Q- On vous regarde, on vous écoute, là, tous, vous êtes en forme, ça
va ?
R- Oui, ça va très bien.
Q- La campagne, ça dope.
R- Ca va très bien.
Europe 1 organise deux émissions spéciales, dimanche entre 20 h et 21 h, avec des invités de J. Dorville. Lundi 8-9, je recevrai le Premier ministre D. de Villepin, F. Hollande et quelques autres invités. Et puis, je vous rappelle que l'invité du " Grand rendez-vous ", dimanche, le maire de Paris, B. Delanoë. Merci.Source:premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 9 mars 2007