Interview de M. Bernard Van Craeynest, président de la CFE CGC, à France Info le 22 février 2007, sur les propositions en faveur des cadres qu'il compte soumettre aux candidats à la présidentielle de 2007.

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OLIVIER DE LAGARDE : Quel est le moral des cadres aujourd'hui à quelques semaines de la présidentielle ?
BERNARD VAN CRAEYNEST : Contrasté, l'image de ce qu'ils vivent parce que ça dépend de qui nous parlons : des ingénieurs, cadres, techniciens, agents de maîtrise, employés sont dans des situations très variées. Il y a celles et ceux qui ont de belles perspectives, notamment les plus jeunes bien diplômés dans les bonnes disciplines qui intéressent le marché du travail aujourd'hui, comme l'informatique, le commerce.
OLIVIER DE LAGARDE : Selon l'APEC, 2006 a été une très bonne année en terme de recrutement.
BERNARD VAN CRAEYNEST : Oui ! Et 2007 s'annonce également une bonne année. Malheureusement nous avons toujours une obsolescence de plus en plus rapide des compétences qui conduit à ce que nous ayons toujours un énorme problème de l'emploi des seniors. Nous avons des cadres qui sont de plus en plus poussés vers la sortie tout simplement parce que soit ils coûtent trop cher soit ils sont considérés comme plus suffisamment rentables.
OLIVIER DE LAGARDE : Alors il y a l'emploi, il y le pouvoir d'achat, on parle beaucoup du SMIC, les candidats en parlent beaucoup, on parle peu du salaire des cadres.
BERNARD VAN CRAEYNEST : Absolument et c'est ce qui nous préoccupe énormément dans la mesure où vous savez que ce sont des catégories qui font partie des 48 % de foyers fiscaux qui payent l'impôt sur le revenu ; Et qui sont par ailleurs de plus en plus matraqués en terme de fiscalité locale et qui ont de plus en plus de difficultés à être reconnus dans leur travail, leur compétence, leur investissement dans l'entreprise. Et ce qui nous préoccupe c'est qu'alors qu'un pays dynamique verrait plutôt un encouragement, une motivation des locomotives des entreprises et de l'économie, on focalise sur les plus faibles, les plus défavorisés, alors qu'il faut que ces locomotives aient envie d'avancer pour entraîner l'ensemble vers le haut.
OLIVIER DE LAGARDE : Bernard Van CRAEYNEST, à 10 heures ce matin vous faites vos propositions, vous interrogez les candidats à la présidentielle. Pourquoi vous ne les avez pas convoqués, les cadres ça compte moins que les chasseurs ?
BERNARD VAN CRAEYNEST : Tout simplement parce que nous avons préféré leur adresser nos propositions, nos questions et je vais bien sûr rencontrer les principaux candidat. J'ai rendez-vous d'ailleurs mardi prochain avec Ségolène ROYAL, des rendez-vous sont programmés avec Nicolas SARKOZY, François BAYROU et sans doute d'autres candidats pour affiner nos échanges, bien définir quel serait la politique qu'ils appliqueraient en cas d'élection ?
OLIVIER DE LAGARDE : Bon alors c'est quoi vos deux, trois priorités ?
BERNARD VAN CRAEYNEST : Eh bien d'abord qu'on nous explique très clairement comment on compte faire en sorte d'utiliser les ressources de ce pays non pas 103 ou 104 % du PIB car nous savons que depuis 25 ans nous sommes en déficit. Comment on va résorber la dette ? Et à partir d'un gâteau fixé à 100, comment on va répartir cette richesse nationale pour préparer l'avenir, investir dans la recherche et le développement pour faire en sorte de tenir compte du vieillissement de la population, parce qu'il y a un problème majeur qui est fort peu évoqué également qui est celui des retraites et de l'avenir de la protection sociale. Vous savez que pour les retraites nous avons un rendez-vous en 2008 pour ajuster le système, il en a bien besoin et il s'agit qu'on nous explique très clairement ce que l'on compte faire. Même chose en matière d'emploi, on parle beaucoup de la sécurisation des parcours professionnels, il y a un problème de formation initiale, de formation tout au long de la vie, de meilleures adéquations entre ces formations et les besoins du marché du travail. Et pour cela nous attendons des visions claires et une vision surtout dynamique qui nous permette de considérer qu'on va enfin adhérer à un programme un peu plus motivant et enthousiasmant que ce que nous constatons depuis des années où malheureusement tout à tendance à être tiré vers le bas.
OLIVIER DE LAGARDE : Mais attendez, ça veut dire que vous n'êtes pas complètement satisfait par les programmes exposés déjà par les principaux candidats ?
BERNARD VAN CRAEYNEST : Pas vraiment, dans la mesure où nous avons plutôt l'impression d'avoir un catalogue de bonnes intentions mais des mesures d'ailleurs parfois contradictoires ou tout au moins dont on n'a pas forcément mesuré quelles pourraient en être les conséquences. Un exemple, quand on nous explique qu'on veut faire en sorte que celles et ceux qui ont envie de travailler plus puisque gagner plus.
OLIVIER DE LAGARDE : Alors ça c'est SARKOZY !
BERNARD VAN CRAEYNEST : Oui, eh ben écoutez très bien, ça peut paraître enthousiasmant a priori sauf que précisément pour les cadres, agents de maîtrise, techniciens qui sont rémunérés au forfait, et notamment au forfait jour, par définition ils n'ont pas d'heures supplémentaires. On ne va pas les payer plus parce qu'ils travailleront 10, 12 voir 13 heures, le maximum légal, par jour. Par conséquent c'est quoi ce concept ? Comment on l'adapte à toutes ces catégories, notamment celles et ceux qui sont le plus impliqués dans le fonctionnement de nos entreprises ?
OLIVIER DE LAGARDE : Bon alors qu'est-ce que vous allez voter Bernard VAN CRAEYNEST ? Qu'est-ce que va décider la CFE-CGC ?
BERNARD VAN CRAEYNEST : La CFE-CGC, conformément à ses statuts et son histoire, ne se prononce pour personne. Simplement elle a l'intention de peser dans ce débat et d'indiquer à l'ensemble de ses adhérents et de celles et ceux qui nous lisent, qui nous regardent, qui nous écoutent, quelles sont les réponses aux questions précises que nous formulons. Nous faisons un certain nombre de propositions depuis des années, par exemple sur le financement de la protection sociale nous avons proposé une cotisation sociale sur la consommation, autrement appelée TVA sociale, pour élargir l'assiette du financement de cette protection sociale. J'observe, d'ailleurs, qu'il y a quelques candidats, dont monsieur SARKOZY, qui se déclare intéressé. L'ennui c'est que ça fait des années qu'on en parle et on n'a pas beaucoup agit jusqu'alors. Donc nous espérons que nous allons nous inscrire dans une dynamique, j'observe que les principaux candidats sont plutôt des quinquas, il y a un rajeunissement donc on peut espérer qu'ils vont s'inscrire dans une perspective à 2020-2030. Ce qu'on nous demande de faire nous partenaires sociaux quand on examine les problèmes de retraite ou de projection dans l'avenir face au vieillissement de la population.Source http://www.cfecgc.org, le 23 février 2007