Interview de M. Philippe de Villiers, président du Mouvement pour la France et candidat à l'élection présidentielle, à TF1 le 15 mars 2007, sur sa volonté d'endiguer le communautarisme et de protéger l'identité nationale.

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Média : Site web TF1 - Le Monde - TF1

Texte intégral

Bonjour P. de Villiers.
Bonjour monsieur Aphatie.
Q- Vous avez déposé 530 parrainages au Conseil constitutionnel. S'ils sont validés, vous serez donc candidat à l'élection présidentielle. Vous l'aviez été déjà en 1995 : vous aviez recueilli 1.443.000 voix. Vous ne l'aviez pas été en 2002. Ca vous manquait, P. de Villiers ?
R- Non, ça ne me manquait pas. Vous savez, je suis candidat à l'élection présidentielle parce que je m'appuie sur, d'abord, une réussite de terrain, incontestable : la Vendée...
Q- Beaucoup d'élus peuvent prévaloir de la réussite du terrain...
R- Enfin, premier département français pour la création d'entreprises, la création d'emplois. Deux fois moins de RMistes qu'en moyenne nationale. 76% des Vendéens sont propriétaires, etc, etc. Et je m'appuie aussi sur un projet original. C'est la raison pour laquelle, ayant quelque chose à faire entendre de différent, je suis candidat à l'élection présidentielle. Quoi de différent ? Eh bien, je suis le candidat du "patriotisme" parce qu'aujourd'hui, sur la question de l'Europe...
Q- J.-M. Le Pen, candidat du patriotisme... N. Sarkozy parle beaucoup de l'identité nationale... Et justement, la question que je veux vous poser...
R- Attendez ! Je ne suis pas venu parler à votre antenne des autres candidats. A longueur d'antenne, vous parlez des autres candidats. Vous m'invitez, ce matin, laissez-moi parler de mon projet à moi. Je vais vous dire ce qu'est mon projet, à moi... Est-ce que j'ai la possibilité de le faire ?
Q- Mais vous voyez, vous devancez ma question. Je voulais vous demander, P. de Villiers : en quoi votre patriotisme était original ?
R- Et voilà. On y arrive. Parce que depuis un certain nombre d'années, depuis 1994 - les premières élections européennes - j'ai lancé le combat pour une protection européenne contre les délocalistations, pour garotter l'hémorragie des délocalisations et combattre le mondialisme. Les candidats qui sont en tête et dont parlait tout à l'heure S. July - "l'Euroland" - sont les candidats du "oui" à l'élection européenne. Et si on les écoute, et si on les élit, eux ou d'autres, eh bien les choses continueront comme avant. C'est-à-dire qu'on est train de perdre notre agriculture, notre industrie, notre secteur tertiaire. Donc, moi je veux une protection européenne forte et si je suis élu, je l'imposerai à Bruxelles. La deuxième chose qui va dans le même sens et qui va dans le sens d'un combat que je mène depuis un certain nombre d'années. Je jetterai les bases d'un renouveau des repères civiques et moraux dans notre pays, contre le laxisme et le socialisme qui sapent les valeurs de la société : le respect, la discipline à l'école, l'accession à la propriété, l'enracinement, la ruralité vivante, tout ce qui fait le tissu de notre société qui aujourd'hui se délite. La troisième chose - alors je vois que les autres candidats la reprennent, la troisième chose...
Q- Ah, vous êtes pillé, P. de Villiers !
R- Mais c'est bon signe, et tant mieux ! C'est l'autorité de l'Etat. Affirmer l'autorité de l'Etat contre le communautarisme, notamment le communautarisme islamique et une certaine tribalisation de la France. Alors quand je les entends, je me dis mais qu'est-ce qu'ils attendent ? Par exemple, N. Sarkozy, quand il parle de l'identité nationale... Mais qu'est-ce qu'ils attendent pour mettre fin au financement public des mosquées. Qu'est-ce qu'ils attendent pour mettre fin à la polygamie, au mariage forcé ? Qu'est-ce qu'on attend en France pour supprimer l'Aide Médicale d'Etat qui bénéficie aux sans-papiers, c'est-à-dire aux migrants illégaux qui n'ont aucun droit à être sur notre territoire ? Eh bien, moi je le ferais.
Q- Pourquoi, dans votre discours, vous parlez de "mondialisme" quand tout le monde parle de "mondialisation". C'est quoi la différence ?
R- La différence, c'est que la mondialisation existe depuis les Phéniciens : c'est la mondialisation des échanges. Le mondialisme consiste à nous expliquer que la mondialisation est forcément heureuse. Voyez, c'est comme quand on parle de la justice et qu'on en fait ensuite un absolu contre le principe de liberté, ça devient le socialisme. A chaque fois, vous prenez un mot et que vous en faites un absolu, eh bien ça devient une idéologie. Or, la mondialisation, aujourd'hui, quand monsieur Minc ou d'autres nous disent : "Elle est forcément heureuse", eh bien moi je constate que c'est tout notre tissu économique... Et quand Sarkozy, Royal et les autres disent : "On va valoriser le travail", très bien. Mais le travail, il part en Chine.
Q- Et alors ?
R- ... Et alors ? Et alors on nous a mentis parce que dans les années 80, on nous a dit...
Q- "On nous a mentis"... C'est-à-dire ?
R- Je vais vous expliquer pourquoi.
Q- On nous ment beaucoup ?
R- Oui, on nous ment beaucoup.
Q- Ah, c'est terrible !
R- Oui, on nous ment beaucoup, monsieur Aphatie. Vous, vous pouvez être ironique, évidemment vous avez passé plus de temps avec les candidats de l'établissement - la bande des quatre - qu'avec moi ; donc, peut-être que mon discours vous surprend ?
Q- Vous savez ce qu'il y a de particulier dans cette réaction ?
R- Attendez !
Q- C'est que les journalistes sont coupables de tout. C'est terrible.
R- Monsieur Aphatie, je vais vous dire pourquoi on nous ment beaucoup.
Est-ce qu'on va supprimer le journalisme, P. de Villiers ?
Q- Attendez ! Est-ce que, monsieur Aphatie, est-ce que je peux répondre à votre question ?
R- Oui, allez-y !
Oui, on nous ment beaucoup parce que dans les années 80, on nous a dit : il n'y aura plus d'agriculture à cause de la mondialisation mais on se rattrapera sur l'industrie parce que là-bas, dans les pays à bas coût de main d'oeuvre, il n'y aura pas d'industrie ou en tout cas, ils ne sont pas capables d'avoir de l'industrie de haute technologie. Et puis, on s'est aperçu qu'ayant perdu une grande partie de notre agriculture, notre viticulture, notre arboriculture, notre pêche, etc., on perd notre industrie de main d'oeuvre. Et maintenant, qu'est-ce qui se passe ? Ce sont nos centres de recherche qui partent dans des pays comme la Chine ou encore l'Inde. Et quand je dis : on nous ment beaucoup. Oui, on nous a mentis avec l'euro. On nous a mentis en nous disant "l'Europe va nous protéger" alors qu'au contraire, l'Europe nous détruit. On nous a mentis en nous disant : "Le communautarisme, il n'y aura pas de communautarisme en France". Et on est en train d'installer le communautarisme islamique en France. Quand moi, je propose une chartre républicaine pour la construction des mosquées, c'est parce que je veux endiguer le communautarisme et protéger l'identité nationale.
Q- Quel est votre objectif dans cette élection, P. de Villiers ?
R- Mon objectif, c'est de pouvoir m'adresser aux Français comme je fais avec vous, ce matin, en parlant des questions de fond. Je veux parler du travail. Je veux libérer le travail, par exemple les 35 heures obligatoires, je veux les supprimer parce que l'homme politique est là pour afficher des symboles. Si on dit que la France ne travaille pas assez, s'il n'y a pas assez de pouvoir d'achat pour les travailleurs, notamment les plus faiblement rémunérés, alors il faut oser faire de la chirurgie, changer de cap et aller vers le cap de la vérité et le cap du rayonnement de la France.
Q- Vous ne serez pas évidemment au deuxième tour ! Vous vous sentez plus proche de qui aujourd'hui : F. Bayrou ou N. Sarkozy ?
R- Quand on voit ce qui se passe en ce moment, les chassés-croisés qui vont intervenir, tout est possible. Pourquoi ? Parce qu'on n'est plus dans le temps des sondages. Nous entrons dans le temps du suffrage.
Q- Quand vous dites que "tout est possible", vous voulez dire quoi ?
R- Tout est possible. Moi je peux parfaitement être au deuxième tour. Je vous le dis, les yeux dans les yeux, et je vois que vous... Et alors, vous souriez de bonheur...
Q- Eh bien oui ! Tout est possible.
R- Allez, interprétez mon sourire, tiens ! Je ne me bats pas pour être sur un strapontin. Je me bats parce que je pense que les idées que je défends, c'est-à-dire retrouver la fierté d'être Français, la fierté d'avoir du travail en France, de reprendre le pouvoir en France, par exemple vos forteresses syndicales qui sont aujourd'hui minoritaires et qui bloquent toutes les réformes. La fierté de défendre une civilisation qui est la civilisation de la France.
Q- Et je reprends ma question : vous vous sentez plus proche de qui ? N. Sarkozy ou F. Bayrou ?
Je me sens proche des Français et notamment des Français qui souffrent de ne pas entendre plus souvent sur les antennes, ce discours-là.
Q- Et ma question ? La réponse à ma question ? Vous l'apportez ou pas ?
R- Les Français. Les Français.
Q- Bayrou ? Sarkozy ?
R- Attendez... Mais non, je me sens proche des Français et je ne me situe pas par rapport aux autres candidats. Je ne participerai pas à la bataille de polochons. Chacun a ses mérites, chacun fait valoir ses mérites. Moi, je suis à votre antenne. Je parle de mon projet. Je ne m'occupe pas des autres.
P. de Villiers, qui s'occupe de lui et qui est candidat à l'élection présidentielle, était l'invité de RTL.

Source : premier-ministre, Service d'information du gouvernement, le 16 mars 2007