Déclaration de M. Gilles de Robien, ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, sur l'éducation prioritaire, les ZEP et les collèges "Ambition Réussite", Paris le 21 mars 2007.

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Circonstance : Signature de la première convention "Parcours de réussite" à Paris le 21 mars 2007

Texte intégral


Toutes les discriminations qui aujourd'hui abîment la France parce qu'elles mettent en péril notre cohésion sociale, nous devons les combattre avec une détermination sans faille.
Il y en a une que j'ai mise au coeur de mon action : celle qui empêche tous les enfants de notre pays qui ont les capacités d'accéder à l'excellence de notre système public d'éducation.
Le coeur de cette action, c'est bien sûr le travail accompli autour des Zones d'Éducation Prioritaire dont je me suis refusé à déposer le bilan comme certains me le demandaient.
Nous avons repensé l'Éducation prioritaire pour la rendre plus efficace. Nous donnons aujourd'hui des moyens à la mesure de leurs difficultés aux 249 collèges "Ambition Réussite".
Cette politique de l'"Ambition Réussite", nous l'avons d'abord centrée sur les collèges ; aujourd'hui, nous la poursuivons avec 40 lycées qui, dès la rentrée prochaine, bénéficieront de 2 millions d'euros pour l'organisation d'un soutien scolaire gratuit pour les élèves.
C'est en effet l'ensemble du parcours scolaire de l'élève, socialement en difficulté, qui doit être accompagné, soutenu, encouragé et cela, jusqu'à la réussite, jusqu'à l'insertion dans le monde des adultes.
Ce parcours, il doit pouvoir passer par les classes préparatoires. Car ces classes préparatoires sont un lieu d'excellence scolaire. Mais elles sont aussi perçues, ne nous le cachons pas, comme un lieu de reproduction des élites réservées aux "bien nés" ou aux initiés. Cette réputation est bien sûr exagérée, mais ce qui est vrai, c'est que jusqu'ici les classes préparatoires constituaient un horizon inaccessible pour trop d'élèves.
Je ne crois pas à la politique des quotas pour réduire les inégalités et lutter contre les discriminations. Et pour ce qui est de l'accès des élèves d'origine modeste à l'enseignement supérieur, l'expérience américaine de ces quarante dernières années montre qu'il ne suffit pas de décréter l'égalité par un quota de places réservées à l'université pour que le nombre d'élèves de classes populaires augmente .
Inversement, sans politique volontariste, l'ascenseur social fonctionne mal.
Il faut donc poser la question autrement, la replacer dans une vision globale de la scolarité d'un jeune de l'école maternelle jusqu'à l'université. L'État doit accompagner chaque étape d'un parcours plus difficile pour certains que pour d'autres.
Se poser la question de l'égalité des chances à l'entrée en classes préparatoires, en désignant parfois un peu vite des boucs émissaires, c'est, d'une certaine façon, trop tard et trop facile. Il faut impérativement travailler en amont et apporter une réponse graduelle, continue et forte.
Ma réponse, c'est qu'à chaque étape du parcours de nos élèves, des moyens et des dispositifs spécifiques soient prévus. Pour cela, il est nécessaire de faire preuve d'innovation, de manifester un engagement sans faille, d'exprimer une solidarité républicaine et de faciliter la constitution de réseaux.
Dans cet esprit, la démarche "Parcours de Réussite" apporte la bonne réponse : la mise en synergie de l'excellence labellisée de lycées prestigieux de centre-ville avec l'énergie, la volonté des enseignants et les talents d'élèves de quartiers moins favorisés.
Les réseaux "Parcours de Réussite" autour des lycées Saint-Louis de Paris et Kléber à Strasbourg s'appuient d'abord sur la mobilisation exemplaire des équipes engagées. Le ministère de l'Education nationale est là pour les accompagner, évaluer les dispositifs et apporter un soutien logistique et des moyens conformes aux besoins mais aussi à la qualité des projets.
Cette opération portée aujourd'hui par une quinzaine d'établissements dans les académies strasbourgeoise et franciliennes suscite l'enthousiasme, partout en France. Dans les semaines à venir, elle sera étendue à d'autres académies. De nombreux lycées à classes préparatoires sont prêts à animer des réseaux "Parcours de Réussite". Je pense notamment aux lycées :
Thiers à Marseille
Du Parc à Lyon
Faidherbe à Lille
Thuillier à Amiens
Châteaubriand à Rennes
Hoche à Versailles
Roosevelt à Reims
Et il y en a bien d'autres encore.
Certains de leurs proviseurs sont là, aujourd'hui, parmi nous, je les salue chaleureusement.
Ces lycées s'apprêtent à constituer autour d'eux des "Parcours de réussite", des réseaux de stimulation de l'ambition des élèves par un accompagnement renforcé qui leur garantira :
- un tutorat généralisé ;
- un examen particulièrement attentif de leur candidature en classe préparatoire ;
- des conditions de travail optimales, une fois l'accès dans le grand lycée obtenu.
Ces "Parcours de Réussite" renforcent une démarche générale que j'ai initiée dès mon arrivée au ministère. Les premiers résultats d'une politique volontariste de recrutement lancée en 2005 nous permettent d'atteindre plus de 22 % de boursiers en classes préparatoires pour l'année scolaire en cours contre 18 % les années précédentes.
Nous avons aujourd'hui 16 512 élèves boursiers en classes préparatoires soit 2 827 de plus que l'année dernière. La dynamique est lancée.
Les classes préparatoires sont par ailleurs désormais articulées au L.M.D. : les élèves issus de ces classes sont clairement inscrits dans un parcours lisible, crédité par le système universitaire. Face à la perspective d'études longues, les élèves et notamment les plus modestes, bénéficient désormais de parcours de formation sécurisés.
C'est comme cela que je vois les classes préparatoires de demain : des lieux de formation à la fois ouverts sur le monde et pleinement intégrés à notre système d'enseignement supérieur.
Soyons-en sûr : les premières années qui suivent l'obtention du baccalauréat doivent désormais concentrer tous nos efforts. Nous devons atteindre 50 % de diplômés de l'enseignement supérieur . Les classes préparatoires sont un outil performant pour nous y aider. Leurs professeurs et leurs élèves doivent être au coeur de cet effort dans un lien avec l'université constant et réciproque. Leurs pratiques pédagogiques généralistes et pluridisciplinaires doivent inspirer une refonte de la licence universitaire et réciproquement, la recherche universitaire doit mieux irriguer les classes préparatoires et les Écoles. Les élites de notre pays doivent non seulement savoir résoudre les problèmes bien posés mais aussi apprendre à bien poser les problèmes. Et cela c'est une démarche de chercheur !
Mesdames, Messieurs,
La qualité de notre formation et l' équité de traitement de tous nos élèves sont les deux piliers d'une réussite élargie et partagée. La convention que je viens de signer aujourd'hui à Saint Louis est le signe d'une prise de conscience et d'une mobilisation de chacun des acteurs de l'École au service de cette ambition. Merci à tous.Source http://www.education.gouv.fr, le 22 mars 2007