Interview de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, à France 2 le 3 février 1999, sur la préparation de la conférence de négociation sur le Kosovo à Rambouillet.

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Média : France 2 - Télévision

Texte intégral

Q - Croyez-vous que samedi des négociations et le processus de paix vont pouvoir commencer réellement sur le Kossovo à Rambouillet ?
R - Nous faisons tout pour que cela soit le cas. Nous faisons tout politiquement. Nous attendons la réponse de la Serbie pour demain et je ne veux pas imaginer que la Serbie puisse ne pas donner la bonne réponse.
Par ailleurs, nous préparons tout sur le plan pratique pour que les choses sengagent dès samedi, comme la communauté internationale le souhaite et lattend.
Q - Si la Serbie dit oui demain au Parlement, quattendez-vous de cette réunion de Rambouillet ?
R - Le forcing diplomatique que nous avons inspiré, condamné ces dernières semaines, et qui sest organisé sous la forme de décisions combinées de lOTAN, du Conseil de sécurité, du Groupe de contact, de lEurope, de lOSCE, a pour objet, - tout le monde le sait -, daboutir le plus vite possible pour enrayer la dégradation de la situation qui est à craindre, daboutir à ce que nous appelons le statut dautonomie substantielle. Ce sont les grandes lignes. Nous avons défini au sein du Groupe de contact un corps de règles autour duquel il faut que la négociation maintenant puisse préciser les choses. Cest cela lobjet de cette rencontre que nous avons décidé de tenir pour aboutir à une solution, et à partir du moment où la négociation sengage, elle doit se poursuivre jusquau résultat, sans relâche.
Q - Cest-à-dire quune fois quà Rambouillet, toutes les parties seront entrées en session, ce sera une négociation marathon ?
R - Non-stop. Cest ce que nous avons défini et le Groupe de contact a estimé quil fallait vraiment « prendre le taureau par les cornes » et être concentrés sur cet objectif.
Q - Est-ce quune acceptation de la Serbie demain, vous paraîtrait un bon signe pour la paix au Kossovo ?
R - Je ne veux pas me placer dans lhypothèse où les négociations pourraient ne pas commencer. Il faut quelles commencent et après que les efforts de tous, - et pas uniquement des pays du Groupe de contact, tous les pays dans le monde qui peuvent avoir une influence sur les différentes parties -, soient concentrés avec ce seul objectif : il faut absolument désamorcer lengrenage tragique qui est en cours au Kossovo, aboutir à une solution de coexistence entre les Serbes et les Kossovars qui soit acceptable. A partir de là, nous pourrons commencer à penser à lavenir de lensemble de la région.
(Source http://www.diplomatie.gouv.fr)