Déclaration de M. François Bayrou, président de l'UDF et candidat à l'élection présidentielle de 2007, sur la situation de la francophonie et la défense de la langue française, à Paris le 20 mars 2007.

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Circonstance : Journée internationale de la francophonie organisée par l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) en Andorre le 20 mars 2007

Texte intégral

C'est aujourd'hui le 20 mars, la fête de la Francophonie, le jour anniversaire de la création à Niamey en 1970 de la première organisation internationale du monde francophone: l'Agence de Coopération Culturelle et Technique.
C'est la raison qui m'incite à évoquer deux questions essentielles pour l'avenir de notre pays, la France; celle de la langue française et celle de la construction francophone.
Je fais avec vous le constat d'une situation très préoccupante, tant en ce qui concerne notre langue qui ne demanderait qu'à encore plus se développer dans le monde, qu'en matière de construction de la communauté francophone, aujourd'hui en panne.
Là, comme ailleurs, les équipes qui se partagent le pouvoir depuis plus de vingt ans n'ont proposé aucune politique d'avenir. Pour elles, ces deux priorités de la France n'ont été que des non sujets", et l'essentiel est resté accessoire.
Je le dis avec force, vouloir que le "modèle français" soit à nouveau source de progrès, vouloir que la Nation reste forte sans s'affaiblir sous les coups de boutoirs de la mondialisation, vouloir que la France continue de faire signe au monde et reste une référence, suppose une ouverture aux autres qui ne sacrifie en rien nos valeurs ou notre vision humaniste de la mondialisation. Cela implique la volonté politique de garder à la langue française, aux côtés d'autres langues, le statut de grande langue internationale. Cela implique aussi que la France fasse ce qu'elle doit pour que le nombre de locuteurs en français dans le monde augmente et qu'étudier en France cesse d'être le parcours du combattant. Cela suppose aussi un engagement fort de la France en faveur de la Francophonie mais une Francophonie multiforme avec de multiples acteurs: l'État bien sûr mais aussi les Collectivités locales avec la coopération décentralisée et les jumelages, et les actions menées par la Société Civile et les ONG.
Si je suis élu, une politique affichée et déterminée sera donc mise en oeuvre pour promouvoir notre langue avec pour objectif le multilinguisme du local à l'international.
Être pour la diversité linguistique ce n'est pas être contre l'anglais mais contre l'obsession, sous prétexte d'efficacité, de la langue unique qui conduit à la pensée unique.
Je m'engagerai donc fermement pour que la règle partout en Europe soit l'enseignement de deux langues étrangères.
Ce n'est pas renoncer à l'ouverture au monde que d'affirmer qu'en France la langue de travail dans les entreprises et dans l'enseignement, c'est d'abord le français. Ce n'est pas faire preuve de passéisme que de vouloir le maintien de la diversité linguistique dans les instances européennes et à l'ONU, et de faire en sorte que le français continue d'y être employé.
Pour la Francophonie, le temps n'est plus celui de la défensive, le temps est désormais venu de l'offensive.
Année après année, l'utilité de la Francophonie s'est affirmée. Grande aire linguistique, organisée, vouée au dialogue des cultures, et à la promotion des valeurs de liberté, de solidarité, de diversité et de dialogue, la Francophonie n'a cessé de progresser de Sommet en Sommet francophones.
Sur les pas du Président Senghor s'est construite graduellement, sans rien brusquer, une Communauté originale d'États et de gouvernements qui adopte des positions communes à caractère politique sur la scène internationale et mène une coopération pour la paix, la diversité culturelle et le développement.
Il faut mettre la Francophonie au rang des priorités de la politique étrangères de la France. Elle répond au besoin mondial de dialogue interculturel et ses valeurs sont celles que réclame la mondialisation humaniste et que la France défend au niveau international.
Par ailleurs, l'engagement européen de la France n'est pas contradictoire avec son engagement francophone. Il faut que la France marche sur ses "deux jambes". Pour ce faire il faut inscrire la Construction de la Communauté francophone dans la Constitution française comme c'est déjà le cas pour la Construction européenne."
source http://www.bayrou.fr, le 23 mars 2007