Texte intégral
Mes Chers Compagnons,
Il n'est pas sain, dans une démocratie, que le discours public soit principalement accaparé par les tenants d'une seule cause.
Or c'est précisément ce qui, en France, semblait se passer depuis quelques années. Du moins, jusqu'à dimanche dernier
Quelle était en effet, jusqu'alors, l'opinion à la mode de Paris ? Que la gauche de Monsieur Jospin irait, sans presque coup férir, remporter les grandes élections à venir, que de toute façon l'opposition n'avait plus de projet pour la France, et que d'ailleurs, inversement, la France avait tellement changé, que seule la gauche des " bobos " savait aujourd'hui lui parler. Oui, telle était bien la doctrine officielle des médias et des sondeurs
.Et puis et puis, il y a eu les deux tours des élections municipales, avec les résultats que l'on sait : nulle vague rose, mais, au contraire, une nette domination de la droite républicaine
L'opposition, en effet, est aujourd'hui majoritaire dans le pays tout le monde le constate : nous gagnons en voix et en sièges. La vérité, c'est que nous avons su recréer un lien avec les électeurs, les mobiliser entre les deux tours : lorsque la participation a augmenté, ce fut presque toujours en notre faveur
.Dans les villes de plus de 3500 habitants, les listes de l'opposition parlementaire ont obtenu 47 % des suffrages contre 44,8% à l'actuelle majorité.
Nous avons démontré que nous représentons le camp du mouvement, nous avons su répondre au besoin exprimé par les Français de renouvellement du personnel politique : combien de jeunes élus de droite brillants et efficaces, dans tous les partis, et au RPR tout particulièrement, ont émergé !
De façon plus symptomatique encore, alors que la gauche attribue pudiquement sa défaite à l'abstention dans les quartiers populaires, la réalité est que ces quartiers difficiles se sont mobilisés pour nous, ont voté pour nous.
Ils ont voté pour nous parce que, en politique comme ailleurs, le travail paye : Nous avons proposé à la population des solutions crédibles ,notamment en matière de sécurité, quand les socialistes se contentaient de vagues généralités et de "mesurettes " décidées entre les deux tours, avec un parfait cynisme.
Ils ont voté pour nous, parce que la population de ces quartiers à l'impression légitime de ne pas profiter des effets de la croissance, de ne pas s'y retrouver sur sa feuille de paie.
Ils ont voté pour nous, enfin, parce que nous avons su présenter des listes unies. Unies au premier tour dans 92% des villes de plus de 30000habitants. Unies sinon, au second tour, pour faire triompher la liste de droite restant en lice comme à Chartres, Reims ou Blois.
Et cette union est d'abord le résultat du travail mené au sein des commissions d'investitures communes RPR-UDF-DL
.La base, et c'est naturel, était foisonnante et les velléités de candidature multiples. Bernard ACCOYER auquel je tiens à rendre un hommage très particulier pour le travail patient et finalement bénéfique que nous avons accompli ensemble dans ces commissions, peut en témoigner.
Quant à la gauche Une fois n'est pas coutume, c'est un homme de gauche que je citerai, Jean-Pierre CHEVENEMENT, car il a, je crois, su trouver les mots mieux que personne : " La gauche plurielle a vécu, c'est une formule épuisée " On ne saurait mieux dire. L'espoir a changé de camp.
La coalition plurielle est aujourd'hui confrontée à l'émergence d'une extrême-gauche de plus en plus structurée, qui pèse 5% en moyenne, et dont les électeurs se reportent mal sur les candidats de la gauche officielle. On l'a vu notamment à Toulouse, à Orléans ou à Argenteuil.
Une extrême-gauche qui entend plumer la volaille communiste. Car, soirée branchée place du Colonel Fabien et course effrénée de Robert HUE derrière le mouvement social n'y ont rien changé. Chaque élection depuis la chute du Mur de Berlin voit le PCF refluer .Et cette année la moisson est belle : Nîmes, Evreux, Montluçon, Dieppe, tant d'autres. Voilà le Premier ministre condamné à faire du bouche à bouche à une formation moribonde pour préserver sa majorité.
Les Verts, forts de leurs résultats, veulent devenir le partenaire privilégié du PS. Artisans qu'ils sont de la poussée sociologique de la gauche parmi les fameux " bobos ", comme on l'a vu dans la capitale. Ainsi, Monsieur DELANOË n'a gagné au premier tour qu'un point et demi en 6 ans tandis que les Verts d'Yves CONTASSOT bondissaient à 12,4%.
Et pourtant. Cet électorat vert, on le sait, est volatil. Il ne s'est pas toujours bien reporté sur les listes socialistes, voir même sur les listes fusionnées Verts/ PS. On l'a vu à Rouen, à Quimper, à Castres ou même à Lille.
Nous devons montrer à ces électeurs d'abord sensibles à la protection de l'environnement et de la qualité de la vie que nous sommes les mieux placés pour répondre concrètement à leurs attentes.
Le PS, pour sa part, attribue ses propres défaites à la division, bien plus profonde qu'à droite malgré tout ce que l'on a dit avant.
Oui, mes Chers Compagnons, nous avons pu engager le dialogue directement avec les Français. Et nous avons le devoir de continuer inlassablement ce travail et de faire entendre au pays une musique différente. Nous devons continuer le processus de transformation de notre image, commencé il y a un peu plus d'un an.
La reconstruction d'une opposition crédible, en ordre de marche pour les échéances qui nous attendent, passera d'abord par un travail de fond, obscur peut-être, mais salutaire et nécessaire.
Pour reconstruire une opposition unie, il est essentiel de replacer au premier rang le débat d'idées et de présenter clairement à l'opinion nos différentes sensibilités.
Après avoir procédé à ce travail de mise à jour de nos traditions politiques, nous verrons sans nul doute que ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous sépare : il nous faut, avec nos amis de l'UDF et de DL, faire l'inventaire de nos diversités - car la diversité se vit et s'organise, elle suppose le respect
.Alors, nous pourrons aller, pour ainsi dire naturellement, vers une espèce de confédération de gouvernement. Alors, nous pourrons nous mettre, le moment venu, au service du Président de la République, et marcher avec allant vers une possible victoire aux législatives.
Je ne voudrais pas terminer ce propos sans lancer des pistes, dans l'effort de redéfinition des valeurs propres à notre mouvement. Le gaullisme me semble être une idée moderne
.Moderne car elle met au centre de ses préoccupations la personne, dans sa liberté et dans son épanouissement, mais aussi dans sa sécurité, tant matérielle que morale.
Parce que nous sommes Gaullistes, notre mouvement est sans doute en phase avec la demande actuelle de la société française tout entière. Une société qui chérit toujours plus les libertés privées, mais demande également dans le même temps, qu'un socle de justice et de sécurité soit établi pour tous.
Le miroir que Monsieur JOSPIN promène le long de son chemin, reflète en quelque sorte, celui d'une société unijambiste : une société où, tout étant réglé par des cohortes d'experts sans cesse renouvelées, et jamais élus, on veut nous faire croire que nous pourrions tous dormir tranquilles.
Nous voulons, pour notre part, bâtir une société qui marche sur ses deux jambes. Une société de sécurité et de confiance, où le socle fondateur de la sécurité soit assuré pour tous - la sécurité bien sûr étant prise dans son sens le plus large - et où s'affirme pleinement la confiance du corps social dans tous ses éléments.
Voilà une partie de notre dot pour la France, un pan de ce que nous proposerons aux Français : nos amis de l'opposition républicaine amèneront eux aussi, très certainement, quelque chose dans la corbeille de la mariée. C'est en tout cas autour d'idées que devra se construire, dans la confiance que tous auront pour chacun, le débat démocratique, et que devront se construire nos prochaines victoires.
(Source http://www.rpr.asso.fr, le 26 mars 2001)
Il n'est pas sain, dans une démocratie, que le discours public soit principalement accaparé par les tenants d'une seule cause.
Or c'est précisément ce qui, en France, semblait se passer depuis quelques années. Du moins, jusqu'à dimanche dernier
Quelle était en effet, jusqu'alors, l'opinion à la mode de Paris ? Que la gauche de Monsieur Jospin irait, sans presque coup férir, remporter les grandes élections à venir, que de toute façon l'opposition n'avait plus de projet pour la France, et que d'ailleurs, inversement, la France avait tellement changé, que seule la gauche des " bobos " savait aujourd'hui lui parler. Oui, telle était bien la doctrine officielle des médias et des sondeurs
.Et puis et puis, il y a eu les deux tours des élections municipales, avec les résultats que l'on sait : nulle vague rose, mais, au contraire, une nette domination de la droite républicaine
L'opposition, en effet, est aujourd'hui majoritaire dans le pays tout le monde le constate : nous gagnons en voix et en sièges. La vérité, c'est que nous avons su recréer un lien avec les électeurs, les mobiliser entre les deux tours : lorsque la participation a augmenté, ce fut presque toujours en notre faveur
.Dans les villes de plus de 3500 habitants, les listes de l'opposition parlementaire ont obtenu 47 % des suffrages contre 44,8% à l'actuelle majorité.
Nous avons démontré que nous représentons le camp du mouvement, nous avons su répondre au besoin exprimé par les Français de renouvellement du personnel politique : combien de jeunes élus de droite brillants et efficaces, dans tous les partis, et au RPR tout particulièrement, ont émergé !
De façon plus symptomatique encore, alors que la gauche attribue pudiquement sa défaite à l'abstention dans les quartiers populaires, la réalité est que ces quartiers difficiles se sont mobilisés pour nous, ont voté pour nous.
Ils ont voté pour nous parce que, en politique comme ailleurs, le travail paye : Nous avons proposé à la population des solutions crédibles ,notamment en matière de sécurité, quand les socialistes se contentaient de vagues généralités et de "mesurettes " décidées entre les deux tours, avec un parfait cynisme.
Ils ont voté pour nous, parce que la population de ces quartiers à l'impression légitime de ne pas profiter des effets de la croissance, de ne pas s'y retrouver sur sa feuille de paie.
Ils ont voté pour nous, enfin, parce que nous avons su présenter des listes unies. Unies au premier tour dans 92% des villes de plus de 30000habitants. Unies sinon, au second tour, pour faire triompher la liste de droite restant en lice comme à Chartres, Reims ou Blois.
Et cette union est d'abord le résultat du travail mené au sein des commissions d'investitures communes RPR-UDF-DL
.La base, et c'est naturel, était foisonnante et les velléités de candidature multiples. Bernard ACCOYER auquel je tiens à rendre un hommage très particulier pour le travail patient et finalement bénéfique que nous avons accompli ensemble dans ces commissions, peut en témoigner.
Quant à la gauche Une fois n'est pas coutume, c'est un homme de gauche que je citerai, Jean-Pierre CHEVENEMENT, car il a, je crois, su trouver les mots mieux que personne : " La gauche plurielle a vécu, c'est une formule épuisée " On ne saurait mieux dire. L'espoir a changé de camp.
La coalition plurielle est aujourd'hui confrontée à l'émergence d'une extrême-gauche de plus en plus structurée, qui pèse 5% en moyenne, et dont les électeurs se reportent mal sur les candidats de la gauche officielle. On l'a vu notamment à Toulouse, à Orléans ou à Argenteuil.
Une extrême-gauche qui entend plumer la volaille communiste. Car, soirée branchée place du Colonel Fabien et course effrénée de Robert HUE derrière le mouvement social n'y ont rien changé. Chaque élection depuis la chute du Mur de Berlin voit le PCF refluer .Et cette année la moisson est belle : Nîmes, Evreux, Montluçon, Dieppe, tant d'autres. Voilà le Premier ministre condamné à faire du bouche à bouche à une formation moribonde pour préserver sa majorité.
Les Verts, forts de leurs résultats, veulent devenir le partenaire privilégié du PS. Artisans qu'ils sont de la poussée sociologique de la gauche parmi les fameux " bobos ", comme on l'a vu dans la capitale. Ainsi, Monsieur DELANOË n'a gagné au premier tour qu'un point et demi en 6 ans tandis que les Verts d'Yves CONTASSOT bondissaient à 12,4%.
Et pourtant. Cet électorat vert, on le sait, est volatil. Il ne s'est pas toujours bien reporté sur les listes socialistes, voir même sur les listes fusionnées Verts/ PS. On l'a vu à Rouen, à Quimper, à Castres ou même à Lille.
Nous devons montrer à ces électeurs d'abord sensibles à la protection de l'environnement et de la qualité de la vie que nous sommes les mieux placés pour répondre concrètement à leurs attentes.
Le PS, pour sa part, attribue ses propres défaites à la division, bien plus profonde qu'à droite malgré tout ce que l'on a dit avant.
Oui, mes Chers Compagnons, nous avons pu engager le dialogue directement avec les Français. Et nous avons le devoir de continuer inlassablement ce travail et de faire entendre au pays une musique différente. Nous devons continuer le processus de transformation de notre image, commencé il y a un peu plus d'un an.
La reconstruction d'une opposition crédible, en ordre de marche pour les échéances qui nous attendent, passera d'abord par un travail de fond, obscur peut-être, mais salutaire et nécessaire.
Pour reconstruire une opposition unie, il est essentiel de replacer au premier rang le débat d'idées et de présenter clairement à l'opinion nos différentes sensibilités.
Après avoir procédé à ce travail de mise à jour de nos traditions politiques, nous verrons sans nul doute que ce qui nous rassemble est plus fort que ce qui nous sépare : il nous faut, avec nos amis de l'UDF et de DL, faire l'inventaire de nos diversités - car la diversité se vit et s'organise, elle suppose le respect
.Alors, nous pourrons aller, pour ainsi dire naturellement, vers une espèce de confédération de gouvernement. Alors, nous pourrons nous mettre, le moment venu, au service du Président de la République, et marcher avec allant vers une possible victoire aux législatives.
Je ne voudrais pas terminer ce propos sans lancer des pistes, dans l'effort de redéfinition des valeurs propres à notre mouvement. Le gaullisme me semble être une idée moderne
.Moderne car elle met au centre de ses préoccupations la personne, dans sa liberté et dans son épanouissement, mais aussi dans sa sécurité, tant matérielle que morale.
Parce que nous sommes Gaullistes, notre mouvement est sans doute en phase avec la demande actuelle de la société française tout entière. Une société qui chérit toujours plus les libertés privées, mais demande également dans le même temps, qu'un socle de justice et de sécurité soit établi pour tous.
Le miroir que Monsieur JOSPIN promène le long de son chemin, reflète en quelque sorte, celui d'une société unijambiste : une société où, tout étant réglé par des cohortes d'experts sans cesse renouvelées, et jamais élus, on veut nous faire croire que nous pourrions tous dormir tranquilles.
Nous voulons, pour notre part, bâtir une société qui marche sur ses deux jambes. Une société de sécurité et de confiance, où le socle fondateur de la sécurité soit assuré pour tous - la sécurité bien sûr étant prise dans son sens le plus large - et où s'affirme pleinement la confiance du corps social dans tous ses éléments.
Voilà une partie de notre dot pour la France, un pan de ce que nous proposerons aux Français : nos amis de l'opposition républicaine amèneront eux aussi, très certainement, quelque chose dans la corbeille de la mariée. C'est en tout cas autour d'idées que devra se construire, dans la confiance que tous auront pour chacun, le débat démocratique, et que devront se construire nos prochaines victoires.
(Source http://www.rpr.asso.fr, le 26 mars 2001)